Alchimie1 1. Fer et métallurgie 1.1. Météorites et métallurgie Les météorites n
Alchimie1 1. Fer et métallurgie 1.1. Météorites et métallurgie Les météorites ne pouvaient pas ne pas impressionner : venus d’en haut, du Ciel, elles participaient à la sacralité céleste. Il existe de nombreux cultes rendus à des météorites, certains ont même été identifiés à une divinité. Le minerai météorique est appelé "pierre à foudre". La foudre est l’arme du Dieu du ciel. Lorsque ce dernier fut évincé par le Dieu de l’orage, la foudre devint le signe de la hiérogamie entre le Dieu de l’ouragan et la Déesse Terre. Le mot sumérien pour désigner le fer est formé des vocables signifiants ciel et feu. De même en Égypte, on ne connu que le fer météorique jusqu’à la XVIII dynastie. Chez les hittites ou encore en Crète, on retrouve des utilisations du "fer du ciel". Les primitifs ont travaillé le fer météorique bien avant d’apprendre à utiliser les minerais ferreux terrestres grâce à la fusion. Le fer météorique était alors plus rare et précieux que l’or, et était travaillé comme une pierre classique. L’utilisation de ce métal, excessivement rare, ne permet pas de définir un "âge du fer". Son usage reste surtout rituel. Le véritable âge du fer arrive avec la découverte de la fusion, et la métallurgie du fer, contrairement à celle du cuivre ou du bronze, devint très vite industrielle. Le point de départ de cette expansion est en 1200-1000 dans les montages de l’Arménie. Les modèles et les styles restent fidèles à ceux de l’age du bronze. Avant de changer la face du monde, l’âge de fer a engendré un très grand nombre de rites, de mythes et de symboles. A côté de la sacralité céleste, venant des météorites, on est maintenant en présence de la sacralité tellurique. Le fer gardera très longtemps une valeur sacrée. Toute une série de tabous ou d’utilisations magiques du fer dérivent de sa victoire et du fait qu’il a évincé le bronze et le cuivre, représentants des autres âges et des autres mythologies. La condition de nomade du forgeron le met en contact avec des populations différentes, il est alors le principal agent de diffusion des mythes, rites et mystères métallurgiques. 1.2. Mythologie de l’age de fer Le fer, qu’il passe pour être tombé de la voûte céleste ou qu’il soit extrait des entrailles de la Terre, est donc chargé de puissance sacrée. Le fer gardera encore son extraordinaire prestige magico-religieux chez des peuples ayant une histoire et une civilisation avancée (Grèce, Turquie, Perse, Inde, …) : défense des récoltes, protection contre les démons, … En de nombreux endroits on garde le souvenir vague que le fer représente la victoire par la civilisation (par l’agriculture) mais aussi par la guerre (homologuée parfois à un triomphe démoniaque). Les outils du forgeron (marteau, soufflet, enclume) participent également à la sacralité du fer. La croyance comme quoi l’art de faire des outils est d’essence surhumaine (divine ou 1 Source : http://www.systerofnight.net/religion/index.html démoniaque) est héritée des temps lithiques. La magie ambivalente des armes de pierres s’est transmise à celles en fer. Les dieux de l’orage ou de la fécondité agraire sont souvent forgerons. On retrouve le schéma mythologique suivant : les dieux de l’orage frappent la terre avec des pierres de foudres ; ils ont pour insignes la double-hache et le marteau ; l’orage est le signal de la hiérogamie du Ciel et de la Terre. En battant leur enclume, les forgerons imitent le geste exemplaire du Dieu fort. Cette mythologie de la fécondité agraire, de la métallurgie et du travail est postérieure à l’agriculture et la poterie. Le Dieu céleste, encore présent pendant les phases ethnologique de la cueillette et de la petite chasse, est définitivement évincé par le Dieu fort, le Mâle fécondateur, époux de la Grande Mère terrestre. L’idée de la création opérée par un Etre suprême ouranien cède la place à des cosmogonies et anthropogonies par hiérogamie et par sacrifice sanglant, motifs qui se retrouvent dans la mythologie métallurgique. L’homologation de l’homme et du Cosmos, tous deux nés d’un sacrifice, est renforcée. Les sacrifices humains sont exemplaires : la victime humaine incarne le Macranthrope divin primordial. C’est un Dieu qu’on sacrifie, un Dieu représenté par un homme. 1.3. Le monde sexualisé Le monde végétal et la réelle compréhension des mécanismes biologiques, lié à l’agriculture, se voient enrichis d’une valorisation sexuelle. Tout acte de fertilisation ou de greffe devient rite. A partir d’un certain niveau culturel, le monde entier, aussi bien le monde naturel que celui des objets et des outils fabriqués par l’homme, se présente comme sexué. Une classification en mâle et femelle s’applique à tous les domaines, en particulier les plantes, les minerais et les pierres, ou encore les outils. Mais le symbolisme sexuel et gynécologique le plus évident se retrouve dans les images de la Terre Mère ; les cavernes et les mines sont assimilées à sa matrice. Si les sources, les galeries et les mines sont assimilées à l’utérus de la Terre Mère, tout ce qui gît dans le ventre de la Terre est vivant, encore au stade de gestation. 