HISTOIRE de la PSYCHOLOGIE P e t i t e b i b l i o t h è q u e d e S c i e n c

HISTOIRE de la PSYCHOLOGIE P e t i t e b i b l i o t h è q u e d e S c i e n c e s H u m a i n e s F. Dolto C.G. Jung G.T. Fechner T. Ribot P. Pinel K. Lewin W. Wundt J. Bowlby A. Damasio S. Freud J. Piaget S. Milgram B.F. Skinner D. Winnicott C. Spearman J. Lacan D. Wechsler A. Bandura J. Bruner Extrait de la publication HISTOIRE DE LA PSYCHOLOGIE Extrait de la publication Maquette couverture et intérieur : Isabelle Mouton. Diffusion : Seuil Distribution : Volumen En application de la loi du 11 mars 1957, il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement, par photocopie ou tout autre moyen, le présent ouvrage sans autorisation de l’éditeur ou du Centre français du droit de copie. © Sciences Humaines Éditions, 2012 38, rue Rantheaume BP 256, 89004 Auxerre Cedex Tél. : 03 86 72 07 00/Fax : 03 86 52 53 26 ISBN = 978-2-36106-020-6 Retrouvez nos ouvrages sur www.scienceshumaines.com www.editions.scienceshumaines.com 9782361061081 Extrait de la publication Extrait de la publication HISTOIRE DE LA PSYCHOLOGIE Ouvrage coordonné par Jean-François Marmion La Petite Bibliothèque de Sciences Humaines Une collection dirigée par Véronique Bedin Extrait de la publication 5 PRéSENTATIoN dE l’ouvRAgE l a psychologie fait aujourd’hui partie de notre paysage au point qu’il est diicile de s’imaginer qu’elle est le fruit d’un long processus de confrontation d’idées, d’exploration scien- tiique, de maturation théorique. Faire un panorama de l’histoire de la psychologie, c’est permettre de mieux comprendre les difé- rentes écoles, tendances, chapelles, qui ont construit la discipline. C’est aussi prendre la mesure des nombreux débats qui ont présidé à sa naissance et à son développement. un point commun anime les travaux et les recherches en la matière : la passion de comprendre l’humain qui, d’hier à aujourd’hui, fonde et alimente la discipline à travers ses difé- rentes ramiications. Pinel et les aliénistes, Charcot explorant l’hystérie, Wundt construisant « la science des faits de conscience », Freud théori- sant l’inconscient, Piaget découvrant les stades de l’intelligence de l’enfant, Binet et Simon s’eforçant de tester l’intelligence, Maslow et Rogers inventant la psychologie humaniste, devereux fondant l’ethnopsychiatrie, Antonio damasio introduisant les émotions dans le champ des neurosciences… mais aussi Fechner, darwin, Milgram, Skinner, dolto, Cyrulnik et bien d’autres encore… Tous ont contribué à faire de la psychologie ce qu’elle est aujourd’hui : un vaste continent de pratiques et de savoirs, sans cesse arpenté par de nouveaux chercheurs en quête de chantiers à explorer. Trois grandes étapes jalonnent ce panorama de la psychologie : – le temps des pionniers : de l’aliénisme à la psychologie expérimentale – Essor et diversiication : de la psychanalyse au behaviorisme – le boom de la psychologie : de la psychologie cognitive aux neurosciences Extrait de la publication Histoire de la psychologie l’ouvrage a été réalisé grâce aux contributions de spécialistes1 de toutes les disciplines qui forment la constellation des « psy » : psychiatrie, psychologie du développement, psychologie cli- nique, psychologie expérimentale, psychologie de l’enfant, psy- chanalyse, neuropsychologie… 1- Ce livre reprend et actualise les contributions parues dans le numéro spécial du maga- zine Sciences Humaines ( « la grande Histoire de la psychologie », n°7, sept-oct. 2008) ainsi que d’autres contributions plus récentes. Extrait de la publication – Pinel et les aliénistes. Aux origines de la psychiatrie (A. Fauvel) – une femme seule contre l’asile (Entretien avec Y. Ripa) – la phrénologie. la science des crânes (M. Renneville) – gustav heodor Fechner. L’âme et le corps réuniiés (J.-F. Dortier) – Jean Martin Charcot. L’arpenteur de l’hystérie (N. Edelman) – De Mesmer aux sciences psychiques. Magnétisme et tables tournantes… (R. Plas) – Wilhelm Wundt. La science des faits de conscience (H. Gundlach) – héodule Ribot. Le philosophe, la mémoire et l’imagination (S. Nicolas) – Francis Galton. L’obsession de la mesure (O. Martin) – La psychologie de l’enfant. Les savants se penchent sur les berceaux (D. Ottavi) – Alfred Binet. Du droit à la réinsertion des « imbéciles » (B. Andrieu) – William James. La psychologie en Amérique (J.