2 3 BUNGUNZA Ou la décolonisation spirituelle de l’Afrique 4 5 Mfumu a Mbanza M
2 3 BUNGUNZA Ou la décolonisation spirituelle de l’Afrique 4 5 Mfumu a Mbanza Mbongolo Ramsès BUNGUNZA Ou la décolonisation spirituelle de l’Afrique AK. LES ÉDITIONS ALLIANCE KOONGO Collection Spiritualité © Les Éditions Alliance Koongo, 2016 ISBN : 978-2-312-04428-6 TL. : +242.05.734.17.35 À Mâma Kimpa Mvita, Mfumu Kimbangu, Mfumu Matsoua, Tâta Boueta Mbongo, Tâta Mabiala-ma- Nganga et Mâma Ngounga, héros de la lutte anticoloniale. Tous mes sentiments de gratitude aux membres du K.B.B1., pour leur aide multiforme. Mes remerciements vont spécialement à Kayemb Uriël Nawej pour les précieux renseignements. « L’Européen qui impose son ordre par les armes du soldat et les chapelets du prêtre introduit le remords et l’effroi. Ce faisant, il détruit une société qui repose sur une morale plus sensée que la nôtre. Là où l’aumônier ne voit que licence et vice, Orou, le vertueux Tahitien, lui montre des lois qui ne contredisent pas la Nature. » DIDEROT 1 Kimbangi Kia Balongo Bungunza (école de sagesse Ngunza.) 8 « Soyons bien conscients que cette arrivée en Afrique du Christianisme, par le canal de ses missionnaires européens, avait pour but essentiel de servir de tremplin à ceux dont le programme final était l’exploitation et le pillage effréné des richesses de l’Afrique. Ne pensez pas que le but réel des missionnaires était de nous amener l’Évangile, pas du tout ! D’ailleurs, souvenons-nous qu’étymologiquement ‘‘Évangile’’ veut dire ‘‘bonne nouvelle’’, apporter l’Évangile serait donc ‘‘apporter la bonne nouvelle.’’ Quelle bonne nouvelle ont-ils donc apportée ? On n’en voit aucune ! Ce qu’on ne voit que trop, hélas, c’est qu’ils ont apporté esclavage, humiliation, racisme, larmes, sang et mort. (…) Africains, je vous le dis et je vous le redis, la Chrétienté porte une beaucoup plus grande responsabilité devant les Cieux que le National- Socialisme Nazi, les SS ou la Gestapo !» KAYEMB URIËL NAWEJ, Poison Blanc : Un Noir chrétien est un traître à la mémoire de ses ancêtres « Un peuple qui rejette la religion de ses Ancêtres est un peuple maudit et voué à l’esclavage. » MBUTA MAYANGUI, guide du K.B.B. 9 « Un peuple sans religion est un peuple sans âme ; un peuple sans âme est un peuple téléguidé. C’est un peuple de moutons – de moutons enchaînés –, qui ne broutent que l’herbe de l’enclos dans lequel ils sont enfermés. C’est un peuple passif et dépourvu de sens critique, qui se range facilement à l’avis de la majorité, donc un peuple résigné, attentiste, fataliste et sacrifié à la moindre belligérance, comme nos grands-parents pendant la Première et la Seconde Guerre mondiale. Un peuple sans religion est un peuple au destin limité et prévisible, car décrété par d’autres sociétés, des communautés plus rusées, plus fortes, plus voraces et qui, longtemps avant nous, ont compris que l’acte d’allégeance envers une religion importée est non seulement un outrage à la mémoire des mânes des ancêtres, mais surtout un manquement grave aux intérêts de la tribu, de l’ethnie, du peuple ou du continent. (…) Le nègre contemporain ne pourra prétendre être libre que lorsqu’il aura fait voter, aux Nations-Unis, une loi universelle concédant des droits et garantissant la protection des religions autochtones contre l’hégémonie culturelle des religions allochtones, en sorte qu’à l’avenir les religions « sangsues » n’aient plus le droit de phagocyter des croyances traditionnelles. (…) L’Afrique a une multitude de visages culturels méconnus qui n’attendent que le coup de sifflet pour s’unir en une merveilleuse aquarelle où chaque visage, chaque couleur aura sa place et sa raison d’être dans le tableau de la civilisation noire. Ensemble, frères du continent, reformons la magnifique aquarelle de nos 10 traditions respectives et bâtissons les Royaumes Unis de Kama (Afrique). (…) Qui sait parler aux Ancêtres est maître de sa destinée. Le futur n’est énigmatique que pour ceux qui ont brisé le pont qui relie les vivants et les morts.» MFUMU A MBANZA MBONGOLO RAMSES, Bungunza ou la décolonisation spirituelle de l’Afrique 11 Note au lecteur et essai s’ouvre par deux fragments de textes2 suivis d’une note qui pose les jalons d’une révolution : la Renaissance africaine, ou pour mieux le dire, le Printemps nègre. Car c’est du nègre dont il est question, du nègre contemporain. Ce dernier est au centre de cette mûre réflexion sur l’acculturation, communément appelée « aliénation culturelle » que le préfacier – en observateur indépendant – vous aide à cerner en toute objectivité. Dans cet imprimé, la note au lecteur joue le rôle de panneau indicateur et de miroir fidèle. Si son côté panneau indicateur présente aux Africains la direction à suivre pour le salut du continent, son côté miroir fidèle expose, avec une précision absolue, la physionomie spirituelle contemporaine de la conscience nègre ou l’état mental3 réel de l’Africain moderne. Bungunza ou la décolonisation spirituelle de l’Afrique est charpenté en deux plans consubstantiels : « Le joug d’airain » ou le 2 Citations. 