HAL Id: hal-02052038 https://hal.science/hal-02052038 Submitted on 28 Feb 2019
HAL Id: hal-02052038 https://hal.science/hal-02052038 Submitted on 28 Feb 2019 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Notice sur les inscriptions mayas de l’ancienne collection Vanden Adenne Jean-Michel Hoppan To cite this version: Jean-Michel Hoppan. Notice sur les inscriptions mayas de l’ancienne collection Vanden Adenne. Amerindia, 2018. hal-02052038 Notice sur les inscriptions mayas de l’ancienne collection Vanden Adenne Jean-Michel Hoppan SeDyL (CNRS - UMR 8202) Le 23 mars 2016 fut mise aux enchères, à l’hôtel Drouot (Paris), la dite collection Vanden Avenne. Figurant parmi les plus importantes collections d’antiquités mésoaméricaines en Europe, elle fut constituée en Belgique (par l’amateur d’art précolombien éponyme), à partir des années 60. Dès le début des années 70, elle réunissait la plupart des objets qui l’ont composée jusqu’à ce jour. Ainsi, la majorité des objets de cet ensemble avait été exposée à Bruxelles dès 1976, dans le cadre de l'exposition "Art de Mésoamérique", et une grande partie d'entre eux fut reproduite dans le catalogue de l'exposition. À l'occasion du cinq-centième anniversaire du début de la colonisation espagnole de l'Amérique, treize des plus beaux en avaient ensuite été prêtés pour l'exposition "Trésors du nouveau monde", dont le catalogue reste actuellement un important ouvrage de référence. Cette collection comprenait plus d’une quinzaine d’objets mayas, consistant essentiellement en pièces de céramique. Quatre de ces céramiques portent des inscriptions glyphiques -que nous nous proposons d'étudier dans cette notice car cela n'avait pas été fait dans les catalogues d’exposition- et c'est aussi le cas d'une pièce architecturale en pierre calcaire, un panneau mural qui fut probablement un jambage de porte. La plus ancienne de ces antiquités, dont l’inscription était restée inédite (seul un dessin de l’image centrale en ayant effectivement été auparavant publié1), est le couvercle d’une grande boîte à lancettes en forme de plat qui appartient à un type d’objet produit et utilisé dans la région de Tikal durant toute l'époque classique ancienne (entre les IIIe et VIe siècles). Découverts dans des caches à offrandes associées à des rénovations de résidences princières ou parfois dans des tombes, les exemplaires trouvés en contexte archéologique contenaient notamment des instruments utilisés pour l'auto-sacrifice, tels que des lancettes et des lames en obsidienne, montrant qu'il s'agissait d'objets à caractère votif. L’objet porte ici, gravée à l'extérieur sur la partie plate, la figuration d'un homme richement paré entourée de cinq glyphes (objet 66, voir annexe 1). Elle figure un personnage qui apparaît richement coiffé d'une effigie de l'aspect aviaire du "dieu D" Itzamnah Kokaaj, elle-même surmontée de la figure du "dieu GIII" de la Triade de Palenque. Ce personnage porte ce que l’on appelle la "barre cérémonielle", qui permet de l'identifier comme un souverain. La "barre cérémonielle" présentait en effet un roi aux yeux de ses sujets comme le 1 Un dessin de la partie centrale de cet objet a été publié par Nicholas Hellmuth en 1987 (p.206 fig.434). lieutenant du ciel, le portant dans ses bras. Elle le représentait ainsi comme le premier intercesseur des forces célestes. Cet insigne apparaît effectivement comme une représentation symbolique du ciel sous la forme d’un serpent bicéphale, les mots pour "ciel" et "serpent" étant homophones ou presque dans la plupart des langues mayas. Analogue à la fumée qui s'élève en ondulant de ce qui est brûlé pour invoquer les esprits ancestraux, le serpent est aussi un vecteur de la divination. Du reste, des gueules ouvertes de cette créature émergent là les figures divinisées en "jaguars de l'inframonde" des héros Yax Balam (le "jaguar originel") et Hun Ajaw "Un-Seigneur". Surmonté par un glyphe non déchiffré mais rappelant la forme minimale du logogramme théonymique du grand "jaguar de l'inframonde" (le dit "dieu L"), le visage du premier est visible à gauche tandis que, surmonté par une graphie propre à l’époque classique ancienne du glyphe des êtres surnaturels appelés way2 en maya, le visage du second est visible à droite sous les traits du "dieu GI" de la Triade de Palenque. Les "marques de brillance" que le roi porte sur chaque bras soulignent aussi son caractère céleste et divin. Faisant écho au geste de ses mains qui portent la barre céleste, un glyphe encadré par deux mains -qui semblent ouvrir à lui la voie du ciel entre la tête de Yax Balam et celle du "dieu GIII"- unit le logogramme