RAPPORT POUR L’ASSEMBLÉE NATIONALE Mission d’information visant à identifier le

RAPPORT POUR L’ASSEMBLÉE NATIONALE Mission d’information visant à identifier les ressorts de l’abstention et les mesures permettant de renforcer la participation électorale Analyses et propositions Novembre 2021 FONDATION POUR L’INNOVATION POLITIQUE UN THINK TANK LIBÉRAL, PROGRESSISTE ET EUROPÉEN Née en 2004, la Fondation pour l’innovation politique s’inscrit dans une perspective libérale, progressiste et européenne. Par ses travaux, elle vise deux objectifs : contribuer à un débat pluraliste et documenté, et inspirer la décision publique. Reconnue d’utilité publique, la Fondation met gratuitement à la disposition de tous la totalité de ses travaux sur le site fondapol.org. De plus, sa plateforme data.fondapol permet à chacun de consulter l’ensemble des données collectées dans le cadre des enquêtes. Ses bases de données sont utilisables, dans le prolongement de la politique d’ouverture et de partage des données publiques voulue par le gouvernement. Enfin, lorsqu’il s’agit d’enquêtes internationales, les données sont proposées dans les différentes langues du questionnaire, soit par exemple 33 langues pour l’enquête Démocraties sous tension, menée dans 42 pays. La Fondation peut dédier une partie de son activité à des enjeux qu’elle juge stratégiques. Ainsi, le groupe de travail « Anthropotechnie » examine et initie des travaux explorant les nouveaux territoires ouverts par l’amélioration humaine, le clonage reproductif, l’hybridation homme-machine, l’ingénierie génétique et les manipulations germinales. Il contribue à la réflexion et au débat sur le transhumanisme. « Anthropotechnie » propose des articles traitant des enjeux éthiques, philosophiques et politiques que pose l’expansion des innovations technologiques dans le domaine de l’amélioration du corps et des capacités humaines. La Fondation pour l’innovation politique est indépendante et n’est subventionnée par aucun parti politique. Ses ressources sont publiques et privées. RAPPORT POUR L’ASSEMBLÉE NATIONALE Mission d’information visant à identifier les ressorts de l’abstention et les mesures permettant de renforcer la participation électorale Analyses et propositions DIRECTION Dominique REYNIÉ, directeur général de la Fondation pour l’innovation politique RÉDACTION Dominique ANDOLFATTO, Victor DELAGE, Jérôme FOURQUET, Hippolyte GRISLAIN, Madeleine HAMEL, Katherine HAMILTON, Aminata KONE, Sylvain MANTERNACH, Anne MUXEL, Pascal PERRINEAU, Dominique REYNIÉ PRODUCTION Abdellah BOUHEND, Margot COCQUET, Victor DELAGE, Anne FLAMBERT, Léa GHILINI, Katherine HAMILTON, Camille JAFFIOL, Mathilde TCHOUNIKINE RELECTURE ET CORRECTION Claude SADAJ MAQUETTE ET RÉALISATION Julien RÉMY PARUTION Novembre 2021 La Fondation tient à remercier particulièrement Hippolyte Grislain pour sa contribution à la rédaction de ce rapport. SOMMAIRE Introduction. .................................................................................................................................................................10 1. Une crise de la participation électorale menace la démocratie. ........................................................ 10 2. Vingt-et-une pistes de réflexion pour favoriser la participation électorale. ................................... 10 I- La nature de l’abstention électorale.........................................................................................14 1. Définitions de l’abstention......................................................................................................................... 14 2. Mesures de l’ampleur de l’abstention. ..................................................................................................... 15 a)  La montée de l’abstention électorale concerne l’ensemble des démocraties occidentales, mais à des degrés différents..........................................................................................................................15 b)  Les démocraties européennes souffrent d’un affaissement de la participation électorale. ....................17 c)  Le cas américain. .............................................................................................................................................18 d)  La légitimité des collectivité locales menacée par l’abstention. ................................................................18 e)  L’abstention dans un contexte de pandémie : les élections municipales de 2020, les élections départementales et les régionales 2021. ................................................................................26 f)  Les élections professionnelles menacées par l’abstention. .........................................................................31 g)  Les élections européennes de 2019 : le contre-exemple. ...........................................................................32 h)  2022 et la disponibilité à l’abstention..........................................................................................................32 i)  L’abstention et le risque d’un accident électoral : l’exemple du 21 avril 2002. ........................................36 II-  Les formes de l’abstention. .................................................................................................................37 1.  L’abstention permanente. ............................................................................................................................ 37 2.  L’abstention intermittente.......................................................................................................................... 37 III-  Les causes de l’abstention. ................................................................................................................38 1.  La mal-inscription électorale, première responsable de l’abstention systématique.................... 39 2.  Une perte de lisibilité accrue de certains scrutins, révélatrice des inégalités sociales. .............. 39 3.  L’abstention comme choix protestataire. ................................................................................................ 40 4.  Les « sans-préférence partisane » : l’abstention ou le vote blanc. ..................................................... 45 IV-  L’abstention chronique, une dimension de la crise du monde démocratique. ....................................................................................................................46 1.  Malaise démocratique. ................................................................................................................................. 46 2.  Le vote, entre consécration et désillusion. .............................................................................................. 46 a)  Le principe du vote est consacré…. ..............................................................................................................46 b)  … mais l’efficacité du vote est contestée. ....................................................................................................47 c)  La valeur du vote est fonction de… la satisfaction matérielle...................................................................47 3.  