-F. Dortier) LE TEMPS DES PIONNIERS DE L’ALIéNISME à LA PSYCHOLOGIE ExPéRIMENTALE Extrait de la publication – la psychologie des foules. l’homme et ses semblables (J. Carroy) – gabriel Tarde, analyste des rêves (Entretien avec J. Carroy) – Pierre Janet. le rival éclipsé (J. Carroy, R. Plas) Extrait de la publication 9 PINEl ET lES AlIéNISTES Aux origines de la psychiatrie u n beau jour de 1794, le docteur Philippe Pinel (1745- 1826), proitant d’une visite de Georges Couthon (1755- 1794) du Comité de salut public qu’il prit ainsi à témoin, it ôter les chaînes des fous de l’hospice de Bicêtre. à la surprise géné- rale, non seulement ceux-ci ne se jetèrent pas sur lui, mais cer- tains le remercièrent même avec efusion. Par ce geste théâtral, P . Pinel fondait la médecine psychiatrique, démontrant que les fous n’étaient ni des bêtes furieuses ni des possédés, mais bien des hommes (malades certes, mais gardant au cœur de leur déraison suisamment de sentiment et d’intelligence pour que l’on pût les laisser libres et espérer, surtout, les soigner). Le père de la « médecine mentale » L’histoire est belle, et l’on comprend pourquoi elle igure en ouverture de la plupart des manuels de psychiatrie. Elle n’en est pas moins fausse. Car bien que l’épisode soit encore souvent présenté comme un fait avéré, les historiens ont montré qu’il avait été forgé de toutes pièces par l’un des ils de Pinel. En réa- lité, les aliénés ont été désentravés petit à petit, une initiative qui doit plus à l’action de Jean-Baptiste Pussin (1745-1811), le concierge-surveillant de Bicêtre, qu’à Pinel lui-même. S’il faut donc se défaire de l’image d’un Pinel tombeur des chaînes des fous comme d’autres ont brisé celles de l’esclavage, il demeure néanmoins légitime de voir en lui le père de la « méde- cine mentale », future psychiatrie. Rien ne semblait pourtant le destiner à cet avenir. Au départ, monté à Paris, il doit en efet renoncer à exercer, son diplôme de la faculté de Montpellier n’étant pas reconnu dans la capitale. Se tournant vers l’édition scientiique, il se passionne alors pour les sciences naturelles, les mathématiques, et aurait vraisemblablement continué dans cette Extrait de la publication 10 Le temps des pionniers. De l'aliénisme à la psychologie expérimentale voie si un drame personnel (la mort tragique d’un ami, décédé peu de temps après être devenu fou) ne faisait soudain passer la maladie mentale au premier plan de ses centres d’intérêt. Autre bouleversement : la Révolution française cette fois qui, changeant la donne du recrutement académique, lui permet de pratiquer. Pinel devient médecin de Bicêtre en 1793, puis méde- cin-chef de la Salpêtrière en 1795, poste qu’il conservera jusqu’à sa mort en 1826. Aidé du idèle Pussin, il s’attelle à un travail tout à fait novateur, entreprenant de reconstituer l’histoire de chaque insensé, cherchant à classer les formes d’aliénation, pour en comprendre les mécanismes et en déduire les modes de gué- rison. De ses observations, il tire notamment le fameux traité médico-philosophique sur L’Aliénation mentale ou la manie (1801), qui connaîtra de multiples rééditions et sera traduit en plusieurs langues. Une exclusion à la place d’une autre ? Dans ce livre pionnier, Pinel pose les bases d’une approche médicale de la folie qui frappe encore aujourd’hui par son prag- matisme. D’entrée de jeu, il y met en efet de côté la question du substrat physique des troubles mentaux, estimant la science de son époque incapable de déterminer le « siège de l’entende- ment et la nature de ses lésions diverses », malgré les recherches sur l’anatomie du cerveau. à la limite, selon lui, la question est secondaire : l’expérience montrant que de nombreux aliénés ont perdu l’esprit suite à un choc « moral », un traitement moral peut inversement conduire à leur guérison (« moral » étant ici opposé à physique, on dirait aujourd’hui « psychologique »). Le médecin doit comprendre la logique du délire de son patient, puis s’appuyer sur le reste de raison demeurant chez tout aliéné pour le forcer peu à peu à reconnaître ses erreurs, en usant du dialogue mais aussi, au besoin, de son « autorité ». On a beaucoup discuté du sens du traitement moral. Pour les uns, Michel Foucault notamment (Histoire de la folie à l’âge clas- sique, 1961), Pinel ne fait que remplacer une contention physique par un conditionnement moral, une exclusion par une autre, le malade psychiatrique se trouvant livré à la toute-puissance des 11 Pinel et les aliénistes médecins, seuls à juger de la « guérison » dans leurs asiles fermés à l’extérieur. Pour les autres, comme Gladys Swain (Le Sujet de la folie. Naissance de la psychiatrie, 1997), en faisant du fou un malade que l’on pourrait soigner, réintégrer dans la cité, Pinel permet d’établir un dialogue avec la folie, certes incomplet, voire spécieux, mais un dialogue tout de même. Comme souvent, la vérité se situe probablement quelque part entre uploads/Science et Technologie/ histoire-de-la-psychologi.pdf

  • 26
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager