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See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.net/publication/301766262 Le français par la science : une langue étrangère enseignée par un scientifique aux scientifiques Conference Paper · September 2006 CITATIONS 6 READS 2,102 1 author: Some of the authors of this publication are also working on these related projects: Teaching of physics in real conditions / Преподавание физики в реальных условиях View project Dislocations near phase transition points View project Dmitry Lisachenko Saint Petersburg State University 43 PUBLICATIONS 23 CITATIONS SEE PROFILE All content following this page was uploaded by Dmitry Lisachenko on 01 May 2016. The user has requested enhancement of the downloaded file. 1 Le français de spécialité. Enjeux culturels et linguistiques Comité Éditorial : Olivier Bertrand, Isabelle Schaffner Editions de l'Ecole Polytechnique, 2008, Pages : 268 ISBN : 978-2-7302-1461-2 ________________________________________ p. 141-150. Le français par la science : une langue étrangère enseignée par un scientifique aux scientifiques Dmitry Lisachenko Faculté de physique et faculté des lettres, Université d'Etat de Saint-Pétersbourg 1. Introduction Cet article représente un point de vue d'un physicien souhaitant partager son expérience de l'enseignement du FLE aux facultés scientifiques de l'Université d'Etat de Saint-Pétersbourg à partir de son expérience francophone en tant qu'usager (étudiant en physique, chercheur, stagiaire au CNRS, traducteur etc.) et professeur de français pour les usagers (étudiants et stagiaires) ayant mis en pratique un cours de FOS aux facultés scientifiques. Pour nous le français quel qu'il soit (FLE, FOS, etc.) c'est avant tout un outil, et pour un étudiant le résultat principal c'est la possibilité d’expliquer en français la (sa) solution d’un problème scientifique. Souvent la leçon de français n'est pas une simulation d'une activité scientifique : c'est l’activité elle-même. Ce qui est important c’est que l’étudiant doit penser à la physique, et pas à la grammaire d'une langue étrangère : demandez à n'importe quel scientifique à quoi il pense en parlant de la science en sa langue maternelle. Cela doit être pareil en une langue étrangère. Il est évident que l’idée principale d'utiliser les compétences en sciences dans une étude d'une langue n’est pas nouvelle et qu’elle a été plusieurs fois mise en pratique par de nombreux scientifiques apprenant des langues en tant qu'autodidactes. On peut en donner de nombreux témoignages, par exemple ceux de R.Feynman ou L.Schwartz, aussi que celui de l'auteur de cet article qui commençait à apprendre l'italien pour aller en Italie ou le roumain pour tester l'efficacité de la méthode, et de ses collègues qui ont utilisé cette idée en cours élémentaire de l'espagnol. Partout dans cet article, en disant "physicien" ou "scientifique" nous y sous-entendons également un chimiste ou un ingénieur, un mathématicien ou un informaticien, aussi bien qu'un traducteur technique ayant une formation scientifique... Bref, toute personne qui utilise régulièrement dans son activité professionnelle les compétences en sciences dites dures ou exactes. Nous croyons que les idées exprimées ici sont applicables à eux tous. 2 2. Contexte culturel, linguistique et scientifique 2.1. Parcours pédagogique singulier et analyse des besoins Du point de vue d'un usager, cette analyse consiste à énumérer les besoins et les préoccupations quotidiennes, langagières et pédagogiques, d'un scientifique. Un scientifique qui termine l'université et entre dans une vie où les migrations interprofessionnelles sont fréquentes, doit posséder la capacité d'adaptation et une flexibilité assez élevée, plutôt que des compétences précises dans un domaine étroit, y compris la connaissance d’une langue étrangère. Il ne doit pas croire qu'il va consacrer toute sa vie à la même matière et n'exercer que les mêmes activités langagières même si celles-ci ont été les meilleures au moment de la sortie de l'université. Enfin, dans la vie il est important de savoir rentrer très vite dans le sens de la matière et d'obtenir très rapidement le premier résultat ; cela fait, on avance avec courage. Communiquer à un collègue en sa langue, lire un article scientifique en une langue étrangère, voire inconnue, être embauché comme relecteur ou traducteur d'un texte scientifique ou technique, et même enseigner les notions d'une langue étrangère à son collègue pour le dépanner au début de son stage à l'étranger, ce sont des tâches quotidiennes qui se posent devant un scientifique (et cela sans compter de multiples métiers non liés à sa formation). Par exemple, un physicien russe en France parle normalement les trois langues en même temps : le russe, le français et l'anglais. Il doit donc passer avec aisance d'une langue à une autre, restant toujours concentré sur la matière scientifique. Nous parlons ici du niveau débutant et intermédiaire, le plus enseigné