LE PELICAN L’esprit protestant et la foi catholique. 23e année, N°95 1,5 € MARS
LE PELICAN L’esprit protestant et la foi catholique. 23e année, N°95 1,5 € MARS-AVRIL 2017 Prieuré Saint François-Régis 31 rue Holtzer 42240 Unieux - Tél 04 77 40 20 55 Les doctrines de Luther et Calvin, les d e u x c h e f s r e c o n n u s d u protestantisme, ont certes varié depuis leur origine, mais elles gardent une certaine unité dans leurs principes. Il n’est pas inutile de connaître ces principes pour se protéger de leur nocivité et pour rendre compte de notre foi devant les contradicteurs qui se présentent. Le protestantisme est loin, très loin du catholicisme. Le fait qu’il s’inspire du Nouveau Testament ou le fait qu'il semble donner une très grande importance au Christ et à sa parole n’y change rien. Il y a des incompatibilités radicales, essentielles et on ne peut soutenir en aucune façon la doctrine sortie de la cervelle de Luther sans renverser en même temps des pans entiers de la religion catholique telle que l'a voulue le Christ. Aussi une phrase du type : « Ce qui nous unit est beaucoup plus important que ce qui nous sépare. » adressée par le pape François aux luthériens, ne peut qu'engendrer confusion et nuire à la foi des vrais chrétiens. Cette façon d'exprimer les choses n'est pas que superficielle mais elle est aussi fausse et dangereuse, même si de fait, les réformes issues de Vatican II (1962- 1965) ressemblent étrangement par plusieurs côtés à la prétendue Réforme du 16e siècle, notamment la nouvelle messe avec sa table-repas qui remplace l’autel-sacrifice. Le protestantisme se caractérise par quatre marques ou quatre erreurs qui s’opposent explicitement à l’Église catholique. Ces marques sont : 1- l’Écriture seule - 2- la Foi seule - 3-la Grâce seule - 4-Dieu seul. -1-Première erreur : L’Écriture seule. À l’encontre des protestants, l’Église catholique affirme que pour connaître la vérité révélée par Dieu, la Bible est insuffisante. Il faut en plus y ajouter la Tradition c’est-à-dire tout le dépôt des enseignements laissés par les Apôtres. « Garde le dépôt » (1Tim.6- 20) dit saint Paul à son disciple Timothée, c'est-à-dire ne perd rien de l'enseignement que tu as reçu. On le sait, les Apôtres n’ont pas tous écrit, mais par contre ils ont tous prêché. Ils ne pouvaient pas faire autrement car c'est dans ce but qu'ils ont reçu le Saint-Esprit et le Christ leur a dit « Allez enseigner toutes les nations… ». C’est une grande erreur de croire que cet enseignement oral s’est éteint avec leur disparition. Bien au contraire, il a été recueilli et s’est perpétué fidèlement par la suite : c’est cela que l’on appelle la Tradition. Il n’y a donc pas une mais deux sources où puiser la Vérité que Dieu veut nous dire : la Bible et la Tradition. Dans bien des domaines, la Tradition est antérieure et plus explicite que l’Écriture elle-même. Autre chose importante et qu'il faut répéter. Après la mort de saint Jean, le dernier des Apôtres, il n’y a rien d’essentiellement nouveau à ajouter à ce que Dieu a voulu nous dire mais il suffit d’expliquer et de préciser la doctrine des Apôtres notamment contre les erreurs d'interprétation et les opposants. C’est ce que ne manqueront pas de faire les authentiques défenseurs de l’Église, les saints docteurs et confesseurs en particulier. Ces docteurs sont l'écho de la Tradition et il importe de les consulter pour connaître les réponses qu'ils ont données sur certaines questions. Inutile de se fatiguer la tête pour inventer des théories nouvelles qui les contredisent, notamment sur les points où les papes les ont a p p r o uv é s e n g a r a nt i s s a nt l'orthodoxie de leur doctrine. Le concile Vatican II, et c'est un problème qui perdure, n’a pas respecté cette façon de faire (sinon il ne prêcherait pas la liberté religieuse ni l’œcuménisme qui sont anti Tradition). On sait ce qu'il est advenu : un grand chaos dans tous les domaines de la vie de l’Église. Ajoutons encore qu’il est parfaitement inutile en tous les cas d’attendre un nouveau prophète pour savoir, éventuellement, que croire ou que faire pour plaire à Dieu. Il ne faut surtout pas s’imaginer qu’une nouvelle Pentecôte est possible et qu'un ordre nouveau ou différent à celui établi par le Christ puisse être instauré comme le serait par exemple un salut apporté aux hommes sans hiérarchie, sans sacerdoce, sans sacrements, sans le Sacrifice de la messe, sans les bonnes œuvres. Non, le Christ a établi pour toujours la religion parfaite : la question a déjà été posée par saint