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. ARCHIVES MAROCAINES PUBLICATION OK LA MISSION SCIENTIFIQUE DU MAHOC •• TOME P

. ARCHIVES MAROCAINES PUBLICATION OK LA MISSION SCIENTIFIQUE DU MAHOC •• TOME PHEMIEH _.. PAlUS gRNBst LEROUX-, ÉDITEUH 28, RUE BONAPARTE, VIe KRAUS REPRINT Nendeln/Liechtensteîn 1974 !·1, ·,.r. >'. ~., .;;; NUI, ,<.' : ..',' Réimpression avec accord des Presses Universitaires de France 108. Boulevard Saint-Germain, Paris Vie KRAUS REPRINT A Division of KRAUS-THOMSON ORGANIZATION LIMITED Nendeln/Liechtenstein > 1974 TABLg DES MATll~RES DU TOM E PREMIER rn~e~ 'IR ()fi / !)7 I~7 ,'m ~Il~ ?iJ ~!l" "91'1 J,,, 31lG '"Il !I~5 l.'Admini!ltratioll mal'ocaine ~ Tangl'I', par G, S"UIO:< ;1" Le Commerce indigène il Tanger, par G SÙ,~'ON, 1{i L.!~ ImpMs marocain!'!. par G. MIi:lI"ux-B6I.urRF. La Qaçba de Tangel', par G, S""MON (:Ivec ~). plan!'!) , # J,l'!'! Institutions Berbères (u'aduclipni. pal' G. SAUIO~ . ........ "Une tribu marocaine: les Fal:lçya, par G: SALMON . Notes sur les superstitions P9pulail'cs dans la région de Tanger, par G. g"uION. Les Mariages musulmans Ù, Tangcl', par G. 'SHMON . Note 81.11' les dolmens d'El-Mrii>s (vallée <le Bon-Khalf), pal' G. SUMON , Bibliographie. Géo~raphie andcnne dn Mar'oc, par M. BllSNIJ!R Recueil des in~criptions antiqucs du Maroc, pal' M, BIl!lNIER, Une opinion marocaine sur, la conqnêtc dn Tonal, (traduction). par G, SAUlON. L'~s Chorfa Î.lrisidcs ùe l"ès, JllIr G. SALMON , ___ c,;..-:-.-_."~-'--'._'--- BIBUOTHEQUE r;ATIONALE DU ROYAUME DU ~t~ROC t L'ADMINISTRATION MAROCAINE A TANGEH Le manque de précision, et l'élasticité des fonctions politiques et administratives qui caradérisent l'organisa~ tion du fonctionnarisme au Maroc, se retrouvent depuis le makhzen jusqu'aux rouages les moins importants de la machine gouvernementale. L'étude de l'Administration marocaine à Tanger, ne peut donc donner une idée com- pIète de ce que celte administration est n,illeurs, mais elle pourra servir de type pour les ports. de l'empire marocain, oit les influences étrangères ont obligé les employés dn makhzen à la régularité dans l'exercice de leurs fonc- tions. L'organisation de l'administration locale repose sur la division de l'autorité en trois pouvoirs distincts: pouvoir administratif, exercé par le gouverneur et ses fonction- naires; pouvoir judiciaire, exercé par le qddi; po~voir financier, exercé par les oumanci. Si les limites des deux premiers sont difficiles il établir, si Je pouvoir judiciaÎl'e peut être exercé, et l'est souvent en fait, dans une certaine mesure, par le gouverneur, le pouvoir financier est tout entier aux mains des oumanâ, nommés par le Sultan, et dont l'indépendance vis-à-vis du gouverneur, reste pleine et entière. Tanger, chef-lieu de la province du Sahel et du district de Fahç, appelé aussi Haouz Tandja, est ta résidence d'un gouvèrneur qui l'ad'ministre ainsi que toute la pro- AlIeH. MAROC. f AHCHIVES MAROCAINES vince. Le territoire connu autrefois sous le nom de Haouz Tandja était beaucoup plus étendu qu'actuellement. 11 comprenait le Rif, l'Alldjera. le Sahel, et les Djebala. Au- jourd'hui. l'autol'Ïlé du gouverneur ne s'étend plllS que sur le Sahel, c·est-à·dire sur neuf tribus, celle d'Andjera ayant été placee il y a quelques mois sous le commande- ment d'un qâid indépendant, li la suite des soulèvements successifs de cette tribu contre le gouvernement provin- cial. Ces tribus sont: Fahçya, Gharbya, Amar, Me7.0ura. Beni Ouad Ras, Deni Moçawwer, Djebel Habib, Badaoua ct Beni Ider. Le gouverneur, appelé communément pacha, qdùl ou '(unel, est nommé directement par le Sultan pOUf une période de temps indéterminée. Aucune condition de capacité n'est requise des candidats. Mais les gouver- neurs sont choisis ordinairement parmi les lrhaU/a les plus riches. Souvent aussi, le gouvernement esl donné à l'un des fils du pacha décédé. Ceux-ci sont d'ailleurs les premiers à intriguer auprès du Sultan et à réclamer ce poste moyennant une somme importante, car la faveul' va ( naturellement au plus offrant. C'est ainsi {l'l'il s'est formé de véritables dynasties de gouverneurs, de pac1ul, bien que ce litre, attaché uniquement à la fonction et non il la personne, contrairement à ce qui se passe dans les pays d'innuence turque, disparaisse avec celui qui le porte. Telles sont, à Tanger, par exemple, les familles des Olllad 'Abd aç-Çado<J Pacha Rify, des Tamsamanyln, des Sa'dyin, et autres. Les premiers, qui ont fourni beaucoup de pachas à Tanger, ont eu cependant de nombreuses inter- ruptions dans lem pouvoir, depuis I(}tlr établissement dans la région avec Atlmad Pacha Ri~y, sous Moulay Isma'Il. Le Pacha actuel, fils de Pacha, était très jeune lors· qu'il fit ses débuts comme gouverneur à