PATRIMOINE JEAN-NOEL GUINOT Théodoret de Cyr exégète et théologien * * un théol
PATRIMOINE JEAN-NOEL GUINOT Théodoret de Cyr exégète et théologien * * un théologien engagé dans le conflit nestorien (431-451) cerf __ t * » ! » * » e * r ! ■» * i i . H ' 4 ' Théodoret de Cyr exégète et théologien i » - \ l I ; ■* 4 » » i i ■ ; i I ! / i 4 < * } i i 4. I 4 . ; « i JEAN-NOËL GUINOT Théodoret de Cyr exégète et théologien Volume II un théologien engagé dans le conflit nestorien (431-451) PAT RI M O I N E S christianisme LES ÉDITIONS DU CERF www.editionsducerf.fr PARIS 2012 Tous droits réservés. La loi du 11 mars 1957 interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur et de l’éditeur, est illicite et constitue une contrefaçon sanction née par les articles 425 et suivants du Code pénal. pwjTocomjux ûïlm Imprimé en France © Les Éditions du Cerf3 2012 www.editionsducerf.fr (29, boulevard LaTour-Maubourg 75340 Paris Cedex 07) ISBN : 978-2-204-09789-5 ISSN 0763-8647 ! 1 Apologétique et polémique * : ■ Les Apologistes chrétiens et la culture grecque, Paris 1998, p. 383-402 21 FOI ET RAISON DANS LA DÉMARCHE APOLOGÉTIQUE D’EUSÈBE ET DETHÉODORET Introduction Entre les apologies du nc s. et celles d’Eusèbe de Césarée et de Théodoret de Cyr, les différences sont immédiatement plus apparentes que cet « air de famille » qui autorise à parler de l’apologétique chrétienne antique comme d’un genre littéraire particulier, même si les contours en ont varié selon les époques et les circonstances historiques qui lui ont donné naissance1. Dans l’empire chrétien de Constantin et de Théodose, les enjeux ne sont naturellement plus ceux de l’époque où le christianisme naissant réclamait à l’empereur son droit à l’existence. Avec le temps, l’objet et le contenu de l’apologie ont en partie changé de [384] nature, et du même coup de forme et de dimensions. Il ne s’agit plus désormais d’adresser à l’empereur ou à ses représen tants une requête ou une supplique en faveur des chrétiens, pour tenter de les soustraire à des persécutions ou à des tracasseries, nées d’accusations absurdes et mensongères. Il ne s’agit même plus toujours d’une réfutation en règle des attaques dirigées contre la religion chrétienne par un philosophe païen, comme le fit Origène dans son Contre Celse, bien que Cyrille d’Alexan drie, au Ve siècle, s’inspire manifestement de ce modèle pour réfuter le Contre les Galiléens de Julien. L’entreprise d’Eusèbe et de Théodoret est d’une certaine façon plus générale, en tout cas 1. J.-C. Fr e d o u il l e («L’apologétique chrétienne antique : naissance d’un genre littéraire », Revue des Etudes Augustiniennes 38 [1992], p. 219-234) sou ligne le caractère polymorphe de l’apologétique chrétienne antique. Voir aussi, dans ce volume, son exposé consacré à «Tertullien dans l’histoire de l’apolo gétique ». APOLOGÉTIQUE ST POLEMIQUE liée à un facteur déclenchant précis2. Pour moins directement traditionnelle, on pourrait dire qu’ils reprendre une 1 ^ l’apologétique chrétienne plutôt que sont des represen dessein étant moins de défendre le christia- nisme contrôles attaques dont il est l’objet que d’exposer à un t aue qu’il conduit dans sa Thérapeutique des maladies Teilémues un but identique à celui qu’Eusèbe se propose d’atteindre, en deux temps, la Préparation évangélique étant destinée à disposer son lecteur à accueillir les vérités de la foi chrétienne, tandis que la Démonstration doit emporter sa convic tion3. Toutefois, à comparer la manière dont chacun d’eux définit vient à se demander si ces deux apologies. 10 son propos, on en en dépit de nombreuses similitudes, ne sont pas conçues dans un esprit sensiblement différent. Au Livre I de la Préparation de [385] la Thérapeutique, c’est bien pourtant la même comme question qu’abordent les deux apologistes, celle du rapport qu’entretiennent la foi et la raison dans la religion chrétienne. Mais le font-ils de la même manière ? Le débat est ancien ; il est même l’un de ceux qui contribuent à donner à l’apologé tique chrétienne son « air de famille ». Au-delà pourtant de la solution retenue, dont dépend dans une certaine mesure l’orien tation générale donnée par chacun à son apologie, il est aussi, chez Eusèbe etThéodoret, comme déjà chez Origène, l’occasion d’une réflexion sur les rapports de la foi et de la gnose, et plus largement sur la notion de paidéia. 