Kernos Revue internationale et pluridisciplinaire de religion grecque antique 2

Kernos Revue internationale et pluridisciplinaire de religion grecque antique 28 | 2015 Varia Papyrus Magiques Grecs : Le mot et le rite. Autour des rites sacrificiels Emilio Suárez de la Torre Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/kernos/2365 DOI : 10.4000/kernos.2365 ISSN : 2034-7871 Éditeur Centre international d'étude de la religion grecque antique Édition imprimée Date de publication : 1 octobre 2015 Pagination : 294-297 ISBN : 978-2-87562-055-2 ISSN : 0776-3824 Référence électronique Emilio Suárez de la Torre, « Papyrus Magiques Grecs : Le mot et le rite. Autour des rites sacrificiels », Kernos [En ligne], 28 | 2015, mis en ligne le 01 octobre 2015, consulté le 23 septembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/kernos/2365 ; DOI : https://doi.org/10.4000/kernos.2365 Ce document a été généré automatiquement le 23 septembre 2020. Kernos Papyrus Magiques Grecs : Le mot et le rite. Autour des rites sacrificiels Emilio Suárez de la Torre RÉFÉRENCE ZOGRAFOU Athanassia, Papyrus Magiques Grecs : Le mot et le rite. Autour des rites sacrificiels, Ioannina, Université de Ioannina, 2013. 1 vol. 17 × 24 cm, 160 p. (Δωδώνη, Παράρτημα 85). ISBN : 978-960-233-211-5. 1 La bibliographie sur la magie dans le monde ancien est devenue gigantesque, autant d’un point de vue général qu’à propos des divers types de documents et objets magiques (papyrus, lamelles de malédiction, amulettes ou gemmes magiques). Cela veut dire non seulement que notre connaissance de cet aspect de la culture ancienne s’est enrichi énormément grâce à de nombreuses études, mais aussi qu’un grand effort de spécialisation a été effectué dans le choix des sujets à traiter, dans l’individualisation des analyses de chaque document et dans le perfectionnement de l’édition des documents. 2 Ce livre s’inscrit dans une ligne d’étude des papyrus magiques qui cherche à mettre en relief les traits différentiels de chaque recette pour arriver à une meilleure connaissance du fonctionnement des rites magiques et de l’idéologie que ces documents reflètent. L’A. a choisi deux recettes qui illustrent des modalités de rites recommandés dans ces textes et qui sont étudiés aussi bien en rapport avec d’autres pratiques de la même typologie que dans le cadre des pratiques rituelles qui ne sont pas strictement magiques : les offrandes d’aromates et les sacrifices d’oiseaux. Pour illustrer le premier type, elle analyse la recette de PGM IV, 1496–1595 (avec des renvois à PGM XXXVI, 333–360), tandis que pour le second elle étudie PGM XII, 15–95. 3 Dans l’Introduction (p. 11–24), l’A. fait d’abord un petit parcours descriptif de l’ensemble des papyrus magiques et des problèmes que présente leur étude, pour passer à la question de la définition de la magie (où elle défend une position ‘etic’ pour mieux Papyrus Magiques Grecs : Le mot et le rite. Autour des rites sacrificiels Kernos, 28 | 2015 1 comprendre les enjeux de ces pratiques) et elle décrit finalement les différents types de sacrifices que nous trouvons dans ces recettes, en avançant ses idées sur la ‘poétique du sacrifice’ (p. 22) particulière de ces textes. 4 Le chapitre I (p. 25–34) contient l’analyse de la terminologie des rituels de sacrifice et des offrandes des papyrus magiques, spécialement autour de la famille lexicale de θύειν. Même si les valeurs de ces termes ne diffèrent pas substantiellement de ceux qu’on trouve ailleurs, l’A. a décidé (à mon avis, judicieusement) de commencer par expliquer les nuances et les particularités de cette terminologie dans le contexte des recettes. Ceci nous permet, par exemple, de savoir que le verbe ἐπιθύειν (et son substantif ἐπίθυμα), contrairement à ce qu’en principe on pourrait attendre en raison de son emploi spécifique plus fréquent pour les fumigations, « désigne, par extension, dans notre corpus1, la plupart des sacrifices à accomplir » (p. 30). 5 Le chapitre II, sur les aromates, est divisé en deux parties : IIa, Parfums et fumigations (p. 37–54) et IIb, Ζμύρνα, une divinité amère : PGM IV 1496–1595 (p. 35–65). En IIa, l’A. commente la place des aromates dans les recettes des papyrus magiques, dans lesquelles ils sont le plus souvent la matière première de l’offrande rituelle, tandis qu’en dehors des rites magiques ils accompagnent le sacrifice des victimes ou d’autres offrandes. Ensuite l’A. se concentre sur l’emploi de l’encens et de la myrrhe, ainsi que sur les cas où le nom de la plante est, disons, « codé » pour maintenir le secret. Puis elle analyse le lien entre ces substances (et les plantes) et les divinités, autant d’un point de vue général qu’en ce qui concerne le rapport avec les textes magiques, en tenant bien compte des traditions grecques et égyptiennes. Finalement l’A. fait référence aux usages des aromates et des plantes dans les textes magiques, où ils acquirent une valeur symbolique évidente. Une remarque intéressante de cette partie est celle que l’A. fait à propos de la finalité de l’emploi de ces substances, car la communication qu’on établit avec les dieux n’est pas toujours bienveillante, en contraste avec les pratiques rituelles non magiques. 