3 Un état qui – vous en conviendrez –, n’honore nullement le continent. C 12 plan mental et « les prophéties du tam-tam » ou le plan émotionnel. Le plan mental, qui se distingue de l’autre par son discours totalement affranchi de l’emprise des conventions de la versification, est une dissertation socioreligieuse sur les raisons souterraines du déclin de la civilisation nègre en général et du royaume Koongo en particulier. Tout en prescrivant la décolonisation spirituelle de l’Afrique noire, Le joug d’airain rejette le racisme et le religionnisme4 ainsi que l’ignorance5 et l’indigence – prétendus moyens d’accéder aux « paradis illusoires » échafaudés par des religions sangsues (cupides, dominatrices et manipulatrices) au profit d’un cheminement spirituel qui combine merveilleusement 4 Idéologie qui affirme la supériorité d’une religion, en prônant souvent l'élimination des autres. Hostilité envers les personnes d'appartenance religieuse différente. (Ce mot est un néologisme officieux, une création de l’auteur.) 5 « Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux ! 4 Heureux les affligés, car ils seront consolés! 5 Heureux les débonnaires, car ils hériteront la terre! 6 Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés! 7 Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde! 8 Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu! 9 Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu! 10 Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux! 11 Heureux serez-vous, lorsqu'on vous outragera, qu'on vous persécutera et qu'on dira faussement de vous toute sorte de mal, à cause de moi. 12 Réjouissez-vous et soyez dans l'allégresse, parce que votre récompense sera grande dans les cieux; car c'est ainsi qu'on a persécuté les prophètes qui ont été avant vous. » Matthieu 5, 3-12. 13 traditionalisme et futurisme pour une Afrique en action, libre, prospère et émergente. Une Afrique en bonne santé ou économiquement équilibrée qui vit le présent avec l’œil gauche braqué sur le passé et l’œil droit orienté vers le futur. Une Afrique consciente de son rôle dans l’avenir de la planète. Une Afrique décomplexée qui se développe sous la guidance de Né Mwanda-Koongo. À l’inverse du premier volet, le plan émotionnel – qui est entièrement assujetti aux règles du langage poétique – est profondément enraciné dans les eaux amères des grandes souffrances infligées aux bois d’ébène, nom donné aux Noirs par les trafiquants d’esclaves ou négriers. Ce volet met en relief les choses que la raison ne saurait expliquer ou les propos que le mental n’aurait pu exprimer avec tant de munitie descriptive. Dans cette partie de l’ouvrage, les poèmes ont été cousus, tissés, pièce par pièce. Ils ont été ajustés et juxtaposés comme des veines jugulaires ou des artères aortes pour puiser à la source du cœur l’émotion poignante et sincère, les douleurs abominables et l’indignation ressentie, les impressions – non pas en couleur ou en noir et blanc, mais du Blanc envers le Noir et du Noir envers le Blanc – traduites dans ce texte sous la forme de volonté de puissance des dominateurs d’une part, et de sentiment d’impuissance, d’insatisfaction, de frustration, d’humiliation, de stigmatisation, d’infériorisation, de « castration », de dévaluation, de violation territoriale, de flétrissement, de ralentissement, « d’étouffement », de harcèlement, d’anéantissement, de « piqûre », de « morsure », de « brûlure », de « salissure », de servitude, d’amertume, d’insécurité, de 14 morosité, de grisaille, de « vertige », bref de déshumanisation endurée par les dominés, c’est-à-dire les Noirs pendant la traite négrière, la colonisation et la ségrégation systématique6 des gens de couleur, d’autre part. Ici, l’auteur-narrateur se retire volontiers pour faire place aux millions de langues liées, bouches intentionnellement et stratégiquement muselées par une poignée d’historiens racistes, d’une sordide malhonnêteté intellectuelle, qui ont voulu masquer, aux yeux du monde, la noirceur, la laideur et la « puanteur » de l’esclavagisme, cette « plaie » béante – pas encore totalement cicatrisée dans la chair noire de l’Afrique – dont ce volet émotionnel constitue une terrible « effusion de sang ». Le sang chaud de millions d’Africains – mordus par les « requins uploads/Religion/ bungunza-complet-new 1 .pdf
Documents similaires
-
13
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Mar 05, 2022
- Catégorie Religion
- Langue French
- Taille du fichier 0.6524MB