Les textes édités par le département Communication des Laboratoires De) a ange
Les textes édités par le département Communication des Laboratoires De) a ange interrogent et con ontent les pratiques mé icales, plus particulierement en psychiatrie. Ceux qui font profession de soigner, ne sont pas en marge des sciences de la vie. Face à une pharmacologie triomphante quelle est la place du regard clini.J.ue ? Il est temps d'qjfirmer que personne ne détient la vérité, mais que chacun doit être le porte-parole des phénomenes qu'il observe. Ainsi va la science. Cette collection s 'integre donc à notre eff ort pour que la clinique reprenne toute sa place. Collection dirigée par Philippe Pignarre * DELAGRANGE DEPARTEMENT COMMUNICATION SYNTHÉLABO 22, A VENUE GALILÉE 92350 LE PLESSIS-ROBINSON Illustration de couverture : Henry Moore ( 1898-1986) Composition (1931) - albâtre de Cumberland Suisse . Marcigny . Fondation Pierre Gianadda (exposition) By courtesy of the Henry Moore Foundation, Perry Green © G. DAGLI ORTI - PARIS ©LES EMP(CHEURS DE PENSER EN ROND 1992 ISBN 2-908602-22-9 ISSN 1151-6461 ROBERT MISRAHI Le corps et l'esprit dans la philosophie de Spinoza COLLECTION LES EMPECHEURS DE PENSER EN ROND TABLE DES MATIÈRES INTRODUCTION La problématique de la conscience et le détour spinoziste . . . . . . . . . 7 I/ - LE CONTEXTE . . . . . . . . . . . 13 1 Aperçu schématique . . . . . . . 1 3 2 La critique spinoziste . . . . . . . 24 3 Le propos d'ensemble . . . . . . 33 4 Le système de la Nature . . . . 41 II/ - LA DOCTRINE DU CORPS ET DE L'ESPRIT . . . . . . . . . . . . . . 5 7 1 L'individu unifié . . . . . . . . . . 5 7 2 L'individu désirant . . . . . . . . 79 3 L'individu passionné . . . . . . . 97 4 L'individu libéré . . . . . . . . . . 1 14 CONCLUSION De la joie à la béatitude . . . . . . . 131 5 INTRODUCTION La problématique de la conscience et le détour spinoziste La problématique du statut de la conscience se présente aujourd'hui d'une façon riche et paradoxale. D'un côté les progrès de la neurobiologie semblent offrir des éléments pour une connaissance et une maîtrise scientifiques du compor tement, mais d'un autre côté la phéno ménologie, c'est-à-dire la description des contenus de conscience semble être seule en mesure de déployer les champs de significations qui pourraient restituer à l'activité son statut d'action humaine en l'inscrivant dans le cercle des motivations, des valeurs, et des jugements, c'est-à-dire dans l'ordre du sens et de la parole. Mais si l'action humaine est signification et non 7 pas mécanisme, comment la conscience s'inscrit-elle dans le réel, et d'abord, dans le corps ? La ligne phénoménologique et «psychologique » des descriptions de sens et la ligne expérimentale et empirique des analyses causales ne risquent-elles pas, au jourd'hui, de ne jamais se rencontrer, lais sant dès lors la connaissance de l'homme dans un état de morcellement et d'ampu tation difficilement compatible avec la vérité d'une part, et avec la pratique effec tive de la thérapeutique d'autre part? La philosophie phénoménologique et existentielle ouvre certes la voie à une connaissance approfondie de l'être humain comme sujet singulier et concret où la dimension de la conscience n'est pas séparable de la dimension corporelle ou charnelle. On le voit bien chez Sartre et Merleau-Ponty, comme on pouvait le pressentir chez Gabriel Marcel. Il reste que les perspectives d'un Mar cel ou d'un Lévinas retrouvent vite leur origine spiritualiste, annulant dès lors les percées effectuées. D'autre part les des criptions d'un Sartre restent finalement abstraites aussi bien dans l'élucidation des motifs de l'action (qu'on songeA à la «psychanalyse existentielle » dans l' Etre et le Né ant) que dans la description du corps vivant (simple en-soi, chutant parfois dans la contingence absurde de la chair). 8 Quant aux structuralistes, ils avaient par vocation fait vœu d'abstraction et de formalisme, confondant trop souvent les problèmes de l'action humaine avec des problèmes linguistiques et grammaticaux, dissolvant ainsi la parole vivante dans le langage figé. Evoquons enfin les mouvements psy chanalytiques. Ils semblent bien cerner le lieu exact des problèmes en assignant au Désir le rôle central dans l'activité humaine. Psychiatres et 0psychanalystes s'accordent pour reconnaître à!