L’influence des politiques agroalimentaires à caractère économique sur l’alimen
L’influence des politiques agroalimentaires à caractère économique sur l’alimentation et le poids : synthèse Contexte Ce document est la synthèse d’un avis réalisé par Catherine Gervais de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ)1 La présente synthèse est une production de l’Équipe politiques publiques de l’INSPQ et elle vise à faciliter le transfert de connaissances auprès d’un large public. . Cet avis porte sur l’influence des politiques agroalimentaires à caractère économique sur l’alimentation et le poids de la population. Plus précisément, il traite des effets de ces politiques et de ces mesures économiques sur le prix, la disponibilité et la qualité nutritionnelle des aliments, et, lorsque documenté, sur leurs effets sur l’alimentation et le poids de la population. Cette démarche permet d’identifier les pistes d’interventions qui semblent les plus appropriées pour le Québec. Cet avis a été transmis au ministre de la Santé et des Services sociaux dans le cadre de l’application de l’article 54 de la Loi sur la santé publique et il s’inscrit dans une collection de six rapports publiés par l’INSPQ portant sur la politique agroalimentaire. 1 Le lecteur intéressé à obtenir de plus amples détails sur le contenu du rapport ou à prendre connaissance des références bibliographiques complètes est invité à consulter le document intégral à l’adresse suivante : www.inspq.qc.ca/publications/default.asp?NumPu blication=1343. Faits saillants L’augmentation de la prévalence de l’obésité est un phénomène préoccupant en raison de ses répercussions sur la santé de la population et des coûts qui y sont associés. Afin de promouvoir des politiques publiques favorables à la santé, cet avis documente l’influence des politiques agroalimentaires à caractère économique qui peuvent avoir un impact sur l’alimentation et le poids de la population. À cette fin, il passe en revue les mesures économiques suivantes : les subventions agricoles, les politiques commerciales, les programmes agricoles de recherche et de développement, les programmes de promotion agricole, les interventions agricoles visant l’approvisionnement institutionnel, comme les programmes de gestion des surplus agricoles et les programmes Farm to School et finalement, les interventions sur les prix. 2 À la lumière des connaissances recensées, cet avis identifie trois pistes d’interventions prometteuses pour guider les actions en matière de politique agroalimentaire, soit : • Accroître la présence de marchés publics offrant des fruits et légumes, notamment dans les zones défavorisées; • Développer une politique de la transformation cohérente avec les objectifs de santé publique; • Développer un programme scolaire offrant des fruits ou des légumes et du lait. Introduction Une augmentation du poids de la population et des coûts considérables La proportion de personnes obèses s’est accrue de façon dramatique au cours des dernières décennies. Au Québec, en moins de vingt ans, la prévalence de l’obésité a doublé. En 2004, 56 % de la population québécoise était en excès de poids; 34 % faisait de l’embonpoint et 22 % était considérée comme obèse. Ce phénomène est préoccupant puisque l’obésité est un facteur de risque important de plusieurs maladies chroniques. Le nombre élevé de personnes avec un surplus de poids au Québec, comme ailleurs dans le monde, s’explique par une combinaison de facteurs environnementaux et individuels comme par exemple, le contexte économique, l’environnement bâti, la sédentarité, le niveau de scolarité et l’hérédité. L’impact économique des problèmes liés au poids est aussi considérable. Les coûts directs attribuables à l’obésité et à l’embonpoint ont été estimés à six milliards de dollars au Canada pour l’année 2006 seulement, dont 66 % étaient attribuables à l’obésité uniquement. Cette somme correspondait alors à 4,1 % du total des dépenses canadiennes en santé. Au Québec, l’obésité pourrait engendrer des coûts de santé allant jusqu’à 816 M$ en 2011-2012. Agir de concert dans les secteurs agricole et de la santé Dans un environnement peu propice à l’adoption de saines habitudes de vie et face à l’efficacité limitée des mesures favorisant l’éducation sanitaire ou le suivi des individus présentant un excès de poids, plusieurs chercheurs ont reconnu l’importance d’agir sur cet environnement « obésogène ». Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, nos milieux et nos modes de vie se sont profondément transformés et les politiques agroalimentaires contemporaines n’ont que très rarement été menées en cohérence avec les politiques sanitaires. Les politiques agricoles ont d’abord été mises en place dans l’objectif de fournir aux consommateurs de la nourriture en quantité suffisante, de maintenir des prix raisonnables sur le marché et d’assurer aux producteurs agricoles un revenu équitable et stable. Selon certains experts, cette absence de concertation réduit l’efficacité et complique la mise en œuvre des différents instruments politiques pouvant contribuer à réduire la prévalence de l’obésité dans la population. Par ailleurs, l’industrie agroalimentaire est souvent montrée du doigt pour avoir contribué à la « surconsommation alimentaire », à