Université de Lund Directrice : Suzanne Schlyter Institut d’études romanes FRA
Université de Lund Directrice : Suzanne Schlyter Institut d’études romanes FRA 2003, VT 2006 Les politiques linguistiques au Sénégal et au Maroc Comment ces pays-ont-ils réussi à réaliser les buts qui constituent la déclaration d'Harare? Emelie Larsson Abstract Les situations linguistiques en Afrique sont sans doute complexes. Dans un même pays, il y a souvent plusieurs langues de base qui coexistent avec une langue européenne héritée de la colonisation qui a souvent un statut monopoliste dans l'administration publique et dans le domaine judiciaire. À cause de cette circonstance linguistique, les éthnies et les communautés linguistiques ont souvent une situation de vie qui est inégale. Le but de cette mémoire est de décrire les situations linguistiques au Sénégal et au Maroc, mais également d'aborder un document d'UNESCO ; la déclaration d'Harare dans laquelle les États africains ont développé un programme pour un aménagement linguistique souhaitable et durable. Le point central est aussi de comparer ces deux pays et leurs politiques linguistiques actuelles et analyser s’ils ont réussi à implémenter les buts pour une amélioration de la politique linguistique qui constituent la déclaration d'Harare. Mots clés : Politique linguistique, La déclaration d'Harare, Le Sénégal, Le Maroc, comparaison Table des matières 1 Introduction.......................................................................................................................................1 1.1 But .............................................................................................................................................1 2 Outils d'analyse.................................................................................................................................2 2.1 Typologie des situations sociolinguistiques africaines .............................................................2 2.1.1 Les multilinguismes à plus de deux langues .....................................................................3 2.1.2 Bilinguisme........................................................................................................................5 2.2 La comparaison de Chaudenson................................................................................................5 2.2.1 Le statut .............................................................................................................................5 2.2.2 Le corpus ...........................................................................................................................5 2.3 Situation linguistique souhaitée ................................................................................................6 3. La déclaration d’Harare ...................................................................................................................8 3.1 Vision pour l’Afrique................................................................................................................8 3.2 Principes directeurs pour la formation de politiques générales.................................................9 3.3 Options politiques .....................................................................................................................9 3.4 Stratégies de mise en oeuvre ....................................................................................................9 3.4.1 Niveau panafricain.............................................................................................................9 3.4.2 Niveau régional ..............................................................................................................10 3.4.3 Niveau gouvernemental...................................................................................................10 4 Les politiques linguistiques au Sénégal ..........................................................................................11 4.1 La réalité sociolinguistique ....................................................................................................11 4.2 Politiques linguistiques actuelles ............................................................................................11 4.2.1 L'administration publique................................................................................................12 4.2.2 La situation scolaire........................................................................................................12 4.2.3 Les médias.......................................................................................................................13 4.3 Conclusion...............................................................................................................................13 5 Les politiques linguistiques au Maroc ............................................................................................15 5.1 La situation sociolinguistique..................................................................................................15 5.2 Politiques linguistiques actuelles ............................................................................................16 5.2.1 L'administration publique................................................................................................16 5.2.2 La situation scolaire.........................................................................................................17 5.2.3 Les médias......................................................................................................................17 5.3 Conclusion...............................................................................................................................18 6 Analyse et comparaison ..................................................................................................................19 6.1 Est-ce qu'on a réussi à implémenter les buts de la déclaration d'Harare? ..............................19 6.1.1 Une déclaration pâle et inefficace ...................................................................................20 6.2 A t-on une situation linguistique souhaitable? .......................................................................21 7 Bibliographie ..................................................................................................................................22 1 1 Introduction Les politiques linguistiques pratiquées en Afrique depuis l'indépendance ont en général été en faveur de la langue ou des langues européennes héritées. Les structures linguistiques ont souvent été monopolistes et on a lutté pour un statut officiel de la langue coloniale. Les efforts qui sont faites pour améliorer cette situation ont beau réussir jusqu’au aujourd’hui. Le sommet d’Harare en 1997 a développé une planification pour qu’on puisse finalement réussir à faire un vrai aménagement linguistique pour redéfinir la situation complexe des langues et des politiques linguistiques en Afrique. 