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ε◊R (impossibilité) ↓ R (ε) (impuissance) ↓ R (ε /) (immanence) ↓ ε _ / R (sujet) ↓ ε _ R / (événement) —Nous porterons, une fois de plus, le chapeau de l’anti- philosophie. —Ce livre se propose de livrer la formalisation axiomatique de la dialectique événement-répétition par où nous avons prétendu apporter notre pierre à l’édifice naissant du pé- riple soustractif, aux bases notoirement jetées par Alain Badiou, dans ses deux tomes de L’être et l’événement. Il se propose plus incidemment d’indiquer le point d’aporie où s’enlise, depuis trente ans au moins, une époque et une « génération » de français, qui est aussi le point aveugle où l’événement « mai 68 » demeure impensé de tous : les noces impures du politique et du sexe, dont le diagnostic visible tourne à l’« avantage » du dernier et à l’absentéisme criard du premier. Il ne se propose pas de le résoudre, mais, quitte à endurer, comme de juste, le destin d’Œdipe, de commencer enfin à s’y attarder. —De la dimension politique de 68 il ne reste rien. Rien, que ce que justement 68 aura tenu pour « politique » : la « libération sexuelle », et la pornographisation du monde – dans l’art, dans le divertissement – qui est tout ce qui reste de 68, comme événement politique dont la seule répétition est ce que le meilleur heideggerianisme de gauche (Nancy, Lacoue-Labarthe) appelle « retrait du politique ». Situons sommairement l’aporie. Incipit de Théorème à Salò 7 —Il est possible de retracer les sinuosités qui nous rendent l’événement philosophique, scientifique, amoureux ; il est absolument possible aujourd’hui d’être sujet d’amour, de science, de philosophie, quelles qu’en soient les difficultés. L’art aussi et sans doute surtout, mais où se complique la tâche en ce que, d’une part, il ne nous renvoie jamais que les vérités que nous méritons, selon l’époque, et la nôtre se passe, désormais, de commentaires ; d’autre part, dans son livre Le siècle, Badiou pointe assez que le processus artis- tique des avant-gardes fut celui d'une événementialisation permanente, d’une fureur de la coupure décisive répétée des dizaines de milliers de fois. L’art, en son sens avant- gardiste, aura par excellence compulsé l’indiscernabilité événement-répétition. Et le résultat contemporain en est clair : l’enseignement le plus profond de l’art moderne, sa puissance singulière de fascination, est de nous présenter que l’événementialisation permanente de tout se rabat, tout aussi bien, sur la forme pure et vide de la répétition. Au point qu’un goût dégrisé trouve plus d'intérêt dans les travaux esthétiques qui nous exposent cette forme pure, je veux dire sans y conserver l’empreinte de quelque événe- ment que ce soit, et même pas une empreinte d’empreinte mallarméenne, que dans ceux qui prétendent nous faire repartir pour un tour, et crient à l’événement une énième fois, comme le berger au loup. —Quoi qu’il en soit, l’art est une chose. —Le politique en est une autre. Et, dans ces parages, tout est infiniment plus compliqué. Nous nous heurtons à un impossible. Les traces, – historiques, textuelles –, n’y suf- fisent pas ; ne suffisent pas à faire de nous des sujets poli- tiques. L’événement manque, son incorporation manque. L’art indiscerne événement et répétition L’événement, condition trans- cendantale du Sujet 8 —Risquons ici l’hypothèse, celle du roi nu – un lapsus m’a fait d'abord écrire : nous – dont la forclusion nous recon- duirait à une psychose collective, et à son impuissance : parce que l’événement politique est ce qui passe intégrale- ment dans la présentation collective, la transition elle aussi ne peut passer outre une présentation collective du sujet. —Faute de cette transition, nous aurions le symptôme, non plus simplement du naufrage, mais d’une catastrophe annoncée du politique, un fascisme à nouveaux frais, dont la politique de Georges W. Bush est le visage à tombeau ouvert, et « Nicolas Sarkozy » le symptôme provincial, d’autant plus inéluctable que de toute évidence aussi déri- soire que le pays où il officie depuis trente années. —Naufrage que je n’hésiterai pas, en cas de non-recevoir, à prendre sur moi. Je me réserve de choisir la forme par où cette assomption prendra son effet. —Question dramatique, donc, sous ses dehors d’anecdote réservée à une « élite ». Question à laquelle nul de ma génération ne saurait échapper sans honte, cette honte dont Kafka estimait qu’elle était de force à survivre à son sujet, étant déjà aussi bien, et comme par un a priori divin, celle que jette la génération soixante-huit, de plus en plus visiblement, sur sa filiation. —C’est la première fois, il semble, de l’Histoire de