No 18 – juin 2010 0 Revue éditée avec le soutien d’Espaces Marx Diffusée par co
No 18 – juin 2010 0 Revue éditée avec le soutien d’Espaces Marx Diffusée par courrier électronique Tous les numéros sont consultables et téléchargeables sur : http://www.lasommeetlereste.com/ E mail : Ajzenberg@aol.com Sommaire - Andy Merrifield : Éloge de la politique… 1 - Michael Löwy: À propos du “Agir avec Henri Lefebvre” 4 - Armand Ajzenberg : Vers un mode de production écologiste 8 - H. Lethierry (présentation) : Henri Lefebvre et la ville 12 - Hugues Lethierry : Abécédaire 15 Animateur de la revue : Armand Ajzenberg Rédacteurs(trices) – correspondants(antes) : Ajzenberg Armand (F), Andrade Margarita Maria de (Brésil), Anselin Alain (Martinique), Beaurain Nicole (F), Be- nyounes Bellagnesch (F), Bihr Alain (F), Carlos Ana Fani Alessandri (Brésil), Damiani Amélia Luisa (Brésil), Delory- Momberger Christine(F), Devisme Laurent (F), Gromark Sten (Suède), Guigou Jacques (F), Hess Rémi (F), Joly Robert (F), Kofman Éléonore (Royaume Uni), Labica Georges (F), Lantz Pierre (F), Lenaerts Johny (Belgique), Lethierry Hughes, Lufti Eulina Pacheco (Brésil), Magniadas Jean (F), Martins José de Souza (Brésil), Matamoros Fernando (Mex.), Montferran Jean-Paul (F), Müller-Schöll Ulrich (Allemagne), Nasser Ana Cristina (Brésil), Öhlund Jacques (Suède), Oseki J.H. (Brésil), Péaud Jean (F), Querrien Anne (F), Rafatdjou Makan (F), Sangla Sylvain (F), Seabra Odette Carvalho de Lima (Brésil), Spire Arnaud (F), Sposito Marilia Pontes (Brésil), Tosel André (F). AGIR AVEC HENRI LEFEBVRE Ce numéro est entièrement consacré à un ouvrage à naître : Agir avec Henri Lefebvre. Il fait suite à un autre livre, paru fin 2009 : Penser avec Henri Lefebvre. En effet, comment agir sans penser ? Impossible. Et pour penser et agir l’œuvre, toute, d’Henri Lefebvre recèle aujourd’hui encore de précieux et puissants outils. Ce qui est un peu oublié en France. Récemment, des chercheurs brésiliens actuellement en France (Gloria et Rafael) invités par la revue Études a exposer leurs travaux – ils sont géographes urbains – étonnaient leurs interlocuteurs par un fait : leurs travaux se réfé- raient à Henri Lefebvre. Ceci pour dire qu’Henri Lefebvre, un peu oublié en France, ne l’est pas dans d’autres pays. Les deux ouvrages – Penser avec Lefebvre et Agir avec Lefebvre – sont de l’invention et du fait d’un chercheur Lyonnais : Hugues Lethierry. Pour Andy Merrifield, le préfacier du prochain ouvrage, Lethierry « a daigné lire ce que les anglophones ont écrit, il a récupéré ce que Stuart Elden, Rob Shields, Ed Soja, David Harvey, Neil Brenner, Stefan Kip- fer, moi-même et alii, nous avons fait de Lefebvre. Et il a injecté notre Lefebvre dans la transcription française, transfor- mant à la fois la manière dont nous-même et les Français doivent maintenant voir Lefebvre, le 21e siècle intellectuel global. En route, Lethierry a fondé une nouvelle école de pensée en France : la french theory Lefebvre, faisant pour Le- febvre ce que François Cusset a fait pour Foucault, Derrida, Deleuze & Co, quand un tirailleur français a dérouté l’art analytique anglo-saxon – comme en géographie quand des courants importants subissent le tropisme lefebvrien – tandis qu’en même temps les réappropriations anglo-saxonnes ont pondu un Lefbvre profane et déconstruit au delà de l’Atlantique, montrant ce qu’on peut faire avec un peu d’imagination. » Ce numéro est donc entièrement consacré à un ouvrage à naître, dans le premier trimestre 2011 : Agir avec Henri Lefebvre. Une souscription est ouverte et, pour ce faire, un bulletin indépendant est joint à l’envoi de ce numéro. On peut aussi faire un achat cumulé – Penser avec Henri Lefebvre et Agir avec Henri Lefebvre – au prix de 36,50 €, port compris. A.A. Études lefebvriennes - Réseau mondial Études lefebvriennes - Réseau mondial Études lefebvriennes - Réseau mondial No 18 – juin 2010 1 ANDY MERRIFIELD1 Écrivain Institut d’études avancées Université de Sao Paulo Éloge de la politique : agir avec Hugues Lethierry (Préface) 009 a été une année significative dans l’histoire des études lefeb- vriennes françaises, peut-être même le tour- nant crucial, la redécouverte de l’un des pen- seurs français les plus longtemps méconnus dont la légitimité ne valait que pour l’export ! Il fallut pas moins que le cinquantième anni- versaire de la réédition du chef-d’œuvre de celui-ci La Somme et le reste, un des plus grands travaux du XXe siècle philosophique et le plus grand texte du marxisme « pénitentiel » (seul L’Avenir dure longtemps d’Althusser s’en rapproche) un texte dans lequel s’épanche le cœur de Lefebvre et dans lequel il débarrasse le passé, mettant à plat les problèmes avec le parti, avec le stalinisme, avec le fascisme, avec lui-même. L’autre moment significatif a été