1.1 But Dans cette étude, les réalités linguistiques au Maroc et au Sénégal seront présentées avec le but de les comparer avec les droits linguistiques. Ainsi, la réalité de la politique linguistique dans ces pays est mise en face de ce que les États africains ont exprimé dans le document d’Harare comme une situation linguistique souhaitable. Il est également nécessaire d'aborder les idées et les ambitions dans la déclaration d'Harare qui est un document d'UNESCO élaboré en 1997. La question posée pour cette tache est constituée de deux parties : Quelle est la situation linguistique actuelle au Maroc et au Sénégal? Comment ces pays ont-ils réussi à réaliser les idées et les décisions qui constituent la déclaration d'Harare? Finalement, le but est aussi de comparer les deux pays pour découvrir les ressemblances entre les politiques linguistiques mais également ce qui est différent entre les deux pays. 2 2 Outils d'analyse Pour qu'on puisse mieux comprendre la situation linguistique au Maroc et au Sénégal, il est nécessaire de faire un court aperçu des outils théoriques. Tout d'abord, il y a une présentation d'une typologie des situations sociolinguistiques africaines. Celle-ci sera surtout utilisée au chapitre 4 et 5, où elle sert à décrire et exemplifier les situations linguistiques. Ce chapitre est également constitué d'une description des situations linguistiques souhaitables selon quelques linguistes. Cette dimension théorique est nécessaire pour aborder en bref ce que pensent les experts en sciences sociales et humaines, ainsi que les linguistes, d'une situation idéale et comment on peut l'obtenir. 2.1 Typologie des situations sociolinguistiques africaines Selon Marcel Diki-Kidiri, la situation linguistique en Afrique est caractérisée par une pyramide à trois étages. Les langues «de base » se trouvent au premier étage de la pyramide. Ces langues sont des langues vernaculaires1 qui coexistent dans un même pays, et qui sont utilisées par la population locale et sont associés au monde traditionnel et ethnique. Le deuxième étage représente les langues «de masse », qui sont également les langues véhiculaires2. Elles sont associées à un développement de la société et à l'expression des réalités modernes qui sont largement intègrées aux cultures locales. Finalement, on trouve les langues « de crête » au sommet de la pyramide, qui sont des langues ayant des fonctions officielles. Il s'agit presque toujours des langues coloniales qui jouent encore un rôle dominant dans tous les secteurs de la vie nationale et qui sont utilisées dans les enseignement secondaire et universitaire, dans l’administration et dans le secteur des sciences et des technologies modernes (Diki-Kidiri 2004:28). Donc, les langues de crête n’ont pas nécessairement un statut officiel. On pourrait dire qu'il s'agit plutôt d'une mesure de statut d'une langue, car une langue qui est utilisée par une élite et dans l'administration officielle est selon Diki-Kidiri une « langue de crête » sans être une langue officielle et inscrite dans la constitution d'un pays. 1La langue locale communément parlée au sein d'une communauté 2Langue servant de moyen de communication entre populations de langues différentes 3 Dans la typologie qui suit, il y a six cas de multilinguisme et un cas de bilinguisme. Cette typologie ne prend pas en compte les langues des immigrés, ni celles qui sont enseignées à l'école sans être utilisées par aucun peuple en Afrique, par exemple l'allemand et le russe (Ibid.). 2.1.1 Les multilinguismes à plus de deux langues 1) Langues de base + 1 langue de crête Dans ce cas-ci, plusieurs langues de base coexistent avec une seule langue de crête, et il n’y a pas de langue de masse. Il y a une telle situation dans les pays suivants : Gabon, Côte-d'Ivoire, Niger et Namibie. Les langues vernaculaires, ça veut dire les langues de masse, sont nombreuses et également plus ou moins fréquentes. Dans tous ces pays, le français est la langue de crête. Par rapport aux politiques linguistiques pratiquées en ces pays, on peut constater deux cas : L'État a choisi une utilisation de la langue coloniale comme langue officielle non seulement par nécessité pratique, mais aussi parce qu'elle est fréquemment employée. C'est la réalité en Côte d'Ivoire et en Namibie. Ou bien, l'État a décidé d'utiliser la langue coloniale comme langue officielle, mais en même temps essayer à promouvoir les langues de base. Le Niger est un exemple de cette situation (Diki-Kidiri 2004:29). 2) Langues de base + 1 langue de masse + 1 langue de crête Dans ce deuxième cas, plusieurs langues de base coexistent avec une langue de masse et une langue de crête. La langue de masse est fortement installée dans cette position, et va tendre à surpasser le statut de langue de crête et avec le temps remplacer les langues de base et devenir une langue unificatrice de la nation. Pour exemplifier une telle situation, il y a le Sénégal (voir chapitre 4 ci-dessous), le Botswana et la Centrafrique. Dans ces pays, l'État a choisi une vaste promotion de la langue de crête et de la langue de masse. Les langues de base sont reconnues par la Constitution, mais sans d'obtenir des soutiens de l'état. En fait, ce choix favorise souvent un bilinguisme d'État. Mais, l'État peut aussi choisir de promouvoir toutes les langues à la fois, sans discrimination. C'est le cas au Sénégal qui a fait ce choix pour le français, qui fonctionne comme langue de crête, et six langues nationales du pays, ça veut dire les langues de masse (wolof, séreer, pulaar, malinké, soninké et diola). Par contre, en faisant un tel choix, on n'entraîne aucune diminution du français car le soutien à la langue officielle est beaucoup plus vigoureux que ce qu'on donne à des langues nationales (Diki-Kidiri 2004:30). 4 3) Langues de base + 1 langue de masse et de crête + 1 langue de crête Ce cas-ci ressemble au cas précédent, mais la différence ici est que la langue de masse est devenue une langue de crête et fonctionne parallelèment comme la première langue de crête. Le Kenya et la Tanzanie constituent les meilleurs exemples de cette situation. Ces deux pays ont crée une politique linguistique qui favorise de manière vigoureuse l’usage du kiswahili dans toutes les affaires de la nation (Diki-Kidiri 2004:30-31). 4) Langues de base + langues de masse + 1 langue de crête uploads/Politique/ les-politiques-linguistiques-au-seen-eegal-et-au-maroc2c-emelie-larsson.pdf
Documents similaires
-
21
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Sep 05, 2021
- Catégorie Politics / Politiq...
- Langue French
- Taille du fichier 0.1924MB