E.E. EVANS-PRITCHARD (1965) La religion des primitifs à travers les théories de
E.E. EVANS-PRITCHARD (1965) La religion des primitifs à travers les théories des anthropologues Un document produit en version numérique par Jean-Marie Tremblay, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi Courriel: jmt_sociologue@videotron.ca Site web: http://pages.infinit.net/sociojmt Dans le cadre de la collection: "Les classiques des sciences sociales" Site web: http://www.uqac.uquebec.ca/zone30/Classiques_des_sciences_sociales/index.html Une collection développée en collaboration avec la Bibliothèque Paul-Émile-Boulet de l'Université du Québec à Chicoutimi Site web: http://bibliotheque.uqac.uquebec.ca/index.htm E. E. Evans-Pritchard (1965) La religion des primitifs 2 Cette édition électronique a été réalisée par Jean-Marie Tremblay, professeur de sociologie à partir de : E. E. Evans-Pritchard (1950), La religion des primitifs À travers les théories des anthropologues Paris : Petite Bibliothèque Payot, 1965, 154 pages. No 165. Polices de caractères utilisée : Pour le texte: Times, 12 points. Pour les citations : Times 10 points. Pour les notes de bas de page : Times, 10 points. Les formules utilisées par Engels dans ce livre ont été réécrites avec l’éditeur d’équations de Microsoft Word 2001. E. E. Evans-Pritchard (1965) La religion des primitifs 3 Table des matières L’auteur et son œuvre 1. - Introduction 2. - Théories psychologiques 3. - Théories sociologiques 4. - Lévy-Bruhl 5. - Conclusion Bibliographie Retour à la table des matières E. E. Evans-Pritchard (1965) La religion des primitifs 4 E. E. EVANS-PRITCHARD Professeur à l'Université d'Oxford, héritier des grands fondateurs de l'école anglaise (Malinowski, Radcliffe-Brown), est connu en particulier pour son admirable livre sur "Les Nuer". La Petite Bibliothèque Payot a déjà édité l'un de ses ouvrages : "Anthropologie sociale" (PBP 132). La Petite Bibliothèque Payot a déjà édité son ouvrage intitulé « Anthropologie sociale » (PBP 132) où Evans-Pritchard expose à l'intention d'un large public ses vues sur l'objet, la méthode et les exigences de cette discipline. Dans ce livre sur La religion des primitifs, Evans-Pritchard examine les diffé- rentes théories que les anthropologues ont avancées pour tenter de saisir et d'expliquer !a religion des peuples primitifs. Après avoir souligné les difficultés et les problèmes que soulève une telle étude, il passe en revue et critique les théories psychologiques, sociologiques et autres, offrant ainsi au lecteur une excellente introduction à des recherches plus approfondies dans le domaine de l'anthropologie ou des religions comparées. Retour à la table des matières E. E. Evans-Pritchard (1965) La religion des primitifs 5 1 INTRODUCTION Retour à la table des matières Au cours de ces conférences, j'examinerai la manière dont divers auteurs que l'on peut considérer comme des anthropologues ou tout au moins dont les oeuvres tou- chent au domaine de l'anthropologie, ont compris et expliqué les croyances et les pratiques religieuses des peuples primitifs. Je tiens à préciser dès le début que je ne traiterai que des théories concernant les religions des peuples primitifs. Les discus- sions plus générales sur la religion sont en dehors de mon sujet. Je m'en tiendrai donc aux textes que l'on appelle anthropologiques et en particulier aux auteurs britanni- ques. Vous remarquerez que nous nous intéresserons moins aux religions primitives elles-mêmes qu'aux différentes théories qui ont pour but de les expliquer. Si l'on se demande quel intérêt peuvent avoir pour nous les religions des peuples simples, je répondrai premièrement que des philosophes et des moralistes éminents, depuis Hobbes, Locke, Rousseau, jusqu'à Herbert Spencer, Durkheim et Bergson, ont considéré que les faits de la vie primitive avaient une grande signification et permet- taient de comprendre la vie sociale en général ; je ferai en outre remarquer que les hommes qui ont transformé les courants de pensée de notre civilisation au siècle der- nier, les grands créateurs de mythes, Darwin, Marx et Engels, Freud, Frazer (et Comte) ont tous manifesté un immense intérêt pour les peuples primitifs et ont utilisé ce qu'ils en savaient pour nous montrer que si ce qui avait apporté encouragement et consolation dans le passé ne pouvait plus le faire, tout cependant n'en était pas perdu ; vue à travers la perspective de l'histoire, la lutte avait encore son utilité. Deuxièmement, je répondrai que les religions primitives font partie du phéno- mène religieux et que tous ceux qui s'intéressent à la religion reconnaissent que l'étu- E. E. Evans-Pritchard (1965) La religion des primitifs 6 de des idées et des pratiques religieuses des peuples primitifs, qui sont extrêmement variées, nous aide à tirer certaines conclusions sur la nature de la religion en général, et par conséquent aussi sur les religions dites plus élevées, sur les religions histori- ques et positives