Mai 2012 3 L E 3 mai 2012 aurait pu célébrer le printemps des médias en Tunisie
Mai 2012 3 L E 3 mai 2012 aurait pu célébrer le printemps des médias en Tunisie. Mais l’actualité brûlante que traverse le secteur montre que l’hiver joue les prolongations. Les journalistes et les médias font l’objet d’une attaque multiforme et soutenue d’une partie de l’opinion nourrie aux déclarations virulentes des nouveaux dirigeants. La campagne se prolonge dans le temps, observe des pics et des dérapages. Les médias publics – locomotive en matière d’indépendance et de neutralité — en paient les frais : critiques virulentes, procès, entretien du vide juridique, nominations de responsables sans concertations, incursions physiques, volonté manifeste d’an nexion ou de ... cession... Dans une campagne coup de poing intitulée «Libres jusqu’à quand ?», Reporters sans Frontières avaient, dès l’automne dernier, tiré la sonnette d’alarme quant à un éventuel retournement de situation. Le cours actuel des évènements leur donne raison. Pour notre deuxième Hors-Série, nous adoptons ce slogan en ce qu’il rejoint notre propre questionnement. Assistera-t-on à l’écrasement des libertés acquises à la faveur de la Révolution ? Et si le 14 janvier n’était qu’une brève embellie? Les médias doivent-il fléchir aux pressions du pouvoir et d’une partie de l’opinion? Sinon comment s’assurer la résistance, l’in dépendance et l’autorégulation? Toujours dans cet esprit d’offrir au lecteur un document pour l’histoire, notre Hors-Série se déploie en trois grands moments. Il retrace le passé dans «55 ans de propagande», diagnostique les acquis de la révolution dans « Enfin Libres ! » et scrute l’horizon dans « Brouillard sur la planète médias ». Au fil des pages, «Al Iîlam»* n’est pas l’acteur sans visage que l’on accuse aujourd’hui. Nos enquêtes, nos reportages, nos témoignages, nos entretiens et nos portraits dévoilent, sans complaisance, ses compromissions d’avant. Mais révèlent tout autant ses batailles, ses résistants, ses figures ordinaires, ses richesses, ses compétences, ses codes, ses savoir-faire, son éthique, ses possibilités de renouvellement... Il porte sa réforme en lui ! * Médias (en arabe). Le mot est devenu synonyme de traîtrise en raison de son insoumission. Edito Hors-série Hors-Série 4 Entretien 6 Rachida Enneïfer : «Les ministres de Ben Ali se délectaient de brimer les journalistes » Rétrospective 12 Crises et embellies Histoire d’un journal 16 Le Phare, comme un éclair... Témoignage 19 « Bâillonnés ? Nous l’avons toujours été... » Portrait 20 Abdelwahab Abdallah, le presse- papier Enquête 25 ATCE : propagande, mensonges et vidéos 29 La police politique contre les journalistes : les tortionnaires des mots 33 Guerre sur le Net : quand les espions envahissent la Toile 36 IPSI, une école sous trois tutelles Portrait 40 Hamida Ben Salah : « Je demanderai des comptes à l’Etat qui ne m’a pas protégée » Résistance 42 Crimes et châtiments Hors-Série Président-Directeur Général : Nejib Ouerghi Hors-Série conçu et réalisé par Hedia Baraket et Olfa Belhassine Sélection de photos : Abdelfattah Belaïd Direction artistique : Fethi Daghmani et Ali Nefzi Réalisation technique : Les ateliers de La Presse Edité par la Société Nouvelle d’Impression de Presse et d’Edition (SNIPE) 6, rue Ali Bach Hamba — TUNIS — Tél. : 71.341.066 — Telex : 13880 TN Fax : 71.349.720 Internet : http://www.lapresse.tn Mail : contact@lapresse.tn 1956-2011 : 55 ans de propagande 14 janvier Enfin libres ! Brouillards sur la planète médias Sommaire Entretien 46 Riadh Ferjani : « L’heure est à la désétatisation des esprits ! » Blogging 52 Radioscopie d’un média alternatif TuniLeaks 55 Premier bébé du couple Nawaat- WikiLeaks Portrait 58 Hamadi Kaloucha : « I have a dream » Autorégulation 60 La Presse, sur les traces du conseil de la réaction Témoignage 62 Radio publique : ondes positives Zoom 64 « Hadith Essaâ », le challenge au quotidien Nouvelles lois 66 Pas de sanction pour l’expression ! 68 La raison des patrons Une question à… 70 Larbi Chouikha : et si ce n’était qu’une éclaircie de plus?... 72 Repères Entretien 76 Kamel Laâbidi : « Priver les citoyens des médias publics est un acte suicidaire » Reportage 80 Dans les coulisses du 20h00 Interview 84 Lotfi Zitoun : « La TV nationale n’a pas assimilé la Révolution ! » Polémique 90 Média ! Mon beau miroir... 