L'AYAHUASCA Le pouvoir de connaissance L'Ayahuasca est un breuvage hallucinogèn
L'AYAHUASCA Le pouvoir de connaissance L'Ayahuasca est un breuvage hallucinogène très puissant utilisé aussi bien par les shamans du bassin amazonien que par des thérapeutes nouvelle vague, des réalisateurs de cinéma comme Jan Koenen (auteur du film Blueberry) et des jeunes « intellectuels » de la bourgeoisie bohème. Au delà du phénomène de mode, nous sommes en présence d'un psychotrope extrêmement troublant et mystérieux qui a suscité autant de débats que le Peyolt façon Castaneda ou le LSD façon Leary. Des débats dans lesquels la science vient parfois au secours du « surnaturel ». Quand on parle LSD, mescaline, Ayahuasca, psychédélisme, les gens frémissent de crainte ou de dégoût. Pour la plupart d'entre nous, les substances hallucinogènes naturelles ou synthétiques sont vaguement connotées négativement : un parfum d'illégalité, de débauche, de criminalité, de déchéance, de folie et de dérives psychiatriques émanent de ces univers narcotico-onirique. Ce n'est que récemment, avec une « nouvelle » anthropologie, avec le regard envieux des trusts pharmaceutiques sur la richesse des plantes magiques des forêts pluviales et certaines révélations sur le passé de certains services secrets que l'on s'est aperçu que les hallucinogènes étaient avant tout un instrument de pouvoir. Pouvoir de manipulation des esprits, pouvoir hypnotique, pouvoir financier, pouvoir curatif, pouvoir de divination, pouvoir religieux, pouvoir symbolique, que cela soit le LSD, l'Ayahuasca ou encore la Mescaline, toutes ces substances cachent dans les intimes replis de leur richesses en alcaloïdes de véritables puissances, des univers insoupçonnés, des dangers et des merveilles sans nom et sans nombre que cette série d'articles va tenté d'approcher. Nous pourrions vous dire qu'à Karmapolis, nous avons expérimenté il y a déjà un certain temps certains aspects de certaines de ces substances. Nous pourrions dire que nous en parlons en connaissance de cause. Mais cela pourrait nous desservir car il n'y aurait qu'un pas à franchir pour nous cataloguer comme des doux dingues, aventuriers à la petite semaine, drogués de pacotille aux mobiles peu clairs alors que nous voulions simplement comprendre de quoi il en retournait. C'est certes une « révélation », un « outing » anecdotique et par simple honnêteté, nous préférons ne pas « taire » nos incursions menés en territoires hallucinogènes, incursions motivées par une insatiable curiosité et qui se sont soldées par bien plus de questions à l'arrivée qu'au départ. C'est pourquoi, nous préférerons céder la parole à d'autres, aux spécialistes, témoins, chimistes, anthropologues, toxicomanes qui ont flirté avec les paradis des plantes sacrées. Ce premier volet est consacré à l'Ayahuasca ou encore Yage (et bien d'autres noms Jurema, Daime etc… au gré des ethnies amazoniennes), une très étrange substance, sans doute un des hallucinogènes les plus puissants (avec l'Iboga d'Afrique de l'Ouest que nous évoquerons aussi dans ce premier volet mais très brièvement) tiré d'un mélange de feuilles et de lianes, un cocktail végétal différemment dosé selon les ethnies que l'on trouve depuis le bassin amazonien jusqu'en Amérique centrale. On peut même dire qu'il y a autant d'Ayahuasca qu'il y a de tribus, chaque clan ayant sa petite recette, son propre rituel. Certaines tribus prennent l'Ayahuasca seule ou combinée avec du tabac ou du cannabis (appelé Santa Maria) pour potentialiser les effets. Quant au tabac, il ne s'agit pas de la variété industrielle mais bien de feuilles de tabac sauvage que l'on trouve dans la jungle, possédant des concentrations massives en nicotine et autres alcaloïdes, un tabac qui aurait de véritables effets stimulants, psychoactifs voire légèrement hallucinogènes. Pour parler en termes de nomenclatures chimiques, les principes actifs de l'Ayahuasca sont surtout le DMT ou N-diméthiltryptamine ainsi que l'harmaline. Le DMT, présent presque naturellement dans le cerveau en tant qu'hormone cérébrale a une structure chimique très proche de la sérotonine (« molécule » que l'on trouve dans le cerveau, responsable du « plaisir » avec d'autres hormones comme la dopamine ou l'endorphine) et de la psilocybine. D'ailleurs, les quelques rares travaux (hormis ceux opérés par les militaires) effectués sur la nature des hallucinogènes ont ainsi établi une classification entre hallucinogènes comme le sont le DMT ou la psilocybine et les pseudo-hallucinogènes comme le LSD et ses dérivés entièrement synthétiques. Cette classification est opérante tant parce que la structure « géométrique » de la molécule LSD est éloignée de la structure de la sérotonine et des hormones naturelles que l'on trouve dans le cerveau de l'homme tandis que la structure du DMT mime quasiment l'aspect de la sérotonine. D'autre part, « les personnes sous influence du LSD savent presque invariablement que les