23 Quant au tablier, malgré la représentation en couleur du “Thuileur“ d’Alexan
23 Quant au tablier, malgré la représentation en couleur du “Thuileur“ d’Alexandre de Grasse-Tilly, nulle trace dans les rituels d’un quelconque décor, hormis l’œil d’or peint ou brodé sur la bavette bleue. Les branches de laurier et d’olivier ne sont présentes dans les rituels que dans la composition de la couronne qui est imposée au nouveau Maître Secret dès son obliga- tion prononcée. Notons d’ailleurs que, dans cette reproduction, c’est une clef qui est entourée par les branches de laurier et d’olivier. Tablier extrait du Thuileur d’Alexandre de Grasse-Tilly Cette représentation n’est pas la seule du même type et deux aquarelles détenue par le G∴ O∴ des Pays-Bas montre le même dessin, avec pourtant, sur l’une, cette rectification manus- crite portée à l’encre (et en français) sur la même feuille : « Sur le tablier il ne faut pas de clef mais bien la lettre Z ». Cependant, le “Précis Exact des Trente Trois Grades du Rite Ecossais d’après les principes de plusieurs auteurs“ édité vers 1813 présente parmi les décors aquarellés des divers degrés un « Tablier Blanc dou- blé et bordé de noir, Bavette bleue sur laquelle est un œil ; sur le Tablier, deux branches, l’une de Laurier et l’autre d’Olivier et au milieu des deux, la lettre Z ». C’est la première représentation du tablier que nous connaissons aujourd’hui. A la même époque, deux Tuileurs renommés, celui de “Delaulnaye“73, dès 1813, celui de “Vuillaume“ 74, dès 1820, corroborent la description du “Précis Exact…“. Mais faut-il tou- jours se fier aux tuileurs ? A propos du mot de passe du grade en vigueur à leur époque, les deux tuileurs sont en entière opposition sur le mot employé. Pour “Delaulnaye“ qui qualifie ce grade d’« assez insignifiant… », le mot de passe est « Zizon ; que l’on traduit par Balustrade ». Et il ajoute à ce propos : « Voici un exemple frap- pant d’une altération qui a fait perdre jusqu’au sens du mot primitif. Zizon n’est d’aucune langue ; à la place de cette parole insignifiante, il faut dire ZIZA (splendor). » Pour “Vuillaume“, le mot de passe est « ZIZA (resplendens) » qu’il commente ainsi : « Quelques-uns disent Zizon, mais c’est une faute. On traduit aussi ce mot par balustrade, ce qui paraît sans fondement, à moins que l’on ne considère les rayons de la gloire de Dieu, auxquels pourrait être appliquée la signification vraie, resplendens, comme une balustrade qui en garanti l’approche ; » Aucun document, rituel ou tuileur, précédant ces documents ne faisant mention de Ziza com- me mot de passe, il nous faut donc admettre que nous manquons de document(s) expliquer cette évolution. 73 « Thuileur des trente-trois degrés de l’Écossisme du Rit Ancien dit Accepté » (1ère édition en 1813 ; 2nde en 1821 ; réédition -de l’édition de 1821- aux «“Éditions d’aujourd’hui » en 1979). 74 « Manuel Maçonnique ou Tuileur des divers rites de la Maçonnerie… » (1ère édition en 1820 ; 2nde en 1830 ; réédition –de l’édition de 1830- aux Éditions Dervy en 1975, 1983…). 24 En fait, entre 1810-1820 et les années 1875, un seul rituel, du moins en France, semble avoir été conservé. Conservant dans la forme, comme dans l’esprit, le contenu des premiers rituels français du REAA, il est toutefois beaucoup plus complet dans l’explication de la pratique gestuelle du rituel. Pouvant être daté des années 1840/1850, il n’apporte en fait que trois “nouveautés“ : - Il introduit le signe, la batterie et l’acclamation écossaise en fin d’ouverture et de clôture des travaux : « Tous [les Frères] font le signe, frappent sept fois dans les mains et disent trois fois : Huzza (= on prononce Houzzai) » - Il décrit pour la première fois le tablier que nous connaissons depuis l’aquarelle de 1813 : « Le tablier est blanc et attaché avec des rubans noirs. (…) La bavette doit être bleue avec un œil dessus, peint ou brodé en or. Deux branches, l’une de l’aurier, l’autre d’olivier se croisent sur le tablier : dans le milieu est la lettre Z∴. » - Il donne, dans la partie préliminaire : « Disposition de la ∴ » la première représentation du cartouche75 : « Au dessus de l’autel est un grand cercle dans lequel est un triangle, au centre duquel est l’étoile flamboïante. » C’est le cartouche que nous connaissons aujourd’hui et qui restera désormais (presque) sans modification. Cette figure, nouvelle en ce qu’elle remplace la clef au centre du triangle par l’étoile flamboyante, n’est toute- fois pas une création originale. Un rituel de Petit Archi- tecte inconnu76 des années1750/1760 présentait déjà une figure quelque peu identique : « Un grand cercle renfermant un triangle au milieu duquel une Etoile flamboyante renfer- mant la lettre G∴ et sur les 3 pointes du trian- gle Les Lettres S∴ U∴ G∴. » Les lettres S U G signifient Soumission, Union, Gomez. Les archives du Suprême Conseil de France ne reprenant ensuite qu’avec un rituel manuscrit des années 1870, nous sommes obligés d’avoir recours aux divers documents imprimés en France ou à l’étranger. 