L'œuvre pastorale et spirituelle de Barthélémy Holzhauser Barthélémy Holzhauser
L'œuvre pastorale et spirituelle de Barthélémy Holzhauser Barthélémy Holzhauser est l'une des plus grandes figures de l'his- toire religieuse de l'Allemagne du XVI P siècle. Par sa sainte vie, par la fondation de l'Institut des clercs séculiers vivant en communauté, il a puissamment contribué à la réforme catholique. Son œuvre l'ap- parente aux grands spirituels français, Bérulle, Vincent de Paul, Olier. Avec des charismes différents, il consacre toutes ses énergies à la réorganisation et à la sanctification du clergé. Comme Bourdoise, avec moins d'excentricité et plus de continuité, il se fait pour ainsi dire le pèlerin de son idée. Au prix de maintes contradictions, il la sème en Souabe, en Bavière, au Tyrol, en Franconie où il établit des séminaires ou des communautés presbytérales. Quand' il meurt prématurément en 1658, l'arbre est bien planté ; ses disciples immé- diats, ses premiers compagnons, l'arroseront de leurs peines et de leurs travaux et, à la fin du siècle, sous le supériorat de Jean Appel, le grain de sénevé sera devenu un grand arbre. Puis, après ce succès relativement rapide, sans même qu'il y eût à l'intérieur de l'Institut le moindre germe de division, survient un déclin et une éclipse totale. On dirait que l'idéal de Barthélémy Holzhauser est trop élevé pour durer et passer à l'état d'institution dans l'Eglise des temps moder- nes. Et cependant, au XIX16 siècle, on se retourne vers lui, de France comme d'Allemagne, d'Italie comme d'Espagne. Périodiquement, son nom est évoqué comme un signe, non pas seulement par les historiens îaudatores femporis acti, mais par des hommes d'avant-garde et des restaurateurs de premier plan. Malgré toutes les difficultés auxquelles elle se heurte, l'idée de la vie commune ne meurt pas dans le clergé séculier, elle trouve toujours des partisans dans tous les rangs et dans tous les lieux ; et ceux-ci prononcent toujours le grand nom de Barthélémy Holzhauser. N'est-ce pas qu'en dépit des dénis de l'ex- périence, celui-ci a tenu un point essentiel de la tradition pastorale de l'Eglise? N'est-ce pas qu'il a eu une intuition juste et profonde de la perfection de la vie sacerdotale? N'est-ce pas qu'il a conçu, vécu, semé une authentique idée de Dieu? N'est-ce pas que, prophète du passé, sans éclat et sans gloire dans son pays, il a tenu une clé de l'histoire toujours difficile à manier? C'est le sens mystérieux mais incontestable de sa vie, de son Institut et de ses écrits personnels 1. 1. A notre connaissance, il n'existe pas de vie complète de B. Holzhauser. Pour en composer mie de valeur critique, il faudrait envisager tous les aspects géographique, politique, sociologique des diocèses où le fondateur a travaillé. C'est toute une histoire de la Réforme pastorale en Allemagne au XVIIe siècle BARTHÉI.BMY HOLZHAL-SER 511 I. LA VIE II est né le 24 août 1613, à Laugna, près d'Augsbourg, de parents pauvres, pieux, honnêtes et travailleurs. Quatrième enfant d'une famille qui devait en compter onze, il trouve, au foyer natal, la foi et les mœurs chrétiennes des saints anonymes. On y vit évangéliquement de pauvre- té, d'un métier et de confiance en Dieu. De bonne heure, l'enfant té- moigne d'une intelligence éveillée et d'une conscience délicate. Il veut étudier : qu'il aille donc a, Augsbourg en 1626, sa mère mendiera le lin dont elle lui confectionnera un manteau et son père, cordonnier, lui mettra aux pieds les meilleures chaussures. A Saint-Martin, il y a une école gratuite mais, pour avoir du pain, il faut aller chanter aux portes des maisons riches et tendre la main. Voici une épidémie de peste et le jeune écolier en est frappé; mais que ne peut la prière d'un tel enfant? La santé recouvrée, il rentre pour un temps à Laugna où la détresse est vraiment trop grande. Deux ans plus tard, la maison des prébendes de Neubourg lui ouvre un asile inattendu; de 1628 à 1633, mi-étudiant, mi-domestique au service de curés qui l'exploitent, 11 apprend la grammaire et les lettres. Enfin, à l'Université d'Ingol- stadt, pendant sept ans, il, se met à la philosophie et à la théologie ; le 9 mai 1636, il prend ses grades en philosophie; Donabaur, un com- pagnon d'études riche et vertueux, futur franciscain, lui assure le couvert et le gîte. Les jésuites Lyprand et Braier, qui prisent ses talents autant que sa piété, lui donnent une formation doctrinale dont l'avenir donnera réponse, et le P. S'mon Félix lui enseigne une théo- logie morale évangélique. Barthélémy trouve en la personne du pre- mier un vrai père spirituel. Tout en l'initiant très fortement à la spi- ritualité