LA FIN DE LA RÉPUBLIQUE ROMAINE UN DÉBAT FRANCO-ALLEMAND D'HISTOIRE ET D'HISTOR
LA FIN DE LA RÉPUBLIQUE ROMAINE UN DÉBAT FRANCO-ALLEMAND D'HISTOIRE ET D'HISTORIOGRAPHIE SOUS LA DIRECTION DE HLNNERK BRUHNS, JEAN-MICHEL DAVID ET WILFRIED NIPPEL En juin 1994, à Strasbourg, des his- toriens français et allemands se sont rencontrés afin de confronter les ap- proches et les méthodes avec les- quelles ils abordent ce dont ils sont spécialistes : l'histoire de la fin de la République romaine et des débuts de l'Empire. L'idée partait d'une consta- tation. D'un pays à l'autre, la connais- sance des travaux des uns et des autres est bonne, mais l'échange se li- mite souvent à l'établissement érudit des données sans que pour autant se mette toujours en place la compré- hension en profondeur qui permet d'accorder aux mêmes faits la même valeur. Cette table ronde fut ainsi l'occasion d'évaluer ces variations épistémologiques tant par l'examen des différences dans l'analyse des ob- jets d'étude que par les tendances profondes qui peuvent avoir contri- bué à leur mise en place : le poids des organisations académiques, les mé- fiances que trois conflits successifs n'ont pas manqué de mettre en place, les divergences surtout qui naquirent de l'importance inégale qui fut accor- dée aux diverses tendances des sciences sociales, de l'anthropologie ou de la science politique. ISSN 0223-5099 ISBN 2-7283-0389-4 DIE SPÄTE RÖMISCHE REPUBLIK LA FIN DE LA RÉPUBLIQUE ROMAINE UN DÉBAT FRANCO-ALLEMAND D'HISTOIRE ET D'HISTORIOGRAPHIE sous la direction de Hinnerk BRUHNS, Jean-Michel DAvtD) e t Wilfried NIPPEL ÉCOLE FRANÇAISE DE ROME PALAIS FARNÈÇE 1997 Table ronde franco-allemande organisée par l'Institut für Geschichtswissenschaften der Humboldt Universität Berlin, le Centre de recherches historiques de l'École des hautes études en sciences sociales (UMR 19 du CNRS) et le Groupe de recherche d'histoire romaine de l'Université des sciences humaines de Strasbourg (URA 988 du CNRS) (Strasbourg, 10-11 juin 1994) © - École française de Rome - 1997 ISSN 0223-5099 ISBN 2-7283-0389-4 Diffusion en France: DIFFUSION DE BOCCARD 11 RUEDEMÊDICIS 75006 PARIS Diffusion en Italie: «L"ERMA» DI BRETSCHNEIDER VIA CASSIODORO 19 00193 ROMA SCUOLA TIPOGRAFICA S. PIO X - VIA ETRUSCHI, 7-9 ROMA PRÉSENTATION * Inviter des historiens allemands et français spécialistes de la fin de la République et du début de l'Empire à participer à une table ronde dont le thème revenait à confronter leurs propres pratiques intellectuelles, n'allait pas de soi. L'idée pourtant procédait d'une constatation. D'un pays à l'autre la connaissance réciproque des travaux des uns et des autres est bonne. Les spécialistes des mêmes sujets se lisent et se citent. Mais l'échange se limite souvent à l'établissement des faits documentaires et aux discussions erudites qu'il entraîne. Les deux ensembles participent en effet de traditions historiographiques différentes qui sans être étrangères les unes aux autres ne sont pourtant pas l'occasion d'un véritable échange. Tout se passe comme si, la réflexion n'empruntant pas les mêmes concepts, le profit qui est fait de la lecture de l'autre, se limitait à l'usage des mêmes données, et que, les difficultés linguistiques aidant, la compréhension en profondeur, celle qui conduit à étudier les mêmes faits et à leur accorder la même valeur, restait inhibée dans un rapport d'intimidation réciproque et de désintérêt cour- tois. Il y a plusieurs raisons à cela. L'écart peut remonter à une péri- ode assez ancienne. Les guerres qui se sont succédées et le climat de méfiance et d'hostilité qui a régné de façon quasiment ininterrom- pue depuis la fin du XIXe siècle, ont évidemment pesé sur les rela- tions entre les deux milieux scientifiques. Mais le plus important tient sans doute aux différences qui marquèrent la mise en place des sciences sociales et aux influences qui s'exercèrent en la matière. Les * Cette table ronde a été organisée en juin 1994 par l'Institut für Ges- chichtswissenschaften der Humboldt Universität Berlin, le Centre de recherches historiques de l'École des hautes études en sciences sociales et du CNRS (UMR 19) et le Groupe de recherche d'Histoire romaine de l'Université des sciences hu- maines de Strasbourg (URA 988 du CNRS). Nos plus vifs remerciements vont à l'Université des sciences humaines de Strasbourg, à la Deutsche Forschungs- gemeinschaft, et au Département des Sciences de l'Homme et de la Société du CNRS qui en ont permis la tenue par leur soutien, ainsi qu'à l'École française de Rome et tout particulièrement à ses deux directeurs successifs, Messieurs C. Ni- colet et A. Vauchez, qui ont accepté d'en publier les actes dans cette Collection. 