Monsieur Jean Lassus Une image de saint Syméon le Jeune sur un fragment de reli
Monsieur Jean Lassus Une image de saint Syméon le Jeune sur un fragment de reliquaire syrien du Musée du Louvre In: Monuments et mémoires de la Fondation Eugène Piot, Tome 51, 1960. pp. 129-150. Citer ce document / Cite this document : Lassus Jean. Une image de saint Syméon le Jeune sur un fragment de reliquaire syrien du Musée du Louvre. In: Monuments et mémoires de la Fondation Eugène Piot, Tome 51, 1960. pp. 129-150. doi : 10.3406/piot.1960.1484 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/piot_1148-6023_1960_num_51_1_1484 INE IMAGE DE SAINT SYMEON LE JEUNE SUS I \ FRAGMENT DE RELIQUAIRE S\RIE\ DU MUSÉE III LOUVRE L'iconographie des stylites vient de s'enrichir d'un document particuli èrement important (1). Il s'agit d'une plaque d'argent et d'or, fragment sans doute d'un reliquaire, qui a été acquise par le Musée du Louvre (PI. VIII). L'hypothèse d'un faux renaît à la vérité chaque fois qu'apparaît sur le marché un nouvel objet d'argenterie syrienne chrétienne ; le hasard veut qu'aucun n'ait jamais été découvert dans des fouilles organisées, et que, trop souvent, par précautions, la pièce la plus importante ait été vendue séparément par les inventeurs, donc ait surgi dans le commerce sans aucun élément de son contexte archéologique. C/est le cas du calice d'Antioche, comme des deux patères de Riha et de Stouma, comme des plats de Kerynia (2). La nouvelle plaque d'argent paraît avoir été trouvée, en Syrie intérieure, parmi d'autres objets chrétiens liturgiques, qui ne peuvent descendre plus bas que le vie siècle (3). (1) II existe de nombreuses représentations de stylites dans l'art byzantin, fresques, miniatures, icônes. On trouvera de nombreuses références dans l'article de A. Xyngopoulos, Les stylites dans l'Art byzantin, 'E7r£rr)pîç sxaipeîaç PuÇocvtîvcùv C7iou8côv, XIX, Athènes, 1949, p. 116, qui les a étudiées au point de vue des conditions d'existence qu'elles prêtent aux stylites, et de l'origine iconographique des motifs. Voir, par exemple, H. Brockhaus, Die Kunst in den Athos Klôslern, Leipzig, 1891, fig. 26 ; G. Millet, Monuments de /' Athos, I. Les peintures, Paris, 1927, fig. 227 ; J. Ebersolt, La miniature byzantine, Paris, 1926, pi. XVII-2 ; // menologio di Basilio II, cod. vat. 1613, Torino, 1907 (Codices e Vaticanis selecti, vol. VIII), fig. 208; F. Sôtiriou, Catalogue du Musée byzantin d'Athènes, 2e éd., Athènes, 1931, p. 65, lig. 30 ; D. Talbot Ryce, The icons of Cyprus, London, 1927, pi. XLIII, 125, et p. 260; A. Mursôz, / quadri bizantini della Pinacoteca Vaticana, Roma, 1928, flg. X, 3 ; B. N. Lazarkv, Ari de Novgorod, Moscou, 1947 (en russe), pi. 52. Sur les représentations syriennes, cf. J. Lassus, Images de stylites, Bulletin d'Études orientales (Inst. fr. de Damas), II, 1932, p. 65 ; R. Mouterde, Nouvelles images de stylites, Mélanges G. de Jerphanion, Rome, 1947 (Orientalia christiana periodica, XII), t. I, p. 245 ; P. Merlat, Nouvelles images de saint Syméon le Jeune, Mélanges Ch. Picard, Paris, 1949, p. 720. G. Tchalenko, Villages antiques de la Syrie du Nord, t. III, Paris, 1958, pi. 59 (reliefs) et 62 (eulogies) ; commentaire, H. Seyrig, p. 42. Le monument que nous étudions ici a été déjà deux fois présenté : J(ean) C(harbonneaux), Une pièce d'argenterie paléo-chrétienne, Revue des Arts, 1955, 2, pp. 115-116 ; E. Coche de la Ferté, V Antiquité chrétienne au Musée du Louvre, Paris, 1958 (n° 50), pp. 52 et 108. Je les remercie tous deux de m'avoir confié cette étude. (2) A ce sujet, voir par exemple : J. Strzygowski, Les attaques de Wilpert contre l'authenticité des pièces d'ancienne argenterie chrétienne des musées américains, appendice à L'ancien Art chrétien de Syrie, Paris, 1936. (3) Elle paraît avoir surgi sur le marché en même temps qu'un petit trésor, dont Marvin C. Ross a publié une description sommaire. Marvin C. Ross, A second byzantine silver treasure from Hamah, Archaeo- logy, vol. 3, n. 3, 1950, pp. 162-163. E. Coche de la Ferté, op. cit., p. 108. 130 MONUMENTS PIOT L'objet présente de très intéressantes particularités iconographiques. 11 est important que nous disposions au départ d'éléments externes de datation. Dans son état actuel, la plaque mesure 0m,296 pour la hauteur maximum, sur 0m,255 de large. Elle n'est pas rectangulaire : en haut, à gauche, l'angle est coupé par un arc de cercle rentrant. Il s'agit bien là de la disposition primitive : la guirlande qui forme l'encadrement suit en effet la courbure de cet arc. On peut supposer que l'objet était symétrique, donc que le même dessin se reproduisait à droite. On pourrait hésiter pour préciser si, au sommet, les guirlandes se rejoignaient en formant une pointe, comme le pignon d'un toit, ou si au contraire la plaque se terminait à la partie supérieure par une bande horizontale (1). Dans le premier cas, la plaque pourrait être la face latérale d'un coffret- reliquaire en forme de petit sarcophage (2). Ce type de reliquaire est fréquent. Sans aller jusqu'à évoquer les cuves-reliquaires syriennes en pierre (3), on peut penser à certaines cassettes à reliques à toit à double pente ou à toit pyramidal, comme celles qui ont été trouvées à Henchir Akrib, en Afrique du Nord — cassettes de saint Pastor, en marbre ; de saint Julien en terre cuite (4). La châsse d'orfèvrerie de saint Maurice d'Agaune, dont les faces latérales ont la même forme générale que notre plaque, comprend également une caisse rectangulaire et un couvercle prismatique distinct (5). Il faut, je crois, adopter la seconde hypothèse, et considérer la plaque comme la face antérieure d'une châsse analogue au reliquaire de saint Jean-Baptiste dit « Del Dente » conservé au trésor de la cathédrale de Monza. On l'attribue au vne siècle (6). Cette châsse appartient à une série de reliquaires en forme de bourse, où deux plaques à six côtés, deux presque verticaux, deux en arcs de cercle, et deux horizontaux — celui d'en haut plus petit que celui d'en bas — sont reliées par des faces latérales triangulaires, avec en haut un fermoir ouvragé. (1) Cette guirlande, fortement sculptée, est faite de groupes de trois feuilles imbriquées les unes dans les autres. Elle est ornée à l'amalgame de mercure. Le motif évoque celui qui décore les arcs que forme le fond de certains des plats de Kerynia. O. M. Dalton, Byzantine Art and Archeologi), Oxford, 1911, p. 573, fig. 358 ; Ch. Diehl, Manuel d'Art byzantin, 2e éd., 1921, I, p. 313, fig. 159. La ressemblance est plus nette encore avec la guirlande qui entoure, à la base et en haut, un seau d'argent à sujets mythologiques du musée de l'Ermitage. La guirlande est toutefois retenue par un ruban ondulant. L. Matzulewitsch, Byzanlinische Antike. Studien auf Grund der Silbergefâsse der Ermitage, Berlin et Leipzig, 1929, pi. 9 sqq. (2) On aurait pu penser aussi à une plaque d'iconostase ; mais la forme du monument me paraît rendre plus vraisemblable l'hypothèse adoptée. Un seul trou, destiné à permettre de réunir les éléments du rel iquaire, est conservé dans l'angle de la plaque, en haut et à gauche. (3) J. Lassus, Sanctuaires chrétiens de Syrie, Paris, 1946, p. 166. (4) S. Gsell, Chapelle chrétienne d'Henchir Akrib, Mélanges d'Arch. et d'Hist., XXIII, 1903, p. 3. (5) Leclercq, DACL, t. I, col. 710-713, fig. 148-149 ; Leclercq, DACL, I, col. 867, fig. 192. (6) Voici ses dimensions : hauteur totale, sans les supports : 0,22 m ; largeur à la base : 0,21 m ; au sommet : 0,54 ; épaisseur : 6 cm à 2,5 cm. Elles sont donc très comparables à celles de notre plaque. Cf. Leclercq, DACL, III, col. 1129 et fig. 2700. D'après l'auteur la forme de la châsse « n'a rien de très carac téristique » ; elle est « habituelle pour les reliquaires anciens ». UNE IMAGE DE SAINT SYMÉON LE JEUNE 131 La châsse de Hertford, plus petite, appartient à la même série (1). Ces deux châsses comportent, sur une des faces, un riche décor d'orfèvrerie, avec de nombreuses pierres précieuses. L'autre face porte des motifs iconographiques, une crucifixion à Monza, dessinée en pointillé ; des bustes de saints, sur deux rangs, traités en repoussé, à Hertford. Je ne crois pas qu'on puisse pousser plus loin la comparaison stylistique, mais la forme du coffret paraît bien la même. Dans les deux cas, un galon décoré, auquel est ici substituée la guirlande, encadre la plaque. En bas de l'image, la guirlande est interrompue et remplacée par une inscription incisée sur deux lignes (2) : EYXAPICTCONTGOOGûKAITGOAriG) CYMeCONIGùTTPOCHNErKA Longueur du texte : 21cm,4 ; hauteur : 4 cm ; hauteur des lettres : 0cm,7. tco 0(e)co xal tco àî En reconnaissance à Dieu et à saint Syméon, j'ai offert (fig. 1 et 2) Cette inscription appelle deux remarques : l'une concerne la personne du verbe principal. D'ordinaire le donateur indique son nom, et le verbe est par conséquent à la troisième personne. La seconde concerne la forme donnée au nom du saint. La lecture est certaine, l'erreur du graveur peu probable : il faut donc supposer une forme Eufjt,£tovtoç, à côté de la forme Zufjtitov. Serait-il hardi d'y reconnaître un diminutif destiné à uploads/Religion/ symeon-trebizonde.pdf
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- Publié le Dec 03, 2021
- Catégorie Religion
- Langue French
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