Droit Constitutionnel, Séance 2 : La Nation Introduction : “Une nation n'a de c
Droit Constitutionnel, Séance 2 : La Nation Introduction : “Une nation n'a de caractère que lorsqu'elle est libre”. Madame de Staël a ainsi qualifié sa propre vision de la nation, une vision rapprochée de celle d’Ernest Renan développé un peu plus tard. Dans cet extrait de Qu’est ce qu’une nation, Ernest Renan souhaite alors distinguer la race de la nation à travers ces lignes. Renan était un écrivain et philosophe Français et il est aujourd’hui considéré comme un intellectuel majeur de son époque avec des textes de références comme Prière sur l'Acropole (1865) ou encore La Vie de Jésus (1863). Il s’est vu décerner le titre d’officier de la Légion d’Honneur en 1880 et quelque peu avant son décès celui de Grand officier. Issu d’un milieu modeste il s’efforcera de marquer l’histoire quant à sa perception nouvelle des choses. Qu’est ce qu’une nation, est écrit en 1882 pour une conférence à la Sorbonne et sera publié en 1887 dans les Discours et Conférences en tant que préfaces. La fin du XIXème siècle est marquée par la défaite de la France face au au Royaume Prussien, Renan va alors s’opposer à la vision allemande de la nation et dégager deux principaux critère de sa propre vison : un héritage du passé et une volonté de vivre ensemble. Renan a écrit ce texte dans un but précis, celui de faire naître une conception Française de la nation en toute opposition avec celle Allemande qui souhaite prodiguer une vision beaucoup plus raciale et essentialiste. Une vision poussée à l’extrême qui aura de dramatiques conséquences durant l’Allemagne nazi d’Hitler. Dans sa propre vision de la nation, Renan souhaite un modèle contractuel de la nation et non un nationalisme racial. Cependant son modèle de la nation fait à l’époque débat, des universitaires et historiens français comme Marcel Detienne ou encore Gérard Noiriel y voit une dimension raciale que n’épargnerait pas l’auteur. L’auteur de demande alors : qu’est-ce qui constitue une nation ? Dans un premier temps nous aborderons dans le fait que selon Renan, la nation est une œuvre volontariste et humaniste (I). Puis dans un second temps, la nation doit être un accord politique réaliste (II). I. La nation : une œuvre aussi bien volontariste qu’humaniste Selon Ernest Renan, la nation s’apparente à une œuvre volontariste et humaniste car il s’agit bel et bien du choix de l’homme de faire partie ou non d’une nation. La nation est pour Renan une notion disputée, mais trouve son fondement en un principe qu’il s’est efforcé de communiquer : la spiritualité, et cela à travers différentes composantes. A) Un fondement spirituel des éléments essentiels à la nation « Une nation est une âme, un principe spirituel », c’est ainsi qu’Ernest Renan qualifie sa conception de la nation. Pour ce dernier, une nation n’est pas seulement un peuple ou bien une langue ni une race, mais bien plus que ça. Elle puise en effet racine dans son passée, son présent et par déduction son futur. L’auteur tient à souligner que sans un passé unificateur et un « riche legs de souvenir », une nation ne peut être ce qu’elle serait sans cela. Il nous indique aussi qu’il part d’un élément simple mais pourtant essentiel, celui du « désir de vivre ensemble ». Ce désir semble éminent, sans celui-ci une nation se divise et se disloque et peut courir à sa perte. Il est aussi indispensable de faire valoir l’héritage reçu sans cela, Alexis de Tocqueville l’a très bien dit “Quand le passé n'éclaire plus l'avenir, l'esprit marche dans les ténèbres”. Si le mot héritage peut sembler un flou, il est loin de l’être pour l’auteur, celui-ci considère qu’il s’agit de l’un des piliers du fondement spirituel auquel il fait allusion. Le peuple se forme autour de cet héritage et se forme sur celui-ci. L’héritage est l’aboutissement de combats passés, de partages de savoirs mais aussi de l’influence de grands hommes. Chaque guerres et événements majeurs de ce passé ont contribué au rassemblement des peuples et à développer cette idée de fondement spirituel. Cependant les « gloires communes » du passé ne suffisent pas à faire ressentir une réelle cohésion au sein d’une nation. S’ajoute donc à ce facteur toutefois spirituel d’autres éléments fondamentaux qui feront de cette idée de nation, celle conçu par Renan. B) Une société solidaire et libre Renan le répète sans cesse dans cet extrait, la solidarité est essentielle dans sa perception de la nation. Elle est telle qu’elle doit pouvoir rassembler n’importe quel peuple, langue où « race ». Un