Texte: CANOVAN, Margaret, « Taking Politics to the People: Populism as the Ideo
Texte: CANOVAN, Margaret, « Taking Politics to the People: Populism as the Ideology of Democracy » in Yves Meny and Yves Surel, Democracies and the Populist Challenge, New York, Palgrave Macmillan, 2002, pp.25-45. Margaret Canovan est une théoricienne politique britannique connue pour ses travaux sur le nationalisme. Elle fut, avant sa retraite, professeure dans plusieurs universités, dont Keele University. Parmi ses travaux, un en particulier a fait sa renommé : « Hannah Arendt: A Reinterpretation of Her Political Thought ». C’est une spécialiste de l’étude du populisme. (Parmi ses ouvrages, « Populism », en 1981). Le texte écrit par Canovan fait partie d’un ouvrage collectif intitulé « Democracies and the Populist Challenge » d’Yves Meny et Yves Surel. Cet ouvrage établi une étude comparative sur les différentes ambiguïtés et contradictions des mouvements populistes dans les démocraties occidentales. Le texte de Margaret Canovan constitue la première partie du livre, la partie « Making Sens of populism ». Le livre date de 2001. En guise d’introduction à son chapitre, Margaret Canovan considère que pour comprendre le populisme il faut être conscient du paradoxe qui existe au cœur de la démocratie moderne. Ce paradoxe peut être résumé comme la contradiction entre « rapprocher le peuple de la démocratie » et « faire de la politique pour le peuple ». Selon l’auteure, le message principal développé par les mouvements populistes est celui de dire que les élites politiques ont confisqué le pouvoir populaire. Dès lors, les populistes structurent leur discours par un appel au peuple visant la restauration de la démocratie populaire. A ce niveau, Canovan souligne le fait que le paradoxe évoqué plus haut nourri directement la légitimité des mouvements populistes. Pour simplifier, le paradoxe peut être envisagé par le fait que si la démocratie est la forme politique la plus complète pour le peuple, elle demeure néanmoins la forme la plus complexe à saisir. Le problème est donc que le peuple a du mal à se situer face à la multitude d’institutions dépersonnalisées, ce qui le pousse à se rabattre sur un chef visible, directement élu sans passer par des mécanismes opaques de démocratie représentative. Et ce chef joue le rôle de pont entre le peuple et la politique. Dans la suite de son argumentation, l’auteure considère que les idéologies ont comblé le fossé entre le peuple et la politique en proposant un plan simplifié de la politique. Mais depuis quelques années maintenant, l’idéologie est abandonnée au profit du pragmatisme, voire du scepticisme. Ce qui constitue un problème grave pour le système démocratique car ce dernier a absolument besoin de l’idéologie pour pouvoir légitimer le système même au près des électeurs, qui le font exister. Rappelant l’argument de Freeden, selon lequel les idéologies ont ce caractère d’être en contact permanent avec le monde politique qui les entoure, Canovan réaffirme l’idée selon laquelle l’intérêt premier des idéologies est leur capacité à simplifier les complexités démocratiques en une image que l’électorat est capable de saisir. Partant de ce fait, l’auteure affirme que la démocratie a, elle aussi, un aspect idéologique dans sa prétention à offrir le meilleur des monde. Dans son analyse de l’idéologie populiste, Canovan place au cœur de celle-ci le « peuple », la « démocratie », la « souveraineté » et la « règle de la majorité ». A partir de cette analyse, la démocratie la plus pertinente serait, selon elle, la démocratie directe en tant qu’elle est l’expression de la volonté populaire sans intermédiaire politique, le principe de souveraineté accentuant davantage l’écart entre le peuple et les représentants. En fin de chapitre, M. Canovan considère que le recours accru au référendum et au contrôle judiciaire vont accroitre les tensions entre l’idéologie populiste et l’idéologie libérale. 1 Au final, ce paradoxe semble être insoluble car d’une part l’idéologie est plus que nécessaire pour rapprocher le peuple de la politique à travers une simplification de celle-ci, mais d’autre part, la démocratie, forme politique qui a besoin de faire ce lien, reste difficilement appréhendable en idéologie. De plus, Canovan rapporte l’ambigüité soulevée en commun par Habermas et Lefort, qui consiste à dire que d’une part la démocratie en pratique diffère de l’image véhiculée par l’idéologie populiste voulant tout renvoyer à la souveraineté populaire, mais d’autre part la démocratie reste profondément attachée à l’image de cette souveraineté. En conclusion, l’auteure réaffirme que l’idéologie permet d’éclairer le peuple sur l’opacité de la politique. De ce fait, elle demeure indispensable dans un monde dominé par la politique de masse. De plus, l’idéologie de la démocratie comporte beaucoup de thématiques populistes (opposition majorité-minorité etc.). De son coté, l’idéologie populiste joue sur les notions de territoires et de frontières, notions délicates dans un monde globalisé. Pour ce qui est de la critique interne, il convient de souligner en premier lieu la structure du texte qui est claire et cohérente. Elle fut d’ailleurs annoncée dès le départ et permet d’offrir une vision d’ensemble avant même d’aborder le corps du chapitre. Les problèmes posés par Margaret Canovan sont formulés clairement et sont même trop souvent rappelés ce qui nuit à la fluidité du texte. En effet, on peut constater beaucoup de rappel du « paradoxe de la démocratie » (pages 25, 26, 27, 28, 40, 42) ce qui ne fait qu’alourdi l’argumentation. Les arguments énoncés sont cohérents et suivent la ligne directrice formulée en début de texte. Afin d’appuyer son argumentation, l’auteure a mobilisé une bibliographie très importante, reprenant les ouvrages de penseurs et théoriciens politiques influents, ce qui donne davantage de soutien à ses arguments. Pour ce qui est de la conclusion, si elle découle de façon logique des arguments énoncés, il convient d’ajouter qu’elle perd son rôle de conclusion du fait même que l’auteure répond déjà à sa problématique dans l’introduction de son texte. De ce fait, la conclusion n’amène rien de nouveau par rapport aux objectifs annoncés. Dans son chapitre, Canovan traite de la question du populisme en tant qu’idéologie de la démocratie sans avoir pour objectif de démontrer d’éléments quantifiables. De ce fait, la méthode utilisée est la méthode qualitative. Au-delà de cette simple affirmation, l’objectif de l’auteure est d’apporter des éléments d’analyse autour de l’idéologie, du populisme et de la démocratie. Elle s’inscrit donc dans une approche dit de théorie politique. Cette méthode et approche sont les plus souvent utilisées pour analyser le sujet, on peut donc considérer que l’auteure a voulu rester dans une analyse conventionnelle. Pour ce qui est de l’originalité de l’œuvre et de l’apport au champ d’étude sur le populisme, il convient de noter que Margaret Canovan est une véritable spécialiste du sujet et a déjà par le passé traité la question du populisme à plusieurs reprises comme le prouve sa bibliographie (Populism, « ‘People’, Politician and Populism » etc.). La grande force de ce texte réside dans sa capacité à enchainer une argumentation nourrie par une multitude de sources. En effet, on ne peut que constater la maîtrise du sujet par l’auteure, qui ne perd jamais de vue l’objectif qu’elle s’est fixée en début de texte. Cependant, l’argumentation si richement nourrie tombe parfois dans l’excès d’analyse, comme c’est le cas avec la notion de «paradoxe de la démocratie » évoquée plus haut. 2 uploads/Politique/ margaret-canovan.pdf
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- Publié le Apv 08, 2021
- Catégorie Politics / Politiq...
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