HISTOIRE DE LA LITURGIE COPTE EVOLUTION HISTORIQUE DU RITE ET DE LA PRATIQUE DU
HISTOIRE DE LA LITURGIE COPTE EVOLUTION HISTORIQUE DU RITE ET DE LA PRATIQUE DU BAPTEME DANS L'EGLISE COPTE ORTHODOXE D'ALEXANDRIE par Waheed Hassab Alla fJé en 1952 à Zagazig (Egyple), W. Hassab kl)a à d'abord fait des études au Caire, où il a obtenu en 7 975 la licence de théologie de la Faculté de Théologie Copte Onhodoxe. E n 1984, il a obtenu le grade de Docteur ès théologie de l'Université de Fribourg (Suisse} sur le thAme : Le baptême des enfants dans la tradition de Id'Eglise Copte dd'Alexandne (thèse publiée aux Editions Universitaires, Fribourg, Suisse, 7985). Il a egalement poursuivi des études sur l'histoire des relations internationales, des civilisations orientales et des sciences religieuses ainsi que des études de psychologie, pédagogie et sociologie à l'Université de Fribourg. Actuellement, il enseigne l'arabe, donne des cours de religion et des cours de civilisation arabe profane, chrdtienne et islamique à l'université populaire de Fribourg. Parler de I'EAU dans un contexte chretien, c'est se pencher tout de suite vers le mystere du bapteme. On ne saurait pourtant parler du bap- teme dans I'Eglise Copte sans bvoquer toute I'initiation chretienne, qui comporte insepara- blement bapteme, confirmation et eucharistie. Dans la pratique de I'Eglise Copte Orthodoxe, en effet, depuis ledébut, ces trois mysteres sont indivisibles au point qu'ils sont conferes d'un meme mouvement aux petits enfants, contraire- ment à la pratique de I'Eglise Catholique romaine, qui les fait donner à differents âges, du moins lorsqu'il s'agit d'enfants. Le mystere du baptême est fait de deux réalités intimement liees : I'EAU et l'ESPRIT. II est impossible de parler de l'un sans penser à l'autre. C'est ainsi que chaque fois qu'un Pbre de I'Eglise parle de l'eau du baptème, ou du baptéme de l'Esprit. il faut toujours inclure I'autre, même s'il ne le nomme pas expresse- ment. Nous ne pouvons pas parler de ce mystére en une seule fois. Aujourd'hui nous nous pen- cherons sur la question de l'évolution historique du rite et de la pratique du bapteme dans I'Eglise Copte. Dans un prochain article, nous parlerons du lien entre Eau et Esprit dans la théologie bap- tismale des Peres alexandrins et coptes. Enfin, nous aborderons la question du rapport entre le bapteme, la confirmation, l'eucharistie et la foi, question liée à la polémique pédobaptisrnale. EVOLUTION HISTORIQUE D'aprBs les Actes des Apbtres, le premier schema de I'initiation chrétienne a H é etabli par Saint Pierre le jour de la Pentecote. L'initiation chretienne commence par la catechése ou l'instruction chretienne, qui pré- sente l'œuvre de salut de Jesus-Christ, son his- toire et sa doctrine. Cette catéchkse est en meme temps un appel A la penitence pour rece- voir le salut (Ac.2, 14-40). L'initiation chretienne se poursuit par l'étape suivante, qui est lecentre du christianisme : l'incorporation du nouveau membre à la communaute ecclésiale par le rite du baptême et l'acceptation du don de I'Esprit- Saint (Ac.2,38-41). Ensuite, c'est la communion à la nourriture spirituelle, corps et sang de Jésus-Christ, comme participation t~ la vie &ter- nelle (Ac. 2 4 2 ; Jn. 6 , 50-51). Enfin, la continuite chretienne se poursuit dans l'enseignement du Christ transmis aux apbtres (Ac. 2, 42). Tel est le rite de I'initiation chretienne, dans une forme simple qui Atait adaptee aux circonstances de la fondation de I'Eglise. II serait inexact de pre- tendre que le rite de I'initiation chretienne dans sa forme actuelle est le meme que celui de I'epoque des apotres : il y a eu une &volution, cela est certain. Nous allons voir toutefois que cette évolution n'a pas altéré la structure essen- tielle du bapteme. Regardons donc maintenant les grandes étapes du développement de ce rite, en nous appuyant pour cela sur quelques sources litté- raires fondamentales. 1 - La Tradition Apostolique d'Hippolyte de Rome II est encore difficile de fixer avec certitude I'origine de cette œuvre, ainsi que l'origine et la personnalite de son auteur : il n'existe en effet que des traductions du texte original, dont il ne reste que des fragments'. Quant a la date de sa composition, elle se situerait dans la premiere moitié du llle siecle, à Flome2. Cet ouvrage a une importance particuliére pour l'histoire de la liturgie baptismale ; il n'a pourtant M aucun caractere officiel, au sens strict du mot n3, mais son interet vient de ce qu'il présente une parenté trés étroite avec la Consti- tution de I'Eglise Egyptienne, ch. XII-xVI4. La Constitution de I'Eglise Egyptienne est un recueil canonique de I'Eglise d'Alexandrie, qui traitait les memes sujets que les Canons apos- toliques et le Vllle livre des Constitutions apos- toliques : organisation de I'Eglise et pratique sacramentaire. Selon l'opinion de la critique moderne (Schwartz et Cannally), la Constitution de I'Eglise Egyptienne serait « l'écrit dont dérivent tous les autres : les constitutions apostoliques, le Testament de Notre Seigneur, la Tradition apostolique d'liippofyte M. Ce recueil est donc considéré comme antérieur au Ive siecle. La Constitution de I'Eglise égyptienne n'est autre que la tradition apostolique que I'on croyait per- due.5. On comprend alors que le rapprochement entre ces deux textes : la Constitution de I'Eglise Egyptienne, et la Tradition Apostolique d'Hip- polyte de Rome, qui comportent presque les mêmes éléments de la liturgie baptismale, nous aide à connaître l'influence mutuelle entre les Eglises au commencement du Christianisme et leur origine commune. L'eveque Macaire (Xe siécle) signale, dans sa lettre6, que les catéchuménes reçoivent I'en- seignement chrétien pendant trois ans, ce que nous retrouvons dans la Tradition Apostolique7 comme dans la Constitution de I'Eg11se Egyp- tienne8. II faut préciser que les priéres concer- nant les catéchumènes ont été séparées autre- fois de la liturgie baptismale pour etre ratta- chées A la liturgie eucharistique. Elles existent encore dans I'Eglise Copte, mais elles reprb- sentent une étape qui précède le baptemeg. II faut comparer cela avec les chapitres XIV et XV de la Cons. Egypt. et XIX-XX de la Trad. Apost. Comparaison du rite du baptême de la Trad. Apost. avec le rite actuel : Nous n'avons pas l'intention d'étudier ici l'évolution de la liturgie baptismale dans tous ses détails, mais seulement dans ses grandes lignes. 1. La priere sur l'eau, qu'on appelle aussi priére de consécration ou de sanctification de I'eau, est attestée aussi bien dans la Trad. Apost. ch. XXlO, que dans la Const. Egypt. ; ni l'un ni l'autre de ces documents ne donne le texte de cette priére. Toutefois, ce qui est important pour nous, c'est ce double témoignage de l'existence d'une priére pour consacrer I'eau du baptéme comme dans le rite actuel. II est difficile de dire si le texte de cette priére était le meme que celui de l'Eu- chologe de Sérapion de Thmuis (Ive siécle, voir ci-dessous, II)' ' . 2. La deposition des vêtements. Ce rite est égale- ment attesté dans nos documents anciens ; il est toujours en usage. 3. La participation des enfants au baptême. Le ch. XXI de la Trad. Apost. contient une allusion pré- cieuse qui confirme la participation des enfants au bapteme : c'est en effet les enfants qui sont baptises en premier. Le texte montre également que les parents jouaient le rdle de parrains en répondant à la place de leurs enfants pendant la renonciation à Satan et la profession de foi en Jasus-Christ. Le meme texte, du llle siecle vient aussi confirmer ce que dit Origene de la structure du bapteme (< avec ses formules, sesgestes, ses cérémonies, ses questions et ses réponses ... ),l2 4. L'utilisation de I'huile. La Trad. Apost. et la Const. Egypt. évoquent deux sortes d'huile : la premiére est I'huile d'action de grace et la deuxiéme est I'huile d'exor~isme'~. C'est après la renonciation A Satan et avant le baptême que I'on oint les catéchumenes avec I'huile d'exor- cisme. Dans le texte liturgique actuel, il y a en plus I'huile des catéchuménes, qu'on appelle aussi I'huile simple, et qu'on ne trouve pas encore dans la Trad. Apost. Donc, dans le rite copte actuel, il y a trois onctions : - la premiére, avec I'huile des catéchumènes, avant la renonciation Satan ; -la deuxième, avec I'huile de l'exorcisme, apres la renonciation à Satan et la profession de foi ; - la troisiéme, avec le Saint Chrême ou huile d'action de grace (d'aprés la Trad. Apost.), après le bapteme et juste avant I'impostion des mains. L'imposition des mains a toujours lieu dans le rite de l'initiation chrétienne : dans la liturgie actuelle, le pretre souffle et impose les mains pendant I'onction du Saint Chreme14. 5. Communion et baiser de paix. Enfin vient le moment ou les nouveaux baptisés participent à la nourriture spirituelle et échangent le baiser de paix avec les autres membres du corps du Christt5. La question qui se pose maintenant est celle-ci : quelles sont les prieres que la Trad. Apost. mentionne, sans en donner les formules ? II est malaisé d'y répondre, car à l'époque ou écrit Hippolyte, on improvise encore librement les formules liturgiques sur des schémas tradi- tionnels. mi" Cette brève comparaison de la Trad. Apost. et de la Const. uploads/Religion/ dr-waheed-hassab-alla-evolution-historique-du-rite-et-de-la-pratique-du-bapteme-dans-l-x27-eglise-copte-orthodoxe-d-x27-alexandrie.pdf
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- Publié le Apv 07, 2022
- Catégorie Religion
- Langue French
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