Azila. Il a actuel- L'ADMINISTRATION MAHOCAINg A TANGER :l lement comme Khalifa un de ses cousins qui est suscep- tible de lui succéder. Lorsqu'ull pacha" désigné par l'opinion publique et rècommandé au Délégué du Sultan à Tanger par les no- tables de la ville, a été agréé par le souverain, celui·ci lui. envoie un sceau (tâba') dont il revêtira les pièces offi- cielles, et un brevet de nomination que les 1flwf,tb (prédi- cateurs) liront le vendredi dans toutes les mosquées de la ville. Les fonctions de pacha étaient autrefois gratuites; mais celte gratuité donnait lieu à tant d'exactions, que le Maldl7.en, pour en diminuer le nombre, a décidé de réll'Ï- buer ce fonctionnaire, en même temps que ceux de la douane. Le gouverneur rec:oit donc une indemnité de dix douros par jour <lui lui sont versés par les oltllland de la douane. Mais là ne se bornent pas ses revenus. Le produit des amendes qu'il innige il son trihunal, les sommes ver- sées par Jes prisonniers qui se rachètent, sont aut.ant d'in- demnités qui s'ajoutent à ses émoluments, Ses pouvoirs, dans sa province, sont à peu près illimi- tés.. Bien qu'il n'ait pas la garnison sous ses ordres, puisque celle-ci, commandée par lin colonel, qâid al'- l'i~û, reçoit directement les ordres du ÎIIakhzen, il se sert de cette force armée pour maintenir l'ordre dans la ville et peut la réquisitionner en cas d'émellte ou de soulève- ment, dans la ville comme au dehors. C'est lui qui propose ail grand Q:\di de Fès, au qâdi 'l-qoUlldt, la nomination du Qàdi, et il peut enlever il ce dernier llll gt'and nomhre d'affaires en les appelant à !'\on propre trihunal. L'auto- cratie du pacha à Tanger est contrebalancée, il est vrai, par la présence du représentant du Sultan auprès des puissances, car celui-ci fait au souverain toules les propo- silions qu'il juge utiles quant au recrutement des fonc- tionnait·es. Le pacha exerce avant tOtlt un rôle politique, mais de politique intérieure exclusivement. Il épie les mouvements des tribus de sa province; il veille à ce ARCHIVES MAROCAINES qu'aucune effervescence ne se déclare dans les milieux populaires; il dirige l'administration intérieure des trihus et assure ln rentrée des impôts. Au point de vue de l'ordre intérieur, il a sous sa main la police de la ville, dont nous parlerons plus loin. Enfin il a un rôle judiciaire qui n'est pas le moins important, puisque ce rôle l'occupe quatre ou cinq heures par jour. Il est suppléé, dans ces diverseR attributions, par un khall(a (lieutenant, suppléant) nommé par lui. Le siège du gouvernement est à la citadelle (qaçba), Oil le gouverneur habite une grande maison appartenant au Makhzen, et située entre la mosquée et le palais du Sul- tan. Le vestibule où il tient ses audiences se trouve à côté de la trésorerie, dans une dépendance de la mosquée: c'est là que se réunit son tribunal (ma{l,kama). Le Pacha juge chaque matin, de dix heures à midi, et, l'après-midi, de trois à six heures. En principe, il juge seulement. au correctionnel et d'après la coutume, tandis <lue le Qâdi juge au civil, en s'appuyant sur la loi coranique (char'a). Les affaires de vols, de coups et blessures et de meurtres passent à son tribunal, mais il renvoie le plus souvent les dernières au Qâdi. Il peut d'ailleurs juger toutes les affaires qu'on lui soumet, et bien souvent, on a re~ours à sa juridiction pour des affaires qui sont du res- sort du Qàdi, auquel il peut renvoyer les plaignants s'il se reconnait incompétent. La justice du Pacha, d'une organisation peu compliquée, est prompte et expéditive. Il juge seul, assis sur un divan, avec quelques familiers autour de lui. C'est en conver- sant avec ces derniers qu'il écoute les affaires. Si c'est un individu qui se plaint d'avoir été volé, il lui donne séance tenante un ou deux de ses gendarmes (moklzazni) pour rechercher le coupable sous sa direction, ce qui simplifie beaucoup le service des recherches. Lorsqu'un malfaiteur est Lrainé devant le tribunal, le pacha fait lui-mt'lme l'ins L'AOMINISTRATION MAROCAINE A TANGER 5 truction de l'affaire, entend les témoins et juge aussitôt. La sentence est exécutée aussi promptement. Si c'est la bastonnade, elle est appliquée devant lui; si c'est l'amende, on la verse immédiatement: si c'eslla prison, on y conduit le coupable. Il n'en sortir~ que moyennant le paiement· d'une amende <fue SIHI parents iront proposer au Pacha, en ajoutant une gratification pour le Khalifa, une autre pour le qdid as-sidjin (directeur de la prison) et même pour les gardiens. Les jugements rendus ainsi par le Pacha ne sont pas écrits, mais rien n'empêche les parties d'amener des 'adouls (notaires) qui les prennent par écrit et en dres- sent l'acte. C'est ce qui uploads/Politique/archives-marocaines-vol-1.pdf