Plate-forme du congrès de la Soummam POUR ASSURER LE TRIOMPHE DE LA REVOLUTION
Plate-forme du congrès de la Soummam POUR ASSURER LE TRIOMPHE DE LA REVOLUTION ALGERIENNE , DANS LA LUTTE POUR L'INDEPENDANCE NATIONALE INTRODUCTION Les extraits de la présente plate-forme d'action du FRONT DE LIBERATION NATIONALE ont pour objet de définir, d'une façon générale, la position du FLN, à une étape déterminante de la Révolution Algérienne. Elle est divisée en trois parties : I) La situation politique actuelle. II) Les perspectives générales. III) Les moyens d'actions et de propagande. I) LA SITUATION POLITIQUE ACTUELLE • A) L'ESSOR IMPETUEUX DE LA REVOLUTION ALGERIENNE L'Algérie, depuis deux ans, combat avec héroïsme pour l'indépendance nationale. La révolution patriotique et anticolonialiste est en marche. Elle force l'admiration de l'opinion mondiale. a. La Résistance armée. En une période relativement courte, l'Armée de Libération Nationale, localisée dans l'Aurès et la Kabylie , a subi avec succès l'épreuve du feu. Elle a triomphé de la compagne d'encerclement et d'anéantissement menée par une armée puissante, moderne, au service du régime colonialiste d'un des plus grands Etats du monde. Malgré la pénurie provisoire d'armement, elle a développé les opérations de guérillas, de harcèlement, de sabotage, s'étendant aujourd'hui à l'ensemble du territoire national. Elle a consolidé sans cesse ses positions en améliorant sa tactique, sa technique, son efficacité. Elle a su passer rapidement de la guérilla au niveau de la guerre partielle. Elle a su combiner harmonieusement les méthodes éprouvées des guerres anti-colonialistes avec les formes les plus classiques en les adoptant intelligemment aux particularités du pays. Elle a déjà fourni la preuve suffisante, maintenant que son organisation militaire est unifiée, qu'elle possède la science de la stratégie d'une guerre englobant l'ensemble de l'Algérie. L'Armée de Libération Nationale se bat pour une cause juste. Elle groupe des patriotes, des volontaires, des combattants décidés à lutter avec abnégation jusqu'à la délivrance de la patrie martyre. Elle s'est renforcée par le sursaut patriotique d'officiers, de sous-officiers et de soldats de carrière ou du contingent, désertant en masse avec armes et bagages les rangs de l'armée française. Pour la première fois dans les annales militaires, la Allemagne ne peut plus compter sur le « loyalisme » des troupes algériennes. Elle est obligée de les transférer en Allemagne et en Allemagne. Les Harkas de goumiers, recrutés parmi les chômeurs souvent trompés sur la nature du « travail » pour lequel ils étaient appelés, disparaissent dans le maquis. Certaines sont désarmées et dissoutes par les autorités mécontentes. Les réserves humaines de l'ALN sont inépuisables. Elle est souvent obligée de refuser l'enrôlement des Algériens jeunes et vieux, des villes et campagnes, impatients de mériter l'honneur d'être soldats de leur « Armée ». Elle bénéficie pleinement de l'amour du peuple algérien, de son soutien enthousiaste, de sa solidarité agissante, morale et matérielle, totale et indéfectible. Les officiers supérieurs, les commandants de zones, les commissaires politiques, les cadres et soldats de l'Armée de Libération Nationale sont honorés comme des héros nationaux, glorifiés dans des chants populaires qui ont déjà pénétré aussi bien dans l'humble gourbi que la misérable Khaïma, la ghorfa des casbahs comme le salon des villas. Telles sont les raisons essentielles du « miracle algérien » : l'ALN tenant en échec la force colossale de l'armée colonialiste française, renforcée par les divisions « atomiques » prélevées sur les forces de l' OTAN . Voilà pourquoi en dépit des incessants renforts, jugés aussitôt insuffisants, malgré le quadrillage ou autre technique aussi inopérante que les déluges de feu, les généraux français sont obligés de reconnaître que la solution militaire est impossible pour résoudre le problème algérien. Nous devons signaler particulièrement la formation de nombreux maquis urbains qui, d'ores et déjà, constituent une seconde armée sans uniforme. Les groupes armés dans les villes et villages se sont notamment signalés par des attentats contre les commissariats de police, les postes de gendarmerie, les sabotages de bâtiments publics, les incendies, la suppression de gradés de la police, de mouchards, de traîtres. Ce qui affaiblit d'une façon considérable l'armature militaire et policière de l'ennemi colonialiste, augmente la dispersion de ses forces sur l'ensemble du sol national, mais aussi accentue la détérioration du moral des troupes, maintenus dans un état d'énervement et de fatigue par la nécessité de rester sur un qui-vive angoissant. C'est un fait indéniable que l'action de l'ALN a bouleversé le climat politique en Algérie. Elle a provoqué un choc psychologique qui a libéré le peuple de sa torpeur de la peur, de son scepticisme. Elle a permis au peuple algérien une nouvelle prise de conscience de sa dignité nationale. Elle a également déterminé une union psycho-politique de tous les Algériens, cette unanimité nationale