POLITICA HERMETICA N" 1 - 1987 M étaphysique et Politique Kené («uénoii, Julius
POLITICA HERMETICA N" 1 - 1987 M étaphysique et Politique Kené («uénoii, Julius hvola L’Age d’Homme Copyrighted material POLITICA HERMETICA il T h l 8 O U3D8- n < PYP-YC5W Copyrighted material POLITICA HERMETICA № 1 — 1987 Comité de rédaction Francis Bertin, Michel Bouvier, Jean-Pierre Brach, Jean-Pierre Laurant, t Victor Nguyen, Emile Poulat, Pierre-André Taguieff. Comité de lecture Jean Borella, Michel Michel, Paul Olivier, Pierre-Marie Sigaud. Correspondants Argentine : Francisco Garcia Bazan. Suisse : Jean-François Mayer. Italie : Lazio Toth. Grande-Bretagne : Roland Schenk. Directeur scientifique : Jean-Pierre Laurant. Rédacteur en chef : Jean-Pierre Brach. Directeur de la publication : Vladimir Dimitrijevic. Administration, abonnements : L’Age d’Homme France, S.A.R.L. 5, rue Férou — 75006 — Tél. (1) 46.34.18.51 Copyrighted material EDITORIAL NOTRE PROJET In Memoriam Victor Nguyen, qui rédigea cette Déclaration de Principes de l'Association Politica Hermética en 1984. Si grâce à un changement de mentalités déjà fin de siècle, le regain de faveur des doctrines secrètes et des philosophies hermétiques a conduit, en ce domaine, la recherche universitaire à dépasser le plan descriptif où elle se bornait jusque là, quand elle daignait se pencher sur la question, pour s’intéresser aux rapports que l'ésotérisme entretient avec la littérature, l’art, la philosophie, voire la science, aucun effort similaire n’a visé les relations de l’ésotérisme avec la politique, qui posent d’emblée la question préjudicielle d’une sociologie de l'occulte. Oui se tourne vers l’occulte et pourquoi ? Attitude seulement personnelle ou engouement collectif ? A-t-on affaire à des groupements volontairement marginaux ou bien à des minorités qui utilisent leur marginalité en connaissance de cause, afin d’agir par ce moyen sur de plus vastes secteurs de l’opinion publique ? Précisément de la maçonnerie à la synarchie, en des sens différents et selon des clivages opposés, certains mythes servent trop souvent d’explication en dernier ressort, mythes de la toute-puissance mais autant mythes de la non-puissance caractérisée, alors que ce sont ces mythes eux-mêmes qui demandent à être élucidés pour ce qu’ils sont, produits sociaux de l’imaginaire et de l’idéologie, afin de remonter au delà d’eux à l’histoire fine des influences réciproques, car il ne saurait en effet exister d’aller simple entre l’ésotérisme et la politique. La problématique semble bien devoir se nouer autour de la notion de pouvoir, notion fascinante, sinon primordiale, qui du microcosme au macrocosme, permet toutes les réintégrations selon la sémantique la mieux reçue par les doctrines secrètes, mais aussi toutes les involutions, puisque les idéologies interviennent comme des gnoses qui voudraient court- circuiter l’homme intérieur. A quel moment, en effet, et comment l’occulte qui est connaissance se mue-t-il en domination et recherche de la domination ? Est-ce là une tendance inévitable, à qui ne fait défaut, dans la plupart des cas, que le matériau social sur lequel s’exercer ? En revanche, la découverte de l’occulte ne peut-elle susciter l’effort inverse d’une possession des clés préférée à la maîtrise de l’Empire ? Seulement, l’occulte qui renvoie toujours à l’initiation ne suppose-t-il pas l’autorité de ceux qui 3 Copyrighted material savent sur ceux qui ignorent, la hiérarchie de ceux qui connaissent le plus sur ceux qui connaissent le moins ? Entre communauté gnostique et société politique, quelles sont les ressemblances et les différences, les liens et les contrastes ? Oui fournit le modèle de l’autre ? Dans quelle conjoncture ? Pour quelle finalité ? Avec quelles médiations ? Ni secte ni laboratoire, soucieuse de prospective autant que d’histoire, Politica Hermética n'entend pas séparer l’herméneutique de l’heuristique, reçoit l’ésotérisme pour ce qu’il se donne et considère la politique pour ce qu’elle figure. Dans ces conditions, Politica Hermética n’engage pas ni ne s’engage, sinon à comprendre et à rassembler pour comprendre. Toute autre attitude ne saurait la concerner, encore moins la requérir. POLITICA HERMETICA 4 Copyrighted material ACTES DU IP COLLOQUE DE POLITICA HERMETICA : « MÉTAPHYSIQUE ET POLITIQUE RENÉ GUÉNON — JULIUS EVOLA » ECOLE PRATIQUE DES HAUTES ETUDES Ve section, sciences religieuses PARIS, SORBONNE, le 25 octobre 1986 sous la présidence d’Emile Poulat Métaphysique et politique chez R. Guenon et J. Evola — exposé introductif Tout lecteur, même superficiel, de R. Guénon s’aperçoit assez rapidement que celui-ci n’a pas laissé de textes à proprement parler politiques l. Il n’est pas question, toutefois, d’y voir une sorte de contrepartie de son œuvre (et de son indiscutable « tempérament ») de métaphysicien — que serait en effet une métaphysique sans lien avec le domaine dit concret, et