LA GÉOMANCIE DES MONTS MANDINGUES LA GÉOMANCIE DES MONTS MANDINGUES L’art de li
LA GÉOMANCIE DES MONTS MANDINGUES LA GÉOMANCIE DES MONTS MANDINGUES L’art de lire l’avenir dans le sable Jan Jansen et Namagan Kanté Préface par Jean-Paul Colleyn Bamako Éditions Yeelen 2009 Colofon EditionsYeelen BP E825 Bamako (Mali) E-mail: editionsyeelen@gmail.com Dépôt légal 1e trimestre 2010 Bibliothéque nationale Bamako Copyright 2010 Editions Yeelen ISBN 99952-805-0-7 Tous droits de reproduction, d’édition, d’impression, de traduction, d’adaptation et de représentation, en totalité ou en partie, réservés pour tous les pays. La reproduc- tion d’un extrait quelconque de cet ouvrage, par quelque procédé que ce soit, est interdite sans l’autorisation écrite du détenteur des droits d’auteur. La traduction et la publication de cet ouvrage en language française a été possible grace à la contribution financière de NWO-WOTRO Science for Global Development, la division au sein du Conseil Néerlandais pour la Recherche Scientifique (NWO) responsable pour la recherche pour le développement (dossier P52-1106). 5 TABLE DES MATIERES Avant-propos 7 Préface de Jean-Paul Colleyn 9 Une réflexion de méthode 15 À la recherche d’un objet d’étude 17 Par qui, pour qui ? 21 Première PARTIE : Les six leçons de Namagan Kanté 25 Leçon 1 : Les « huit esprits et huit personnes » 27 Leçon 2 : Quatre jubidisè 32 Leçon 3 : Deux siké et deux tamanakaté 43 Leçon 4 : Un nimisa et trois kumadisè 45 Leçon 5 : Jubidisè, nimisa, siké et nimisa 47 Leçon 6 : Deuxième étape 48 DEUXIÈME PARTIE : La géomancie dans la pratique 53 Prélude : L’accueil par le devin 61 Phase 1 : Présentation au sable 62 Phase 2 : Détermination des quatre signes initiaux 66 Phase 3 : Interrogation du sable 73 Phase 4 : Détermination du sacrifice et interprétation du schéma 75 Phase 5 : L’exécution du sacrifice 82 Phase 6 : Dimension sociale du sacrifice 87 Postface 93 ANNEXES Une procédure standard plus concise 95 Conséquences formelles du choix de quatre signes initiaux spécifiques 100 Bibliographie 102 6 Namagan Kanté de Farabako (arrondissement de Siby, Mali). 7 Ce livre ne saurait commencer sans un grand MERCI à Namagan Kanté, mon hôte dans le village de Farabako, qui a accepté ma pré- sence lors de ses sessions de géomancie et qui, patiemment, a ré- pondu à toutes mes questions. J’ai surtout été honoré par un geste particulier de Namagan : en novembre 2004, il a vérifié les schémas divinatoires d’une première version de ce livre avant de l’approu- ver. En janvier 2006, il a réalisé la même démarche en présence des gens du village. C’est pourquoi je trouve tout à fait normal d’attri- buer à Namagan le titre de coauteur de ce livre. Je dois également beaucoup de remerciements à des amis chercheurs avec qui j’ai pu échanger sur la géomancie. Je pense surtout à Franklin Tjon Sie Fat, Ed Noyons, Trevor Marchand, Geert Mommersteeg, Ron Eglash, Nienke Muurling, Walter van Beek, Brahima Camara, Mahamadou Faganda Keita, Marlies Bedeker et Philip Peek. Je remercie beaucoup Boubacar Tamboura, un Néerlandais d’origine Malienne, qui a été lui-même élève d’un expert en géomancie dans sa jeunesse, pour ses conseils et sa patience lors du visionnage des films vidéos que j’avais tournés en 2002 et 2003. Sans son aide, beaucoup de choses m’auraient échappé. Je remercie particulièrement (l’ethno-) mathématicien Paulus Gerdes (Maputo, Mozambique) qui a été si gentil de lire de façon critique deux ( !) versions de ce livre et qui a profondément amélioré et changé ma connaissance et compréhension de la géomancie. Mes remerciements vont également à Jean-Paul Colleyn pour ses remarques pertinentes et la préface qu’il a bien voulu écrire pour l’édition française. Enfin, je suis reconnaissant envers Moussa Fofana et son équipe pour sa traduction de ce livre en français et ses efforts pour sa dis- tribution au Mali. Jan Jansen, Utrecht, octobre 2009 AVANT-PROPOS 9 Jan Jansen a eu l’amabilité de m’inviter à préfacer cet ouvrage destiné à ouvrir les yeux du profane sur une forme de géomancie pratiquée dans les Monts Mandingues. Il faut d’abord signaler que la géomancie est très largement répandue dans toute l’Afrique et à Madagascar. Cette technique de divination n’a pas fini de faire parler d’elle, qu’elle fasse partie de notre univers mental ou qu’elle nous provoque quant à ce que l’on entend par « logique », « ration- nel » ou « vrai ». Elle a quelque chose à voir avec la croyance, mais aussi avec le pragmatisme, puisqu’elle influence les prises de déci- sion de millions de personnes. Elle se fonde sur une logique combi- natoire, mais concerne aussi la psychologie puisque pour ceux qui y ont recours, elle donne forme à la quête de savoir et conditionne la confiance en soi. Ce