exemple notoire est celui de la suisse, il y est parlé trois langues officielles : l’allemand, le français, l’italien et le tout forme une nation. Peu importe la langue parlée ou les différentes origines du peuple, tant que la cohésion est présente, l’esprit solidaire peut alors se façonner. Renan ne veut pas de frontières mais un peuple ayant « souffert, joui espéré ensemble ». La souffrance est l’élément le plus symbolique de cette solidarité car il est difficile de l’oublier. La nation doit être exprimée par le fait de vouloir continuer ensemble dans une esthétique de « vie commune ». Une vie commune peut-être considérée comme le fait de vivre avec les autres et non en autarcie, de travailler avec eux, de partager des passions et pleins d’autres choses. La solidarité caractérise donc ce sentiment mais aussi l’importance de l’entraide dans un peuple, à toutes échelles confondues. Renan dit aussi qu’il faut savoir commettre des « sacrifices » ensemble, c’est-à-dire affronter les difficultés quotidiennes mais aussi celles de degrés bien plus graves comme les conflits et autre crises majeures. Cependant cette solidarité n’est pas non plus le seul facteur décisif de la conception de la nation selon Renan, en effet il souhaite y ajouter la notion de liberté, qui est semble-t-il indispensable. Chaque habitant doit avoir son mot à dire, nul ne peut s’approprier ses terres. La nation a pour ligne de conduite la pensée et volonté du peuple. Ainsi, la nation n’a en aucun cas « intérêt à s’annexer » ni retenir des peuples ou des pays. Tous ces critères sont décisifs mais cela ne suffit pas à établir une nation il faut aussi une dimension politique de celle-ci. II. La nation : un accord politique réaliste La politique de la nation doit être menée et basée sur les mêmes fondements qui font la base de celle-ci. Dans un soucis de solidarité et de liberté elle doit selon Renan être basé sur un principe de souveraineté nationale ainsi que sur un principe évolutif. A) Une souveraineté nationale au cœur de la conception politique Le concept de souverainté nationale figure explicitement dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen en son article 3. Malgré le fait que la déclaration soit antérieure à Renan, celui-ci y trouve un concept non abouti et appliqué. Selon lui, il est temps de chasser tout le surplus dispensable que fournit à l’époque la politique afin de pouvoir vivre en nation. La souveraineté nationale devrait être de telle sorte que les « désirs » et « besoins » des hommes doivent être respectés. Renan dénonce les politiques de l’époque comme étant menées par des personnalités « souvent peu éclairée ». Les nations sont libres et ne peuvent avoir un seul et unique pilote à bord, il s’agit ici d’un principe essentiel pour Renan, la voix du peuple doit être entendue. Il souhaite que chaque peuple, chaque nation, fassent l’objet d’une « œuvre commune », et ainsi l’objet d’une grande horloge, avec comme garantie la liberté. Cependant Renan est loin d’être insensé et sait que la société est faite pour évoluer. B) Un concept évolutif avec la société Renan l’a très vite compris, les nations « ne sont pas quelque chose d’éternel », malgré une vocation très pure et arbitraire, elles doivent évoluer. En effet il le dit lui même, les volontés humaines sont vouées à évoluer et changer. C’est pour cela qu’il met un point d’honneur à laisser la parole au peuple et seulement lui. L’idée de souveraineté trouve alors tout son sens en ce concept évolutif. Renan le sait, les nations ne sont sans doute pas le futur de la société, mais y préservent un rempart contre l’oppression et le despotisme. Il indique même que le futur sera pourvu d’une confédération européenne, mais sera-t-elle réunie autour des mêmes valeurs que souhaite Renan pour la nation ? Il n’exprime pas son point de vue et cela est dommage. Il reste sur ces idées quelque peu répétitives, et persévère. Il faut lutter contre les politiques du présent et faire valoir ses droits. Il est arrivé un temps où les « transcendants de la politique » doivent penser avec une conscience morale du nom de la nation. L’homme ne peut-être « esclave » de ce qui le caractérise et il faut savoir accepter les sacrifices. Les mentalités doivent alors évoluer de la même manière que la politique doit se livrer à une communauté légitime en accord avec son époque et uploads/Politique/ commentaire-ernest-renan.pdf
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- Publié le Jui 09, 2022
- Catégorie Politics / Politiq...
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