Organe de presse mensuel de l'Union pour le Salut National Prix : 200 FDJ N°2 d

Organe de presse mensuel de l'Union pour le Salut National Prix : 200 FDJ N°2 du jeudi 1 octobre 201 5 Sommaire L’homme est un vivant de sang et de chair. Affect et intellect se mêlent en lui. Passions et raison interagissent en sa personne. S’il ne peut, de ce fait, totalement échapper au subjectif, qui affecte d’une manière ou d’une autre son jugement, il ne peut pas non plus échapper à l’objectif, c’est-à-dire au réel. Quel que soit ce que lui inspire sa subjectivité, le réel s’impose à l’humain. Il lui faut considérer le monde extérieur tel qu’il est, non tel qu’il voudrait qu’il soit, car le réel n’est pas réductible à la subjectivité humaine. Cela demande un effort de l’intellect. Le monde extérieur ne peut, en effet, valablement s’approcher qu’avec distance, aussi loin que possible des sirènes de la subjectivité. Clairement, approcher le réel implique nos facultés intellectuelles. Cela implique notre capacité d’intuition, notre sens de l’examen, les leçons de l’expérience nôtre et autre mais aussi notre aptitude aux échanges constructifs. Cela implique une veille critique. Sans exclure cette part d’imprévu heureux que l’on appelle chance. Que l’on soit simple individu ou puissant personnage, le monde extérieur rime donc avec raison. C’est ainsi et c’est tant mieux. Or, un pays est une part du réel. Un pays est fait de femmes et d’hommes occupant un territoire où ils font flotter un drapeau qui symbolise leur souveraineté nationale et internationale et où ils tentent de s’organiser pour vivre au mieux. Puisqu’il est fait de femmes et d’hommes, un pays ne va pas sans liberté, sans justice, ni sans vie décente. Un pays ne peut être privé d’espérance. En d’autres mots, les problèmes d’un pays sont autant de réalités à approcher, autant d’efforts à consentir, autant de solutions réelles à trouver. -Editorial- Siège : Cité Progrès, Djibouti- ville Courriel : journal.aurore@gmail.com Tel : 00 253 21 35 84 73 volume de tirage : 500 exemplaires Directeur de publication : Aden Mohamed Abdou Co-directeur : Kadar Abdi Ibrahim Au réel, l’on ne peut point échapper Ismaël Guedi Hared a été rappelé à Allah 1 Page 1 : Au réel, l’on ne peut point échapper Page 2 : Brève biographie d'Ismail Guedi Hared Page 3 : Hommages à Ismail Guedi Hared par quelques leaders de l’USN Page 4 : Analyse du discours de Ismail Omar Guelleh à la fête de l'Aïd-El-Aldha Page 5 : Interview du mois : Mohamed Moussa Yabeh Page 7 : La formation initiale et continue des enseignants : un champ de ruines Page 9 : L’inspection de l’Enseignement Moyen et Secondaire : au placard Page 10 : D'enseignant à taximan Page 11 : La ruée vers l'enseignement privé Page 12 : Entretien avec docker Djiboutien Page 13 : Brefhistorique du syndicalisme Djiboutien Page 14 : Atteintes aux droits de l’Homme et l'USN en images Or, le président Guelleh donne à voir un curieux rapport au réel qu’est notre pays. Il est dans la négation des réalités et, de ce fait, manie la mauvaise foi. Il se gargarise de mots qui, parce qu’ils ne rendent pas compte du réel, sont autant d’abus de langage. Il fait mentir les mots en les employant où il ne faut pas. Ainsi, déclarer ne voir qu’améliorations, comme l’a affirmé le Chef de l’État dans son allocution en langue somalie de l’Eid-el-Adha, alors même que le pays se porte mal à tous les niveaux (politique, économique, éducatif, sanitaire, social, culturel, etc.), c’est mentir. Et c’est grave. Mauvaise foi, mensonge. Pourquoi ? Nous serions curieux d’entendre le président Guelleh répondre à cette question. Mais en attendant qu’il nous fournisse une explication rationnelle, nous pensons pouvoir faire l’hypothèse qu’il cherche à éviter l’effort que l’approche des réalités commande, effort qui dérange le confort de ses habitudes de facilité au long cours. Par un mécanisme psychologique qu’il serait intéressant d’étudier, mécanisme à l’œuvre chez tous les hommes de pouvoir de sa catégorie, le président Guelleh s’auto-suggère qu’il peut opposer une attitude de négation aux réalités, si criantes soient-elles. Il décrète alors que tout va bien et que les opposants, ces empêcheurs de continuer en rond, méritent sa répression. ‘’Je suis chef d’État et j’ai la force qui va avec mon pouvoir’’, aime-t-il à rappeler à qui veut l’entendre, escomptant un effet dissuasif immédiat. Comme si l’évocation de la force avait le pouvoir magique de pétrifier l’Autre de peur. Comme si l’Autre n’était que peur. La peur, il est vrai, peut être une arme pour les régimes sans solutions objectives, mais une telle arme