13 conceptions de l’éducation s'affrontent : il y a une éducation à et dans la

13 conceptions de l’éducation s'affrontent : il y a une éducation à et dans la liberté, qui vise l’émancipation et une éducation à la soumission. » Cette dernière – notamment mise en œuvre dans l’Allemagne du 19e siècle avec, pour partie au moins, les conséquences politiques que l’on connait – inculque l’obéissance « non pas pour que l’enfant devenu adulte s’en défasse, mais bien dans une perspective de maintien de l’ordre social », poursuit l’enseignant. Une école de la discussion Du côté de l’école, c’est donc le mandat social qui est à définir : quels adultes l’école veut- elle éduquer, façonner ? « Veut-elle construire des gens soumis, questionne Benoît Galand, professeur en psychologie de l’éducation à l’UCL, ou des personnes qui deviendront maître d’elles-mêmes… Et qui remettront éventuellement en question les règles ? » Aujourd’hui, l’autorité ne va plus « de soi ». Il ne suffit plus de dire « il faut m’obéir parce que je suis professeur ». Et chacun de bricoler un peu dans son coin. « L’école doit évidemment garantir la sécurité dans son enceinte. Tous les élèves sont là pour apprendre, ce n’est pas négociable. Mais l’institution doit clairement définir les règles : comment sont-elles construites et pourquoi, quelles sont les limites, à quels espaces de négociation les règles ouvrent-elles, que se passe-t-il en cas de transgression. » Là, à nouveau, le curseur peut être placé en divers endroits. « Il ne s’agit bien entendu pas de confondre désobéissance et laisser faire, ajoute Grégory Chambat. La question des règles est fondamentale et les pédagogies coopératives y ont beaucoup travaillé. L'idée est qu’un règlement sera beaucoup plus efficace, et beaucoup plus respecté s’il a été adopté et construit par le collectif et si c’est le collectif qui le maintient. » Selon le principe de base à l’œuvre dans la plupart des écoles, le professeur gère tout. En partageant un peu de pouvoir, avec un conseil de classe par exemple, « n’y a-t-il pas aussi une opportunité pour l’enseignant à ne plus être celui qui doit tout porter ? », se demande Benoît Galand. Ce n’est pas facile, il faut notamment être constant et respecter ses engagements – ne pas consulter les enfants pour finalement décider quand même entre adultes – sans devenir hyper-procédurier pour autant ; au risque d’en perdre le sens. Par ailleurs, si c’est la pédagogie elle-même qui est discutée ainsi, c’est sans doute toute l’école qui doit y participer, pas seulement une classe. L’école peut-elle pour autant « apprendre à désobéir » ? Construire une pratique de la discussion, de l’écoute, de l’argumentation ; travailler avec les jeunes sur l’expression de leur éventuel désaccord à l’intérieur du système, en réfléchissant par exemple à la rédaction d’un courrier à la direction ou à une autre action non-violente ; apprendre à fonctionner en groupe… Toutes ces compétences seront utiles ! « Quant à donner des exemples de désobéissance (Rosa Parks, Gandhi, etc.), c’est essentiel, pour que l’enseignement ne se limite pas à l’histoire des puissants et des dominants », conclut Grégory Chambat. Et offrir aux adultes de demain un autre univers mental, où la désobéissance devient alors une valeur à part entière. - uploads/Politique/ desobeir-dossier-pedagogique-13-13.pdf

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