2 PRÉSENTATION écarts dans l'usage fait du marxisme ou des concepts de la sociologie de Max Weber par exemple, ou encore l'inégale importance accor- dée à l'anthropologie ou à la science politique ont joué un rôle dans la mise en place des divergences. L'Histoire est complètement in- cluse dans le champ des problématiques que l'analyse sociale met en œuvre et ne peut pas ne pas avoir été comprise dans les variations d'intérêts qui ont affecté le climat scientifique des deux pays. Le plus surprenant tient malgré tout à ce que ce type de différences n'est que très rarement analysé ou même évoqué. Les traditions intellectuelles nationales sont une donnée tellement naturelle que l'on n'éprouve pas le besoin de les évaluer et que si la question se pose à propos d'un auteur, on se contente de le replacer dans son contexte, sans s'interroger davantage. Une sorte de consensus s'établit ainsi pour estimer que les diverses traditions intellectuelles se valent -pour peu qu'elles respectent les règles de l'érudition et de l'établissement scientifique des faits- et qu'il n'y a aucune raison d'entrer dans ce genre de considérations, voire même que cela serait impertinent ou imprudent. L'entreprise était assurément difficile. Isoler deux milieux na- tionaux de l'ensemble du monde savant pouvait avoir quelque chose d'artificiel et conduire à des impressions erronées. Les échanges scientifiques sont réputés ne pas connaître de frontières. Seules le sont pourtant les relations qui se fondent sur la lecture réciproque des ouvrages et des articles publiés dans les revues in- ternationales et qui conduisent à ce que les analyses des uns et des autres soient largement connues. Or chacun sait, pour l'expéri- menter quotidiennement, que lire n'est pas toujours comprendre et que les pratiques intellectuelles reposent davantage sur des concepts et des présupposés assimilés lors des années d'apprentis- sage et de formation et qu'un processus de reproduction et de pieuse identification permet d'entretenir longtemps. Et la struc- ture des milieux académiques qui assurent ces fonctions d'acquisi- tion et de conservation, est déterminée par une histoire largement nationale puisqu'elle est politique et administrative et qu'elle est le fait de groupes réduits partageant des règles de conduite propres à un système d'Écoles et d'Universités. Poser la question en ces termes n'est certes pas la rendre plus facile. Si les grands courants historiographiques peuvent être éventuellement identifiés, les ambiances et les filiations intellec- tuelles naissent d'un ensemble de relations personnelles et de fa- miliarités qui s'oublient ou qui ne s'avouent pas toujours. Leur étude en devient donc tout à fait délicate et impose de faire appel à une connaissance qui n'est plus celle que donne la lecture des publications mais qui tient à l'appartenance à un milieu scienti- fique, à la participation à son héritage et à l'expérience de son PRÉSENTATION 3 fonctionnement. La méthode qui a été adoptée lors de la prépara- tion de cette table ronde, a donc été de privilégier l'échange sur l'exposé. Le principe en était de demander à des spécialistes de porter un regard critique sur la production scientifique du pays voisin dans un domaine qui lui était familier, de relever les concepts et les présupposés qui lui semblaient dominer et de faire part des interrogations que cette analyse lui inspirait. Un autre spécialiste lui répondait alors et complétait ces premières ré- flexions en faisant apparaître les principales tendances historio- graphiques ou continuités intellectuelles qui lui apparaissaient importantes. C'était alors pour ces chercheurs l'occasion de s'in- terroger sur leurs propres pratiques. Ces communications croisées étaient alors complétées par des rapports plus généraux sur l'or- ganisation et le fonctionnement des systèmes académiques (H. Bruhns), l'histoire des échanges entre savants allemands et français jusqu'à la première guerre mondiale (J. Von Ungern- Sternberg) ou une comparaison de la place de l'Histoire romaine entre les manuels en usage dans les deux pays (E. Erdmann). Les résultats de cette rencontre ont alors été de deux types. Le premier, de façon au fond très traditionnelle, a été de reprendre les grands courants historiographiques qui s'étaient manifestés dans l'é- tude d'un certain nombre de questions. Il aboutissait alors à faire apparaître comment, dans une série de domaines, ils avaient orienté la recherche et la réflexion. A partir de là cependant d'autres ques- tions pouvaient être posées qui tenaient aux conditions intellec- tuelles générales qui avaient contribué à leur succès (J.-M. David, K.-J. Hölkeskamp, M. Humbert, J. Scheid, Y. Thomas). Le second avait quelque chose de plus actuel puisqu'il revenait à s'interroger sur la place qu'occupaient certaines formes d'interrogation dans la réflexion contemporaine ou des dernières décennies (J. Andreau, J.- L. Ferrary, J. Martin, W. Nippel). Dans certains cas, il permettait l'ouverture d'un échange sur les pratiques intellectuelles de cha- uploads/Science et Technologie/ la-fin-de-la-republique-romaine-fr-i-nem-yaz.pdf
Documents similaires










-
47
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Aoû 30, 2022
- Catégorie Science & technolo...
- Langue French
- Taille du fichier 17.0796MB