l’hu- manité, que le mépris sans mélange du regard que portent, sur leurs progénitures, les pères, soit devenu la mise obligée. Là où ils eurent, à les entendre une dernière fois, raison de se révolter, tout ce que les fils ont pu leur répondre Malaise dans la passation 9 d’honnête jusqu’ici, – en leur jetant leur nihilisme, leur « dépressionisme » et leur nombrilisme à la figure –, c’est : « vous avez bien raison de nous mépriser ». À condition d’ajouter : ce mépris est le miroir aux alouettes du seul héritage que vous nous ayez laissé. Et c’est votre propre œuvre au noir, en nous méprisant, que vous désavouez ; à juste titre. —Le lien qui nous aura tous uni, à contre-courant absolu de toutes les attentes blasées d’une époque, à Badiou et ce qu’il connote, est ce qui nous interdit de nous résoudre à croire que sa personne, et la constellation humaine à laquelle il appartient, soient à mettre dans le même panier, et qu’une transmission est possible, que nous soulevons la question. Nous ne pourrons l’aborder ici, une fois encore, que selon le concept. —Non que nous identifions cette constellation à celle du gauchisme bourgeois vitaliste, composant la vaste auberge espagnole de ce qu’on appelle encore « la gauche » fran- çaise. Nous interrogeons la transition, la transmission pos- sibles. Aborder le dilemme autrement, selon les procédures propres au politique lui-même, nous ne saurions nous y soustraire, le moment venu. —Encore faut-il supposer qu’il puisse venir, et en poser les conditions ; les conditions, sur ce terrain même, d’une éventuelle discussion. —Ce qui passe par le préalable d’une autre. §§§ 10 —Aucun des deux livres (Événement et répétition, et L’af- fect, Tristram, 2004) que je viens de publier ne sont une introduction, ni même une lecture, de L’être et l’événement, qui viendront bientôt. Ces deux livres ont essayé d’aller jusqu’au bout des deux intuitions personnelles qui m’ont tout de suite travaillé, parallèlement à ma lecture linéaire. —L’affect, parce que c’est un motif absent de L’être et l’événement, et qu’à tous les égards il me semblait pouvoir en déduire un concept neuf, dans le cadre qui m'était donné, par une lecture pointilleuse dont seule une longue postérité tiendra le compte. —Le second concept, et le plus important, est celui de répétition. Le titre du livre, Événement et répétition, fait référence transparente à Deleuze. —Ce qui veut dire, lettre volée sur table : l’événement prend la place de la différence. —Façon pour moi d’accuser la coupure événementielle introduite par Badiou dans la philosophie, – car je suis aujourd’hui sûr qu’il y a des événements philosophiques, et que la dialectique de l’événement et de la répétition s’ap- plique également à l’histoire de la philosophie elle-même. Mais c’est, me rétorquerait Badiou, un trait singulier de « l’antiphilosophe » que de considérer, aux côtés de la science, de la politique, de l’art et de l’amour, la philoso- phie elle-même comme une procédure de vérité. —Je rappelle alors pourquoi j’ai fait occuper à l’événement la place de la différence. Un événement est ce qui délimite 11 un avant et un après irréversibles. Que ne peut-on pas pen- ser après Badiou, qu’on pouvait penser encore avant, et qui était ce qu’avec quelques autres je pensais, le cadre dans lequel s’inscrivaient mes tentatives précédentes ? —Mon apologue, qui fut d’abord un dialogue, en faveur d’une dialectique antiscolastique à venir, prendra donc ici la forme de quelques thèses générales et directrices, ponc- tuées d’axiomes, résumant cet après-coup, pour retracer le chemin qui m’a amené au point d’où je parle. —1 – Il s’agit de la seule philosophie qui nous ait révélé la foncière obscénité, par sa claire doctrine de l’infini, des finitismes du vingtième siècle, même pavés des meilleures intentions (je pense à mon Maître Jean-Luc Nancy), pri- mat de la finitude explicite aussi bien dans la phénoméno- logie et Heidegger, que chez Wittgenstein ou Adrian Moore. La doctrine de l’infini actuel, voilà ce que Badiou nous ap- pelle, amorçant une radicalisation du meilleur Lacan, que nous commenterons, le grand Autre. Nous avons à peine commencé à en déplier les conséquences; mais disons ici que le symptôme par où cette doctrine donne congé à une part dominante de la philosophie vingtième-siécliste, c’est que celle-ci a voulu, selon un chemin tracé pour une pre- mière fois par Kant, créer à toute force de l’inconnaissable. —De Bataille à Wittgenstein en passant par Heidegger, mon hypothèse uploads/Politique/ belhaj-kacem-manifeste-antiscolastique.pdf
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- Publié le Jui 07, 2021
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