EDMOND JACOB RAS S HAMRA ET L’A N C IEN TESTAMENT DELACHAUX & N1ESTLÉ R A S S H

EDMOND JACOB RAS S HAMRA ET L’A N C IEN TESTAMENT DELACHAUX & N1ESTLÉ R A S S H A M R A -U G A R IT E T L ’ A N C IE N T E S T A M E N T C A H I E R S D 'A R C H É O L O G I E B I B L I Q U E sous la direction d’ANDRÉ Parrot Découverte des m on des ensevelis. Volume introductif à la collection. Déluge et Arche de Noé. La Tour de Babel. Ninive et VAncien Testam ent. Les routes de Saint-Paul dans VOrient grec (H. M etzger). Le Tem ple de Jérusalem. Golgotha et Saint-Sépulcre. Samarie, capitale du Royaume d'Israël. Baby lon e et l'Ancien Testam ent. Le M usée du Louvre et la Bible. Sur la pierre et l'argile. Inscriptions hébraïques et Ancien Testament. (H. M ichaud) L'Egypte et la Bible (P. M ontet). Sur la couverture: Ivoire de Minet el-beida à influence mycénienne représentant une déesse de la fécondité, d’après Ugar. I, pi. I C A H I E R S D ' A R C H É O L O G I E B I B L I Q U E N° 12 E D M O N D JA C O B Professeur 1 l’Université de Strasbourg RAS SHAMRA-UGARIT ET L’ANCIEN TESTAMENT É D I T I O N S D E L A C H A U X E T N I E S T L É N e u c h â t e l ( S u is s e) Diffusion en France: Delachaux et N iestlé, 32 rue de G renelle, Paris vii® Tous droits réservés pour tous pays y compris TU .R.S.S. © Delachaux & Niestlé s. A., Neuchâtel (Switzerland), i960 AVANT-PROPOS Ras Shamra-Ugarit et l’Ancien Testament. Le rapproche­ ment de ces deux termes ne dit rien au lecteur de la Bible, car, contrairement à tant d’autres pays et cités antiques, Ugarit ne se trouve jamais mentionnée par les auteurs bibliques. Une vue sur la carte montre d’autre part qu’Ugarit ne se trouvait pas dans l’horizon immédiat d’Israël et il est improbable qu’il y ait jamais eu entre les deux des relations d’ordre mili­ taire ou commercial. Et pourtant, le problème des rapports se pose ; il a suscité une ample littérature et plusieurs savants y consacrent la plus grande partie de leurs recherches. Ras Shamra-Ugarit, c’est en effet pour nous une littérature prin­ cipalement d’ordre religieux qui mérite d’être mise en paral­ lèle avec la littérature israélite consignée dans . l’Ancien Testament. Alors que dans la Bible nous voyons se dérouler la « geste » de Yahweh, nous assistons à Ugarit à la geste d’autres dieux qui étaient ceux ou du moins très semblables à ceux qu’adoraient les habitants de Canaan dont les Israélites ont pris la succession sur le sol de la Palestine. Tout lecteur de l’Ancien Testament sait à quel point la loi et les prophètes s’opposent aux pratiques de la religion de Canaan rejetées comme magiques et immorales; l’étude attentive des textes 6 RAS SHAMRA-UGARIT ET L’ANCIEN TESTAMENT amènera à nuancer quelque peu les affirmations des auteurs bibliques qui ne pouvaient pas avoir devant cette religion l’attitude objective et sereine de l’historien; elle oblige à constater que parfois Israël s’est mis à l’école de Canaan et en a recueilli l’héritage 1 ; mais elle arrive surtout à mettre en relief par contraste la supériorité de la religion d’Israël et du Dieu révélé à Moïse en face duquel tous les autres dieux étaient appelés à disparaître. La lutte de Dieu contre tous ceux qui essaient de contester sa royauté est un des messages les plus dramatiques et les plus puissants de la Bible ; la confron­ tation de Ras Shamra et de l’Ancien Testament nous en fait saisir quelques aspects. Le problème des relations entre Ras Shamra et l’Ancien Testament a déjà souvent été traité 2. L ’ouvrage synthé­ tique de René Dussaud et les deux forts volumes plus analy­ tiques de R. de Langhe, pour ne citer que les ouvrages en français, montrent à la fois l’intérêt et la complexité du problème. Depuis, l’augmentation des documents et leur interprétation diverse n’a cessé de susciter de nombreuses études de détail réparties dans plusieurs revues. Dans les limites et le but qui nous étaient assignés, il nous a été impossible d’entrer dans le détail de ces discussions; aussi avons-nous conscience de n’avoir échappé ni à des généralisations, ni à des simpli­ fications, qui pourront paraître tantôt prématurées tantôt dépassées. Ce livre n’apprendra rien aux spécialistes des textes ugaritiques; qu’ils sachent cependant combien leurs travaux — nous pensons particulièrement à ceux de Schæffer, 1 L e terme a été employé par J. G ray dans son ouvrage consacré aux rela­ tions de l’Ancien Testament avec les textes d’Ugarit: The Legacy o f Canaan (Suppl. Vêtus Testamentum V, Leiden 1957). 