Instructions aux Frères du Noviciat Dom Augustin de Lestrange maître des novice

Instructions aux Frères du Noviciat Dom Augustin de Lestrange maître des novices à La Trappe 1785 Archives de l’abbaye La Trappe cote 218/13 Transcription Tamié 1999 Instructions aux novices 2 Avis au lecteur Le RP dom Augustin de Lestrange composa ces Instructions à La Trappe avant son immigration à La Valsainte, pendant qu’il était Maître des Novices et à la prière de ceux-ci. Cet exemplaire a été copié sur l’original, écrit de la main même du RP Dom Augustin, et qui se trouve à présent à La Trappe d’Aiguebelle. Ainsi il est en toutes choses, tel qu’il est sorti d’abord de sa plume. Après qu’il eut repris l’observance de la Sainte Règle, avec les anciens usages de l’ordre de Cîteaux, d’une manière plus conforme à son premier esprit, il fut obligé de les retoucher pour les mettre en harmonie avec les pratiques de La Valsainte. Ainsi il en changea l’ordre et retrancha plusieurs choses. On les trouve selon cette nouvelle rédaction dans les autres manuscrits que nous en avons ici à la Grande Trappe. À la fin de cet exemplaire est une table de l’Ordre selon lequel les nouvelles rédactions ont été faites. On n’entreprend pas de faire l’éloge de la piété et du zèle du RP dom Augustin, ni de l’utilité de son travail. On se borne à dire : 1° que pour le connaître il faut lire sa vie, ou l’histoire de la Trappe avec les Règlements de la Valsainte qui le feront mieux connaître et apprécier que ce qu’on pourrait dire et qui méritent d’être lus, 2° Qu’une des choses les plus à craindre pour un religieux, c’est la routine, c’est-à-dire une facilité très grande presque inévitable où le conduit la vie monotone du cloître, à faire ses exercices, même les plus saints sans réflexion, sans attention, sans rapport actuel à Dieu, et souvent même sans le virtuel. Le rapport actuel, quoique très utile et toujours désirable, n’est pas à la vérité absolument nécessaire, mais le virtuel l’est de telle sorte que, sans lui, on perd le mérite de ses actions les plus saintes et les plus pénibles, ce qui est sans doute un très grand mal. Mais on tombera insensiblement et presque infailliblement dans cette funeste routine, si on ne prend des moyens convenables pour l’éviter. C’est à quoi tendent ces Instructions. On pourrait peut-être les trouver trop prolixes, et indiquant trop de choses à faire, mais cela même est un avantage, parce que chacun y trouve plus facilement ce qui lui convient mieux, et c’est à cela qu’on doit principalement s’attacher, sans vouloir tout faire, surtout au commencement. Il est même nécessaire pour en bien profiter, d’en faire un extrait auquel on s’attache avec soin et constance, jusqu’à ce que Dieu appelle à une vie plus élevée, à laquelle cependant tous n’arrivent pas. D’ailleurs les Ordres religieux ont en général quelques pratiques particulières pour leurs novices. Ainsi les RRPP Jésuites, par exemple, ont un directoire pour leurs novices qui est bien plus étendu, et qui entre dans un plus grand détail, jusqu’à déterminer, par exemple, la démarche, la portée des yeux qui ne doit être que de vingt pas devant soi, etc, etc… On trouve différentes pratiques dans les livres de piété, mais on ne doit s’attacher à aucune qui soit différentes de celles sous ces Instructions (du moins sans permission) car celles qu’on trouve ici ont l’avantage d’avoir été faites pour nous, et pour cela d’être plus appropriées à notre ordre. Ce qui y est dit de l’esprit intérieur est surtout très important, car nous sommes appelés à la vie intérieure par le fait seul de notre vocation à la vie religieuse, mais il n’y a pas de vie intérieure sans le recueillement, et l’occupation intérieure de l’esprit et du cœur à de bonnes pensées et à Notre Seigneur Jésus-Christ considéré dans les mystères de sa vie et de sa passion, ou à Dieu considéré en lui-même ou en ses attributs. Cependant cette dernière pratique, quoique excellente, n’est pas aussi profitable à tous, et même à plusieurs, si ce n’est pas plutôt le plus grand nombre s’y exercerait en vain, ou avec beaucoup moins de profit qu’à la considération de Instructions aux novices 3 notre Seigneur Jésus Christ qui est le degré par où nous devons nous élever à la contemplation de la Divinité. Que ce chapitre donc de la vie intérieure soit bien étudié, et qu’on s’y applique avec soin, sans contention toute fois, si on veut devenir intérieur, c’est-à-dire vraiment religieux. Le