Jean-Baptiste : « Êtes-vous celui qui doit venir où devons-nous en attendre un autre ? » On connaît la réponse. Donc aucun homme ou aucune assemblée conciliaire si nombreuse soit-elle ne pourra renverser ce qui a été posé une fois pour toutes et établir un autre plan ou un autre système. Aussi un Mahomet avec sa prétendue révélation arrive sept siècles trop tard : il est donc éliminé et à classer parmi les imposteurs. Un Luther et un Calvin arrivent quinze siècles trop tard. Un concile Vatican II qui ne se cache pas de vouloir baptiser les idées modernes de la Révolution, « les 1 2 valeurs libérales nées en dehors de l’Église » (card. Ratzinger), arrive 20 siècles en retard. D’une manière générale quelqu’un qui vient après le Christ comme apportant une nouveauté essentielle est un anti- Christ. On pourrait objecter : Mais alors qu’en est-il des apparitions et des révélations faites à tel ou tel saint ? Ne s’agit-il pas là de nouvelles révélations ? Ne confondons pas. Les révélations privées comme celles faites à sainte Bernadette à Lourdes et à bien d’autres ne sont pas inutiles, loin de là, mais elles n’annoncent rien de foncièrement nouveau à ce que l’Église disait déjà ou à sa Tradition. Ces révélations permises par Dieu ont un but différent de la Révélation. Elles permettent par exemple de mettre l’accent sur un ou plusieurs points de la religion catholique particulièrement utiles. À Lourdes l’apparition confirme l’infaillibilité du Pape lorsqu’il parle ex cathedra. En effet c'est en 1854 que Pie IX a défini l’Immaculée Conception comme un dogme - c'est-à -dire une vérité que les catholiques ne peuvent pas nier sans perdre la vertu surnaturelle de foi - et en 1858 l’apparition de Lourdes confirme en quelque sorte cet acte solennel du pape. À Lourdes, c'est indéniable, l'accent est mis également sur l’existence du péché originel qui a touché tous les hommes sauf Marie : l'époque avait besoin de se l’entendre rappeler car le laïcisme en germe, sorte de naturalisme organisé socialement, nie les réalités surnaturelles pour ne juger que selon des critères terrestres. C’était donc une menace extrêmement dangereuse pour la foi des chrétiens qui s’annonçait alors. Il n’y a jamais d’opposition entre une vraie apparition et la foi de l’Église, la véracité des apparitions est d'ailleurs jugée par l'Église qui doit enquêter et vérifier que rien ne s'oppose aux dogmes et aux bonnes mœurs. -2- Seconde erreur : La foi seule. Il s’agit pour les protestants d’une foi qui ne correspond pas du tout à la vertu surnaturelle que nous connaissons et qui nous fait admettre sans hésitation tout ce que Dieu a révélé non en raison de l’évidence que nous en avons mais parce qu’Il ne peut ni se tromper ni nous tromper. C’est une nouvelle définition de la foi que donnent les protestants, une foi mal comprise : le mot est le même mais il n'exprime pas la même réalité. Il faut, selon eux, croire intimement et puissamment que le Christ nous sauve par ses mérites malgré nos péchés et nos vices qui demeurent : c'est là la justification selon Luther. « Pèche fortement mais crois davantage » dit-il dans une formule très expressive. On retrouve cette mentalité chez les modernistes : on recherche dans la religion une expérience de Dieu, un sentiment de son approbation et comme un moyen pour se sentir bien, se sentir en paix avec le Christ. Mais il y a un refus de voir objectivement certains désordres patents comme l’œcuménisme, la liberté religieuse, les réunions de prières avec les hérétiques ou encore chez certains le refus de considérer les désordres moraux : avortement, contraception, remariage. Leur esprit se détourne comme par instinct de vouloir considérer ces péchés qui séparent de Dieu. C’est pourtant nécessaire pour vivre dans la volonté de Dieu et non pas dans la sienne propre. Luther concluait logiquement que cette foi-confiance totale au Christ entraînait l’inutilité de la pratique des bonnes œuvres. À quoi bon jeûner, faire l’aumône, refuser le divorce, lutter contre les tentations, s'enfermer dans un couvent, prononcer des vœux solennels pour y chercher la perfection puisque les péchés ne nous seront pas imputés si nous avons une ferme confiance que le Christ ne nous les imputera pas par sa très grande miséricorde. L’Église catholique enseigne au contraire que la foi et la confiance sont uploads/Religion/ pelican-1703-95.pdf
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- Publié le Dec 15, 2022
- Catégorie Religion
- Langue French
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