̙ vie aff ec̘ tive sa dignité, son sens et son efficacité, dès lors qu'ils font de leurs pratiques thé rapeutiques une technique de reconstitu tion de la vie de la conscience, détruite ou désintégrée par elle-même, par son corps, ou par le monde. Sans référence métaphysique ou religieuse, les analystes et les psychiatres savent, comme Kierke gaard, que « la subjectivité est la vérité », et que le sujet est paradoxe et passion. Mais ils savent en outre que la passion comme tragique n'est la vérité d'un sujet que dans une perspective pathologique et pour une durée délimitée n'épuisant pas à elle seule toute la vérité d'une consCience. Ainsi, par la référence centrale au Désir, les sciences humaines semblent être en mesure, aujourd'hui, de mieux poser 9 les termes du problème des rapports entre corps et conscience. Il reste que les problèmes sont loin d'être résolus. Quelle est par exemple la place et la nature de cet objet appelé « inconscient» ? Si l'inconscient est un lan gage, comment peut-il être inconscient ? Si le moi est inconscient, comment peut il travailler à l'avènement du Je ? Si l'inconscient est plus vaste que la conscience, cet au-delà de la conscience est-il le corps ? S'il n'en est rien, quel est le statut d'un «psychisme » qui n'est ni corps ni conscience ? D'autre part, si le Désir est central, quel est son statut ? Comment une «pulsion » aurait-elle un «sens» ? Mais comment un contenu signi ficatif pourrait-il être corporel, si l'incons cient n'est pas réduit au corps, et s'il ne se réduit pas non plus à la conscience ? On le voit l'ancienne problématique des rapports de l'âme et du corps se pré sente aujourd'hui d'une façon à la fois plus concrète (par la référence au Désir) et plus confuse (par l'incertitude où l'on est quant au statut de ce Désir). Aujourd'hui, la problématique de l'âme et du corps est devenue clairement la problématique du sujet et de son désir ; . mais ce qui reste obscur ou ambigu c'est précisément la nature de ce Désir. Seul les lumières neuves sur les rapports du 10 sujet à son désir permettraient de pous ser plus loin notre connaissance de la conscience dans son rapport au corps. Ce n'est pas ici le lieu de reprendre ces problèmes, de les approfondir, et de ten ter des hypothèses descriptives. L'urgence est au travail thérapeutique qu'accomplis sent psychiatres et psychanalystes, prou vant, par leur pratique, la fécondité de certaines de leurs hypothèses et la complémentarité de leurs méthodes spé cifiques. Le philosophe dispose de plus de temps pour tenter de surmonter les obs curités et les contradictions inhérentes aux hypothèses. S'il n'est pas question de résoudre ici ces problèmes, au moins peut-il être utile d'opérer un détour méthodologique qui permettrait de poser ces questions d'une façon neuve. C'est ici qu'intervient la phi losophie de Spinoza. Nous proposons en effet d'opérer un détour par la doctrine spinoziste de l'homme; ce détour devrait nous permettre de poser plus clairement les problèmes de la relation corps conscience, eu égard au fait que, chez Spi noza, la doctrine de l'homme est expli citement construite autour et sur la base du Désir. C'est en effet cette doctrine du Désir qui nous permettra, une fois ses implications (en amont et en aval) complètement explicitées, de rendre 1 1 compte d'une façon originale et claire de la relation corps-esprit. Cette perspective originale, impliquée dans le spinozisme, nous livrera non seulement un modèle possible d'intelligibilité conceptuelle, mais encore une authentique philosophie humaniste dans laquelle l'homme est res titué à son unité corps-esprit, tandis que son action et sa vie lui sont rendues dans la plénitude de leur libené, sur la base et au moyen du travail de la réflexion. C'est une connaissance philosophique conceptuelle et rigoureuse qui permet, chez Spinoza, la réintégration de l'homme dans son unité concrète et dans sa liberté joyeuse. Une telle doctrine ne peut laisser indifférents aujourd'hui, ni le thérapeute, ni le philosophe. Nous allons tenter de réitérer la démarche qui la fonde. 12 I Le contexte 1 - APERÇU SCHÉMATIQUE SUR LES DOCTRINES TRADITIONNELLES. Le principal obstacle à 1' élaboration d'une doctrine unitaire de l'homme est bien évidemment le dualisme entre le corps et ce qu'on appelait «l'âme ». Mais cet obstaclé constitue aussi, sous la forme du cartésianisme, le point de départ d'une réflexion philosophique et anthropologique sur les rapports de 1' esprit et du corps : la doctrine de Spi- . . . noza se constrmra comme une cnuque du cartésianisme, inscrite dans 1' éla- 1 uploads/Science et Technologie/ misrahi-le-corps-et-lesprit-dans-la-philosophie-de-spinoza.pdf
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- Publié le Sep 26, 2021
- Catégorie Science & technolo...
- Langue French
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