1.4. Terra mater, Petra genitrix Un grand nombre de mythes font ressortir ou naître les premiers hommes des pierres (Amérique Centrale, grecs, sémites, Asie Mineure, Océanie, …). Dans de très nombreuses traditions disséminées de part le monde, la roche engendre les pierres précieuses. Résidant au sein de la Terre, les minerais extraits des mines sont en quelque sorte des embryons : ils mûrissent lentement dans les ténèbres telluriques, comme s’ils obéissaient à un rythme temporel beaucoup plus lent que celui des végétaux et animaux. Leur extraction du sein de la Terre est donc une opération pratiquée avant terme, avant qu’ils soient devenus mûrs, parfait. Cette idée que les métaux "poussent" dans le sein de la mine, empruntant une image végétale, est une conception attestée déjà dans l’antiquité et se maintiendra longtemps en occident. Grâce à la métallurgie (comme avec l’agriculture), l’homme se sent à même de collaborer à l’œuvre de la Nature. L’alchimiste s’inscrit dans la même optique : en même temps qu’il se fait lui-même, il reprend et parfait l’œuvre naturelle. Comme le métallurgiste qui transforme un embryon (minerai) en métaux, en accélérant la croissance commencée dans la Terre Mère, ainsi les alchimies chinoises et occidentales ne font aussi que précipiter l’œuvre de la Nature en accélérant le rythme du temps. Dans de nombreuses traditions dispersées géographiquement, on retrouve l’idée d’une finalité de la Nature : si rien n’entrave le processus de gestation, tous les minerais deviennent de l’or. L’importance exceptionnel de l’or s’explique pour des raisons religieuses. Il fut le premier métal découvert et utilisé par l’homme, mais ni comme outil ni comme arme, et malgré son exploitation difficile. Il est porteur d’un symbolisme hautement spirituel. Liées à ce métal, les spéculations sotériologiques abondent dans la littérature alchimique occidentale. 1.5. Rites et mystères métallurgiques, sacrifices Dans la tradition, c’est les dieux et les êtres divins qui révèlent les emplacements des mines et filons aux hommes, ainsi que la manière de les exploiter. De nos jours encore, de nombreuses traditions religieuses entourent l’activité des mines. Chez les mineurs, on retrouve des rites comportant état de pureté, jeûne, méditation, prières et actes cultuels, tout cela en vue de préparer à l’intrusion dans l’espace sacré non familier et donc dangereux de la Terre, relevant d’un ordre et d’un mystère supérieur. Les fourneaux sont la nouvelle matrice, artificielle, où le minerai achève sa gestation. La fusion est donc également une activité très entourée de tabous et rites. Le symbolisme est sexuel, marital. Le thème d’un sacrifice (parfois personnel, souvent sanglant) à l’occasion de la fusion, motif mythico-rituel plus ou moins en relation avec l’idée de mariage mystique entre êtres humains et métaux, est particulièrement important. Le motif du sacrifice humain illustre parfois une haine du fer et de la métallurgie. Dans la théorie des Ages du monde, l’age de fer est justement considéré comme le plus tragique et le plus vil (guerres, massacres, esclavage, …). Mais, dans leur globalité, ces sacrifies et ces rites supposent un thème mythique originaire, qui les précède et les justifie : les métaux dérivent du corps d’un dieu ou d’un être surnaturel immolé. Les rites ne sont alors que la réitération plus ou moins symbolique de cet évènement, tout comme pour les rites agraires. Dans certains rites, on sacrifie un fœtus dont on a provoqué l’accouchement prématuré. Un fœtus donne son énergie pour un autre fœtus, le minerai… 1.6. Les maîtres du feu Le feu, comme agent de transmutation de la matière, est vue comme une force magico- religieuse. C’est pourquoi les cultures les plus archaïques imaginent le spécialiste du sacré comme un "maître du feu" (résistance au feu, domptage du feu, …). Universellement, les primitifs se représentent le pouvoir magico-religieux comme "brûlant" et l’expriment en des termes associés. Produire le feu dans son propre corps est un signe qu’on a transcendé la condition humaine. Tout comme les chamans, les forgerons sont réputés "maître du feu". Dans certaines zones ils sont considérés égaux ou supérieurs au uploads/Religion/ alchimie 1 .pdf
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- Publié le Sep 28, 2021
- Catégorie Religion
- Langue French
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