auprès du grand public. Au niveau avancé en langues on appliquerait plutôt une approche autodidacte ou une méthode sur mesure. C'est pourquoi nous n'en parlerons pas ici. 2.2. L'interdisciplinaire : scientifique et littéraire Rien n'est plus naturel que l'interdisciplinaire, car dans la nature elle-même il n'existe aucun phénomène purement physique ou purement chimique, non plus purement linguistique. Les disciplines s'étaient séparées car d'une part il n'était plus possible pour une seule personne d'englober la totalité du savoir, et d’autre part les disciplines se distinguaient nettement selon la matière (la physique et la chimie ont longtemps vécu séparément avant de se retrouver au niveau atomique). La deuxième moitié du XX siècle a été marquée par l'interpénétration des sciences naturelles ; non seulement au niveau de la matière (niveau atomique pour la chimie et la physique), mais aussi au niveau des idées et de la description des phénomènes (processus non équilibres, auto-organisation, évolution). Les mêmes idées ont été déjà appliquées, et parfois avec un certain succès, aux sciences humaines (par exemple, on parle de l'histoire théorique, au moins au niveau des idées). Ou bien prenons la mécanique quantique et la dualité onde - particule : pour la comprendre il faut apprendre d'abord une toute nouvelle langue artificielle qui s'appelle la mécanique quantique et qui a été inventée pour décrire de nouveaux phénomènes, invisibles dans la vie quotidienne. La mécanique quantique est souvent très difficile pour un débutant car il n'a pas encore appris les notions de cette nouvelle langue, c'est pourquoi le sens lui échappe. C'est comme la poésie chinoise pour ceux qui ne le parle pas : on peut admirer les hiéroglyphes, mais on ne peut pas sentir le sens. L’intégrité de l’Univers lui-même étant incontestable, les spécialistes sont de moins en moins séparés en scientifiques et littéraires. Par conséquent, la distinction entre le FLE (français général) et le FOS (français sur objectifs spécifiques) ou entre le FOS et le français de spécialité (FDS) paraît artificielle et parfois excessive, aussi bien que pour la traduction scientifique et la traduction technique. En effet, malgré un intérêt académique incontestable cette distinction aurait pu avoir un sens pragmatique s'il y avait assez de spécialistes pour chaque branche, ou assez de traducteurs très spécialisés en leur thématique, ce qui n’est pas le cas : en réalité la même personne fait tout, ou au moins elle doit être prête à faire tout. 3 De toute façon, cette distinction didactique ne sera pas claire pour un scientifique (qui veut tout simplement lire, écrire, parler, traduire et comprendre) et ne pourra pas être utilisée dans son activité pratique. Et les changements de métiers rendent ces distinctions inutilisables. Finalement, puisque le précipice entre les scientifiques et les littéraires devient de moins en moins profond, il ne faut pas séparer trop les littéraires eux-mêmes. Dans quel ordre apprendra-t-on les différentes matières ? Traditionnellement, on apprend les sciences séparément du FLE, et le FOS après le FLE. Mais il nous paraît naturel et efficace d'essayer d'apprendre tout à la fois, parce que le FOS élémentaire ouvre un très bon chemin vers le FLE. Résumons la situation interdisciplinaire sous la forme d'un tableau : Approche classique Approche pour les scientifiques Matières réunies Assez proches : physique + chimie ; histoire + littérature Sciences + langues Approche D'abord étudier les matières à part ; puis les réunir Ne pas séparer dès le début : 1) enseigner ensemble 2) utiliser les idées d'une discipline dans l'étude de l'autre. Séquence D'abord le FLE littéraire, puis le FOS Le FOS élémentaire avant le FLE Grammaire Construire la phrase à partir des règles Déduire des règles à partir des exemples 2.3. Le français à la faculté des sciences Une langue étrangère pour les scientifiques n'est pas une discipline limitée et simplifiée, opposée à une langue étrangère "classique". C'est une notion assez large qui comprend donc : – le français de spécialité ; – le français général pour les scientifiques avec les approches spécifiques, – les sciences en français : d'une part, le vocabulaire des conférences, séminaires, etc., et d'autre part, une nouvelle connaissance scientifique (ce qui est très motivant en cours de langue) ; – le français parmi les autres langues (son lieu et son rôle dans le monde réel), – les nouvelles approches pédagogiques. 2.4. Le FOS, une langue parmi les autres : une langue marginale ? Dans mes activités de chercheur en physique, d’enseignant de français et de traducteur technique je me suis posé toujours les mêmes questions : faut-il protéger l'environnement linguistique uploads/Science et Technologie/ lisachenko-dmitry-colloque-corr.pdf
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- Publié le Aoû 28, 2021
- Catégorie Science & technolo...
- Langue French
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