1 2lr.Mei^C S! a PreParatlon Evangélique cTEu s é b e accorde une large place à la réftitauon des écrits de Po r ph y r e Contre les chrétiens, il est malgré tout diffi cile de faire de cette réfutation la cause immédiate de l’entreprise d’Eusèbe : voir a ce sujet 1 Introduction de Jean Sirinelli, dans SC 206, p. 28-34. Il serait encore plus hasardeux d’attribuer à la Thérapeutique deThéodoret une origine T?.1?™oC1SC Ct d y œuvre de circonstance, comme le faisait Le n a in d e /V^?t NT’ en considérant queThéodoret aurait eu « dessein dans cet ouvrage de réfuter celui de Julien 1 apostat contre les chrétiens » (Mémoires pour servir à l Histoire ecclesiastique des six premiers siècles, 1.15, Paris 1911, p. 322) : cf. P. Ca - K\VKT,Hiswire d une entreprise apologétique au V siècle, Paris 1958, p. 113 s bC CSt du/?ste Po u t Th éo d o r e t une source avouée (Thérap. II, 97, . - •1Le,t 1111 modele souvent démarqué, notamment en ce qui concerne les citations d auteurs profanes, poètes et philosophes. 11 FOI ET RAISON DANS L’APOLOGÉTIQUE DETHÉODORET L’accusation de « foi irrationnelle » et sa réfutation dans la tradition apologétique antérieure à Eusèbe et à Théodoret Plus que les accusations mensongères concernant des mœurs abominables ou des pratiques criminelles, plus que l’accusation d’athéisme, pourtant si souvent produite contre eux, le reproche fait aux chrétiens de se satisfaire d’une foi aveugle et irration nelle est sans aucun doute l’un des griefs le plus constamment repris par leurs adversaires du nc au Ve siècle. Avec le temps, et après l’abandon des accusations les plus grossières, c’est même sur ce point que paraissent se concentrer les attaques des défen seurs de l’hellénisme, celles empreintes d’un mépris souriant de Lucien de Samosate, mais celles aussi plus redoutables du philo sophe Celse ou de l’empereur Julien4. Pour des païens cultivés, il était de bon ton de dénoncer l’absurdité des dogmes chrétiens et de tourner en ridicule des croyances, héritées d’un petit [386] groupe d’hommes ignorants, étrangers en tout cas à ce qu’était à leurs yeux la paidéia. Autant que l’ignorance du « beau langage » par les apôtres, la simplicité du style des Ecritures, incapables de rivaliser avec la beauté des œuvres grecques, était, pour des païens cultivés et frottés de philosophie, le signe manifeste d’une inculture (à7rociÔEuai'cc) et un argument propre à accré diter l’idée du caractère irrationnel de la foi chrétienne. Elle ne pouvait séduire que des gens simples, prêts à croire aveuglément (àXôycoç racrcEÙeiv). Les chrétiens eux-mêmes n’étaient pas totalement étrangers à ce type d’argumentation produit contre eux. A trop répéter que des pêcheurs incultes en avaient remontré aux plus grands philosophes, que les vérités de l’Évangile n’avaient besoin pour s’imposer d’aucun des artifices de la rhétorique, qu’il suffisait de croire pour obtenir le salut, n’avaient-ils pas contribué à accré diter l’idée qu’ils étaient des adversaires de la culture, qu’ils avaient pris le parti de l’ignorance et qu’ils ne réclamaient de leurs adeptes qu’un simple fidéisme ? Certes, à l’époque d’Eusèbe et de Théodoret, en dehors de certains milieux monastiques, rares étaient ceux pour qui l’adoption du mode vie évangélique se traduisait concrètement par le rejet de la paidéia grecque et une profession d’inculture. Mais, dans la polémique, on continue I 4. Nous avons conservé le pamphlet de Lu c ien , Peregrinos. En revanche, nous ne pouvons nous faire une idée du Discours véritable de Ce l se et du Contre les Galilèens de Ju l ien qu’à travers leurs réfutations par Origène et par Cyrille d’Alexandrie. De même, nous ne connaissons le Philalèthes de Hié r o c l è s que par celle d’EusÈBE (SC 333). a po l o g é t iq u e e t po l é miq u e 12 malgré tout, d’Origène à Théodoret, à tirer argument de l’igno rance des apôtres, victorieuse des sophismes et des arguties des philosophes, comme de la simplicité des Écritures, garante de vérité5. Très tôt cependant les apologistes comprirent la néces sité de réagir contre l’accusation de « foi irrationnelle » et de contester les affirmations du type credo quia absurdum, prêtées aux chrétiens par leurs adversaires6. A se réfugier dans un pur fidéisme pour mieux se préserver de toute contamination avec l’hellé[387]nisme, ils risquaient en effet de leur fournir des armes. Aussi l’une des parades les plus habituelles aux apolo gistes, pour prouver que la foi chrétienne n’exclut pas l’exercice de la raison, consiste à uploads/Religion/ theodoret-de-cyr-exegete-et-theologien-by-jean-noel-guinot.pdf
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- Publié le Jan 07, 2022
- Catégorie Religion
- Langue French
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