« Mon opinion est que tout homme sent, en quelque façon, la vérité de la religi
« Mon opinion est que tout homme sent, en quelque façon, la vérité de la religion dans son propre cœur; et que par le sentiment intime de sa faiblesse et de sa misère plutôt que par aucun raisonnement, il est conduit à recourir à la perfection de cet être dont il dépend, ainsi que toute la nature. Les plus brillantes scènes de la vie sont obscurcies par les nuages de tant d'inquiétudes et d'ennuis, que l'avenir est toujours l'objet de nos craintes et de nos espérances. Nous regardons devant nous et nous tâchons, à force de prières, d'hommages et de sacrifices, d'apaiser ces puissances inconnues que nous savons, par expérience, être si fort en état de nous affliger et de nous accabler. Pauvres créatures que nous sommes! Quelle ressource aurions-nous au milieu des maux innombrables de la vie, si la religion ne nous fournissait quelques moyens expiatoires et ne calmait ces terreurs qui nous troubles et nous tourmentent sans cesse ? […] La meilleure et sans doute la seule méthode d’inspirer à chacun le respect dû à la religion, est de faire des peintures fidèles de la misère et de la perversité des hommes. Aussi le don de l’éloquence et le talent de peindre par des images fortes sont-ils plus nécessaires pour cela que la science de raisonner et d’argumenter. Car est- il nécessaire de prouver ce que chacun sent en soi-même ? Il faut seulement, s’il est possible, nous le faire sentir d’une manière plus vive et plus intime. » David Hume, Dialogues sur la religion naturelle, 1779 Explication de texte de Hume sur la religion Le Jugement dernier peint par Michel Ange représente le Christ jugeant chaque homme et choisissant qui ira au paradis et qui ira en enfer. Cet ouvrage peint dans la Chapelle Sixtine rappelle aux hommes l’importance du respect des règles religieuses. Or David Hume dans Dialogues sur la religion naturelle défend l’idée que la religion est avant tout une croyance qui ne se démontre pas et qui rassure les hommes. Si la religion est à la fois une institution rassemblant la communauté des croyants autour de pratiques et de dogmes et aussi l’ensemble des croyances envers une puissance transcendante, alors l’homme est-il condamné à ne pas pouvoir démontrer sa foi. Tout d’abord nous verrons comment Hume rappelle l’idée que la croyance religieuse est un sentiment et non prouvé par un raisonnement (l 1-3). Puis, Hume décrit les souffrances des hommes face à la peur de l’avenir et de la mort (3-9). Enfin, il démontre que la religion tient sa force de l’angoisse des hommes grâce à son art de la persuasion. Premièrement, la croyance religieuse est un sentiment et non un raisonnement selon Hume, d’où l’expression « Mon opinion » (l 1). Ce terme suggère l’idée que c’est une pensée personnelle et non une vérité universelle. Il pense que « tout homme sent…la vérité de la religion dans son propre cœur » cela suppose que la croyance religieuse est un ressenti individuel, subjectif qui n’a pas besoin d’être démontré pour exister. La foi est donc un assentiment volontaire qui ne doute pas de l’existence de Dieu. Le croyant n’utilise donc pas sa raison pour croire en Dieu mais écoute son cœur comme si Dieu lui parlait intérieurement. D’où la phrase de Pascal dans Les Pensées : « Le cœur a ses raisons que la raison ignore »qui remet en question l’attitude de Descartes cherchant à démontrer l’existence de Dieu par les preuves anthologiques. Pour Hume, l’homme ayant pris conscience « de sa faiblesse et de sa misère » a besoin de la religion pour se consoler de son état. En effet, l’homme paraît faible car il est fragile et mortel et il est misérable car il a conscience de ses limites dans le temps et dans l’espace. Cette angoisse de la mort se retrouve exprimée à travers Les Vanités rappelant à l’hommequ’il est soumis au temps. Aussi, l’idée de Dieu comme être parfait et supérieur à lui le rassure car il se sent protégé par cet être supérieur. Dieu apparaît parfait car il est défini comme infini et immortel. L’homme l’admire donc et cherche à l’atteindre comme on le voit dans le plafond de la Chapelle Sixtine quand Adam tend son doigt vers la main de Dieu. Ainsi, nous avons vu que Hume défendait l’idée que la croyance religieuse était plutôt le fruit d’un sentiment que d’une démonstration. Nous verrons alors comment il prouve que ce sentiment est surtout celui de la peur en l’avenir. Puis Hume décrit les souffrances des hommes