1 Entraînement à la dissertation de science économique Sujet n° 1 Le monétarism

1 Entraînement à la dissertation de science économique Sujet n° 1 Le monétarisme est-il toujours d’actualité ? (Octobre 2016) Le 1er octobre nous avons mis en ligne le sujet sur la page Facebook liée au livre La dissertation de science économique : https://www.facebook.com/La-dissertation-de-science-%C3%A9conomique- Cursus-1559306797708091/?ref=bookmarks Sur cette même page, nous avons publié des liens vers divers documents susceptibles de vous aider à réfléchir au sujet et à enrichir vos connaissances. Nous espérons que vous avez traité le sujet en vous appuyant de façon aussi précise que possible sur les conseils donnés dans l’ouvrage. À mi-parcours nous vous avons proposé l’analyse préalable du sujet (1. Se préparer à la rédaction, voir p. 2) qui correspond à ce qui est fait dans le livre pour chacun des sujets traités et qui comporte trois parties :  l’enjeu du sujet ;  le cadrage et les concepts-clés ;  la construction de la problématique. Si vous avez eu des difficultés à traiter le sujet, nous espérons que ces éléments vous auront mis sur la voie. Vous pouvez à présent consulter le corrigé intégral (2. Rédiger le devoir : une proposition, voir p. 4) du premier sujet d’entraînement et commencer à traiter le sujet d’entraînement n° 2 publié sur notre page Facebook. 2 1. Se préparer à la rédaction 1.1 L’enjeu du sujet A partir de la fin des années 1970 et jusqu’au début des années 2000, le monétarisme s’est imposé à la fois comme programme de recherche dominant dans la théorie économique et comme cadre conceptuel et justification des politiques économiques. Si, dès ce moment, des critiques s’expriment, c’est surtout depuis la crise de 2008 que le débat s’est intensifié. On a en effet assisté à un accroissement spectaculaire de la base monétaire au niveau mondial comme dans les principaux pays mais sans effet sur le niveau général des prix des biens et services. Dès lors, le cœur de la thèse monétariste selon lequel toute hausse de la quantité de monnaie plus rapide que la production en volume se traduit par de l’inflation, est remise en cause. Mais la crise de 2008 a aussi conduit à un retour critique sur la période de la « Grande modération » et notamment sur la conduite de la politique monétaire aux États-Unis sous l’autorité d’Alan Greenspan. Pendant cette période en effet l’activité économique a été soutenue par une politique monétaire expansionniste sans inflation. Mais certains économistes font observer que si les prix à la consommation ont peu augmenté, il y a une forte hausse du prix des actifs (immobilier et financiers). Dès lors, les objectifs de la politique monétaire doivent être repensés : il ne s’agit plus seulement d’assurer la stabilité des prix, mais aussi d’assurer la stabilité financière (ce qui suppose de surveiller le gonflement d’éventuelles bulles spéculatives sur les marchés d’actifs). Au-delà de la question des objectifs de la politique monétaire, c’est la question même de la nature de la monnaie et des rapports entre monnaie et « économie réelle » qui est posée. Si le keynésianisme de la synthèse et le monétarisme avaient en commun de considérer la monnaie comme exogène, les analyses post-keynésiennes qui ont fait un retour en force à l’occasion de la crise de 2008 soulignent l’endogénéïté de la monnaie et l’endogénéïté de l’instabilité financière. Le sujet proposé a donc, à titre principal, un double enjeu. Scientifique d’une part, puisqu’il renvoie en fin de compte à la portée heuristique de la conception monétariste. Politique d’autre part, puisqu’il porte sur les objectifs et les résultats des politiques monétaires. Il faut noter que, quoi que de façon secondaire, le sujet a aussi un enjeu épistémologique. En effet, la tentation relativiste est toujours présente : tel discours est valide à tel moment, puis ne l’est plus, mais certains continuent à le défendre, etc. On serait donc dans le champ des opinions. En réalité il n’en est rien et le caractère au moins partiellement cumulatif des connaissances produites en science économique peut être mis en évidence à propos de ce sujet (notamment en conclusion). 1.2 Le cadrage et les concepts clés Le devoir doit donc porter principalement sur le second XXe siècle et le début du XXIe. C’est, en effet à partir des années 1950 que Milton Friedman engage son travail de critique de la théorie keynésienne alors dominante (« The Quantity Theory of Money – A Restatment », 1956). Mais, comme nous l’avons vu, le sujet porte sur la période récente, puisqu’il conduit à se demander si (aujourd’hui) le monétarisme est toujours d’actualité. Si la mise en perspective historique ne doit pas être négligée, il faudra cependant faire porter l’essentiel de la réflexion sur la période qui s’étend depuis les années 2000. Le concept clé est évidemment le concept de monétarisme. En première approximation on peut le définir comme une théorie selon laquelle « l’inflation est toujours et partout un phénomène monétaire », ce qui implique qu’il faut conduire un politique monétaire fondée sur la mise en œuvre d’une règle : la croissance à taux constant de la base monétaire. Cela rend évidemment nécessaire la définition de la monnaie, la mesure de la quantité de monnaie, la présentation du débat sur la 3 monnaie endogène et la monnaie exogène. Il est nécessaire, pour préciser les débats de se situer par rapport aux grands courants théoriques : keynésianisme de la synthèse, monétarisme et courant post-keynésien. Cette présentation des théories ne doit pas prendre la forme d’un catalogue et doit éviter l’écueil des oppositions simplistes (que l’on ne trouve pas chez les auteurs de référence). En particulier, il faut éviter d’identifier le monétarisme et le libéralisme (voire « l’ultra-libéralisme » ou le « néo- libéralisme »). En effet, les économistes de l’école autrichienne sont indiscutablement libéraux (au sens où ils privilégient le marché comme mode de coordination), mais ils sont aussi clairement anti- quantitavistes. L. von Mises considère par exemple que la théorie quantitative de la monnaie est une hérésie. Pour Ph. Simonnot (économiste français contemporain proche du courant autrichien), « le monétarisme est un dirigisme masqué ». M. Friedman, figure de proue du monétarisme, était aussi un défenseur du flottement des monnaies. Bien sûr cela est cohérent avec l’importance qu’il accorde à la régulation marchande. Mais cette position n’est pas centrale du point de vue de ce que l’on nomme le monétarisme. Nous ne traiterons donc pas ce point (même s’il sera brièvement évoqué en conclusion). 1.3 La construction de la problématique Le sujet nous confronte implicitement à un dilemme : comment peut-on expliquer que le monétarisme, longtemps considéré comme le discours dominant soit aujourd’hui remis en cause ? Pour traiter cette question il faudra dans un premier temps revenir sur les origines du monétarisme et dégager ses principaux enseignements. Il faudra dans un second temps, présenter les objections théoriques et empiriques qui conduisent à considérer que le monétarisme n’est plus d’actualité. Cependant, dans un troisième temps, nous soulignerons que plus personne aujourd’hui parmi les économistes ne peut contester l’importance de la monnaie, ni le fait qu’elle en partie exogène et en partie endogène. De ce fait, on peut tracer à grand traits les caractéristiques d’un « nouveau monétarisme » qui est assez radicalement différent de l’ancien et qui conserve toute son actualité. 4 2. Rédiger le devoir : une proposition Introduction L’affaire semble entendue. J. Bradford DeLong parle de « l’erreur monétariste », A. Kaletsky affirme que la FED a enterré le monétarisme, P.-C. Hautcoeur de « l’ambiguïté historique » du monétarisme libéral et J. Galbraith de la « faillite du monétarisme ». À dire vrai, cette condamnation n’est pas nouvelle : en 1982, N. Kaldor avait publié un livre retentissant sur « Le fléau du monétarisme ». Mais ne pouvons-nous pas, en paraphrasant M. Friedman, dire qu’aujourd’hui, en un certain sens plus personne n’est monétariste, mais qu’en un autre sens nous sommes tous monétaristes ? Le monétarisme est un courant de l’analyse économique qui prend naissance à la fin des années 1950 et dans les années 1960 avec les travaux de M. Friedman, A. Schwartz, K. Brunner (que l’on considère généralement comme l’inventeur du terme « monétarisme ») ou encore A. Meltzer. Le monétarisme remet en cause le keynésianisme (alors dominant) dans la mesure où il souligne le rôle décisif de la variation de la quantité de monnaie pour rendre compte des fluctuations économiques, alors que le keynésianisme (tel qu’il est formulé à l’époque) met l’accent sur les variables réelles (demande effective). Les monétaristes vont de plus remettre à l’ordre du jour la théorie quantitative de la monnaie et affirmer que l’inflation est toujours et partout un phénomène monétaire. À partir du milieu des années 1970, alors que l’on voit se développer le phénomène de stagflation, le monétarisme apparait sur le plan scientifique comme une théorie mieux apte que le keynésianisme à rendre compte du réel et va dès lors dominer le champ de la recherche macroéconomique. Corrélativement, notamment à partir de 1979, le monétarisme devient l’inspiration principale des politiques économiques (et notamment des politiques monétaires) qui mettent désormais l’accent sur la lutte uploads/Politique/ sujet-01-corrige-complet.pdf

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