la pa- rution de textes importants sur Lefebvre lui- même, notamment une monographie de Ré- mi Hess sur la « théorie des moments » de son maître, une exégèse de Laurence Costes sur Le Droit à la ville (commentant la réédition de l’original de Lefebvre) et la biographie intellectuelle d’Hugues Lethierry Penser avec Henri Lefebvre. Tout cela a été accueilli avec un intérêt considérable dans la sphère anglo- saxonne, comme dans la grande distribution. Il semblait enfin que les Français venaient à bout d’un philosophe trop communiste pour l’institution philosophique et trop philosophe pour le parti communiste. De l’autre côté de la Manche et de l’autre côté de l’océan Atlantique, le passé politique de Lefebvre était peu cité, rarement compris complètement – et c’est peut-être une des raisons de son fréquent succès, dépo- litisé, une vie académique comme urbaniste 1 Andy Merrifield est chercheur indépendant et auteur plus récemment de Guy Debord (Reaktion, 2005), d’Henri Lefeb- vre : A critical introduction (Routledge, 2006), et de L’Âne de Schubert (Actes Sud, 2008). Son dernier livre, Magical marxism, paraîtra plus tard dans l’année chez Pluto Press (Londres). novateur, un postmoderniste prototypique, inventeur du concept de « vie quotidienne », géant de la pensée de l’espace, un théoricien de l’état, le meilleur ami de l’architecte uto- pique. En France, au contraire, il était sim- plement un communiste démodé, un homme de parti et, après l’écroulement du mur de Berlin, une indécrottable relique marxiste. Dans un effort pour comprendre le pourquoi de ce sursaut d’études lefebvrien- nes et, en particulier pourquoi, maintenant, j’ai écrit un essai dans Society and space, la revue anglo-américaine bimestrielle, elle- même modelée sur le journal de Lefebvre lui- même Espaces et sociétés (bien que Lefebvre eut désapprouvé sans doute le retour de son titre !)2. Je n’ai pas mis longtemps pour noter le mérite remarquable d’un de ces textes, pré- senté par Hugues Lethierry, parce que, à mon avis, c’était le seul livre qui parlait de cette voix joueuse, iconoclaste, qui était celle de Lefebvre, une voix plus proche de Rabelais que de Descartes, plus près de Vailland que de Marchais, plus inspirée par Rimbaud et la Commune de Paris que par Lénine et la tem- pête du palais d’hiver. Souvent ce marxisme lefebvrien était tourné vers le groucho mar- xisme et le vieil Henri ne voulait appartenir à aucun des clubs dont il avait été membre. Ce n’était pas l’étude la plus exhaustive sur Lefebvre – quelques chapitres de Penser avec Henri Lefebvre sont rapidement ébauchés – mais certainement le livre le plus aérien sur Lefebvre à cette date dans sa propre langue, et certainement le plus exubérant. Lethierry, me semble-t-il, a amené aux études lefeb- vriennes quelque chose qui avait été laissé de côté dans les études lefebvriennes françaises : un sens de l’humour, un sens de l’ironie (et de l’auto-ironie), une langue pas dans la po- che adaptée au sujet en question (peut-être est-ce hautement surprenant pour un auteur qui est un esprit libre et indépendant et qui a déjà appelé un de ses livres Se former dans l’humour : mûrir de rire ?). Lethierry s’est dé- barrassé des lourdeurs de nous, les anglo- phones, associons à la France académique, et 2 Voir Andy Merrifield, “The Whole and the rest : Rémi Hess and les lefebvriens français”, Society and space, 2009, vol. 27, pp. 936-949. 2 No 18 – juin 2010 2 il a osé aller au-delà d’une lecture strictement textuelle de Lefebvre, nous donnant une pro- fonde interprétation politique, une avec des dents, une qui mord. Aussi, cela fait sens, compte tenu des intérêts politiques de Lethierry et de sa sensi- bilité marxiste. J’aime à penser que nous ap- partenons tous les deux au même Parti imaginaire et que nous sommes tous les deux des apprentis militants – et qu’il veut main- tenant passer de la pensée à l’acte, de penser à l’agir, sachant très bien, d’un point de vue marxiste, que ces deux volontés s’interpénétrent, sont ontologiquement re- liées : une pensée critique exige une action politique, agir politiquement nécessite une pensée critique, une manière de stratégie cri- tique. Aussi une théorie marxiste de la connaissance « prouve » la vérité pratique- ment, dans l’action, à travers la praxis collec- tive : l’action, en bref, vérifie toute affirmation marxiste, les notions de vérité et d’erreur, les idéaux sur le possible et l’impossible. Dans sa dernière publication Agir avec Henri Lefebvre, les autres études rejoignent Lethierry dans l’action, essayant ensemble de mettre en pratique les vérités uploads/Politique/ sr-18.pdf
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- Publié le Mai 15, 2021
- Catégorie Politics / Politiq...
- Langue French
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