afin d’expliquer leurs besoins de croire en une force supérieure. L’auteur dit que « l’avenir est toujours l’objet de nos craintes et de nos espérances » (l 4-5) car l’homme ne sait pas vivre l’instant présent et anticipe l’avenir de façon négative même s’il n’est pas encore connu. A la fois cet avenir est « objet de nos craintes » car il est lié à l’idée de la mort et la perte de ce que nous aimons et en même temps il est objet d’espérance car on souhaite que l’avenir soit meilleur que le présent. Cette peur de la fuite du temps ce sont les poètes qui l’ont le mieux exprimés à travers leurs vers comme Lamartine dans le poème Le lac où il pleure sur son amour disparu et sur le temps qui ne s’arrête jamais. Pascal évoque aussi cette crainte de la mort à travers l’image du « roseau pensant » qui montre que l’homme est blessé par l’angoisse de la mort. C’est pourquoi les hommes cherchent à « apaiser ces puissances inconnues » (l 6) « à force de prières, d’hommages et de sacrifices ». En effet, depuis l’antiquité, les hommes rendent hommage aux dieux à travers différents rituels pour apaiser leur colère ou avoir leur soutien. Ce système d’offrandes se retrouve dans toutes les civilisations allant du sacrifice humain à la prière afin d’entrer en communication directe avec les puissances invisibles qui gouvernent le monde. « Les moyens expiatoires » dont dispose la religion sont nombreux : par exemple la confession, la tragédie grecque et son effet cathartique, le sacrifice animal comme celui du bouc ou de l’agneau… Et permettent à l’homme selon Hume de calmer « ces terreurs qui nous trouble et nous tourmente sans cesse » on comprend ainsi que la religion a un impact psychologique sur l’homme puisqu’elle lui permet de canaliser ses souffrances comme le suggère Freud dans L’avenir d’une illusioncar les idées religieuses offrent des illusions positives comme la promesse de justice, d’immortalité ainsi que de savoir. Ainsi, Hume a dépeint les souffrances de l’homme et la solution apaisante que procure la religion. Nous verrons alors comment la religion utilise la persuasion et la peur des hommes pour se faire respecter. Enfin, la religion, repose sur des moyens de persuasions qui s’adressent directement aux émotions du croyant et non à sa raison. En effet, persuader n’est pas la même chose que convaincre. Pour convaincre on doit argumenter, démontrer pour établir la vérité alors que la persuasion repose sur l’art de plaire ou d’effrayer afin d’imposer une opinion. Ainsi, pour amener à croire la religion utilise « des peintures fidèles de la misère et de la perversité des hommes » (l 11-12). De ce fait, la représentation des sept péchés capitaux est très variée et importante dans le domaine artistique et architecturale. La religion repose donc sur la condamnation des hommes et la peur de l’enfer pour les amener à suivre les dogmes religieux. Ainsi, l’enfer et toujours décrit comme un lieu de souffrance et de torture dont on ne peut pas échapper et cela éveille en l’homme le besoin de croire afin d’être pardonner par Dieu. De même, dans l’ancien testament on rappelle que Dieu a punit Adam et Eve pour avoir désobéit à son ordre de ne pas toucher la pomme, objet de désir. Adam fut donc punit par le travail : « tu gagneras ton pain à la sueur de ton front ». En ce sens, ces « images fortes » semblent mieux agir sur les hommes que tous les raisonnements. Comme le dit Hume « est-il nécessaire de prouver ce que chacun sent en soi-même ? Car, même si croire est différent de savoir, puisque le savoir repose sur la démonstration de la vérité, la croyance qui est beaucoup plus subjective semble avoir plus de poids que les arguments. Ainsi, la religion à trouver le moyen d’exister longtemps auprès des hommes en devenant « l’Opium du peuple » comme le dit Marx, c’est-à-dire une illusion réconfortante face à la misère sociale. A travers ce texte, Hume s’est demandé comment la religion pouvait avoir plus de pouvoir sur l’homme en se passant de la raison. Il en a déduit que la foi ne se démontre pas mais apaise les homes face à leurs souffrances quotidiennes. La religion utilise aussi des moyens de persuasion pour rappeler aux hommes leur misère et leurs défauts et ainsi entretenir leurs peurs, tout en se proposant uploads/Religion/ hume-religion.pdf
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- Publié le Mar 19, 2021
- Catégorie Religion
- Langue French
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