livre repose sur une somme de connaissances distinctes des savoirs ordinaires, car il a été acquis au prix d’une grande patience et de longs efforts ; l’auteur ayant choisi d’apprendre la géomancie « sur le tas », comme s’il était lui-même un « apprenti » confié à un maître du Mandé. Le savoir divulgué ici provenant très largement de ce maître, Namagan Kanté, Jansen lui a proposé le statut de coauteur, ce qui est une solution élégante au problème du passage du savoir oral à l’écrit, aussi bien qu’au problème de la divulgation d’une culture partiellement secrète. Jansen trouve « normale » cette cosignature, mais nous savons tous, que dans les usages ethnographiques, elle ne va pas de soi et c’est pourquoi il est bon de la signaler. J’aimerais procéder en trois temps : d’abord donner une idée de l’ampleur et des enjeux tant intellectuels que sociologiques de la divination au Mali, ensuite m’attacher à la méthode adoptée par l’anthropologue, et enfin situer cette étude dans l’ensemble plus vaste que forment les géomanciens du monde mandé. PRÉFACE JEAN-PAUL COLLEYN 10 Les enjeux de la géomancie On ne peut assez souligner la prégnance de la divination dans la vie quotidienne au Mali. Dans le passé, au temps de la prééminence des formations politiques précoloniales - états ou chefferies, selon l’échelle -, chaque souverain avait ses devins de cour, qu’il consul- tait avant toute décision importante. Malgré de spectaculaires chan- gements de la vie économique, sociale, politique et religieuse, elle n’a pas le moins du monde disparu. De nos jours encore, quelqu’un qui, par éducation familiale, est frotté à la géomancie, commencera sa journée en dressant le tableau des « nouvelles du jour » (do kibaru), afin de savoir sous quels augures elle se place. L’enjeu est d’impor- tance, car il s’agit de réduire la part d’incertitude, l’angoisse, la souf- france, la maladie, la mort, la stérilité, l’impuissance, la misère, les calamités naturelles et les conflits. La divination propose une grille d’analyse pour tout ce qui fait signe dans la vie d’un individu, voire pour révéler sa destinée ignorée, qu’il lui faut assumer ou infléchir pour retrouver un équilibre. La condition minimale pour que devins, disciples et clients s’entendent réside dans la conviction partagée qu’il n’y a absolument rien dans le monde qui soit dépourvu de signification. La géomancie offre un des exemples les plus frappants de formes de savoir qui transcendent les ethnies, dont on sait par ailleurs les définitions fluctuantes dans cette partie de l’Afrique comme dans d’autres (Bazin 1985 ; Amselle 1990). Il serait absurde de distinguer des systèmes divinatoires maninka, bamana, minianka, dogon, senufo, bozo, car ce n’est pas au niveau de ces identités, mais à celui des réseaux de relations maîtres-disciples que se façonnent les écoles de divination « par le sable ». La méthode de l’anthropologue Jan Jansen s’est formé dans un petit village des Monts Mandingues, mais son maître, qui s’inscrit dans un vaste réseau de collègues et de clients, circule en moto entre Bamako, Kita et Siguiri, en Guinée. Si le vélo et la moto apparaissent aujourd’hui comme un moyen de production et de circulation du savoir, comme nous le disions, le caractère « international » de cette diffusion ne date pas d’hier. Notre 11 auteur a très scrupuleusement appliqué l’observation participante, une méthode dont tout anthropologue se réclame, sans pour autant toujours l’appliquer. Il décrit l’enseignement pratique prodigué par Namagan Kanté, puis analyse de manière réflexive son expérience personnelle en tant qu’apprenti géomancien. Grâce à cette méthode d’enquête « au ras du sable » et à cet ordre d’exposition, le lecteur comprend vite que les activités auxquelles se livrent maître et élèves impliquent précisément le savoir qui permet l’apprentissage et le rend descriptible. L’accent est donc mis sur ce que le maître montre à l’élève, plutôt que sur ce qu’il lui dit. Il faut donc apprendre en imitant et résister aux tentations de la glose explicative, incorrigible- ment privilégiée en Occident. Cette conscience de l’interactionnisme sociologique se révèle très productif et particulièrement adapté à la géomancie. Celle-ci est, en effet, bien plus qu’une technique de lec- ture du monde des apparences, car elle ouvre sur un autre monde, caché derrière les effets de surface de la « réalité » extérieure. Dès lors que l’on admet, comme le fait Jansen, que ce sont les interactions qui produisent les faits sociaux, uploads/Science et Technologie/ la-geomancie-des-monts-mandingues.pdf
Documents similaires
-
19
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Mar 16, 2021
- Catégorie Science & technolo...
- Langue French
- Taille du fichier 0.9925MB