6 Dans le chapitre IIb, l’A. analyse la présence de la myrrhe dans une recette du type ἔμπυρον où elle apparaît invoquée dans la mesure où elle est capable de faire brûler la passion de la femme désirée par un procédé de magie analogique assez fréquent. Or, le mythe de Myrrhe est absent de ces papyrus : elle est ici une divinité qui devient le sujet de la prière, assez riche d’ailleurs, comme le signale l’A., au moyen d’éléments syncrétiques. En tout cas, « même après avoir acquis le statut d’un ἐπίθυμα divinisé, notre Myrrhe ne s’émancipe pas complètement de la référence à un monde divin hiérarchisé et polythéiste qui puise dans de nombreuses cultures pour placer au premier rang les divinités solaires » (p. 65)2. 7 L’analyse des sacrifices d’oiseaux est le sujet des chapitres IIIa, Les sacrifices d’oiseaux (p. 66–100), et IIIb, qui porte au commencement (à mon avis par erreur) le titre Des sacrifices qui donnent des ailes : PGM XII, 15–95, mais qui, tout au long des en-têtes des pages suivantes, présente le titre Étrangler des oiseaux pour Éros : PGM XII 15–95 (p. 101– 129). Le chapitre IIIa est, à mon avis, une des parties les plus réussies de l’ensemble. Il fallait sans doute une analyse de cette sorte, compte tenu de la fréquence dans cet ensemble de textes de sacrifices d’oiseaux et d’autres animaux qui ne sont pas, en principe, les victimes les plus habituelles de la pratique sacrificielle hors de la magie. L’A. nous renseigne sur le rapport (ou plutôt les différences) de ces pratiques avec les tabous alimentaires égyptiens et les croyances pythagoriciennes. Elle nous présente un inventaire très utile des sacrifices d’oiseaux dans les papyrus magiques, ainsi que des Papyrus Magiques Grecs : Le mot et le rite. Autour des rites sacrificiels Kernos, 28 | 2015 2 commentaires sur les différents exemples de cette pratique. Cela permet de constater « la complexité des rituels dans lesquels s’intègrent les sacrifices d’oiseaux ainsi que l’ambition de leurs objectifs » (p. 81) : les contextes les plus fréquents de ces sacrifices sont les rencontres avec les divinités, l’initiation du praticien et les animations d’objets. Les remarques sur le rapport entre les oiseaux et les divinités nous emmènent dans un parcours intéressant, au moyen de témoignages grecs et égyptiens. Après une analyse spécifique des sacrifices de coqs3, on passe à considérer la question des sacrifices d’oiseaux par rapport à la pratique sacrificielle traditionnelle. D’après l’A., en considérant les données qu’elle réunit à partir de Pausanias, de divers témoignages littéraires et de quelques inscriptions, où ces sacrifices font partie des pratiques religieuses plutôt privées et non seulement de l’entourage des cultes médicaux, on devrait modifier la définition de F. Graf des sacrifices de la magie comme une inversion des usages habituels. Pour l’A. on serait plutôt devant le résultat d’une « interprétation innovante » des schémas sacrificiels dans le contexte de la « religiosité syncrétique » (étant donné le caractère ordinaire de ces offrandes en Égypte). 8 Quant au texte de PGM XII 15–95, l’A. souligne les particularités de cette recette où il y a une confluence de la présence d’Éros (dans un rôle divin de nature solaire) et des offrandes d’oiseaux dans un procédé complexe. Le motif du rapport Éros-Psyché est étudié en détail en comparaison avec d’autres témoignages de pratiques magiques. En même temps, on délimite bien les caractéristiques du rite suivi, le rapport entre les oiseaux et les divinités et celui des types de victimes avec l’âge des hommes, en soulignant la cohérence des actions magiques recommandées. À propos de la prescription d’étrangler des oiseaux, l’A. s’oppose à l’idée (Graf) qui relie nécessairement cette action à la consommation de la victime, car elle serait contredite par ce texte. Par contre, l’A. établit que « l’étranglement est une option, puisée dans la grammaire rituelle de la Méditerranée4 gréco-romaine dans le but de renforcer l’efficacité du rite » (p. 116), exactement afin de « préserver intact le souffle vital des oiseaux » (p. 117). Finalement elle explique le sens du sacrifice des sept oiseaux autant par la finalité uploads/Religion/ kernos-2365.pdf

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  • Publié le Nov 01, 2022
  • Catégorie Religion
  • Langue French
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