n’est pas pérenne. Comme toute ficelle trop sollicitée, l’arme de la peur s’use. L’Autre, qui est un vivant, avec ce que cela suppose de capacité de mouvement et d’adaptation aux situations, finit toujours par développer une résistance à la peur. Alors, la peur fait place à la colère qui débouche sur la révolte. L’histoire récente nous le rappelle : aucun peuple n’est figé dans la peur, y compris les plus résignés en apparence. Moralité : si la peur a servi le président Guelleh hier, il n’en sera pas forcément de même aujourd’hui. Moralité : l’on n’échappe pas au réel, comme l’on n’échappe pas à la mort, cette autre part du réel. Moralité : il faut au président Guelleh et à son gouvernement de cesser la négation et le déni inutiles et de mettre en œuvre l’accord-cadre du 30 décembre 2014. -Politique- Il était une figure administrative et politique du pays. Il a été rappelé à Allah mercredi 23 septembre 2015 à Paris, où il était hospitalisé, et inhumé samedi 26 septembre 2015 près de Wea en République de Djibouti, aux côtés de sa mère Ambaro. Voici une brève biographie d’Ismaël Guedi Hared. Né le 1er janvier 1939 au massif d’Arta, Ismaïl Guedi Hared était le deuxième enfant d’une famille de cinq fils nés de Guedi Hared Farah et d’Ambaro Djama Waiss, tous deux pasteurs nomades. Il a reçu une solide éducation traditionnelle avant d’aller à l’école. Il a, en effet, passé les premières douze années de sa vie en milieu rural avant de faire une fugue vers Djibouti-ville, fortement attiré par les lumières de la future capitale du pays. Accueilli par son oncle paternel Hoche Hared Farah, il y a passé quelques mois, puis il a rejoint sa tante Fatouma Hared Farah et son époux Abdi Elabeh Guelleh à Obock au nord du pays. Là, dans l’ancien chef-lieu de ce qui était alors une colonie, il s‘est vite adapté à la vie urbaine, se liant d’une amitié durable avec les jeunes de son âge et futurs cadres et ou leaders politiques du pays. Parmi eux, l’actuel président de l’USN, Ahmed Youssouf Houmed, l’ancien premier ministre Abdallah Mohamed Kamil, le député légitime Houmed Youssouf Houmed, l’ancien ambassadeur Ali Abdou Sultan, le défunt administrateur Awaleh Meraneh Robleh et, bien que plus jeune, Souleiman Farah Lodon, premier professeur djiboutien certifié de l’enseignement secondaire et actuel vice- président du MRD, pour ne citer que ceux-là. Avec eux, il a fréquenté l’école primaire d’Obock, avec pour enseignant un maitre exceptionnel, le regretté Robleh Boulaleh Farah dit Robleh Dhagaweineh, un homme qui a marqué ses élèves par son humanisme et son talent de pédagogue. Reçu à l’examen d’entrée en sixième, il déménage à Djibouti-ville où il entre au Cours complémentaire, Brève biographie d’Ismaël Guedi Hared 2 ancêtre du collège d’enseignement secondaire. Il en décroche le brevet, alors diplôme le plus élevé du pays. Il est aussitôt recruté dans l’administration locale, expérience qu’il met à profit pour continuer d’apprendre. Remarqué pour sa compétence et son potentiel, il est retenu pour suivre les cours de l’Institut des Hautes Études d’Outre-Mer de Paris, un centre de formation des administrateurs, inspecteurs du travail et autres diplomates qui formeront l’essentiel de la future élite de l’Afrique francophone, notamment aux plans administratif et politique. Il enchaine avec les cours de l’Institut des sciences sociales de Paris. Une fois diplômé de ces deux instituts, il s’inscrit à la Faculté de droit de la Rue d’Assas à Paris. En 1966, Ismaël Guedi rentre précipitamment à Djibouti, en même temps que ses amis Aden Robleh Awaleh et Ibrahim Harbi Farah, en raison des événements politiques qui secouent ce qui est alors connu comme la Côte française des Somalis (CFS). 1966, c’est l’année de la visite du Général de Gaulle, visite marquée par la répression dans le sang, le 26 août, des indépendantistes. En cette même année 1966, Ismaël Guedi Hared est recruté au ministère local du Travail comme inspecteur-adjoint du travail. Cinq ans plus tard, en 1971, il devient le premier inspecteur djiboutien du Travail et des lois sociales. Il cumule ce poste avec les fonctions de conseiller technique du Ministre local du Travail et des lois sociales. Avant son départ pour la France et son recrutement dans l’administration qui lui impose une obligation de réserve, Ismaël Guedi Hared est militant du Parti du mouvement populaire (PMP), parti d’ailleurs dissout en septembre 1966. A l’accession à l’Indépendance, le Président Hassan Gouled Aptidon, avec lequel il n’est pas sans liens uploads/Politique/ l-x27-aurore-n02.pdf

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