DICTIONNAIRE DE SPIRITUALITÉ ASCÉTIQUE ET MYSTIQUE DOCTRINE ET HISTOIRE FONDÉ P

DICTIONNAIRE DE SPIRITUALITÉ ASCÉTIQUE ET MYSTIQUE DOCTRINE ET HISTOIRE FONDÉ PAR M. VILLER, F. CAVALISERA, J. DE GUIBERT, S. J. CONTINUÉ AU NOM DE LA FACULTÉ DE THÉOLOGIE D’ENGHIEN (BELGIQUE) SOUS LA DIRECTION DE CHARLES BAUMGARTNER, S. J. ASSISTÉ DE M. OLPHE — GALLIARD, S. J. AVEC LE CONCOURS D’UN GRAND NOMBRE DE COLLABORATEURS TOME II Cah as lias. - Cyrille de Scytkopolis. BEA UCHESNE PARIS 109 CANTIQUE DES CANTIQUES — CANTIQUE SPIRITUEL 110 lité. Le Cantique de l’union à Dieu du P. E.-M. Le b e a u , S. J. (Bruges, 1925) envisage le Cantique des Cantiques dans ses applications à l’âme fidèle. L’auteur nous avertit lui-même que « ce Commentaire relève plus encore de l’ascétique que de l’exégèse et prétend bien plus à être considéré comme livre de piété. que comme livre savant » (p. 7). Celui dont l’auteur signe : Robert d e La n g e a c : Virgo fidelis. Commentaire spirituel du Cantique des Cantiques, Paris, 1931, est d’un prêtre « visité depuis longtemps par la souffrance ’et qui tient à rester inconnu ». On y retrouve les accents d’un ly­ risme étroitement apparenté à celui des Grégoire de Nysse, des Bernard et des grands mystiques du Carmel. Sur l’histoire et la méthode de l’exégèse propre au Can­ tique, il suffit de renvoyer à Comely : Introductio in Velus Testamentum, II, p. 184-210 et à Gietmann, Commentarius in Ecclcsiasten et Canticum Canticorum. Paris, Lethielleux, 1890 (Cursus Scripturae sacrae de Cornely). On trouvera également une introduction intéressante dans le commen­ taire de Pouget et Guitton, Paris, Gabalda, 1935 (cf. VS, 1" oct. 1934, Sup. p. 1-33). Pour la nomenclature : Hurter, Nomenclator literarius, P. Glorieux Répertoire des Maîtres en Théologie de Paris au XIII0 siècle, Paris, 1933 et les autres ouvrages de bibliographie mentionnés dans le corps de l’article. André Ca b a s s u t , O. S. B. et Michel Ol ph e-Ga l l ia r d . CANTIQUE SPIRITUEL. — 1. Aperçu historique. — 2. Valeur spirituelle. Le cantique spirituel remonte aux origines chré­ tiennes. Saint Paul invite ses disciples à s’entraîner « en chantant des cantiques spirituels » (Ephés., 5, 19; Col., 3, 16); et nous savons que la première géné­ ration chrétienne, avant de composer ces hymnes que la race née de l’Évangile se passera en héritage, s’exer­ çait au chant des Psaumes reçus de la Synagogue. Ainsi dès l’origine nous trouvons les deux formes du cantique : le cantique populaire et le cantique spirituel proprement dit ; celui qui vient pour redire une leçon qu’il faut graver dans la mémoire, et celui qui laisse échapper l’intensité des sentiments dont l’âme vibre. Il devait en être ainsi, car « chanter est naturel à l’esprit de l’homme », observait saint Augustin, et Cha­ teaubriand écrivait un jour profondément : < L’homme chanta d’abord et parla ensuite. » Non seulement la Bible nous a gardé ces très anciens cantiques de l’humanité primitive; mais nous retrou­ vons les mêmes rythmes sacrés dans toutes les vieilles religions. Et le missionnaire qui a le souci de l’éveil religieux et chrétien d’une race neuve, sait recourir au chant, pour en cultiver la vie spirituelle. Ces rapides observations feront peut-être sentir qu’il y aurait quelque chose de factice dans la division en cantique populaire et en cantique spirituel. A l’origine ils se distinguaient peu; mais on remarquera qu’il y a loin d’un cantique spirituel de saint Jean de la Croix au rythme inventé par le Bienheureux Grignion de Montfort pour enseigner, par exemple, à ses audi­ teurs ce que nous apporte l’Eucharistie : < O l’auguste Sacrement ». Et pourtant le Bienheureux Grignion de Montfort lui-même, ce maître du cantique populaire, a laissé des compositions comme < O sagesse, venez, le pauvre vous en prie » qui sont de vrais cantiques spi­ rituels. Pour ces raisons il nous paraît impossible d’esquis­ ser séparément I'histoirc de l’un et de l’autre. Rien ne marque mieux cette hésitation que l’hésitation même du sens des mots : Psaume chanson, cantique, cho­ ral ; ces vocables no prennent que lentement leur sens définitif. I. — APERÇU HISTORIQUE 1. De s o r ig in e s a u xvr s iè c l e , — C’est un cantique populaire que le Psaume qui avait tenu en éveil l’âme juive; en un sens nouveau il éveillera l’âme chrétienne qu’il invitera et préparera h. revivre le mystère de Jésus. Et déjà le Benedictus, le Nunc dimittis et le Magnifi­ cat avaient repris et renouvelé le thème de la louange qui monte vers Dieu et son Christ. C’était une veine ouverte. On chantait à l’assemblée chrétienne et on