MARCUS BLEASDALE.VII Un porteur de valises déballe ses casseroles L ’avocat Rob

MARCUS BLEASDALE.VII Un porteur de valises déballe ses casseroles L ’avocat Robert Bourgi accuse Jacques Chirac et Dominique de Villepin d’avoir reçu des fonds occultes en provenance de chefs d’Etat africains entre 1997 et 2005. PAGE 13 Génociderwandais LaFrance s’excusera-t-elle? PAGES 2­5 Issue de la vague de la scène folk féminine, la Parisienne dégage une élégance mélancolique et une authentique personnalité. PAGES 32­33 Mina Tindle, béguin du jour Pourlapremièrefois, NicolasSarkozyreçoit, aujourd’huiàl’Elysée, leprésidentrwandais PaulKagame. LE VIN GRANDEUR NATURE SUPPLÉMENT GRATUIT 48 PAGES Marine Le Pen: «Respectable et républicaine»? L ’appel à «dédiaboliser le FN» lancé par l’ex-patron des RG, Yves Bertrand, a animé la rentrée politique de la présidente du parti d’extrême droite à Nice. PAGES 10­11 Chatel enjolive la rentrée scolaire Malgré les milliers de suppressions de postes et les fermetures de 1500classes primaires, la rentrée des classes s’est déroulée sans accroc. Mais à quel prix? PAGES 14­15 FRANCK LORIOU SÉBASTIEN ÉRÔME •1,40 EURO. PREMIÈRE ÉDITION NO9434 LUNDI 12 SEPTEMBRE 2011 WWW.LIBERATION.FR IMPRIMÉ EN FRANCE / PRINTED IN FRANCE Allemagne 2,10 €, Andorre 1,40 €, Autriche 2,80 €, Belgique 1,50 €, Canada 4,50 $, Danemark 25 Kr, DOM 2,20 €, Espagne 2,10 €, Etats­Unis 4,50 $, Finlande 2,40 €, Grande­Bretagne 1,60 £, Grèce 2,50 €, Irlande 2,25 €, Israël 18 ILS, Italie 2,20 €, Luxembourg 1,50 €, Maroc 15 Dh, Norvège 25 Kr, Pays­Bas 2,10 €, Portugal (cont.) 2,20 €, Slovénie 2,50 €, Suède 22 Kr, Suisse 3 FS, TOM 400 CFP, Tunisie 2 DT, Zone CFA 1 800 CFA. LavisiteenFranceduprésidentKagame,unepremière depuislegénocidede1994,doitmettreuntermeà uneguerrediplomatiqueencoremaldigérée. Uneréconciliation franco-rwandaise soustension P ouréchapperàlapremière visite officielle en France depuis le génocide de 1994 du président du Rwanda, Paul Kagame, Alain Juppé a choisi d’aller loin, le plus loin possible: aux antipodes. Après la Nouvelle- Zélande, le chef de la diplomatie française était en Australie ce week-end. Cette esquive bien peu diplomatique souligne à quel point la question franco-rwandaise reste brûlante, plus de dix-sept ans après le génocide perpétré au «Pays des mille collines». Voulue par Nicolas Sarkozy dès le début de son mandat, et scellée par une visite du chef de l’Etat à Kigali début 2010, la réconciliation passe mal –c’est peu dire– auprès de certains cercles en France. Les politiques qui étaient aux com- mandes à l’époque du massacre au Rwanda –à commencer par Alain Juppé et Edouard Balladur– n’ont toujours pas digéré les conclusions d’une commission d’historiens lo- caux les accusant de complicité de génocide. Le rapport Mucyo cite les noms de treize dirigeants fran- çais et d’une vingtaine de militai- res impliqués, selon elle, dans les événements tragiques au Rwanda: plus de 800000 personnes, en très grande majorité tutsies, extermi- nées en cent jours sur ordre du ré- gime hutu, alors allié de la France. ACCUSATIONS. V endredi, le prési- dent du Sénat, Gérard Larcher, a fait savoir qu’il ne recevrait pas le président rwandais, déclinant une demande en ce sens de Kigali. Et avant même d’avoir commencé, la visite de Kagame à Paris a déjà fait une première victime collatérale. L ’ambassadeur de France à Kigali, Laurent Contini, nommé dé- but 2010, devrait être appelé à d’autres fonctions très rapide- ment. Alain Juppé ne décolère pas depuis qu’il a lu dans l’hebdoma- daire Jeune Afrique l’interview du diplomate. Ce proche de son pré- décesseur, Bernard Kouchner, y affirmait que la nomination de Juppé auQuai d’Orsay«dupointde vue des Rwandais n’était pas une bonne nouvelle». Du côté des militaires, l’indigna- tion n’est pas moindre. Trois plaintes déposées en 2004 par des plaignants rwandais et visant des soldats français sont en cours d’instruction au Tribunal aux ar- mées de Paris. Des crimes très graves, commis durant l’opération militaro-humanitaire Turquoise, leur sont reprochés: viols, exécu- tions sommaires… L ’ancien com- mandant de l’opération Turquoise, le général Jean-François Lafour- cade, demande aux plus hautes autorités de l’Etat de dénoncer ces accusations à l’occasion de la vi- site de Paul Kagame à Paris: «Nous n’avons rien contre la reprise des re- lations avec le Rwanda. Mais si on ne dit rien sur le rapport Mucyo, on va inscrire dans la mémoire collec- tive l’idée que les soldats français se sont comportés comme des nazis!» Or l’Elysée n’entend pas mettre cette question au centre des entre- tiens entre Sarkozy et Kagame. Se refusant à poser des préalables, Paris veut se tourner vers l’avenir et table sur l’extinction progres- sive des passions franco-rwan- daises. L ’ancien ministre de la Dé- fense Paul Quilès, qui a présidé une mission d’information