L’IMPACT DES MECANISMES INTERNES DE GOUVERNEMENT SUR LA PERFORMANCE DES ENTREPR
L’IMPACT DES MECANISMES INTERNES DE GOUVERNEMENT SUR LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES Linda BEN KHADER Adel KARAA Institut supérieur de gestion de Tunis Institut supérieur de gestion de Tunis (Tunisie) (Tunisie) RÉSUMÉ L'objectif de ce papier est de tester la relation entre la gouvernance des entreprises tunisiennes et la performance. En se basant sur un échantillon de 37 firmes tunisiennes pour la période2001- 2003, on développe un indice synthétique d’évaluation des pratiques des firmes en matière de gouvernance calé sur le niveau de performance réalisé par les différentes firmes. L’approche retenue est économétrique et consiste à régresser, selon la logique de la méthode de la frontière stochastique, la performance sur les variables de gouvernance. L’indice de gouvernance proposé se présente comme un score d’efficience qui traduit, pour chaque firme, la distance qui la sépare d’une frontière d’efficience exprimant les « meilleures pratiques » en matière de gouvernance d’entreprise. Par le biais d’une analyse factorielle non linéaire, la gouvernance est synthétisée en quatre axes principaux. Les résultats montrent globalement un effet significatif sur la performance. MOTS CLES : indice de gouvernance, performance, efficience managériale, frontière stochastique 1. INTRODUCTION Face aux incertitudes qui affectent les déterminants de la création de valeur, et aux risques engendrés par la complexité des organisations, il n’est dès lors pas étonnant que les investisseurs tiennent de plus en plus compte du système de gouvernement d’entreprise dans leur analyse. Les bonnes pratiques de gouvernance sont déjà toutes connues. Mais ce qui est important c’est leur adaptation à la situation de l’entreprise, et en particulier à sa taille, sa maturité, son secteur, sa place de cotation, sa structure juridique, la géographie de son capital, l’importance de son flottant... De nombreuses études ont testé la relation entre le gouvernement de l'entreprise et la performance dont plusieurs ont recouru à une approche indicielle (Durnev et Kim, 2003 ; Black, Jang et Kim, 2003 ; Black, 2001…). Les entreprises ainsi classées selon cet indice se distinguent selon la qualité de gouvernance. A ce niveau, il est à signaler que la quantification de la gouvernance effectuée par le biais d’un indice fait appel aux recommandations de bonnes pratiques. Cependant, la faille réside dans le choix des mécanismes de gouvernance composant le score. Dans ce papier, notre travail consiste à étudier l’impact des mécanismes de gouvernance sur la performance des entreprises tunisiennes. Selon notre démarche, il s’agit de développer un indice synthétique d’évaluation des pratiques des firmes en matière de gouvernance calé sur le niveau de performance pour un échantillon de 37 firmes tunisiennes cotées sur la bourse des valeurs mobilières de Tunis (BVMT). L’approche retenue est économétrique et consiste à régresser, selon la logique de la méthode de la frontière stochastique, la performance sur les variables de gouvernance. L’indice de gouvernance proposé se présente comme un score d’efficience qui traduit, pour chaque firme, la distance qui la sépare d’une frontière d’efficience exprimant les « meilleures pratiques » en matière de gouvernance d’entreprise. Par ailleurs, c’est une démarche exploratoire, fondée sur une approche statistique, qui est retenue pour caractériser les systèmes de gouvernance des différentes firmes de l’échantillon. Ces derniers, sont appréciées à travers un ensemble de dimensions qui sont récupérées d’une Analyse en Composantes Principales Non Linéaire (ACPNL) portant sur toutes les variables de gouvernance observées dans l’échantillon. Ce papier est organisé comme suit : Dans la deuxième section nous présentons une description de l’approche indicielle à travers la littérature. La troisième section illustre la relation entre l'indice de gouvernance et la performance dans la littérature. La quatrième section présente l’échantillon, les variables et la méthodologie utilisée suivis des résultats. La dernière section conclue le papier. 2. APPROCHE INDICIELLE Plusieurs auteurs ont opté pour une approche indicielle afin d’étudier la relation entre la gouvernance et la performance (Durnev et Kim, 2003 ; Black, Jang et Kim, 2003 ; Black, 2001…). Le classement des entreprises selon cet indice permettra de les distinguer selon la qualité de gouvernance. A ce niveau, il est à signaler que la quantification de la gouvernance effectuée par le biais d’un indice fait appel aux recommandations de bonnes pratiques. La plupart des recommandations des «meilleures pratiques» de gouvernance ont touché le conseil d’administration (Weil, Gotshal & Manges, 2002, p. 77- 78). En effet, plusieurs codes renferment des recommandations sur la séparation des fonctions de gestion et de contrôle, même dans les firmes à conseil unique et ceci pour une surveillance plus efficace. Cela passerait notamment par trois types de mesures : La dissociation des