EXPLICATION DES PRIÈRES ET DES CÉRÉMONIES DE LA SAINTE MESSE d’après des notes

EXPLICATION DES PRIÈRES ET DES CÉRÉMONIES DE LA SAINTE MESSE d’après des notes recueillies aux Conferences de Dom Prosper Gueranger, abbé de Solesmes Seconde édition Solesmes Imprimerie Saint-Pierre (Sarthe) 1885 AVANT-PROPOS DE LA PREMIERE ÉDITION Le grand Évêque de Poitiers, Monseigneur Pie, dans l’Oraison funèbre de notre Père Dom Guéranger, nous avait dit : « Vous étiez assis, mes Pères, à une table royale, où les mets les plus délicats et les plus variés vous étaient servis quotidiennement ; ces Conférences sur la Vie et les Vertus Chrétiennes, cette incomparable explication de votre Règle, que des notes intelligentes vous ont conservées, vous n’avez pas le droit de les garder pour vous seuls. » Malgré une invitation si pressante, de la part d’un juge aussi compétent, l’ami dévoué de notre Père, nous avons longtemps hésité à livrer au public ce trésor de famille. Il nous semblait que ces notes ne pouvaient convenir qu’à des fils saintement avides des enseignements paternels, et que ne rebuteraient jamais ni la simplicité de la forme, ni l’incorrection du langage. Mais de nombreux amis, lecteurs assidus de l’Année liturgique de Dom Guéranger, par leurs demandes très instantes ont dissipé nos craintes. Ils savent qu’ils ne retrouveront pas l’éminent écrivain, dans des notes souvent prises à la dérobée, rédigées à la hâte, et dont les incorrections et les inexactitudes ne peuvent être imputées qu’à des copistes plus ou moins fidèles. Mais ils ont confiance d’y retrouver toujours le docteur et le père qui, dans l’intimité avec ses amis comme avec ses moines, distribuait largement la doctrine sûre et lumineuse qui mène les dures à Dieu. Nous commençons cette publication par un petit commentaire des cérémonies de la sainte Messe, bien qu’il soit sur plusieurs points très incomplet, et, comme toutes les conférences de notre Père, sans aucun appareil de science. Nous ne nous permettons pas d’y rien changer ou ajouter. Telles qu’elles sont, ces notes nous ont paru de nature à faire un bien sérieux. Pour les rendre d’une utilité plus pratique, nous avons donné en Appendice tout l’Ordinaire de la Messe, mettant en regard la paraphrase que Dom Guéranger en a faite dans son Année liturgique. Les fidèles trouveront ainsi dans ce petit ouvrage le moyen de s’unir au Prêtre d’une manière intelligente, d’assister avec fruit au saint Sacrifice de la Messe. L’accueil qui sera fait à ce commencement de publicité, nous fera jugez de l’opportunité qu’il peut y avoir à continuer le recueil de ces notes. EXPLICATION DE LA MESSE L’ordinaire de la Messe, Ordo Missae, est l’ensemble des rubriques et des prières servant à la célébration de la Messe et dont la disposition ne change pas, malgré la variété des fêtes célébrées par l’Église. On ne saurait avoir une idée complète des cérémonies de la Messe, qu’en se reportant à la Messe solennelle, Missa solemnis, ou Grand’Messe, type de toutes les autres. On aurait sujet, en effet, de se demander, par exemple, pourquoi le Prêtre s’en va dire l’Épître à un côté de l’autel, l’Évangile à l’autre, plutôt que de rester au milieu. Cela n’a pas trait au Sacrifice, et ne fait que rappeler ce qui se pratique dans la Messe solennelle : le Diacre lisant l’Évangile à gauche, le Sous-Diacre lisant l’Épître à droite, comme nous l’expliquerons plus loin. Le Prêtre remplissant seul les fonctions exercées par le Diacre et le Sous-Diacre va successivement à la place que ceux-ci occupent à la Messe solennelle. II faut donc souvent chercher dans la Messe solennelle les raisons qui font agir le Prêtre qui dit une Messe basse. Le Sacrifice de la Messe est le Sacrifice de la Croix ; nous y devons voir Notre Seigneur cloué à la Croix, et offrant son sang, pour nos péchés, à Dieu son Père. Toutefois on ne saurait absolument trouver dans les différentes parties de la Messe les diverses circonstances de la Passion de Notre Seigneur, ainsi qu’ont voulu le faire certains auteurs traitant de méthodes pour assister à la Messe. Le Prêtre sort de la sacristie et se rend à l’autel pour offrir le saint Sacrifice. Il est, dit la rubrique, paratus, c’est-à-dire revêtu des parements sacrés, ou ornements propres à la célébration de la sainte Messe. Arrivé devant l’autel, il y fait la révérence due, c’est-à-dire que, si le Saint-Sacrement s’y trouve, il fait la génuflexion ; s’il n’y est pas, il se contente d’une profonde inclination ; voilà pourquoi la rubrique porte ces mots : debita