ignatienneJ ce religieux avisé ne tarda pas à discerner chez que nous appelons de nos vœux. A défaut de cet ouvrage qui ne peut manquer de venir, il y a un certain nombre de livres et d'articles qui méritent attention. Ils s'inspirent tous de la Brevis delineatio vitae eximii servi Dei B. Hotshauser (Mayence, 1663) et de la Vita de! ven. servo di Dio B. Ho-îzhdîiser (Rome, 1704; Monza, 1897) composées par un Barlholomite. De cette Vita viennent une tra- duction latine (Ingolstadt, 1707, 1723; Mayence, 1737, 1762; Bamberg, 1784, 1799) et des éditions allemandes. (Augsbour^, 1813; Ratisbonne, 1840). En fran- çais, il faut noter : P. G a d u e 1, La perfection sacerdotale ou la, vie et l'esprit du serviteur de- Dieu, Barthélémy Holshauser (Orléans-Paris, 1861 ; 1868) ; L. Tresvoux, La vie de Barthélémy Holshauser (Paris, 1836); 0- C o p p i n , Barthélémy Holshauser (Tournai, 1892). Dans les dictionnaires et encyclopédies,. 'on trouve de bons articles dans Kirchenlexikon- (Hun dh.ausen), t. VI, col. 183-196; Lextkofi fur Théologie und Kirche (M. A met h), t. V, col. 123; Enciclopedia cattolica (C- Te store), t. VI, col. 1487; Thé CaîhoHc Encydo- paedia (F. M e r s m an), t. VI, col. 439-440. Au mot Barthoîoinîtes, Dict. Hîsf. Géog. eccl., t. VI, col. 1039; Hélyot, Dictionnaire des ordres religieux, t. IIÎ, col, 138 sq. ; H e i m b u c h e r , Die Orden und' Kongregationen der katho- [ische Kirche, t. III, p. 253-257. Enfui il faut signaler les articles de F. B u - s a m dans Studîen und Mitteilungen aus der Benedictiner- und Cistercienser Or- der, 1902, de M e d e r e r dans Annales î.figolstaà-ianae Acaâemiae, Ingolstadt, 1872, t. Il, pp. 273, 319, 330; t, III, p. 17; et les articles de M. A met h dans 'les publications de VUmo Apostolica., 1929-1932. 512 P. BROUTIN, S. J, son dirigé une mission extraordinaire dans l'Eglise. Il n'a aucun doute sur la vocation sacerdotale d'Holzhauser ; par ses aspirations et ses vertus, il a toujours été d'Eglise et sa vie s'oriente tout droit vers l'autel. Il y monte pour la première fois le jour de la Pentecôte 1639 en l'église Notre-Dame de la Victoire à Ingolstadt, où il a été ordonné par l'évêque d'Eichstaedt le 12 juin. Puis, ce sont les premiers minis- tères de jeune prêtre, les confessions à l'église Saint-Maurice et les catéchismes à Notre-Dame. Entre-temps il achève sa théologie par sa licence qu'il passe le 14 Juin 1640. Déjà à cette époque l'idée d'un institut de prêtres séculiers vivant en communauté a germé dans son esprit. Le P. Lyprand partage si bien ce dessein qu'on l'accusera plus tard d'en avoir été l'inspirateur. Bien plus importantes furent les rencontres de Barthélémy Holz- hauser avec ses premiers compagnons, Georges Kettner, un co-théo- logien d'Ingolstadt, Georges Gundel, curé de Mailing, et Michel Rott- mayer, curé de Leintmg. Quand ces trois coopérateurs eurent mis en commun toutes leurs aspirations, on peut dire que le nouvel Institut était virtuellement conçu. Restait à lui trouver un lieu de naissance. Barthélémy Holzhauser sorigea-t-il au diocèse d'Eichstaedt? Les rava- ges qu'y causait alors la guerre de Trente Ans n'y favorisaient pas son entreprise. Il dirigea ses pas vers Salzbourg. Il fit route par Gei- senfeld où, dans un monastère, il trouva les deux filles du Docteur Weizerieger pour qui, dans la suite, il écrivit un opuscule sur l'Amour de Dieu,; Geisenhausen où il gagna à son idée le curé, Léonard Sibe- rer; Ottingen où il confia son avenir à la Vierge. Arrivé à Salzbourg, il offrit ses services au diocèse. En juillet 1640 mourut le titulaire de la collégiale Saint-Laurent à Tittmoning; c'était le poste idéal pour Holzhauser. J. C. de Lichtenstein, évêque de Chiemsée, suffragant de Salzbourg, qui présidait le conseil archiépiscopal, le lui donna. Au fur et à mesure que des canonicats furent vacants, il les confia aux compagnons du nouveau curé, auxquels s'ajoutèrent Martin Walraff, André Rittler, Joachim Widemann, Martin Gerhaher, Matthieu Tal- mann, Jean-Jacques Sturm. Les autres chanoines de Saint-Laurent firent d'abord à ces étrangers un accueil très froid, puis se laissèrent gagner par leur droiture, leur désintéressement et leur charité. C'est sous cette forme de vie canoniale et dans le cadre paroissial que commença l'Institut des clercs séculiers vivant en communauté. On les appela plus tard les bartholomites ou les communistes. On se représente mal aujourd'hui cette uploads/Religion/ 1967-l-x27-oeuvre-pastorale-et-spirituelle-de-barthelemy-holzhauser.pdf
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- Publié le Dec 09, 2022
- Catégorie Religion
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