parle- mentaire en 1998 sur le rôle de la France au Rwanda, ne l’entend pas ainsi :«Si Kagame vient en France sans avoir retiré le rapport Mucyo, qui traite les soldats français de violeurs et d’assassins, ce sera une ignominie.» La polémique sur le rôle de la France au Rwanda n’a jamais cessé depuis la tragédie de 1994 et la prise du pouvoir par Kagame à Ki- gali. A partir de 1990, à la de- mande de l’ancien président (hutu) Juvénal Habyarimana, la France de Mitterrand s’est forte- ment impliquée au Rwanda. D’abord militairement –pour re- pousser les attaques des rebelles tutsis, commandés alors par Paul Kagame–,puispourtenterdepro- mouvoir un règlement politique entre Tutsis et Hutus. Ce compro- mis (les accords d’Arusha, signés fin 1993) a été anéanti par l’atten- tat du 6 avril 1994, dans lequel a péri le président Juvénal Habyari- mana. Ses proches ripostaient aus- sitôt en déclenchant l’extermina- tion des Tutsis. Accusé d’avoir prêté une assistance militaire au régime hutu avant le génocide et d’avoir procédé à des livraisons d’armes durant le carnage, Paris a toujours refusé de faire son mea culpa. En 1998, la mission Quilès concluait à des «erreurs globales de stratégie», tout en ré- futant une implica- tion de Paris dans le génocide. En 2006, Kigali rompait ses relations diplomati- ques avec Paris suite à l’émission par le juge Jean-Louis Bruguière de mandats d’arrêt visant plu- sieurs proches de Kagame, soup- çonnés d’avoir organisé l’attentat contre l’avion d’Habyarimana, qui a aussi coûté la vie à son équipage français. «FAUTE». Après l’élection de Sarkozy, le rapprochement entre Paris et Kigali est amorcé par Ber- nard Kouchner, ministre des Af- faires étrangères. En 2008, l’an- cien French doctor, qui avait rencontré Kagame au Rwanda durant le génocide, évoquait à Ki- gali «une faute politique» à propos de l’attitude de la France. Réponse cinglante de Juppé sur son blog: ParTHOMASHOFNUNG PhotoMARCCHAUMEIL L’ESSENTIEL LE CONTEXTE Pour sa première visite officielle en France, le président du Rwanda, Paul Kagame, est accueilli à Paris par Nicolas Sarkozy. L’ENJEU Cette nouvelle rencontre, après celle de Kigali en 2010, parviendra­t­elle à renforcer les relations entre les deux pays? Le président Paul Kagame,accompagné de ParSYL V AINBOURMEAU Insulte Au Rwanda, à la fin du siècle dernier, deux tribus aux drôles de noms, les Hutus et les Tutsis, se sont entretuées à coup de machettes –sous-entendu «comme des sauvages». C’est, à peine caricaturée, la légende encore trop partagée dans notre pays au moment où le président rwandais, Paul Kagame, s’y rend pour une première visite officielle depuis le génocide. Car c’est de cela qu’il est question: d’un génocide perpétré par le régime hutu contre la population tutsie et ses soutiens hutus. Le plus fulgurant des génocides –800000 morts en cent jours, entre le 6 avril et le 4 juillet 1994. Et même si cette histoire est largement écrite par un ensemble de chercheurs scrupuleux, il s’agit une nouvelle fois d’un passé qui, en France, a du mal à passer. L ’implication de notre République dans ces atroces massacres, sa complicité comme son savoir-faire en matière de «crimes de bureau» n’y sont évidemment pas pour rien. En témoigne la force d’un négationnisme qui triomphe encore parfois dans les médias, à l’image d’un Pierre Péan et de son abjecte thèse du «double génocide». Car –n’en déplaise à tel ancien commandant de l’opération Turquoise qui s’estime traité de «nazi»– si l’on peut ce jour parler d’insulte, c’est seulement à propos de celle faite toutes ces années aux victimes niées du génocide. N’en déplaise aussi à M. Quilès, ex-ministre de la Défense, qui empêcha une véritable enquête parlementaire en présidant lui-même une insatisfaisante mission. A la différence des Belges, qui surent mener ce douloureux travail en public, reconnaître la responsabilité morale de leur pays avant de présenter leurs excuses. Nicolas Sarkozy est allé à Kigali début 2010, il reçoit aujourd’hui Paul Kagame à Paris, il sait ce qu’il lui reste à faire. ÉDITORIAL «Si Kagame vient en France sans avoir retiré le rapport Mucyo, qui traite les soldats français de violeurs et d’assassins, ce sera une ignominie.» PaulQuilèsex­ministre(PS)delaDéfense LIBÉRATION LUNDI12 SEPTEMBRE2011 2 •EVENEMENT «La diplomatie française ne devrait pas s’écarter de la voie de la vérité et de la dignité. Je comprends bien que la France veuille se réconcilier avec le Rwanda. De là à tomber dans les amalgames de la repentance ou les compromissions de la realpolitik, il y a un fossé.» Le rapprochement se poursuit malgré tout. Paris profite du chan- gement de ton des Britanniques et desAméricainsàl’encontredeKa- game. Après l’avoir soutenu de manière inconditionnelle, Londres et uploads/Politique/ lib-12092011.pdf

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