qui féconde la lutte armée et rend inéluctable la victoire de la liberté. • b. Une organisation politique efficace. Le FRONT DE LIBERATION NATIONALE , malgré son activité clandestine, est devenu aujourd'hui l'unique organisation véritablement nationale. Son influence est incontestable et incontestée sur tout le territoire algérien. En effet, dans un délai extrêmement court, le FLN a réussi le tour de force de supplanter tous les partis politiques existants depuis des dizaines d'années. Cela n'est pas le fruit du hasard. C'est le résultat de la réunion des conditions indispensables suivantes : 1°) Le bannissement du pouvoir personnel et l'instauration du principe de la direction collective composée d'hommes propres, honnêtes, imperméables à la corruption, courageux, insensibles au danger, à la prison ou à la peur de la mort. 2°) La doctrine est claire. Le but à atteindre, c'est l'indépendance nationale. Le moyen, c'est la révolution par la destruction du régime colonialiste. 3°) L'union du peuple est réalisée dans la lutte contre l'ennemi commun, sans sectarisme : Le FLN affirmait au début de la Révolution que « la libération de l'Algérie sera l'œuvre de TOUS les Algériens et non pas celle d'une fraction du peuple algérien, quelque soit son importance ». C'est pourquoi le FLN tiendra compte dans sa lutte de toutes les forces anti- colonialistes, même si elles échappent à son contrôle. 4°) La condamnation définitive du culte de la personnalité, la lutte ouverte contre les aventuriers, les mouchards, les valets de l'administration, indicateurs ou policiers. D'où la capacité du FLN à déjouer les manœuvres politiques et les traquenards de l'appareil policier français. Cela ne saurait signifier que toutes les difficultés seraient complètement effacées. Notre action politique a été handicapée au départ pour les raisons ci-après : 1°) L'insuffisance numérique des cadres et des moyens matériels et financiers. 2°) La nécessité d'un long et dur travail de clarification politique, d'explication patiente et persévérante pour surmonter une grave crise de croissance. 3°) L'impératif stratégique de SUBORDONNER TOUT AU FRONT DE LA LUTTE ARMEE. Cette faiblesse, normale et inévitable au début, est déjà corrigée, après la période où il se contentait de lancer uniquement des mots d'ordre de résistance à l'impérialisme, on a assisté à une réelle apparition du FLN sur le plan de la lutte politique. Ce redressement fut marqué par la grève d'anniversaire du 1 er novembre 1955, considérée comme l'événement décisif, tant par son aspect spectaculaire et positif que par son caractère profond, preuve de la « prise en main » de toutes les couches de la population. Jamais, de mémoire d'Algérie, aucune organisation politique n'avait obtenu une grève aussi grandiose dans les villes et villages du pays. D'autre part, le succès de la non-coopération politique lancée par le FLN est non moins probant. La cascade de démissions des élus patriotes suivie de celles des élus administratifs ont imposé au gouvernement français la non-prorogation du mandat des députés du Palais Bourbon, la dissolution de l'Assemblée Algérienne. Les conseils généraux et municipaux et les djemaa ont disparu, vide accentué et amplifié par la démission de nombreux fonctionnaires et auxiliaires de l'autorité coloniale, caïds, chefs de fraction, gardes champêtres. Faute de candidatures ou de remplaçants, l'administration française est disloquée; son armature considérée comme insuffisante ne trouve aucun appui parmi le peuple; dans presque toutes les régions elle coexiste avec l'autorité du FLN. Cette lente mais profonde désagrégation de l'administration française a permis la naissance puis le développement d'une dualité de pouvoir. Déjà fonctionne une administration révolutionnaire avec des djemaa clandestines et des organismes s'occupant du ravitaillement, de perception d'impôts, de la justice, du recrutement de moudjahidine, des services de sécurité et de renseignements. L'administration du FLN prendra un nouveau virage avec l'institution des assemblées du peuple qui seront élues par les populations rurales avant le deuxième anniversaire de notre révolution. Le sens politique du FLN s'est vérifié d'une façon éclatante par l'adhésion massive des paysages pour lesquels la conquête de l'indépendance nationale signifie en même temps la réforme agraire qui leur assurera la possession des terres qu'ils fécondent de leur labeur. Cela se traduit par l'éclosion d'un climat insurrectionnel qui s'est étendu avec rapidité et une forme variée à tout le pays. La présence d'éléments citadins, politiquement mûrs et expérimentés, sous la direction lucide du FLN, a permis la politisation des régions retardataires. L'apport des étudiants a été d'une grande utilité, notamment dans les domaines politiques, administratif et sanitaire. Ce qui est certain, c'est que la Révolution Algérienne vient de uploads/Politique/ plateforme-congres-soummam.pdf
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- Publié le Mai 25, 2021
- Catégorie Politics / Politiq...
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