Défiance interpersonnelle et protestation électorale. .......................................................................... 47 4.  Sentiment de déclin et retrait de la vie civique. .................................................................................... 49 5.  L’affaiblissement de l’attachement à la démocratie............................................................................. 49 6.  Du désintérêt pour la politique à l’érosion des idéaux démocratiques. ......................................... 51 a)  La démocratie représentative est concurrencée par la démocratie directe. .............................................52 b)  Le profil autoritaire des tenants de la démocratie directe.........................................................................52 c)  L’institution parlementaire n’a pas la confiance des citoyens. ...................................................................53 d)  Pour l’opinion, les élus n’ont pas le pouvoir. ..............................................................................................54 7.  La légitimité du droit universel de suffrage n’est plus incontestée. ................................................ 54 8.  La transparence du processus électoral est mise en doute. ............................................................... 55 a)  Une opinion révélatrice des nouvelles entraves à la transparence des processus électoraux. ..............56 b)  La confiance dans le processus électoral est fonction du profil des personnes interrogées. ................56 c)  Transparence du système et valeurs démocratiques. ..................................................................................57 9.  Renouvellement générationnel : déconsolidation ou recomposition démocratique ?. ................ 58 10.  L’utilisation régulière des réseaux sociaux est liée au comportement protestataire................ 61 11.  L’attachement aux libertés publiques n’est pas altéré...................................................................... 62 V-  Contenir l’abstention : des pistes de réflexion. .........................................................63 1.  L’utilité du vote : il faut l’expliquer, mais il faut aussi en apporter la preuve.............................. 63 a)  L’utilité du vote en France et dans le monde démocratique. .....................................................................63 b)  Les moyens de s’informer et le jugement sur l’utilité de voter.................................................................64 c)  La double crise de la représentation : politique et médiatique.................................................................66 2.  Les bureaux de vote itinérants.................................................................................................................. 67 3.  Le vote à distance. ......................................................................................................................................... 68 4.  La réponse disciplinaire et le recours à la contrainte : le vote obligatoire. ................................... 69 5.  L’ouverture du droit de vote aux citoyens dès 16 ans. ........................................................................ 70 a)  Le facteur générationnel constitue l’une des principales clés de lecture de l’abstention, les jeunes votant nettement moins que les seniors. ....................................................................................71 b)  Loin de constituer une pratique généralisée dans les démocraties, l’ouverture du droit de vote dès 16 ans existe dans une douzaine de pays. ...........................................71 c)  Un abaissement de la majorité électorale à 16 ans en France ne serait envisageable qu’avec des mesures d’accompagnement des jeunes..........................................72 Mission d’information visant à identifier les ressorts de l’abstention et les mesures permettant de renforcer la participation électorale 10 Rapport pour l’Assemblée nationale Fondation pour l’innovation politique Introduction 1. Une crise de la participation électorale menace la démocratie La hausse de l’abstention est une tendance que l’on observe dans la plupart des démocraties. En France, ce phénomène est enregistré depuis déjà longtemps. La poussée de l’abstention est le résultat d’un grand nombre de facteurs politiques et sociaux. Ainsi, le déclin du clivage partisan gauche/droite marque l’effacement des élections à la fois disputées et polarisées qui jouaient fortement en faveur de la participation. Au contraire, les coalitions gauche/droite sont l’une des causes de la démobilisation. Sans qu’il ait été question de coalition, les cohabitations ont alimenté le sentiment d’une proximité entre la gauche et la droite jouant contre l’intérêt de la participation. On notera d’ailleurs que l’abstention historique (28,4 %) du 21 avril 2002 s’inscrit dans la suite d’une longue cohabitation (1997-2002). Le fort retentissement de ce premier événement d’abstention majeur est d’abord lié au fait qu’il s’agissait de l’élection présidentielle, ensuite au fait que le niveau de l’abstention pour le premier tour de cette élection était sans précédent, et il demeure un record aujourd’hui. Enfin, le choc de ce fameux « 21 avril » tenait au fait que l’abstention était une des causes principales de l’élimination du candidat du Parti socialiste, le Premier ministre Lionel Jospin. Dès lors, chacun peut comprendre que l’abstention est bien l’un des facteurs expliquant le résultat d’une élection, que les conséquences politiques de la non-participation sont non seulement importantes mais parfois déterminantes. Plus près de nous, le 28 juin 2020, lors du second tour des élections municipales – l’autre scrutin auquel les Français sont particulièrement attachés - un nouveau record d’abstention était enregistré (58,4 %), très supérieur au précédent record pour ce scrutin (37,9 %) en 2014. Il est évident que l’abstention de 2020 peut s’expliquer en partie par la situation sanitaire. Cependant, on ne peut réduire la désertion électorale à la crainte de la Covid-19. En effet, d’une part, le second tour des élections municipales a eu lieu le 28 juin 2020, soit plus d’un mois après le déconfinement (11 mai). Ensuite, l’abstention record lors des élections régionales de 2021 a bien montré qu’il s’agissait d’une tendance obéissant à des déterminations propres. L’abstention est entrée dans notre démocratie. Elle fait désormais partie de notre vie politique. Nous allons devoir mieux anticiper les effets et les perturbations qu’elle est capable de produire. Nous allons aussi devoir réfléchir aux voies et moyens permettant de contenir cette évolution, voire, si possible, de l’inverser. En effet, le vote est la clé de voûte de notre système de gouvernement uploads/Politique/ etude-sur-l-x27-absension-a-l-x27-assemblee-nationale.pdf

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