Raymond Janin Les églises byzantines des saints militaires (Constantinople et b
Raymond Janin Les églises byzantines des saints militaires (Constantinople et banlieue) (Suite) In: Échos d'Orient, 37e année, N°175, 1934. pp. 331-342. Citer ce document / Cite this document : Janin Raymond. Les églises byzantines des saints militaires (Constantinople et banlieue) (Suite) . In: Échos d'Orient, 37e année, N°175, 1934. pp. 331-342. http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_1146-9447_1934_num_33_175_2801 Les églises byzantines des saints militaires (Constantinople et banlieue) (Suite.) IL ÉGLISES SAINT-DÉMÉTRIUS Le célèbre martyr dont le tombeau attirait à Thessàlonique une foule de pèlerins venus du monde entier eut d'assez bonne heure plusieurs sanctuaires à Constantinople. Cependant, malgré la vénération dont ils l'entouraient, jamais les empereurs ne purent obtenir la moindre parcelle de ses reliques. Thessàlonique tenait jalousement à conserver le corps du martyr et ne consentait pas à en distraire la plus faible partie. Tout au plus la capitale put- elle se glorifier d'avoir ses vêtements, si l'on en croit le témoi gnage de Nicolas de Thingeyrar ( 1 167) (1). En 1393, le pèlerin russe Alexandre le Scribe vit également au monastère Saint-Jean- Baptiste de Studion « l'huile sainte du saint martyr Dmitri » (2), c'est-à-dire du baume que l'on recueillait à son tombeau. Malgré l'absence de reliques, le culte de saint Démétrius fut quand même très populaire à Constantinople, comme en témoigne le nombre des sanctuaires qui lui furent dédiés. 1. Saint-Démétrius έν τφ Δευτέρψ. Il semble que cette église soit la plus ancienne de la capitale qui ait été dédiée à saint Démétrius, puisque Basile le Macédonien (867-886) fut déjà obligé de la rebâtir (3). C'est là que l'on faisait solennellement là fête du Saint, le 26 octobre, au moins aux ixe et Xe siècles (4). Il se peut que l'église du Palais impérial ait sup planté plus tard celle du Deuteron et que cette dernière fût peu à peu délaissée. Aucun texte postérieur n'en parle et l'on ne sait ni quand ni comment elle disparut. Bien plus, il est à peu près imposs ible de déterminer son emplacement, car le. Deuteron comprenait probablement toute la partie de la ville contenue entre le mur de (1) Riant (comte), Exuviae sacrae constantinopolitanaé. Genève, 1878, t. II, p. 214. (2) Khitrowo, Itinéraires russes en Orient. Genève, 1889, p. i63. (3) Basilius Macedo, P. G., t. CIX, col. 340; Cédrénus, Hist, compend., P. G., t. CXXXI, col. 11 25. (4) Dmitrijevskij, Typika, t. I, p. 16,; H. Delehaye, Synaxaire de Constantinople, col. 129. 332 échos d'orient Constantin et celui de Théodose II. Cependant les Actes des qua torze martyrs mis à mort par Léon l'Isaurien pour la cause des images (9 août 73o) peuvent nous fournir une indication précieuse. Ils disent en effet que les corps des suppliciés furent jetés έν τοίς Πελαγίου, mais que les chrétiens purent les retirer vers le soir, à la faveur d'un gros orage, qu'ils les chargèrent sur des bêtes de somme et les portèrent jusqu'à Saint-Aninas; là il les lavèrent, les enveloppèrent de linges et les déposèrent dans un tombeau qui se trouvait à l'intérieur de l'église Saint-Démétrius (1). Il s'agit pro bablement de Saint-Démétrius du Deuteron, car on ne peut penser que les corps des martyrs aient été portés jusqu'à l'un des autres sanctuaires qui se trouvaient assez loin du lieu appelé τα Πελαγίου, ainsi que nous le verrons plus loin. C'est donc dans une région voisine de τα Πελαγίου qu'il faut aller chercher Saint-Démétrius du Deuteron. Or, nous avons démontré ailleurs (2) que ce quartier se trouvait dans les environs immédiats de Saint-André in Crisi. L'église Saint-Démétrius devait faire partie du monastère de Saint-Aninas ou se trouver tout auprès, car lorsque le patriarche saint Ignace vint chercher les reliques, c'est au moment où le cortège arrive à Saint-Aninas que l'on commence à sentir le parfum répandu par les corps des martyrs (3). 2. Saint-Démétrius du Palais impérial. Cette église fut construite par l'empereur Léon le Sage (886- 912), ainsi que lui-même en témoigne (4). Elle était voisine de celle de la Vierge du Phare et devait se trouver sur la même ter rasse que celle-ci. On voit par le livre des Cérémonies que l'on passait de l'une à l'autre. D'après le diacre et référendaire Grégoire, qui en a donné une description sommaire, elle se dres sait sur un lieu élevé et attirait de loin les regards. Elle avait la forme carrée avec quatre colonnes brillantes surmontées de cha piteaux dorés. Les voûtes ressemblaient à un ciel étoile. Des mosaïques représentant des figures de saints entouraient l'image du Fils de Dieu que soutenaient des anges aux ailes déployées et semblaient