l’apparition de la « malbouffe », à la surutilisation des « logos » santé, à des pratiques de marketing abusives ciblant les enfants, à la valorisation de diètes riches en calories et faibles en nutriments. Bien que ces problématiques soient toutes pertinentes à la lutte contre l’obésité, cet avis porte uniquement sur l’influence des politiques agroalimentaires à caractère économique sur l’alimentation et le poids. Les politiques à l’étude ne représentent donc qu’une partie de l’éventail des actions agroalimentaires pouvant faire partie d’une stratégie de promotion des saines habitudes de vie et de prévention de l’obésité. Évaluer les effets des politiques sur la santé Une approche basée sur la collaboration intersectorielle permettrait ultimement aux acteurs du secteur agroalimentaire de se démarquer par la qualité nutritionnelle de leurs produits et aux décideurs du secteur agroalimentaire québécois de profiter de l’expertise des nombreux experts de la santé, notamment en ce qui concerne les déterminants de la qualité nutritionnelle des aliments ou les meilleures méthodes pour les évaluer. Selon des experts, comme le processus d’élaboration des politiques canadiennes est soumis à des évaluations de l’impact sur l’environnement, les politiques agroalimentaires devraient être élaborées en tenant compte de la santé pour maximiser leurs effets sur l’alimentation de la population. Il semble donc nécessaire de coordonner les actions politiques et d’examiner les politiques publiques sous l’angle de la santé et de la nutrition. 3 Le contexte agroalimentaire québécois La multiplication des intermédiaires entre les producteurs et les consommateurs Les interventions comme les subventions agricoles ont un impact certain sur le marché des produits agricoles, mais leur influence n’est pas aussi claire au niveau des consommateurs. Par exemple, les études consultées soulignent presque toutes que la transmission imparfaite des prix entre le producteur et le consommateur limite de beaucoup l’effet des subventions agricoles sur le prix des aliments. Non seulement la plupart des produits agricoles subissent des transformations et circulent par divers intermédiaires, transformateurs, surtransformateurs, grossistes et détaillants ou restaurateurs, avant d’arriver au consommateur, mais en plus ils comptent souvent pour une faible part de la valeur du produit alimentaire final. À titre d’exemple, la figure 1 montre la schématisation des différents réseaux de distribution des fruits et légumes frais au Québec. Même les produits consommés sous une forme brute, tels les fruits et les légumes locaux, doivent passer par les mêmes circuits de distribution, la transmission des prix de la production à la consommation n’est donc pas parfaite. FIGURE 1 LA DISTRIBUTION DES FRUITS ET LÉGUMES AU QUÉBEC * Hôtellerie, restauration, institutions. Courtiers import/export Regroupements de producteurs Épiceries indépendantes Grossistes distributeurs indépendants Emballeurs - distributeurs Chaînes de commerce alimentaire Centres de distribution Marché Central Fruiteries CONSOMMATEURS QUÉBÉCOIS CIRCUITS LONGS PRODUCTEURS QUÉBÉCOIS HRI* Marché public Kiosques Autocueillette CIRCUITS COURTS 4 Une industrie qui fait face à un marché ouvert Pour apprécier les pistes d’intervention possibles pour le Québec, il faut se rappeler que tous les maillons de la filière agroalimentaire québécoise évoluent dans un marché ouvert, à tout le moins à l’échelle canadienne pour les produits contingentés par la gestion de l’offre, et à l’échelle nord-américaine pour tous les autres. Dès lors, les politiques agricoles strictement québécoises ne peuvent avoir qu’une très faible influence sur les prix des aliments. Le secteur agricole du Québec est de fait un preneur de prix sur le marché, car il n’est pas un assez gros joueur sur la scène nord-américaine pour pouvoir les influencer. Dans la majorité des cas, peu importe le type de politiques qui est utilisé, les prix sur le marché des produits agricoles et agroalimentaires seront déterminés par des facteurs extérieurs à la réalité québécoise. Cette situation implique que les aliments québécois sont en compétition avec les produits de l’étranger pour remplir le carnet de commande des transformateurs ou avoir accès aux tablettes des supermarchés, et ce, même si les conditions climatiques sont moins favorables à la production. La mondialisation des marchés limite aussi la capacité des États d’imposer des mesures spécifiques aux entreprises agroalimentaires locales. Le marché des aliments transformés est un marché ouvert à l’échelle nord-américaine. Ainsi, imposer une taxe sur un ingrédient, comme par exemple le sel, aux seules entreprises de transformation agroalimentaire québécoises viendrait miner leur compétitivité face aux produits importés des autres provinces ou des États-Unis, sans aucune garantie sur l’évolution de la consommation finale de cet ingrédient. L’influence des mesures économiques sur l’alimentation uploads/Politique/ l-x27-influence-des-politiques-agroalimentaires-a-caractere-economique-sur-l-x27-alimentation-et-le-poids-synthese.pdf
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- Publié le Mai 31, 2022
- Catégorie Politics / Politiq...
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