1 LE SAINT EMPEREUR CONSTANTIN ET L’EDIT DE MILAN Commémoration du 1700ème anni

1 LE SAINT EMPEREUR CONSTANTIN ET L’EDIT DE MILAN Commémoration du 1700ème anniversaire de l’Edit de Milan (313) Il y a cent ans, le 13 septembre 1913, dans la Russie impériale, à l’Académie Spirituelle de Saint-Pétersbourg, on célébrait le 1600ème anniversaire du triomphe du Christianisme sous le règne du saint empereur Constantin. A cette occasion, Alexandre Ivanovitch Briliantov (né en 1867 et mort en 1934 en Sibérie, exilé par les Bolcheviks), professeur d’histoire de l’Eglise, disciple et successeur du grand historien de l’Eglise V.V. Bolotov, prononça un discours solennel, qu’il commença par ces mots : « Dans l’histoire de l’Eglise chrétienne elle-même comme dans l’histoire de l’humanité civilisée, on peut difficilement trouver un autre moment qui, par son importance évidente pour tous et l’ampleur de ses conséquences, puisse être comparé à l’événement qui a marqué le règne de Constantin le Grand Ŕ le triomphe visible à son époque de la religion de la Croix, le Christianisme, au milieu du monde gréco-romain qui lui était hostile jusque-là ; c’est à ce moment que fut proclamée la pleine liberté pour l’Eglise Chrétienne, soumise auparavant à des persécutions sévères de l’Etat, alors que l’Eglise avait déjà reçu le patronage puissant de l’Etat. Cela s’est passé il y a 1700 ans, au début du IVème siècle. Les circonstances de la conversion de l’empereur Constantin à la foi du Christ et la transformation de l’Empire romain du rôle de persécuteur à celui de protecteur du Christianisme, sont liées historiquement au célèbre Edit de tolérance de Milan, c’est-à-dire la décision officielle des empereurs romains Constantin le Grand et Licinius d’accorder la liberté à la religion chrétienne et à l’Eglise. Cet Edit fut établi en février 313 à Milan et promulgué en Orient à Nicomédie, par l’empereur Licinius, le 13 juin 313. Disons d’abord quelques mots sur le saint empereur Constantin et les événements qui ont précédé la Convention de Milan, terme plus approprié pour désigner l’accord de Milan entre Constantin et Licinius qui a donné la liberté à la religion chrétienne, c’est-à-dire à l’Eglise. * Selon l’historien Eusèbe, Constantin (Gaius Flavius Valerius Constantinus) est né vers 272 (le 27 février), de son père Constance Chlore (d’ascendance romano-illyrienne ou gréco-illyrienne), originaire de Niš et de sa mère Hélène (Grecque) native de Drepanum en Bithynie, près de Nicomédie (que Constantin appellera Hélénopolis, d’après le nom de sa mère). Constance était un militaire de haut rang à l’époque de Dioclétien et c’est à Nicomédie qu’il rencontra Hélène (fille d’un modeste aubergiste) et l’épousa. Constance et Chlore eurent leur fils Constantin alors qu’ils résidaient à Naissus (Niš). De sa jeunesse à la fin de sa vie, Constantin aima tout particulièrement et respecta sa mère Hélène, intègre et pieuse. Ses deux parents n’étaient pas chrétiens à l’époque ; mais comme monothéistes (dont le nombre était alors en augmentation, sous l’influence du monothéisme chrétien), l’un et l’autre éprouvaient une inclination envers le Christianisme. Suite à la réorganisation par Dioclétien de l’empire romain selon le système de la Tétrarchie (l’empire est divisé en deux parties, chacune ayant à sa tête un 2 empereur appelé Auguste, assisté d’un adjoint appelé César), le père de Constantin, Constance, devint en 293, César auprès de l’Auguste d’Occident, Maximien Hercule (286-305). Conformément à la tradition coutumière de l’Etat romain, il fut alors obligé de quitter sa femme Hélène, d’origine modeste, pour épouser Théodora, fille (adoptive ou biologique) de l’empereur Maximien Hercule. Le jeune Constantin âgé d’une vingtaine d’années, fut contraint, à partir de 293, de vivre (comme otage) dans la capitale orientale de Nicomédie, auprès de l’Auguste principal, Dioclétien (il régna de 284 à 305 et fut, on l’a dit, l’inventeur de la Tétrarchie, tout en étant lui- même le souverain primordial) et de son gendre Galère (qui était marié à sa fille Valérie), le César d’Orient. Peu après, vers l’âge de vingt ans, Constantin épousa Minervina, dont il eut un fils nommé Crispus. C’est à cette époque, vers 296, qu’il suivit Dioclétien et son armée en Egypte et en Palestine, et prit part avec Galère à la guerre contre les Perses, où il fit preuve de véritables capacités militaires. Comme on le sait, dans les deux premières décennies de son règne (284-302), Dioclétien n’engagea pas de persécutions contre les Chrétiens. Après les persécutions de Valérien contre les Chrétiens (257-258), survint « l’édit de tolérance » de Gallien (260) et une paix relative se prolongea jusqu’au début de 303, avec des interruptions mineures lors des persécutions subies sous les empereurs Claude le Gothique (268-270) et Aurélien (270-275), suscitées par des désordres populaires et la tentative d’Aurélien d’imposer le culte du « Soleil invincible » (Sol invictus), comme seule religion de tout l’Empire. Gallien, qui a publié le premier « édit de tolérance », n’avait pas de sympathie particulière pour le Christianisme, mais il souhaitait avoir un règne paisible ; il permit donc aux Chrétiens de pratiquer leur culte et la restitution des églises et des cimetières expropriés. A partir de 260, l’Eglise coexista avec l’Empire et les Chrétiens furent en mesure de restaurer et même construire des églises et accéder aux fonctions publiques, civiles et militaires. Bien qu’au cours des 18 premières années de son règne (282-302), Dioclétien n’ait pas persécuté les Chrétiens (l’Eglise), il y a eu plusieurs cas de « purges militaires » (en 298,301 et 302), c’est-à-dire des peines de mort pour les Chrétiens qui n’acceptaient pas l’assimilation « militaro-religieuse » impériale. Dioclétien n’aimait pas les Chrétiens ; mais il ne les haïssait pas spécialement non plus (il les côtoyait : son épouse Prisca et sa fille Valéria étaient favorablement disposées vis-à-vis de la Chrétienté) ; cependant, il voulait l’unité de l’Empire, religieusement unifié, et il imposa la « sacralisation du pouvoir impérial », se considérant lui-même comme le premier Auguste, le descendant de Jupiter, l’autre Auguste étant le descendant du fils de Jupiter, Hercule. L’écrivain chrétien-apologète Lactantius, qui vivait dans l’entourage de Dioclétien à Nicomédie (comme professeur de rhétorique dans la capitale), attribue le début des persécutions des Chrétiens par Dioclétien à la grande influence de son gendre Galère ; il mentionne aussi l’influence de l’érudit Hiéroclès, alors préfet d’Egypte, un grand ennemi des Chrétiens qu’il haïssait particulièrement et dont un pamphlet plein de violence polémique contre les Chrétiens fut lu publiquement en 303 devant Dioclétien, au palais impérial de Nicomédie. Dioclétien fut aussi influencé par l’oracle d’Apollon à Milet, qui accusait les Chrétiens d’être un grand danger politique et public pour l’Empire. Cependant, exceptées même ces influences, Dioclétien a décidé lui-même et commencé sans ménagement les persécutions des Chrétiens. 3 Dioclétien publia son premier édit contre les Chrétiens le 24 février 303 à Nicomédie, ordonnant par celui-ci, au nom des 4 empereurs, que toutes les églises chrétiennes soient détruites, que les livres saints Chrétiens soient livrés, saisis et brûlés, et que toutes leurs réunions de prières soient interdites. Déjà le jour précédent, le 23 février 303, la magnifique église de Nicomédie, construite juste en face du palais impérial, avait été détruite. Selon les mots de Constantin lui-même, cette même nuit, la foudre s’abattit sur le palais impérial qui prit feu. Selon d’autres historiens, quelqu’un mit le feu au palais impérial, les Chrétiens furent aussitôt accusés et des persécutions s’ensuivirent. Le but des persécutions était : « Nomine Christianorum deleto », c’est-à-dire l’effacement du nom même des Chrétiens. Les Chrétiens furent forcés d’offrir des sacrifices ; Prisca, l’épouse de Dioclétien, et sa fille Valérie durent faire de même. Un Chrétien zélé déchira alors cet éminent édit impérial contre l’Eglise à Nicomédie et aussitôt (le 24 février), il fut brûlé vif : c’était le saint martyr Euhtis. A Nicomédie, l’évêque local, saint Anthème, fut tué, et un grand nombre de Chrétiens furent brûlés vifs (Eusèbe, HE 8,6-7). Un évêque d’Afrique, Second de Tigisi, lorsqu’on lui demanda de rendre sa Bible pour qu’on la brûle, répondit : « Je suis un évêque chrétien, pas un traître ». Quant à l’évêque Mensurius de Carthage, il mit des écrits hérétiques au lieu des Saintes Ecritures dans l’église que les agents du gouvernement allaient fouiller pour y confisquer des livres. Bientôt, le second édit vit le jour (printemps 303), par lequel tous les chefs de l’Eglise furent emprisonnés : « les prisons furent remplies d’évêques, prêtres et diacres, lecteurs et exorcistes (zakljinacima), de sorte qu’il n’y eut plus de place pour les criminels » (Eusèbe, HE 8,6, 8-9). Le troisième édit suivit (automne 303), directement dirigé contre les membres du clergé : parmi eux, ceux qui offrent des sacrifices aux idoles seront libérés et ceux qui ne l’accepteront pas, seront tués (Eusèbe, HE 8,6, 10). Le dernier et quatrième édit (janvier-février 304) était dirigé contre tous les Chrétiens : tous, sans exception, reçurent l’ordre d’offrir des sacrifices aux dieux (Eusèbe, Martyrs de Palestine, 3,1). Cet édit était la conséquence du découragement de Dioclétien : précédemment, il s’était rendu à Rome pour célébrer son vicennalia (vingt ans de règne) et il en revint déçu par les Romains, et aussi gravement malade. Les conséquences de cette persécution par Dioclétien, plus horrible uploads/Religion/ constantin.pdf

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  • Publié le Apv 13, 2021
  • Catégorie Religion
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