Annuaire de l'École pratique des hautes études (EPHE), Section des sciences rel

Annuaire de l'École pratique des hautes études (EPHE), Section des sciences religieuses Résumé des conférences et travaux 124 | 2017 2015-2016 Religion de l’Égypte ancienne Religion de l’Égypte ancienne Laurent Coulon Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/asr/1583 DOI : 10.4000/asr.1583 ISSN : 1969-6329 Éditeur École pratique des hautes études. Section des sciences religieuses Édition imprimée Date de publication : 1 septembre 2017 Pagination : 69-80 ISSN : 0183-7478 Référence électronique Laurent Coulon, « Religion de l’Égypte ancienne », Annuaire de l'École pratique des hautes études (EPHE), Section des sciences religieuses [En ligne], 124 | 2017, mis en ligne le 03 juillet 2017, consulté le 16 juin 2020. URL : http://journals.openedition.org/asr/1583 ; DOI : https://doi.org/10.4000/asr.1583 Tous droits réservés : EPHE Annuaire EPHE, Sciences religieuses, t. 124 (2015-2016) Religion de l’Égypte ancienne Laurent Coulon Directeur d’études P our la première partie du séminaire, consacrée à une recherche diachronique sur le développement du culte osirien en Égypte ancienne du IIe au Ier mil- lénaire av. J.-C., l’enquête a été centrée sur le fétiche d’Abydos, dont le culte est appréhendé à travers son développement au sein de la métropole osirienne dont il est l’emblème, mais également à travers sa diffusion à Thèbes et dans divers autres sites. Cette année, ce sont les sources relatives au culte du fétiche à Abydos, du Moyen Empire jusqu’à l’époque ramesside, qui ont été étudiées. Dans la deuxième partie du séminaire, consacrée à la lecture d’inscriptions sacer- dotales thébaines, l’étude s’est concentrée sur des documents de la XXXe dynas- tie et du début de l’époque ptolémaïque, pour une bonne part issus de la Cachette de Karnak, qui appartiennent à deux dossiers prosopographiques contemporains l’un de l’autre : la famille de Nesmin, propriétaire du papyrus Bremner-Rhind, et celle des prêtres osiriens enterrés dans la tombe d’Ânkh-hor. I. Recherches sur le culte osirien (IIe-Ier millénaire av. J.-C.) : enquête sur le fétiche d’Abydos en contexte rituel (I) En choisissant le fétiche d’Abydos comme fil directeur à notre étude du dévelop- pement du culte osirien, l’objectif était de mieux percevoir les particularités du culte de cet « emblème », très répandu mais mal cerné, et les modalités de sa dif- fusion en dehors d’Abydos, avec en perspective la meilleure compréhension d’un monument particulier, la chapelle d’Osiris Ounnefer Neb djefaou à Karnak, dont la fonction principale est celle de reposoir du fétiche processionnel. Il convenait d’abord de présenter cet objet singulier et énigmatique1, dont les désignations égyptologiques restent impropres : le terme fétiche, très marqué culturellement 1. Un premier état des lieux a été présenté dans L. Coulon, « Les uraei gardiens du fétiche abydénien. Un motif osirien et sa diffusion à l’époque saïte », dans D. Devauchelle (éd.), La XXVIe dynas- tie. Continuités et ruptures. Actes du colloque de l’Université de Lille-III. 26-27 novembre 2004, Paris 2011, p. 85-108. Il faut ajouter maintenant à la bibliographie : J. M. Iskander, « The Lintel of Ptahemheb in Cairo Museum (TR 22/3/25/10) », SAK 39 (2010), p. 153-163 ; D. Klotz, « The cuboid statue of Ser-Djehuty, master sculptor in Karnak. Los Angeles County Museum of Art 48.24.8 + Cambridge University, Museum of Archaeology and Anthropology 51.533 », RdE 66 (2015), p. 58-59. Résumés des conférences (2015-2016) 70 et orienté historiographiquement, ne peut être utilisé que conventionnellement ; l’appellation « reliquaire » ne reflète sa fonction qu’à partir de la fin du IIe millé- naire ; d’autres expressions, telles que « pilier d’Abydos », sont des pis-aller. Si sa partie inférieure est effectivement un pilier, c’est la « châsse » qui surmonte celui-ci qui constitue son élément central. La description relativement précise donnée par les inscriptions des chapelles osiriennes de Dendara (Dendara X, 36, 12-15) la présente comme une « corbeille en roseaux », caractérisation qui a été mise en regard de l’iconographie variée du fétiche, faute de pouvoir disposer d’un exemplaire « réel » de l’objet. Différents éléments caractéristiques sont par ail- leurs récurrents dans les représentations : couronne faite de deux hautes plumes, légèrement inclinées vers l’arrière, socle fait d’un signe-ḏw et/ou orné de quatre protomes de lion, dispositifs processionnels plus ou moins élaborés, pavillon en forme de per-nou. Le fétiche est par ailleurs entouré de divinités qui constituent sa garde rapprochée : il a été rappelé que les deux béliers juchés sur des enseignes qui l’encadrent symétriquement, bien que souvent identifiés à tort aux béliers de Mendès ou aux animaux d’Amon, sont en fait deux formes de Khnoum, l’un