chantait dans les prisons de l’empire. Les actes des martyrs en témoignent après les plus antiques écrits des apologistes comme saint Justini Nous voudrions avoir quelques-uns de ces vieux chants mais ils n’étaient pas intangibles comme l’Écriture, et il faut arriver au me siècle pour en trouver des fragments. Ils iront se développant et s’enrichissant jusqu’à ce que la liturgie les intègre dans sa vie et leur donne une stabilité vénérable. On avait bien compris quelle portée pouvaient avoir ces chants mesurés’, puisqu’on nous dit qu’Arius s’en servait pour propager ses erreurs. La littérature grecque chrétienne contient de ces hymnes populaires autant que spirituels dont le déve­ loppement caractérisa la poésie de l’époque byzantine : cantiques au Christ et cantiques à la Vierge, toute la foi s’y exprime. Le Syriaque saint Ephrem y avait noté par surcroît tout le frémissement de la vie. La littérature latine chrétienne aura aussi ses cantiques plus graves en leur brièveté, d’où nous viendront les belles hymnes du bréviaire, et comment ne pas évo­ quer ici le nom de saint Ambroise, avec celui du poète, Prudence, et sans doute de l’évêque de Poitiers Fortunat. Mais à mesure que s’élargissent les frontières de l’empire où pénètrent en Occident les barbares, la langue latine devient de plus en plus inintelligible aux races qui s’ouvrent, pourtant à la foi du Christ. Et le cantique populaire reprend en langue vulgaire, son office de catéchiste : il enseigne et il émeut ces rudes âmes. Ceux qui se sont attardés à étudier les origines des lit­ tératures modernes européennes: allemande, anglaise, espagnole, française et italienne, sans oublier la langue d’Oc, ont été surpris d’y rencontrer ces vieux poèmes religieux; poèmes chantés, qui sont d’authentiques cantiques populaires ; parfois assez frustes, quelques- uns, en Allemagne et en Provence surtout, sont d’une très belle venue. Et telle cantilène dont le développement donnera naissance au théâtre religieux reparaîtra ensuite en forme plus courte dans la chanson pieuse qui avance de pair avec les traductions des Psaumes et des hymnes en langue vulgaire. Tandis qu’ils fleurissent à travers tout le moyen âge, le latin, langue des clercs, se prête à d’autres -cantiques infiniment plus nuancés, vrais cantiques spirituels qu’on inscrira sous le nom de saint Bernard ou de tel autre grand saint. D’ailleurs nous en con­ naissons signés d’Adam de Saint-Victor, de saint Tho­ mas d’Aquin, ou de Jacopone de Todi. Ill CANTIQUE SPIRITUEL 112 On le voit la séparation se creuse entre le cantique populaire et le cantique spirituel, mais cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas échange de l’un à l’autre. 2. Du xvie s iè c l e a n o s jo u r s. — Nous avons trouvé le cantique populaire un peu partout en Occident. Voici qui va lui donner un regain de vie. C’est le moment où l’on se reprend à traduire les psaumes en vers. Traduction souvent assez libre sans doute ; et parfois aussi le Psaume ne sera bientôt qu’un prétexte à prendre son élan, comme dans tel cantique de Luther. Mais dans le trouble de cet âge qui s’amorce avec la Renaissance, et verra le Protestantisme, le can­ tique se fera prédicateur. L’hérésie l’utilise fort; mais aussi le catholicisme, comme on l’avait déjà vu à l’àge précédent avec le cordelier Tisserand; ainsi fera plus tard le breton Michel Le Nobletz (f 1652). Examinons de près ce xvie siècle. Le cantique spiri­ tuel éclate en splendeur avec une sainte Thérèse et un saint Jean de la Croix. C’est le chant mystique de l’âme plus que le chant populaire que l’on entend quoiqu’il s’exprime en langue vulgaire. Il chante pour Dieu, mais il dit les intimités divines et les mérveilles opérées par l’action de l’Hôte divin dans l’âme. Aussi ces strophes inspirées iront-elles à éveiller tout un monde mystérieux de pensées profondes, toute une théologie mystique. Le cantique populaire qui s’adapte aux besoins de, cette époque troublée se révélera comme une prière comme une affirmation de foi, comme une défense aussi, et comme un enseignement; là surtout où la lutte religieuse a été vive. Mais tandis que les protes­ tants se. tiennent plutôt aux psaumes qu’ils traduisent, en France comme en Angleterre et en Allemagne, les catholiques se laissent emporter à leur élan de chanter toute l’étendue de leur foi. Ils se montrent fidèles en cela à la uploads/Religion/ dictionnaire-de-spiritualite.pdf

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  • Publié le Aoû 17, 2021
  • Catégorie Religion
  • Langue French
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