VIE DE SAINT GRÉGOIRE LE SINAITE ET DE SES PREMIERS DISCIPLES Commémoré le 8 ao
VIE DE SAINT GRÉGOIRE LE SINAITE ET DE SES PREMIERS DISCIPLES Commémoré le 8 août Le divin Grégoire est né en Asie Mineure, non loin de Clazomène, près de Smyrne, dans un petit village dénommé Kukula. Ses parents étaient riches et de plus, ce qui compte davantage, vertueux. Ils firent instruire leur fils dans la philosophie grecque et plus encore dans les vérités des saintes Écritures. C'était alors le règne d'Andronic Paléologue. Les Turcs ravageaient l'Asie Mineure et pillaient les villages. Ils s'emparèrent entre autres de celui de saint Grégoire, qui était chrétien, et ce dernier, avec ses parents et ses proches, fut emmené en captivité à Laodicée où, par la Miséricorde de Dieu, les barbares lui donnèrent la permission de visiter l'église de ce lieu. Les chrétiens de Laodicée furent sensibles au malheur de leurs frères. Pour alléger le lourd joug qui les faisait ployer, ils demandèrent aux Turcs de rendre leur liberté aux captifs, leur promettant en échange une rançon en argent. Les infidèles furent conquis par cette offre et les chrétiens prisonniers recouvrèrent leur liberté et le droit d'aller où bon leur semblerait. Le divin Grégoire en profita pour gagner Chypre. Il y attira vite l'attention générale et, par ses perfections naturelles ou acquises, intérieures et extérieures, il devint l'objet de l'affection et du res pect d'un grand nombre. Car il avait au naturel un grand air de bonté et sa beauté intérieure surpassait encore l'extérieure. Dieu, qui connaît les siens (voir 2 Tim 2,19), et les assiste en tout bien, fit en sorte que le divin Grégoire pût s'établir sur l'île auprès d'un moine vertueux vivant dans le silence. Peu de temps après, ce moine le revêtit du premier habit angélique (petit schème). Sous sa direction, saint Grégoire devint bientôt expert dans la vie monastique. De là, il alla au Mont Sinaï à la recherche de plus grands labeurs. Il y reçut le grand habit angélique (grand schème). En peu de temps, il surprit et étonna les ascètes de ce lieu par la vie d'ange, presque incorporelle, qu'il menait. Ses jeûnes, ses veilles, sa psalmodie et sa prière continuelles étaient au- delà de la description. Il semblait chercher querelle à la nature, souhaitant rendre immatériel son corps de chair, à tel point qu'étonnés par ses efforts, les ascètes l'environnant l'appelaient habituellement l'incorporel. "Mais je suis dans l'embarras pour savoir comment parler de la racine de toutes ses vertus, son obéissance et sa profonde humilité de peur qu'une telle description suggère à quelque amant de la vie facile que je dis un mensonge," écrit l'auteur de la Vie de saint Grégoire, - le patriarche oecuménique Calliste. Mais comme ce serait un péché contre la vérité elle-même de rester silencieux à ce sujet, je dois rapporter ce que j'ai entendu de son sincère et très dévoué disciple, Gérasime. Selon les paroles de ce sage, le divin Grégoire exécutait chaque tâche que lui assignait son supérieur sans le moindre retard et avec tout son zèle, s'imaginant toujours que Dieu avait les yeux fixés sur son travail. En même temps, en dépit de toutes ses obligations, il n'omettait jamais ses prières habituelles. C'était là sa pratique ordinaire. Chaque soir, après avoir reçu la bénédiction du supérieur, il regagnait sa cellule, en fermait la porte et commençait métanies, récitation des psaumes et élévation des mains et de l'esprit vers Dieu, oblation de lui-même qu'il poursuivra jusqu'à ce que retentît la simandre, annonciatrice des Matines. Le martèlement initial lui faisait rejoindre le premier la porte de l'église. Une fois entré, il ne sortait jamais avant le terme du service; le premier arrivé, il était toujours le dernier sorti. Sa nourriture, un peu de pain et d'eau, suffisait à peine à le garder en vie. La charge de cuisinier lui échut cependant. Trois années durant, il s'acquitta de cette lourde et pénible tâche. Qui peut célébrer dignement son extraordinaire humilité à ce propos ? Elle lui fit toujours considérer qu'il servait des anges et non des hommes; aussi honorait-il cette activité à l'égal du service de l'autel. Il faut dire encore qu'il brillait dans la calligraphie. Quoi-que livré à toutes ses occupations corporelles, il n'abandonna jamais ses études spirituelles. Il passa probablement autant de temps que les pères du même endroit à la lecture des saintes Écritures et d'autres ouvrages de piété. Il les surpassa presque tous en savoir. Il avait pourtant la pieuse coutume d'ajouter à ces travaux de l'esprit l'ascension presque quotidienne du sommet du Sinaï afin d'élever de dévotes prières sur le site d'aussi glorieux miracles. L'ennemi du bien pouvait-il considérer saint Grégoire avec indifférence à la vue de tels labeurs ? Afin de l'empêcher de persévérer sur ce chemin de perfection, il réussit à semer l'ivraie du trouble parmi ses compagnons d'ascèse en éveillant en eux la passion de l'envie. Disciple du doux et humble Jésus, Grégoire, à peine se fut-il aperçu de cette criminelle passion, qu'il quitta secrètement le monastère, emmenant avec lui le digne Gérasime. Ce dernier était originaire de l'Euripe et parent du prince de cette île; mais, méprisant la vaine gloire du monde il vint au Mont Sinaï. C'est là qu'il connut le divin Grégoire et, stupéfait de ses extraordinaires combats, qu'il s'y attacha et devint un de ses disciples. Avec l'aide de Dieu, il atteignait aussi le plus haut degré dans la pratique (praxis) et la divine contemplation (théoria), devenant ainsi après le grand Grégoire un modèle de vie ascétique pour beaucoup. Ils laissèrent donc le Sinaï et allèrent à Jérusalem vénérer le Sépulcre donateur de vie. Après avoir visité et dévotement vénéré tous les lieux saints, ils naviguèrent vers la Crète, jusqu'à un endroit appelé Bons-Ports où ils abordèrent. Désirant ne pas perdre de temps, ils partirent à la recherche de quelque endroit silencieux convenant pleinement à la vie solitaire. Non sans difficulté, ils trouvèrent quelques grottes leur agréant, où ils s'installèrent avec joie. Saint Grégoire y reprit ses exploits ascétiques avec une énergie redoublée, si bien qu'à titre particulier les paroles du prophète-roi furent justifiées : "A force de jeûner, mes genoux fléchissent, ma chair est amaigrie faute d'huile." (Ps 108,24) Cette abstinence immodérée communiqua une extrême pâleur à son visage, et ses membres desséchés devinrent à peine capables de se mouvoir. Cependant, l'homme de Dieu gardait un brûlant désir de trouver quelque spirituel pouvant le guider vers ce qu'il n'avait pas encore atteint sur le chemin de la perfection. Le Seigneur prit bientôt en considération le saint désir de son fidèle serviteur et l'exauça à sa manière. Par une révélation privée le divin Grégoire apprit que vivait dans la même région un solitaire épris de silence et passé maître dans la pratique et la contemplation spirituelle. Arsène était son nom. Mû par l'Esprit de Dieu, Arsène vint en personne à la cellule de saint Grégoire qui l'accueillit avec grande joie. Après la lecture et la prière habituel-les, l'ancien auquel avait été départi le don de lire dans les esprits, engagea une conversation sur quelque divin livre traitant de la garde du coeur, de l'impassibilité et de l'attention, de la prière spirituelle, de la purification de l'esprit par l'observation des commandements, de la possibilité de le rendre capable de voir la lumière et de bien d'autres sujets encore. Il demanda ensuite à saint Grégoire : "Et toi, mon fils, quelle sorte de pratique est la tienne ?" Le divin Grégoire lui fit alors le récit de sa vie, presque depuis ses premiers jours. Arsène, qui avait déjà très bien quelle voie mène un homme au faîte de la vertu, lui dit : "Tout ce que tu m'as raconté, mon fils, est appelé par les pères théophores pratique , et non contemplation. Entendant cela le bienheureux Grégoire tomba aussitôt aux pieds de l'ancien et, le conjurant par le Nom de Dieu, le supplia instamment de l'instruire de la voie de la contemplation spirituelle. Ne souhaitant pas tenir caché dans un vain but le don que Dieu lui avait fait, le divin Arsène acquiesça volontiers à la requête du saint et, en peu de temps, lui enseigna ce dont la grâce divine l'avait richement pourvu. En outre, il révéla à Grégoire combien sont variés et innombrables les pièges de l'ennemi de notre salut. Il l'instruisit donc de ce qui arrive à ceux qui livrent les combats de la vertu par la haine des démons et la jalousie d'hommes envieux dont le diable fait des instruments de sa ma-lice. Ayant recueilli cet inestimable enseignement, saint Grégoire gagna l'Athos. Désirant voir tous les pères de la sainte Montagne, pour leur présenter ses respects et obtenir leurs saintes prières et leur bénédiction, il fit le tour de tous les monastères, ermitages, cellules, et aussi des déserts et des endroits impraticables. Parmi les pères de la sainte Montagne, il vit beaucoup d'ascètes qui étaient ornés des seules vertus actives. Quand il leur demanda s'ils pratiquaient la prière spirituelle, l'impassibilité et la garde du coeur, ils lui répondirent qu'ils ne savaient même pas de quoi il s'agissait. Après avoir uploads/Religion/ gregoire.pdf
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- Publié le Mai 15, 2022
- Catégorie Religion
- Langue French
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