du seigneur ’AJAW à ce qui paraît être une fusion entre le logogramme du ciel CHAN et celui de l'encre noire et de la suie ’ABAK, ce qui présenterait ainsi ce roi comme un "maître de l'encre du ciel" : 2 Les Espagnols ont traduit ce mot par brujo « sorcier ». Néanmoins, il correspond plus exactement à ce que les Mexicains désignent sous le terme de nagual, emprunt au nahuatl nahualli qui exprime la notion de "double spirituel". Ces créatures mythiques sont, dans la vision mésoaméricaine de l’âme humaine, une de ses composantes et, prenant souvent la forme d’un animal, elles représentent volontiers la part d’"animalité" qui est en chaque être humain. Une telle vision de l’âme aurait motivé l’abondance des figures zoomorphes dans l’art mésoaméricain, en général, et maya en particulier. Une variation sur ce glyphe est retrouvé dans l’inscription périphérique, juste avant le dernier, et en marque le sujet : Selon la syntaxe habituelle du maya, le premier glyphe de l’inscription transcrit le verbe de cette phrase, qui est manifestement là une forme absolutive d'un syntagme nominal employant à la 3ème personne le verbe k’aay "expirer", que l'on retrouve dans une expression métaphorique de la mort exprimant l'idée d'« aboutir à terme, arriver à échéance ». Aussi pourrait-il est traduit littéralement par « son expirer » et signifier « c'est le terme de ». Le petit rond ménagé par excision entre le premier signe et le restant du glyphe ressemble à un chiffre 1. Bien qu'inhabituel, ce chiffre renverrait -s'il s'avère (le pronom ergatif de la 3ème personne u- ordinalisant les nombres)- à l'idée de "premier (terme)" : Les deux glyphes intermédiaires marquent le théonyme itsam du "dieu N", qui était le principal aspect de la divinité créatrice de l’écriture en particulier et du monde en général (reconnaissable par ses traits d’homme âgé, coiffé d'un turban en résille), et celui de la divinité de la pluie Chahk, auxquels s’associe le souverain : Le glyphe final de l'inscription constitue une autre phrase à lui seul. Le premier signe en est ambigu mais le restant en est lisible ti-may-ch’ab-ak’ab-aal, que l’on pourra traduire par « à rituel initial d'auto-saignée » et il renvoie de deux façons différentes au concept d'auto-sacrifice. La première composante en est effectivement le logogramme du "sabot de cervidé", qui métaphoriquement désigne la première auto-saignée rituelle que le souverain maya avait pour charge d'effectuer en offrande aux esprits. La seconde composante en est le couplet qui unit le logogramme de la souffrance/"pénitence" au glyphe de l'obscurité, dont on sait qu'il constituait un couplet métaphorique de type "diphrasisme" pour désigner l'auto-saignée rituelle et qui pouvait être employé comme image du haut rang d'un personnage (cf. Hoppan & Jacquemot 2010) : Aussi le roi dont il est question sur cet objet serait-il représenté là comme un jeune souverain en gloire, peut-être au terme de son initiation au rituel d'auto- saignée. Ce dernier était un trait essentiel de civilisation, non seulement maya mais mésoaméricaine en général (cf. Philips & Sala 2014). Lié à la notion de mérite par la souffrance, il procurait le moyen de communiquer avec les esprits et obtenir des visions de l'invisible. Par ailleurs, le signe qui introduit le dernier glyphe, composé d’une volute séparée par un élément allongé de ce qui semble figurer une écaille de poisson, apparaît comme une fusion entre les syllabogrammes ordinaires de valeur ya et ka (cf. Hoppan 2014, pp. 286 et 283). Compte tenu de la liaison avec le signe de la préposition ti- qui suit, il paraît pertinent de le lire (u)y-akat « (C’est) son "akat" ». Deux hypothèses de traduction se présenteraient alors. La première consiste à considérer cela comme l’abréviation du syntagme verbal ya-ka-ta-ji, soit (u)y-ak(a)-t-aaj « a laissé (le pouvoir) », c’est-à-dire « a abdiqué ». La seconde hypothèse consisterait à le considérer comme la forme absolutive d’un syntagme nominal et le rapprocher du substantif akat, que le plus riche et plus ancien dictionnaire de maya - le Calepino de Motul, du XVIe siècle (cf. Arzápalo Marín 1995, p.3 et 1437) - donne comme signifiant « étui de chirurgien, ou écritoire où sont les plumes, les ciseaux et couteau de l’écrivain, et boîte à lancettes »3. En désignant l’objet qui porte l’inscription comme un nécessaire à auto-saignée (en même temps qu’un écritoire, pouvant expliquer uploads/Religion/ amerindia-num-40-jm-hoppan.pdf
Documents similaires










-
26
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Jul 13, 2021
- Catégorie Religion
- Langue French
- Taille du fichier 1.0952MB