comment aurait-elle pu s’imposer à l’auteur des Etats multiples de l’Etre ? Le « locus classicus » guénonien, en vue de notre thème, fait état de « pouvoir temporel » 2, ce qui déborde le cadre du (et, plus encore, de la) politique au sens usuel, et surtout instaure un angle d’attaque inhabituel. La mise en corrélation avec « Autorité spirituelle » complète et constitue la perspective traditionnelle de l’auteur. La tâche à laquelle ce dernier s’attaque en 1929 n’est pas facilitée 3 par l’oubli presque complet, à cette date, de l’existence autant que du contenu d’une doctrine sociale de l’Eglise, disparue au cours du xix* siècle 4. Rappelons brièvement que, selon René Guénon, le rôle de l’autorité spirituelle ressortit au domaine de la Connaissance (de la métaphysique, si l’on veut), et consiste à la fois à conserver et transmettre les principes doctrinaux ; celui du pouvoir temporel, à gérer et assumer l’administration de l’Etat, la Justice et, le cas échéant, la guerre. On le voit d’ores et déjà, la nature du rapport entre les deux ordres est question de Fonction, et plus encore de Domaine. Le schéma qui précède renvoie à celui de l’ordre cosmique, qu’il doit reproduire et surtout maintenir au mieux, compte tenu des vicissitudes propres à ce qu’Aristote qualifiait de « monde de l’accident ». Pour cette raison et d’autres, on doit garder à l’esprit qu’il n’y a ni ne peut y avoir parallélisme 5 entre les deux domaines, mais au contraire imbrication hiérarchisée, en conformité avec la doctrine traditionnelle des trois mondes. Ceci nous amène directement à la citation du De Monarchia Copy lighted m atonal qui intervient dans Autorité spirituelle et pouvoir temporel 6. On n’a pas, en général, suffisamment pris garde à son double contexte, chez Dante d’une part, chez Guénon de l’autre. Et de dauber, en conséquence, sur la colossale « faute d’érudition » consistant à appeler en renfort de sa thèse un auteur aussi fréquenté et dont les positions sont en fait inconciliables. Peut-on honnêtement croire que R. Guénon se soit montré incapable de déceler ce qui, dans l’extrait considéré 7, peut paraître aller à l’encontre de ses dires ? Cet extrait appartient, en quelque sorte, à la conclusion du texte de Dante, où ce dernier reprend et synthétise ses positions antérieures dans une perspective nouvelle, qui ouvre cette fois sur un certain ésotérisme. En ceci réside principalement le motif du choix fait par Guénon de ce passage, et il n’y a là rien d’incompatible ni de contradictoire avec le fait — indiscutable en lui-même — que le corps du texte du De Monarchia développe une théorie des rapports entre autorité spirituelle et pouvoir temporel reposant sur un fondement divergent 8. De la même manière, René Guénon utilise cette citation dantesque vers la fin de son propre ouvrage, à un stade où il lui faut illustrer, cette fois sur un plan qu’on pourrait presque dire initiatique, la continuité qui relie les deux domaines spirituel et temporel, considérés alors dans un sens ascendant, et sous l’angle du cheminement humain. Le point de vue plus particulier de l’extrait en question constitue justement le facteur qui le rend utilisable dans le cadre traditionnel, indépendamment — si l’on peut dire — de son contexte propre, sans verser immédiatement dans la contradiction. Les sources de l’exposé guénonien sur les rapports entre autorité spirituelle et pouvoir temporel appartiennent explicitement au milieu hindou, autrement dit se référent au brahmanisme et au système des castes. C’est de là que provient la notion d’acte rituel — y compris dans les domaines considérés de nos jours comme tout à fait profanes — renvoyant à l’ordre céleste qu’il s’agit de représenter ou de reproduire ici-bas. C’est le sens premier et principal du Sacrifice — si déterminant à l’époque védique — et c’est aussi, dans son orbe propre, le rôle et la fonction du Roi, par le canal de ses diverses attributions 9. La période historique de l’Occident la mieux susceptible d’offrir une contre-partie comparable (mutatis mutandis, évidemment) semble à R. Guénon la période féodale de notre moyen âge, où le roi, quel qu’il fût, n’était parmi les vassaux que « primus inter pares », et dans un rapport de subordination à l’Empereur. C’est donc plus particulièrement encore le Saint Empire romain germanique que notre auteur a en vue, comme incarnant l’organisation sociale traditionnelle au sein de laquelle le pouvoir temporel impérial est légitimé par le « Droit divin » que lui confère, au moyen du sacre, l’autorité spirituelle en la personne du Chef de l’Eglise. R. Guénon prend soin de montrer que la prédominance en Occident d’une tradition spirituelle uploads/Politique/1-1987-m-233-taphysique-et-politique-rene-guenon-julius-evola.pdf
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- Publié le Apv 12, 2022
- Catégorie Politics / Politiq...
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