reverentia. PSAUME JUDICA Ayant fait le signe de la Croix, il dit l’Antienne : Introibo ad altare Dei, précédant le Psaume XLII. Cette Antienne est toujours doublée. Ensuite il commence le Psaume : Judica me, Deus. qu’il dit en entier, alternativement avec les ministres. Ce Psaume a été choisi à cause du verset : Introibo ad altare Dei, je m’approcherai de l’autel de Dieu ; il est très convenable pour ouvrir le saint Sacrifice. Du reste, la sainte Église choisit toujours les Psaumes à cause d’un verset qui a trait à ce qu’elle fait ou à ce qu’elle veut exprimer. Celui-ci ne s’est pas toujours trouvé au Missel : son usage a été établi par saint Pie V, en 1568. En entendant le Prêtre dire ce Psaume, et dès le premier verset : ab homine iniquo et doloso erue me, délivrez-moi de l’homme inique et trompeur, on comprend qu’il représente Notre Seigneur lui-même et qu’il parle en son nom. Le verset qui sert d’Antienne, nous prouve que David était encore jeune lorsqu’il composa ce chant à la gloire du Seigneur ; car, disant qu’il s’avance vers l’autel de son Dieu, il ajoute : Ad Deum qui laetificat juventutem meam, vers le Dieu qui est le bonheur de ma jeunesse. Il s’étonne ensuite du trouble qui survient dans son âme ; mais il se rassure bientôt, espérant en son Dieu, et c’est pour cela que son chant est plein d’allégresse. La sainte Église ne veut donc pas qu’on dise ce Psaume aux Messes des Morts, parce que nous venons supplier pour le soulagement d’une âme dont le départ nous laisse dans l’inquiétude et le deuil. De même au temps de la Passion, pendant lequel la sainte Église est tout occupée des souffrances de son Époux, et ne pense pas à se réjouir. Ce Psaume ouvre bien la Messe en ce qu’il y est question de Notre Seigneur qui va venir. Qui donc devait être envoyé aux Nations, sinon Celui qui est Lumière et Vérité ? David le savait ; aussi s’écriait-il : Emitle lucem tuam et veritatem tuam. Avec lui nous le répétons, et nous aussi disons à Dieu : Envoyez-nous Celui qui est Lumière et Vérité. Le Psaume étant terminé par le Gloria Patri , et l’Antienne répétée, le Prêtre demande le secours du Seigneur, en disant : Adjutorium nostrum in nomine Domini ; on lui répond : Qui fecil coelum et terram. Dans le Psaume qui a précédé, le Prêtre a exprimé un grand désir de posséder Notre Seigneur, Lumière et Vérité ; mais quand il réfléchit à la rencontre qui va se faire de l’homme pécheur avec Dieu, il sent le besoin d’être soutenu. Dieu a voulu cette rencontre, c’est vrai, et il a établi qu’elle serait dans l’ordre ; malgré cela, l’homme sent et comprend son néant et son indignité. Il va s’humilier, et se reconnaître pécheur ; et, pour se rassurer, il commence par le signe de la Croix, demandant le secours du Seigneur, et s’apprêtant à faire la confession de ses fautes. CONFITEOR La sainte Église emploie ici la formule de confession qu’elle a créée et qui peut remonter au 8e siècle. Il n’est pas permis d’y rien ajouter ni retrancher. Elle jouit de cette prérogative de tous les sacramentaux : que sa récitation apporte la rémission des péchés véniels dont on a la contrition. Dieu, dans sa bonté, a voulu que d’autres moyens que le sacrement de Pénitence pussent effacer les péchés véniels, et il a pour cela inspiré à son Église l’usage des sacramentaux. Le Prêtre commence donc la confession il s’accuse d’abord devant Dieu. Mais il semble dire : Non-seulement je veux me confesser à Dieu, mais enclore à tout ce qui est Saint, afin que tous ceux auxquels je me confessa, demandent pardon pour moi et avec moi. Aussi se hâte-t-il d’ajouter : Je me confesse à la bienheureuse Marie toujours Vierge. Sans doute il n’a pas offensé la Sainte Vierge, mais il a péché devant elle, et cette pensée lui suffit pour motiver la confession qu’il lui fait aussi. II passe ensuite à l’archange saint Michel, si grand et si puissant, préposé à la garde de nos âmes, principalement au moment de la mort. II se confesse également à saint Jean-Baptiste, que Notre Seigneur a tant aimé et qui fut son Précurseur ; puis à saint Pierre et à saint Paul, les princes des Apôtres. Certains Ordres religieux ont obtenu d’ajouter le nom de leur Père ou instituteur de leur Ordre. C’est ainsi que nous Bénédictins ajoutons saint Benoît ; uploads/Religion/ gueranger-dom-p-explication-des-prieres-et-des-ceremonies-de-la-sainte-messe.pdf

  • 29
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager
  • Détails
  • Publié le Apv 10, 2021
  • Catégorie Religion
  • Langue French
  • Taille du fichier 0.7968MB