d’Élé- phantine, l’autre de Her-our, comme le précisent explicitement certaines sources (e.g. Hibis III, pl. 25). Des compagnies de dieux-gardiens spécifiques sont par ail- leurs préposées à sa protection. Enfin, s’agissant des fonctions assumées par le fétiche abydénien, elles peuvent être provisoirement regroupées sous quatre grandes dénominations, susceptibles évidemment de se recouper : enseigne, bâton sacré, reliquaire et effigie osirienne. Le « fétiche » est connu au moins depuis la IIIe dynastie comme l’idéogramme de la sepat thinite. En revanche, son rôle cultuel n’est véritablement attesté qu’à partir du début du Moyen Empire. Datable du règne de Sésostris Ier, la stèle Caire CG 20561 (ANOC 4.4), au nom d’Antef fils de Nebhou et de Satimen, livre ainsi une des premières représentations de l’objet en contexte cérémoniel, car il apparaît dans l’idéogramme de la barque-nechemet2. Un examen attentif des graphies sur la photographie de l’objet3 a permis de mettre en évidence une variation notable entre les deux occurrences de cet idéogramme sur cette même stèle, variation négligée dans la publication d’H. O. Lange et H. Schäfer. La première occurrence, dans la séquence ḏȝt-nṯr r (Ww)-pqr, « traversée du dieu vers Ou-Peqer » (l. 2), montre le fétiche réduit au pilier et à la châsse le surmontant, tandis que dans la seconde, où la barque avec le fétiche sert de déterminatif au mot nšmt au sein de la « formule abydénienne » (l. 2), la châsse est couronnée des deux plumes avec deux uraei4. Cette transformation reflète à l’évidence le rite de couronnement du fétiche, attes- té par ailleurs, qui, en toute logique, doit se dérouler à Ou-Peqer. L’étude de ce document a été l’occasion de faire le point sur le degré de compréhension que nous 2. M.-C. Lavier, « Les formes d’écriture de la barque nšmt », BSEG 13 (1989), p. 90. 3. W. K. Simpson, The Terrace of the Great God at Abydos : The offering Chapels of Dynasties 12 and 13, PPYEE 5 (1974), pl. 11. 4. Le fétiche a également cette apparence en tant que déterminatif de Tȝ-wr, le nome thinite (l. 3). Laurent Coulon 71 pouvons avoir des « mystères » abydéniens au Moyen Empire et sur la bibliogra- phie ancienne et récente s’y rapportant. En dehors de l’attestation indirecte de la stèle Caire CG 20561, le culte du fétiche ne semble pas autrement attesté dans les sources du Moyen Empire. Notre docu- mentation est certes lacunaire et fréquemment elliptique. En revanche, les sources concernant la barque-nechemet sont beaucoup plus abondantes5. Une chapelle au nom de Montouhotep II, dégagée partiellement en 2014, montre ainsi une person- nification de cette barque associée à une autre déesse incarnant le pieu d’amar- rage (mnjt) (mur ouest, reg. inférieur)6. Le fétiche abydénien n’apparaît pas dans la partie de la décoration qui a pu être mise au jour. Néanmoins, la position de la chapelle, désignée comme une m ʿḥʿt dans ses inscriptions, l’inscrit dans le même chemin processionnel que les édifices postérieurs aux noms de Ramsès Ier, Séthy Ier et Ramsès II, dans lesquels le fétiche occupe une place essentielle. Deux stèles de la première partie du Nouvel Empire montrent le fétiche aby- dénien en contexte cultuel, associé à la barque. La première, datable du règne de Thoutmosis IV ou d’Amenhotep III, est la stèle Londres BM EA 1332 (HTBM VIII, p. 38-40, pl. XXXIII), célèbre pour l’énumération des barques sacrées dont son propriétaire, Iounna, a supervisé la fabrication dans différentes localités. Parmi celles-ci est mentionnée la « barque-nechemet maîtresse d’éternité dans le nome thinite », qui est également mise à l’honneur dans le registre supérieur de la stèle, où elle est représentée (Iounna étant désigné là comme « l’artisan de la barque- nechemet »). La cabine centrale de la barque abrite le fétiche abydénien entouré des deux Khnoum sur des enseignes, fixé dans un socle orné de scènes rituelles. La seconde est la stèle Lyon, Musée des Beaux-Arts H 1379, au nom d’Houyou et datable de la XIXe dynastie ; elle est connue par des publications anciennes ou des notices sommaires7, mais absente des Kitchen Ramesside Inscriptions8. Un nouvel examen du monument a permis d’en faire progresser l’étude9. L’un des traits carac- téristiques de la représentation de la barque-nechemet abritant le fétiche d’Abydos 5. M.-C. Lavier, « Les formes d’écriture de la barque nšmt », p. 89-101 ; Ead., « La barque-neche- met dans le chapitre 409 des Textes des Sarcophages », dans J.-C. Goyon, C. Cardin (éd.), Actes du neuvième congrès international des égyptologues II, Louvain 2007 (OLA 150), p. 1083-1090 ; Ead., « Les mystères d’Osiris à Abydos d’après les stèles du uploads/Religion/ asr-1583-pdf.pdf

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  • Publié le Jan 14, 2021
  • Catégorie Religion
  • Langue French
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