92 Noureddine Kridis : « La Révolution a cassé le miroir » Perspectives IPSI 94 Formation pour une libre expression 96 Hamida El Bour : « Nous nous ouvrirons aux professionnels » Observatoires 100 Les journalistes dans l’œil du cyclone Une question à … 102 Abdelkrim Hizaoui : quelle redevabilité pour les médias? Avenir 104 Et si on désamorçait le piège de la précarité ! Nous remercions les galeries Millefeuilles et Artyshow pour nous avoir permis d’exploiter les dessins et caricatures de l’exposition «Liberté de la presse» qui se tient depuis le 14 avril 2012 à La Marsa. Mai 2012 5 55 ans de propagande 1956-2011 Hors-Série 6 Entretien Les ministres de Ben Ali se délectaient de brimer les journalistes Rachida Ennaifer Après un reportage à Aïn Drahem titré «Le village au bois dormant» que j’ai fait avec Youssef Seddik, toutes les instances destouriennes de la région ont exigé le renvoi des «journalistes communistes ... Mai 2012 7 V ous avez fait des études de jour nalisme et de droit et vous étiez connue pour votre militantisme. Quelle conception aviez-vous du journa lisme et plus précisément du journalisme militant ? Soit de cette équation neutra lité/engagement ? J’ai été recrutée par le journal La Presse, alors que j’étais encore étudiante à l’Institut de presse et des sciences de l’information dans le cadre d’une politique prônée par le ministère de la Culture et de l’Information, dirigé, alors, par M. Chedli Klibi, et qui consistait à engager les médias publics sur la voie du professionnalisme. D’ailleurs, il avait défini la ligne éditoriale de La Presse comme «gouvernementale» concernant «la Une» et au service du public pour le reste des pages, à l’image du journal Le Monde. J’ai donc exercé mon métier, en tant que professionnelle, ce qui impliquait une indépen dance très difficile à défendre dans les années 70, vu que le concept des médias publics était inexistant, en ce temps-là, et que le régime avait opté pour une mainmise sur les médias. N’empêche que vous portiez également la casquette de militante... J’ai été toujours indépendante de tout parti politique, je militais pour les droits de l’homme et les libertés syndicales, j’ai été membre des structures syndicales provisoires de l’Uget (Union générale des étudiants tunisiens) à la Faculté de Droit. J’ai été membre actif de l’AJT (Association des journalistes tunisiens) depuis 1976 avant d’être élue présidente en 1980. Quel est votre sentiment d’avoir incarné la première présidente femme de l’AJT ? En me présentant aux élections de l’Asso ciation des journalistes tunisiens en 1980, je ne pensais pas briguer un poste mais défendre avec mes confrères la profession. Au moment de la répartition des fonctions, deux facteurs avaient joué en ma faveur : l’entente qui prévalait au sein du groupe et l’estime dont je jouissais auprès de mes confrères. Je ne sais pas si le fait d’être femme avait joué en ma faveur, cependant je n’avais aucun complexe à occuper le poste de présidente pour la première fois dans l’histoire de l’AJT. Je puisais cette force psychologique dans mon autre engagement dans le mouve ment des femmes du Club Tahar-Haddad. Et durant les deux mandats, mon engagement féministe nourrissait mon engagement profes sionnel et militant et vice versa. Par ailleurs, il y avait des moments où les deux combats se rejoignaient, quand il fallait défendre le statut des femmes journalistes ou traiter de l’image des femmes dans les médias. L’évolution du secteur de l’information depuis l’Indépendance a été marquée par des alternances entre le chaud et le froid, chapes de plomb et éclaircies. Comment l’expliquez-vous et quel a été l’impact de ces flux et reflux sur votre parcours personnel ? Ces alternances correspondent, quelque peu, à l’évolution politique du régime. L’histoire de la presse écrite et audiovisuelle en Tunisie est liée à l’évolution du régime politique issu de l’Indépendance. Lequel régime a misé sur un nationalisme développé à outrance et qui a représenté une suite logique au mouvement de libération nationale. Mais il a abouti à l’anéantissement de la démocratie à cause de l’incapacité de la classe politique de l’époque à assurer ou à réaliser une équation entre le nationalisme, fondement de l’Etat indépendant et la démocratie. Figure phare du monde du journalisme de 1976 à 1990, Rachida Ennaifer, a travaillé comme reporter au journal La Presse. Au fil des jours et de la pratique, elle a milité pour un journalisme au service non pas du pouvoir mais du public. Dans cet entretien, elle remonte le temps pour témoigner de la difficulté d’être journaliste professionnelle et indépendante sous le despotisme. Ecoutons-la. 55 ans de propagande Hors-Série 8 Quant à mon parcours, j’ai eu la chance d’intégrer un journal considéré à l’époque comme une école de journalisme et en tant que jeune étudiante, j’ai pu côtoyer de grands professionnels tels Maryem Badri, Flavio Ven tura, Youssef Seddik, et tant d’autres, qui m’ont initiée au travail du terrain. En uploads/Politique/ la-presse-hors-serie.pdf
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- Publié le Oct 20, 2022
- Catégorie Politics / Politiq...
- Langue French
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