distorsions visuelles et les cascades de points ou de couleurs qu'ils perçoivent ne sont pas réelles mais dues à un agent psychédélique . Dans ce sens, le LSD est un pseudo-hallucinogène » nous précise dans son livre “le Serpent Cosmique” Jeremy Narby , anthropologue d'origine canadienne installé dans le Jura Suisse et dont nous parlerons abondamment. Tandis que la nature des hallucinations provoquées par des substances naturelles ou comparables aux hormones cérébrales sont toute autre, souligne encore le chercheur. On ne parle plus d'hallucinations mais de visions. Nous en reparlerons plus loin avec les témoignages de certains utilisateurs et shamans… Vous comprendrez alors la différence. Jeremy Narby La combinaison « magique » C'est en fait la combinaison du DMT et de l'Harmaline, donc le mélange entre des extraits des lianes porteuses du DMT (Pychotria Viridis) et de feuilles d'un autre arbre (Banisteriopsis Caapi ) porteuse de l'Harmaline qui provoque l'effet hallucinogène longue durée. Le DMT issu des lianes seules cause des hallucinations très brèves et très puissantes (bien souvent, on voit des serpents) que le métabolisme annihile après une dizaine de minutes en détruisant les molécules de DMT par des enzymes naturellement secrété par l'estomac. L'Harmaline qui a un effet dopant a pour étrange propriété de faire cesser la production de ces enzymes “mangeurs” de DMT. Par conséquent, grâce aux feuilles de Banisteriopsis Caapi, le DMT contenu dans ces lianes peut jouer pleinement son effet au long cours (entre 3h et 8h selon la dose). Cette fameuse combinaison des deux plantes qui permet d'obtenir un des breuvages les plus riches et puissants de la planète en alcaloïdes divers, cette combinaison donc était-elle alors l'effet du hasard ou comme le soupçonnent certains anthropologues « nouvelle vague », le fruit d'un savoir et d'un pouvoir shamanique des indiens que les outils scientifiques traditionnels ont bien du mal à expliquer ? Les Indiens affirment que c'est l'Ayahuasca qui leur a appris comment doser et préparer au mieux la boisson sacrée ainsi que toutes les autres médecines. Il n'y aurait aucune place au hasard dans cette affaire ou à d'aléatoires expérimentations. Les Indiens savent ce qu'ils font. On peut même aller plus loin en se disant que la plupart des populations indigènes à culture shamanique vivant en forêt pluviale sont capables grâce au Yage et au tabac de « lire » dans la forêt à livre ouvert, de comprendre les plantes et d'en tirer le maximum de leur potentiel curatif, nourricier, vestimentaire et architectural. Une thèse qui est devenue à ce point à la mode que de puissantes firmes pharmaceutiques ont envoyé des bataillons d'ethno-botanistes et ethno-pharmacologues (une discipline créé pour la circonstance) pour piller le savoir pharmacologique des indiens du bassin amazonien (ou de certaines tribus dans les jungles de Bornéo). Les trusts pharmaceutiques se fichaient comme d'une guigne de savoir comment les Indiens Ayahuasqueros connaissaient avec certitude les vertus de telle ou telle plante contre la migraine, le paludisme, comme agent antibactérien ou comme désinfectant. Ils se bornaient à constater que les Indiens ne se trompaient pas tout en ramenant en Suisse, aux Etats-Unis ou en Allemagne des échantillons des plantes qu'ils testaient aussitôt pour ensuite les breveter, pillant sans vergogne le patrimoine de ces tribus et allant jusqu'à imaginer qu'ils pourraient un jour contraindre les Indiens à leur verser des royalties à chaque fois que leur chaman utiliserait telle ou telle plante comme remède parce que cette dernière était breveté. Ce n'est pas une farce, cela s'est passé avec la boisson Ayahuasca elle-même, une vraie histoire de rapacité dont nous vous parlerons plus loin. Mais pour en revenir à ce pouvoir des Indiens à lire à livre ouvert dans la forêt, Jeremy Narby a tenté de l'expliquer dans une incroyable thèse qui a constitué un véritable Best Seller, « Le Serpent Cosmique ». Dans cet ouvrage, Narby essaie de montrer d'où les Indiens et plus particulièrement, les shamans du bassin amazonien tiraient ce pouvoir de lecture de la nature. Tout simplement de l'ingestion de l'Ayahuasca. Il s'agit donc du premier pouvoir de la plante, le pouvoir de lecture et de diagnostic, bref un pouvoir de guérison, un pouvoir de connaissance ! Outre de nombreuses autres appellations (Yagé, Jurema, Daime, Vignes du diable etc…), les Indiens ont paraît-il donné un autre nom plus imagé et parlant à ce breuvage étrange : la télévision de la forêt. Télévision d'abord parce que la boisson donne des visions très colorées et très denses, beaucoup plus denses que bon nombre d'autres hallucinogènes et ensuite parce que l'on attribue à cette boisson uploads/Politique/ ayahuasca.pdf
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- Publié le Nov 28, 2021
- Catégorie Politics / Politiq...
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