ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE STATISTIQUE ET D’ÉCONOMIE APPLIQUÉE ENSEA – ABIDJ

ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE STATISTIQUE ET D’ÉCONOMIE APPLIQUÉE ENSEA – ABIDJAN INSTITUT SOUS-RÉGIONAL DE STATISTIQUE ET D’ÉCONOMIE APPLIQUÉE ISSEA – YAOUNDÉ ÉCOLE NATIONALE DE LA STATISTIQUE ET DE L’ANALYSE ÉCONOMIQUE ENSAE – SÉNÉGAL AVRIL 2011 CONCOURS INGÉNIEURS STATISTICIENS ÉCONOMISTES ISE Option Mathématiques CONTRACTION DE TEXTE (Durée de l’épreuve : 3 heures) Le candidat résumera en 200 mots (réduction au 1/10ème) le texte suivant « L’Afrique face au défi de l’Etat multinational » extrait d’un article de Mwayila TSHIYEMBE paru dans « Le Monde Diplomatique » en septembre 2000. Il n’oubliera pas de préciser le nombre de mots utilisés à la fin de sa copie. L’Afrique face au défi de l’Etat multinational Etats-Unis d’Afrique » : le grand rêve, caressé depuis les premiers jours du panafricanisme, affleure dans les débats de toutes les instances communautaires africaines. Pour de nombreux responsables politiques, la faillite de l’Etat postcolonial constitue l’épicentre de la marginalisation du continent et la cause de la recrudescence de la violence, qui plonge des pans entiers de l’Afrique dans le chaos. Cette faillite serait aussi à l’origine de la misère exponentielle qui menace la survie de dizaines de millions d’individus, détruit ce qui reste de lien sociétal et laisse le champ libre aux redoutables pandémies du sida et de la malaria, tandis que les cadres sont au chômage, expatriés ou parqués dans une fonction publique en banqueroute, réduisant en poussière les savoirs conquis de haute lutte à l’école occidentale... Mais ceux qui dressent ce sombre diagnostic posent rarement la question d’un nouveau modèle d’Etat, inspiré des traditions africaines, condition impérieuse d’une sortie de la crise, et seul capable de répondre aux défis de la mondialisation. Sans un tel renouveau, le projet d’Etats-Unis d’Afrique risque de demeurer une coquille vide ; et il n’y aura sur le continent ni authentique Etat de droit, ni développement durable, pas plus qu’un réveil des intelligences et un rassemblement des dévouements qui font si cruellement défaut. hschool.ci | Apprendre - Tester - Partager En effet, la faillite de l’Etat postcolonial traduit une mise en cause du « vouloir vivre ensemble », une crise de sens et de dessein. Il existe un désaccord abyssal entre les nations (ou ethnies) et les citoyens, sur les valeurs fondamentales de la collectivité : définition d’une société de liberté, d’un pouvoir réellement consenti et partagé, d’un droit perçu comme naturel. L’articulation entre Etat et société apparaît conflictuelle depuis que les sociétés plurinationales n’ont survécu à l’anéantissement de leur modèle d’Etat que pour être soumises à une caricature de celui de l’Occident. En dépit de la domination coloniale, qui a rompu la dynamique de leur construction étatique, la nature des sociétés africaines demeure plurinationale. Les nations précoloniales - qui furent les marqueurs identitaires de ces Etats multinationaux - survécurent malgré leur morcellement et leur fréquent éparpillement sur plusieurs Etats. Cependant, cette situation ne constitue pas un obstacle rédhibitoire à la reconstruction d’un lien sociétal. Car la crise de l’Etat-nation entraîne une conséquence inattendue : la libération du concept de nation de l’emprise du droit et de la mystique révolutionnaire. L’implosion de l’Union soviétique et de l’ex-Yougoslavie, la séparation de la Tchéquie et de la Slovaquie, le génocide des Tutsis et le chaos somalien en font foi. Désormais, on peut distinguer la nation juridique, « l’Etat », et la nation sociologique, dite « ethnie ». Cette dernière procède à la fois d’une communauté de caractères (langue, lien de sang, religion, histoire commune) et d’une volonté de vivre ensemble attestée. Elle représente le soubassement de la nationalité d’origine, dont l’Etat postcolonial se limite à constater l’existence - dépourvu qu’il est de la mémoire historique et administrative des hommes et pays juxtaposés par la seule volonté coloniale. Réhabiliter ces « nations » permet de mettre fin à la crise de conscience nationale et aux conflits d’identités qui violentent l’Afrique, mais aussi d’empêcher la manipulation politique de la contes tation de la nationalité, par exemple pour écarter la communauté banya mulengue à l’est du Congo-Kinshasa, l’ancien président Kenneth Kaunda en Zambie ou l’ancien premier ministre Alassane Ouattara en Côte-d’Ivoire. Si l’Etat multinational était instauré, la loi stipulerait partout que la nationalité se définit par la conscience et le statut d’appartenance à une communauté de caractères (Akan, Mosi, Bamileke), et la citoyenneté par la conscience et le statut d’appartenance à un Etat (Côte-d’Ivoire, Burkina, Cameroun). Cette « renaissance » de l’Etat peut s’ancrer dans l’africanité. Contrairement aux idées reçues, l’Afrique noire avait en effet, à l’instar de l’Europe, créé son propre modèle d’Etat multinational et de nation-ethnie, avec les empires d’Ethiopie, du Ghana, du Mali, du Songhay, du Noupé, d’Ifé, du Bénin, du Kanem-Bornou, du Congo, du Monomopata ou du Zimbabwe, qui remontent au Moyen Age africain. Dans ces sociétés, le politique avait précédé l’invention de l’Etat - alors que la théorie classique assimile la construction du politique à l’avènement de l’Etat-nation. A l’opposé de l’Etat-nation, qui a le monopole de production du droit, la nature plurinationale des sociétés africaines les a poussées à inscrire dans l’acte de fondation de l’Etat multinational les deux espaces autonomes de production du droit : l’espace étatique (lieu de production du droit général) et l’espace national ou ethnique (lieu de production du droit particulier sur le foncier, la succession, l’état civil, etc.). L’individu baigne dans un véritable pluralisme juridique, selon qu’il est sollicité par l’un ou l’autre de ces deux espaces, en fonction des types d’activité qu’il y exerce et de statut qu’il y revendique. hschool.ci | Apprendre - Tester - Partager Il importerait ainsi de sortir le droit africain de l’espace de non-droit, dit de « la coutume », où il a été relégué par le mimétisme hérité de la colonisation, en restaurant le pluralisme juridique. La charte africaine des droits de l’homme a certes voulu refléter cette spécificité en proposant la notion de « droit des peuples », mais sans en préciser le contenu. L’Etat postcolonial a ainsi conservé sa primauté souveraine, et des peuples se sont vu priver de leurs « propres moyens de subsistance » (au sens de l’article premier) : ainsi le peuple Ogoni du delta du Niger, zone pétrolière du Nigeria, ou le peuple Dioula de la Casamance en rébellion contre l’Etat sénégalais. Par ailleurs, dans ce modèle d’Etat multinational, les droits des minorités ne sont pas opposables aux droits de la majorité, car l’acte de refondation du pacte républicain contient l’obligation faite à l’Etat et aux nations constitutives de respecter les principes de l’égalité et du droit à la différence, afin de réaliser un destin commun. En contrepartie, ces nations jouissent automatiquement de mêmes droits et devoirs relevant des « droits de fondation », notamment celui de parler sa langue, de pratiquer sa religion et sa culture, de jouir de sa nationalité, etc. Dès lors, la question des droits des minorités n’a aucun fondement politique dans un Etat multinational. Ainsi se définit une sorte de fédéralisme intégral, qui distribue le pouvoir selon la logique d’une triple fédération des nations, des citoyens et des terroirs. Sa fonctionnalité repose sur le postulat que l’Etat est l’appareil de plusieurs nations, disséminées sur plusieurs terroirs. Dans ce sens, la rationalité de l’autorité et de l’action politique ne peut être efficace que si le pouvoir est attribué d’abord en fonction des nations et des citoyens, ensuite des territoires. Si bien que les chefferies, les communes et les provinces autonomes n’ont de signification politique que pour autant qu’elles constituent le berceau des nations et des citoyens en cause, fondateurs de l’ordre politique. Innovation majeure du fédéralisme intégral, la transformation de ces collectivités infra-étatiques en espaces politiques de cogestion conduit à brasser, dans le même destin, des peuples différents, évitant ainsi toute « purification ethnique ». Alors que le fédéralisme territorial de l’Etat-nation se fonde sur le postulat que, la nation étant une et indivisible, l’autorité politique ne peut s’y exercer efficacement que si elle touche l’ensemble du territoire sur lequel s’éparpille la population, dans le fédéralisme intégral, chemin faisant, le pouvoir doit être organisé en fonction du découpage politique du territoire : en cantons, communes, Etat fédéré, etc. Au-delà du terroir La fédération des terroirs suggère l’idée de dépassement de ce concept européen de « territoire », et l’investissement dans le concept africain de l’espace, pensé comme cadre de vie, tissé des réseaux, des flux d’échanges et des lieux de mémoire attachant les êtres humains à leur sol et à leur environnement. Dans nombre de cas, il n’y a d’ailleurs pas de corrélation entre l’espace politique et l’espace socioculturel. Un nouveau pacte social est indispensable pour fonder l’Etat multinational sur le double consentement des nations et des citoyens, réconciliant ainsi la citoyenneté (individualisme) et la multinationalité (communautarisme) comme deux pôles de légitimation. hschool.ci | Apprendre - Tester - Partager Il s’agit d’un principe de multinationalité qui se définit comme l’espace politique de fondation et de médiation d’un nouveau pacte démocratique, liant juridiquement chacune des nations et l’Etat, par un strict respect de l’égalité et du droit à la différence, en vue de bâtir un destin commun. Elle représente une uploads/Politique/ video-2 3 .pdf

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