75 Les Tuileurs Delaulnay et Vuillaume avaient déjà donné une telle représentation sans que celle-ci apparaisse dans les rituels de l époque que nous avons pu consulter. 76 Kloss ms XXXIV-4 25 33- Les documents « étrangers ». Une aquarelle et trois livres imprimés sur le continent américain vont essayer de combler nos lacunes documentaires. Bien que nous ne puissions transférer automatiquement l’esprit et les pratiques “rituelliques“ d’un pays à l’autre, celles-ci peuvent toutefois nous servir de repères. ∆ ∆ L’aquarelle ci-contre provient de la collec- tion du G∴O∴ des Pays-Bas. Datée du début du XIXème siècle, elle est conforme à la des- cription traditionnelle de la Loge de Maître Secret. Nous pouvons y discerner : - le trône de Salomon surmonté d’un dais ; - l’autel triangulaire (au pied de l’Orient) - la place d’Adoniram siégeant à l’Occident, mais coté Nord-Ouest. - et surtout un tapis de Loge comportant le cartouche : une étoile flamboyante dorée ins- crite dans un triangle équilatéral lui-même inscrit dans un cercle. Comme toutes les aquarelles de la série, celle- ci ne contient aucun des luminaires prévus par le rituel (probablement pour des raisons d’esthétiques !). ∆ ∆ Parmi les imprimés, “Light on Masonry »77 en 1829, divulgue (entre autres) tous les degrés conférés dans la Loge de Perfection. Il reprend, dans ses grandes lignes et parfois in extenso, le rituel “Dalcho“ de 1801, sans toutefois divulguer les décors, les mots secrets ou de passe. « Liturgias de los treinta y tres grados de la verdera Mazoneria ó Rito antiguo y aceptado que se llama por antonomasia Rito Escoces »78, en 1859, décrit un rituel dont l’influence « scientiste ou positiviste » est (hélas) déjà, présente. Ses commentaires (sur l’intelligence, la conscience, le bien et le mal, le juste et l’injuste), qui forment l’essentiel de la cérémonie de réception n’étant pas de notre propos, nous nous attar- derons sur la description des décors qui présente parfois quelques variantes face aux pratiques françaises. Le cordon, porté en sautoir est : « de color violado con orilla negra », mais le tablier, décrit conformément à l’aquarelle du “Précis Exact… de 1813 confirme le rituel de 18400/1850 : « Mandil blanco orillado de negro en el que se bordan ó pintan dos ramas, la una de laurel y la otra de olivo, que forman una corona abierta, encerrando la letra Z ». A titre anecdotique, un recueil de titre (et d’esprit) équivalent : « Liturgias de los treinta y tres grados de la verdera Mazoneria ó Rito antiguo aceptado escoces »79 en 1866 donne un nom au frère second inspecteur : « el segundo Vigilante se nombra ”introductor”, y es Azarias80 ». 77 Elder David Bernard, Utica, 1829 78 Vicente A. de Castro, Nueva Orleans, 1859 26 Notons en outre que le mot de passe de ces deux documents est bien Ziza. Il serait toutefois hasardeux de se référer à ces documents étrangers pour en déduire que Ziza a définitivement détrôné Zizon. En effet, de nombreuses divergences de fond existent entre ces documents et leurs homologues français (décors de Loge, âge, batterie, titres des officiers etc.). Ce sera, plus tard, le rôle du Convent de Lausanne de tenter d’y remédier… Dans cette revue des documents en langue étrangère, nous ne manquerons pas de signaler le célèbre « Manual de la Masoneria »81 de 1867 qui tournant le dos aux rituels scientistes pré- cédents, redonne à celui du 4e degré son sens “traditionnel“, mais ce faisant n’en fait, au point de vue de l’histoire, qu’une simple traduction du rituel américain du début du siècle. 34- Des années 1860 au Convent de Lausanne. ∆ ∆ En France, le “Manuel de l’initié“82 de 1861 rompt timidement le silence sur le grade de Maître Secret. Encore ce tuileur ne consacre t-il que trois petites pages à notre degré. Nous y apprenons toutefois que : - Le mot de passe est bien Ziza malgré que « uploads/Religion/ maitre-secret-4-4.pdf
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Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Jul 30, 2022
- Catégorie Religion
- Langue French
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