des étoiles autour du soleil. Avec ses reflets chatovants (1) Acta SS., Aug. II, p. 445-446. (2) « Les couvents secondaires de Psamathia », dans Echos d'Orient, t. XXXII; 1933, p. 330-33 1. (3) Ada SS., Aug. II, p. 446. (4) Akakios, Λέοντος του Σόφου πανυγηρίκοί Λόγοι. Athènes, 1868, ρ. ΐ37· LES ÉGLISES BYZANTINES DES SAINTS MILITAIRES 333 produits par les diverses couleurs du marbre, le pavé imitait les flots de l'Océan qui coule comme un fleuve autour de la terre (i). La cour impériale se rendait solennellement à Saint-Démétrius au moins deux fois par an. Elle y célébrait l'anniversaire de la dédicace de l'église. Une partie des fonctionnaires et des dignitaires se plaçaient alors en face de l'édifice, sur le côté gauche; les autres se tenaient à l'est de la terrasse. L'empereur et le patriarche attendaient dans le propylée que la cérémonie traditionnelle fût achevée, puis le patriarche pénétrait dans le sanctuaire; les princes traversaient l'église et se rendaient au Tétraséron où ils enten daient le chant de l'Évangile (2). Le samedi de Lazare, veille des Rameaux, l'empereur se tenait près de la porte qui s'ouvrait sur la terrasse, devant l'image en émail de la Mère de Dieu, et dis tribuait aux dignitaires qui entraient successivement dans l'église une gerbe de feuilles de palmier, de marjolaine et de fleurs prin- tanières; certains recevaient une grande croix en argent, d'autres une croix plus petite. Puis le cortège sortait de Saint-Démétrius par la porte opposée et pénétrait dans l'église du Phare où se chantaient les Vêpres (3). L'église Saint-Démétrius du Palais avait sa croix bleue et sa colombe que l'on exposait avec d'autres dans les grandes récep tions (4). Elle existait encore dans la première moitié du xive siècle, puisque nous voyons Jean Cantacuzène y tenir deux longs dis cours au patriarche Jean Calécas en août 1341 (5). Il est probable qu'elle souffrit cruellement de l'abandon du palais impérial et qu'elle était complètement en ruines lors de la prise de Constant inople par les Turcs en 1453. 3. Saint-Démétrius de l'Acropole. Les auteurs des xive et xve siècles parlent à plusieurs reprises d'une église Saint-Démétrius qui se trouvait au-dessous de l'Acro pole, face au Bosphore et assez près des remparts, puisque Nicéphore Grégoras signale tout à côté deux tours de marbre (6). (1) Th. Ioannou, Μνημεία αγιολογικά. Venise, 1884, p. 54-57, 64, 65. (2) De ceritnoniis, 1, 21; P. G., t. CXII, col. 352-356. (3) Ibid., 1, 3i ; col. 409-412. (4) Ibid., 1, 64; col. 56i ; 11, 12; col. io85, 1097. (5) Hist., m, 6 et 9; P. G., t. CLIII, col. 737, 756-757. (6) Byz. Hist., xvii, 6; P. G., t. CXLVIII, 1117. 334 échos d'orient Ducas appelle ce sanctuaire Μεγαοτιρίτριος lors du siège de 1453 (1). Il faut probablement identifier l'église en question avec celle que bâtit le césar Bardas ανω τοϋ τείχους, selon l'Anonyme de Ban- duri (2). Elle était encore debout lors de la prise de Constantinople par les Turcs, ainsi que nous venons de le voir par le témoignage de Ducas. Il est probable qu'elle fut détruite une quinzaine d'années plus tard, lorsque Mahomet II commença la construction du Sérail en 1467. Toutefois cette destruction ne fut pas complète, car on s'accorde généralement à reconnaître ses restes dans les vestiges assez importants que l'on a découverts en 191 3 à la Pointe du Sérail, un peu au nord-ouest de la colonne de Claude le Gothique (3). L'église avait une certaine importance puisqu'elle donnait son nom à toute la région voisine. En effet les auteurs latins du moyen âge appelaient angulus sancti Demetrii le promontoire au-dessous de l'Acropole, et la porte Sainte-Barbe (Top-Capou) perdit son nom pour devenir la porte de Saint-Démétrius. Lors du siège de 1453, le cardinal Isidore était chargé de défendre la porte Saint- Démétrius, diffensava la porta di San Dimitrio verso el mar (4). 4. Saint-Démétrius des Paléologues. L'église et le monastère de Saint-Démétrius des Paléologues furent construits vers le milieu du xne siècle par Georges Paléo- logue, l'aïeul de l'empereur Michel VIII, ainsi que celui-ci le déclare nettement dans son autobiographie (5). Saint Démétrius était considéré comme le patron particulier de la famille. L'occu pation latine fut néfaste à ce sanctuaire, qui fut presque complè tement détruit. Michel VIII le fit relever à ses frais, y installa des moines et pourvut le nouveau couvent de revenus considérables. Il l'unit au monastère τών Κελλφάρων situé en Asie et dédié à la Théotocos Acheiropoiétès. Il donna aux deux maisons la uploads/Religion/ janin-les-eglise-des-saintes-militaires.pdf
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- Publié le Dec 20, 2022
- Catégorie Religion
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