fonctions de directeur général (CEO) et président du conseil d'administration, l’indépendance de l’organe de contrôle et, enfin, la mise en place de comités au sein du conseil. La majorité des études récentes étudiant la relation entre la performance de la firme et les mécanismes de gouvernance font recours à un indice reflétant ces mécanismes. Ainsi, on pourra classer les entreprises par référence à cet indice selon la qualité de gouvernance et de déterminer ensuite l’effet éventuel du système de gouvernance mis en place sur la valeur de la firme. Par conséquent, les investisseurs seront mieux informés sur la participation des personnalités indépendantes au sein du conseil, sur les responsabilités des administrateurs exécutifs et non exécutifs, les relations entre ces derniers et le dirigeant, sur la rémunération des managers et le fonctionnement des comités (audit, rémunération et nomination). Par suite, ces derniers peuvent mieux juger la qualité de gouvernance de chaque firme. Plusieurs organismes ont établi un indice de gouvernance dont Standard & Poor (2002). Pour étudier la qualité de gouvernance, cet organisme se base sur la structure de propriété et sa concentration, la nature des relations entre les différentes parties prenantes, la transparence, la divulgation de l’information, la structure du conseil d’administration et son fonctionnement. De même, en 2003, l’Institutionnal Shareholders service (ISS) a calculé un score de gouvernance en se basant sur 61 variables relatives au conseil d’administration, la rémunération du dirigeant, la structure de propriété, les pilules empoisonnées, la structure de capital et autres facteurs qualitatifs. Egalement, le Crédit Lyonnais Securities Asia (CLSA) a développé en 2001 un indice de gouvernance en se basant sur les informations fournies par 495 firmes appartenant à 25 marchés émergents et 18 secteurs et pour ce faire le CLSA s’est appuyé sur 57 questions binaires liées à la discipline des dirigeants, la transparence de l’information, la structure et le fonctionnement du conseil d’administration, la responsabilité et l’indépendance du comité d’audit...etc. (CLSA, 2001 ; Gill, 2002). Toutefois, certains auteurs ont utilisé les indices de gouvernance développés par ces organismes afin de mener leurs études. En effet, Dunerv et Kim (2003) en se basant sur les indices de CLSA (2001) et S&P (2002), ont constaté que les firmes bien gouvernées investissent plus que les autres entreprises et leur valeur sur le marché est beaucoup plus élevée. Ces auteurs ont constaté également que dans les pays avec une faible protection des investisseurs, la qualité de la gouvernance s’améliore par les bonnes opportunités d’investissement, l’accès au financement externe et la concentration de la structure de propriété. Felton, Hudnut et Heeckeren (1996), Byrne (1996) ont accordé un indice au contrôle assuré par le conseil d’administration. Ces études ont montré que le conseil d’administration doit être composé d’assez d’administrateurs externes indépendants n’ayant aucun lien avec le dirigeant, que les administrateurs doivent avoir une fraction non négligeable des actions et être rémunérés en partie sous forme d’actions et être évalués de façon formelle. Enfin, le conseil doit satisfaire les attentes des investisseurs. Ainsi, toute entreprise ayant répondu à tous ces critères se caractérise par un indice de gouvernance élevé. 3. RELATION ENTRE L'INDICE DE GOUVERNANCE ET LA PERFORMANCE Après avoir développer des indices de gouvernance, plusieurs recherches se sont intéressées à étudier la relation qui existe entre l’indice et la performance de la firme. En effet, black, Jang et Kim (2003) ont montré sur leur échantillon de 526 firmes coréennes, en développant un indice basé sur la revue de gouvernance présentée par Korea Stock Exchange, qu’une augmentation de l’indice de gouvernance de 10 points entraîne une augmentation de 65 % du Q de Tobin et de 13 % du market to book ratio. Ils ont trouvé également que toute amélioration des pratiques de gouvernance induit une augmentation de 47 % du Q de Tobin et de 96 % du market/book value. L’étude de CLSA (2001) a affirmé que les firmes se caractérisant par un rendement des actions important sont celles qui ont un indice de gouvernance élevé. Dans le même ordre d'idée, plusieurs auteurs ayant établit leurs propres indices ont aboutit au même résultat dont Black, 2001 ; Alves et Mendes, 2002; Camops, Newell et Wilson, 2002 ; Black, Jang et Kim, 2003; Bai, Liu, Lu, Song et Zhang, 2003 ; Drobetz, Schillhofer et Zimmermann, 2003; Mohanty, 2003. On peut conclure donc de ce qui précède que les firmes bien gouvernées ont une valeur de marché élevée et ont par conséquent une meilleure performance. En effet, «les firmes performantes choisissent plus que les autres une bonne structure de gouvernance» (Drobetz, Schillhofer et Zimmermann (2003) p 21). uploads/Politique/ben-khader.pdf
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- Publié le Mar 23, 2021
- Catégorie Politics / Politiq...
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