chapitre qui traite de l’office divin est aussi très important, car si on ne s’acquitte pas bien de ce saint exercice, on manque à la première obligation de son état, et quel désordre ! Mais on y tombera si on ne fait au moins plusieurs des choses qui sont indiquées dans ces Instructions. Conclusion – Ces Instructions ont pour but, nos chers frères, de former en vous l’extérieur et surtout l’intérieur d’un vrai religieux Trappiste, c’est-à-dire d’un saint. Elles vous conduiront comme par la main et sûrement à ce but désiré et infiniment précieux et capital. Suivez-les donc pas à pas et sans vous en écarter ni à gauche ni à droite. C’est à cette fidélité que Dieu attachera le succès. D’ailleurs elles vous sont données par l’autorité ; recevez-les de la main de l’obéissance, c’est-à-dire comme venant de Dieu même qui, de toute éternité, vous les a destinées pour faire de vous un élu conforme au dessein qu’il s’est proposé en vous créant. Avertissements Quoique nous ayons recommandé à nos Frères dans plusieurs endroits de ce recueil d’éviter tout ce qui pourrait ressentir la contention, nous croyons devoir encore les en prévenir d’une manière particulière. Nous les avertissons donc de ne point se livrer, en les lisant, à l’impatience de faire tout de suite tout ce qui est marqué. Ce n’est point l’ouvrage d’un jour ; ils se contenteront de le lire avec attention, mettant de petites marques aux endroits où ils croiront trouver des choses plus utiles pour eux se souvenant le soin et les dispositions présentes de leur âme. Mais avant d’en venir à la pratique, ils auront soin de consulter leur Père Maître, afin de n’aller que pas à pas et de ne rien entreprendre au-dessus de leurs forces et encore dans ce qu’on leur permettra de faire, auront-ils grand soin de ne le faire que de la manière suivante, c’est-à- dire : 1° En esprit de paix et de douceur, pour ne pas tomber dans le trouble ; 2° En esprit d’humilité et de confiance en Dieu, n’espérant point de réussir par leur industrie et leur application ou la bonne volonté qu’ils en sentiront, mais par la seule bénédiction que Dieu versera sur ce qu’ils pourront faire, laquelle ils espéreront aussi fermement que s’ils l’avaient déjà reçue : ainsi ils attendront tout de Dieu et rien d’eux-mêmes ; 3° En esprit d’une sainte liberté, ne désirant en cela que faire la volonté de Dieu, se tenant prêts à tout laisser dès qu’on saura que c’est sa volonté, ou que quelqu’autre chose lui sera plus agréable, fut-ce même tout le contraire de ce que l’on faisait ; 4° Enfin se mettant bien au large et cela en tout : a) Au large dans ce qui regarde l’esprit et l’imagination, ne s’épouvantant pas des folies qui nous passent par la tête, mais les méprisant et surtout ne se contraignant pas pour être attentif, ne se violentant jamais avec excès, mais revenant à soi et se tournant vers Dieu avec une grande douceur. b) Au large en ce qui regarde le cœur, ne désirant point de sentir les douceurs de la dévotion et ne faisant rien pour se les procurer, puisque Dieu seul doit les donner. c) Au large en ce qui regarde le corps, ne se raidissant pas pour trouver le recueillement, ne s’abattant point pour ressentir le sentiment d’humilité et de componction, ne se précipitant point pour pratiquer la ferveur, ne se comprimant point pour garder la modestie, mais agissant en tout avec un grand calme, une grande aisance et une très grande simplicité, c’est-à-dire en un mot, qu’il faut éviter avec le plus grand soin : 1- tout empressement, 2- toute présomption, 3- tout effort, 4- toute contrainte et toute gêne violente afin d’agir avec une grande solitude de cœur. Ce qui doit nous engager à agir de la sorte, c’est que : 1° C’est le chemin véritable de la perfection, celui qui lui est opposé n’y conduisant presque jamais ou qu’avec bien des difficultés. Ainsi c’est tout à la fois le chemin le plus assuré, le plus doux et le plus court. 2° C’est qu’on honore bien plus Dieu ; en le servant ainsi, on est plus conforme à sa divine volonté, plus selon son cœur, qui est un cœur de Père et à qui on ne plaît jamais autant que lorsqu’on se comporte envers lui avec la confiance d’un enfant. 3° Enfin, c’est qu’on édifie infiniment davantage le prochain, parce qu’on le porte uploads/Religion/ instructions-novices.pdf

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  • Publié le Apv 19, 2022
  • Catégorie Religion
  • Langue French
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