2 Les découvertes de Ras Shamra (Ugarit) et VAncien Testament (ire édition I937» 2<î édition revue 1941), Paris, Geuthner. Les textes de Ras Shamra-Ugarit et leurs rapports avec le milieu biblique de VAncien Testament, 2 vol. Paris, Gembloux, 1945. 8 RAS SHAMRA-UGARIT ET L’ANCIEN TESTAMENT Virolleaud, Dhorme, Driver, Eissfeldt, Gaster, Gray — nous ont été utiles; il s’adresse aux seuls lecteurs de l’Ancien Testament pour leur présenter un nouvel aspect de l’enra­ cinement de celui-ci dans l’histoire et la pensée de l’Ancien Orient. P R E M I È R E P A R T I E Les découvertes de Ras Shamra C h a p it r e p r e m ie r APERÇU SOMMAIRE SUR L ’H ISTO IRE DES DÉCOUVERTES Comme ce fut le cas pour d’autres découvertes, c’est le hasard qui a été à l’origine de celles d’Ugarit. Au printemps de 1928, à 12 kilomètres au nord de Lattaquié, capitale de ce qui était alors l’Etat des Alaouites, l’ancienne Laodicea ad marey dans une crique appelée Minet el-beida (pl. 1 b\ le Port blanc où se retrouve le A sukoç A iuqv des anciens, un indigène en labourant son champ heurte avec le soc de sa charrue une pierre qui n’était autre qu’un fragment de voûte d’une cons­ truction funéraire d’où furent extraits d’abondants matériaux céramiques qui permirent aussitôt de situer les découvertes dans la chronologie. L ’intérêt de la première découverte et la présence de fragments de céramique sur le tell voisin de Ras Sbamra (cap du fenouil) distant d’un kilomètre environ firent saisir l’importance d’une exploration systématique du site. Sur l’initiative de M. René Dussaud, une campagne fut entreprise et la direction confiée à M. Cl. A Schaeffer, alors conservateur des antiquités préhistoriques et gallo-romaines du musée de Strasbourg, qui s’adjoignit le concours d’un archéologue argonnais, M. G. Chenet (pl. 11). Depuis trente ans M. Schaeffer n’a cessé de diriger les fouilles, et le site est encore loin d’avoir livré tous ses secrets. C’est à ses chroniques de 12 LES DÉCOUVERTES DE RAS SHAMRA la revue Syria ainsi qu’à ses trois volumes d'Ugaritica qu’il faut se reporter pour suivre l’évolution si passionnante des découvertes; l’on se rendra aisément compte à quel point son labeur méthodique, patient et courageux mérite la recon­ naissance de tous ceux qui, à des titres peut-être divers, s’intéressent à l’histoire ancienne de l’Orient. Dans l’espoir d’inviter nos lecteurs à se reporter aux sources d’information signalées, nous ne mentionnerons ici que quelques-unes des découvertes les plus importantes pour l’aspect que nous nous proposons d’étudier ici. En 1929 furent dégagées sur le tell principal qui porte le nom de Ras Shamra, les fondations d’un temple qui devait bientôt s’avérer être voué au culte de Baal, et à l’est de celui-ci, dans un endroit qui méritera chaque année davan­ tage le nom de « Bibliothèque », furent mises au jour, dépo­ sées par petits paquets, plusieurs tablettes de terre cuite recouvertes d’une écriture cunéiforme \ Désormais ces tablettes devaient se trouver au centre des recherches sur le site même et dans les milieux scientifiques qui exploitèrent les pre­ mières trouvailles. Toutefois le dégagement méthodique du site fut continué; le temple de Baal put en partie être reconstitué avec ses deux cours rectangulaires, la plus grande ayant en son milieu un autel à degrés et à la périphérie des chambres pour le personnel et les objets sacrés. Dans les sanctuaires, les statues des divinités avaient tout norma­ lement leur place et plusieurs fragments furent mis au jour. A 52 mètres au sud-est du temple de Baal les fouilles mirent au jour un deuxième temple dont le plan était ana­ logue à celui du premier et qui, ainsi qu’en font foi deux stèles dédiées à son nom, était consacré au dieu Dagan. Au pied du tell se trouvait une autre nécropole comprenant des 1 1 On lira avec intérêt le récit de la découverte de la « Première tablette » par M . S chaeffer dans Syria, 1956, p. 161 ss (numéro spécial offert à M . Ch. Virolleaud). uploads/Religion/ edmond-jacob-ras-shamra-et-l-x27-ancien-testament.pdf

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  • Publié le Mai 05, 2021
  • Catégorie Religion
  • Langue French
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