et sur les religions « révélées », y compris la nôtre. A la différence des religions plus évoluées, qui ont une origine commune - le Judaïsme, le Christia- nisme, l'Islam, l'Hindouisme, le Bouddhisme et le Jaïnisme-, les religions primitives dans des parties isolées du monde ne peuvent avoir qu'un développement indépen- dant, sans aucune relation historique les unes avec les autres; aussi fournissent-elles des données d'autant plus valables pour une analyse comparative permettant de déterminer les caractéristiques essentielles des phénomènes religieux et de porter sur eux des jugements ayant une portée générale. Je n'ignore pas que les théologiens, historiens, étudiants en langues sémitiques, et autres, négligent les religions primitives comme étant de peu d'importance, mais je me console en pensant que Max Müller, il y a moins d'un siècle, se battait déjà contre des forces qui s'obstinaient à refuser de reconnaître l'importance qu'avaient les religions indiennes et chinoises pour la compréhension de la langue et de la religion en général ; cette bataille n'est pas encore gagnée (où sont les départements de lin- guistique et de religions comparées dans ce pays?), mais des progrès ont été accom- plis. En fait, j'irai même plus loin en disant que pour comprendre pleinement le caractère de la religion révélée, il faut comprendre la religion dite naturelle, car il n'y aurait jamais eu de révélation de quoi que. ce soit si les hommes n'avaient eu au départ une vague idée de la révélation. Ou plutôt devrions-nous dire que la distinction entre la religion naturelle et la religion révélée est fausse et crée une confusion, car, en un certain sens, toutes les religions sont des religions de révélation, le monde extérieur et la raison ont partout révélé aux hommes l'existence du divin et leur ont fait prendre conscience de leur propre nature et de leur destin. Nous pouvons méditer les paroles de saint Augustin : « Ce que l'on appelle aujourd'hui la religion chrétienne existait chez les anciens, et depuis que la race humaine existe, jusqu'au moment où le Christ s'est fait homme : on appela alors la vraie religion qui existait déjà, la religion chrétienne. » Je n'hésite pas à dire que, bien que les étudiants en théologie nous regardent avec quelque mépris, nous les anthropologues et nos religions primitives - sur lesquelles nous n'avons pas de textes - c'est grâce aux éléments que nous avons recueillis que l'on a pu édifier la science, quoique encore incertaine, des religions comparées, et les théories anthropologiques auxquelles elle a donné naissance, si incomplètes soient- elles, peuvent servir et ont déjà servi dans les domaines de la philologie classique, sémitique ou indo-européenne, ainsi que de l'égyptologie. Nous examinerons certai- nes de ces théories au cours de ces conférences, aussi dirai-je simplement ici que je pense aux effets qu'elles ont eus sur diverses branches savantes de la connaissance dans les oeuvres de Tylor et de Frazer, en Angleterre et de Durkheim, Hubert et Mauss, et Lévy-Bruhl en France. Ces théories peuvent paraître inacceptables aujour- d'hui, mais à l'époque elles ont joué un rôle important dans l'histoire des idées. Il n'est pas facile, dans ces conférences, de définir ce que nous entendrons par reli- gion. Si nous devions insister sur les croyances et les pratiques nous pourrions accepter la définition que donne de la religion Sir Edward Tylor (bien qu'elle présente E. E. Evans-Pritchard (1965) La religion des primitifs 7 des difficultés) : elle est, d'après lui, une croyance aux forces spirituelles, mais com- me il s'agit de théories sur la religion primitive, il ne m'est pas loisible de choisir une définition plutôt qu'une autre, étant donné que je dois analyser et discuter des hypothèses qui vont au-delà de la définition de Tylor. Sous la rubrique religion on fait parfois entrer les notions de magie, de totémisme, de tabou, et même de sorcellerie - tout ce que peut recouvrir le mot de « mentalité primitive » et tout ce qui paraît être irrationnel et superstitieux à l'Européen. Je ferai souvent mention de la magie, car plusieurs auteurs ne font pas de différence entre magie et religion et parlent de reli- gion magique et considèrent que magie et religion sont associées dans l'évolution - d'autres font une distinction entre magie et religion, mais fournissent pour l'une comme pour l'autre le même genre d'explication. Les savants de l'époque de la reine Victoria et du roi Édouard VII se sont beau- coup intéressés aux religions des peuples primitifs, sans doute parce que leur propre religion traversait une crise et quantité d'articles et de livres ont été publiés sur le sujet. Si je me reportais à ces auteurs, uploads/Religion/ la-religion-des-primitifs.pdf
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Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Aoû 20, 2022
- Catégorie Religion
- Langue French
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