Cette séance un peu particulière, qui faisait appel à des expérimentations à pa

Cette séance un peu particulière, qui faisait appel à des expérimentations à partir d’échantillons d’arômes, était volontairement limitée à 70 élèves de seconde, issus de deux classes du Lycée polyvalent Mendès-France et d’une classe du Lycée agricole Jean Monnet, de Vic-en Bigorre, accompagnées de leurs enseignants de physique-chimie ou de mathématiques. LES CAHIERS DE L’UNIVERSITÉ DES LYCÉENS 1 UNIVERSITÉ DES LYCÉENS LES ODEURS PEUVENT-ELLES MODIFIER NOS COMPORTEMENTS ? SÉANCE DU 05 FÉVRIER 2004 Avec Mickaël Moisseeff, aromaticien, docteur en biotechnologie, Et Myriam Richard, Chef de projet en analyses sensorielles. LYCÉE MENDÈS-FRANCE, À VIC-EN-BIGORRE (HAUTES-PYRÉNÉES) PRÉFECTURE DE LA RÉGION MIDI-PYRÉNÉES www.agrobiosciences.org L’UNIVERSITÉ DES LYCÉENS UNE EXPÉRIENCE PILOTE EN MIDI-PYRÉNÉES POUR METTRE LA SCIENCE EN CULTURE En France et en Europe, la régression des effectifs étudiants dans certaines filières scientifiques préoccupe les pouvoirs publics. Ce phénomène pose à moyen terme le problème du renouvellement des cadres scientifiques et techniques, des ensei- gnants et des chercheurs. De plus, le désintérêt des jeunes à l’égard de la science risque de nuire au débat démocratique sur les choix d’orientation de la recherche et de ses applications. La revalorisation de la place de la science dans la cité est d’ailleurs l’une des priorités du Ministère de la Jeunesse, de l’Éducation et de la Recherche. LA CONNAISSANCE ET LA CULTURE SCIENTIFIQUE AU CŒUR DES RAPPORTS ENTRE LA SCIENCE ET LA SOCIÉTÉ La Mission d’Animation des Agrobiosciences (MAA), créée dans le cadre du Contrat de Plan État-Région Midi-Pyrénées 2000-2006, a pour vocation, au plan régional et national, de favoriser l’information, les échanges et le débat entre la science et la société. Elle est à l’initiative de l’Université des Lycéens : une série de rencontres visant à rapprocher les chercheurs, les professionnels, les lycéens et leurs enseignants. Cette démarche destinée aux lycéens de Midi-Pyrénées, en 2003-2004, devrait à terme être transposée dans d’autres régions de France, voire d’Europe. L E S C A H I E R S D E L’ U N I V E R S I T É D E S LY C É E N S 2 UNIVERSITÉ DES LYCÉENS UNE INITIATIVE POUR SENSIBILISER LES JEUNES À LA CULTURE SCIENTIFIQUE Les principaux objectifs de l’Université des Lycéens sont: – Inscrire les sciences, les technologies et les techniques dans la culture générale afin de permettre aux jeunes de se forger un esprit critique, – Redonner du sens aux savoirs scientifiques en mon- trant les passerelles existant entre les disciplines, les relations entre la science et le contexte socio-écono- mique et culturel, ainsi que les liens entre les savoirs et les métiers, – Incarner la science à travers l’exemple du parcours de scientifiques venus à la rencontre des élèves pour « raconter » la science et dialoguer. UNE QUESTION, UNE DISCIPLINE, UNE TRAJECTOIRE – La découverte d’une discipline scientifique: chaque séance, animée par l’équipe de la MAA, fait intervenir un chercheur, le conférencier principal, qui explore un champ scientifique à travers sa trajectoire individuelle, mais aussi à travers l’histoire collective de sa disci- pline : les grands enjeux, les questionnements, les perspectives. – La confrontation des approches et l’interdisciplina- rité : en contrepoint du conférencier principal, un intervenant de discipline ou de secteur professionnel autres apporte son point de vue et réagit aux propos du chercheur. – Un dialogue avec les lycéens: à l’issue de ces expo- sés, une heure est consacrée au débat entre les lycéens et les intervenants. UN ACCOMPAGNEMENT PÉDAGOGIQUE DES CLASSES – L’édition d’un dossier préparatoire permet aux ensei- gnants de préparer le débat en amont : listes des ressources documentaires, biographies des interve- nants, principaux points de repères sur les sujets… – La diffusion du contenu des séances est assurée par la mise en ligne sur les sites de la MAA www.agro- biosciences.org et de ses partenaires, ainsi que par la diffusion d’un document écrit. UNE ÉVALUATION DES SÉANCES La mise en place et la validation d’un protocole d’éva- luation sont assurées par des chercheurs de l’équipe de recherche en didactique des sciences, à l’École Natio- nale de Formation Agronomique, auprès des lycéens: recueil de leurs réactions, appréhension des évolutions de leur opinion et de leur appropriation des connais- sances. LE SUJET LES ODEURS PEUVENT-ELLES MODIFIER NOS COMPORTEMENTS ? « MAUVAISES » ET « BONNES » ODEURS Des puanteurs qui vous répugnent aux arômes agréables qui vous attirent, ce qui sent mauvais ou bon vous semble évident. Et pourtant, tout n’est qu’affaire de goût et de culture. Ce qui nous répugne en France, tels ces bonbons au poisson, sont des friandises parti- culièrement recherchées ailleurs, en l’occurrence en Chine. En fait, il n’y a pas de « mauvaises » et de « bonnes » odeurs. L’ODORAT: UN SENS SOUVENT NÉGLIGÉ Tout aussi important que la vue, l’odorat joue de mul- tiples rôles, alertant d’un danger, excitant l’appétit, pro- curant des émotions, ravivant la mémoire… Touchant au plus profond de notre cerveau par un mécanisme complexe de stimuli, il peut influencer nos comporte- ments depuis notre plus tendre enfance. L’organe olfac- tif, 1 000 fois plus sensible que celui du goût, est cependant de moins en moins sollicité par l’homme au fil de son développement. QU’EST-CE QU’UN ARÔME? Tiré du grec arôma, qui désignait une plante aroma- tique, il désigne les odeurs qui s’exhalent de certaines plantes ou de certains animaux mangeables, à la diffé- rence du parfum. Ce sont des composés volatiles, des molécules odorantes qui flottent dans l’air. Inhalés par L E S C A H I E R S D E L’ U N I V E R S I T É D E S LY C É E N S 3 UNIVERSITÉ DES LYCÉENS l’homme, ils remontent le long des narines, et « atter- rissent » sur la muqueuse olfactive, deux « boutons» d’une surface de 5 cm2 derrière le haut du nez, tout près du cerveau. Là, à partir des nerfs olfactifs, le message est transmis au cerveau. CAPTURER LES ARÔMES Depuis longtemps, l’homme sait, par la cuisine d’abord puis par la chimie, capturer ou reproduire les molé- cules odorantes, et cela plus particulièrement pour les industries des cosmétiques, des parfums et de l’agro- alimentaire. Soit par distillation ou extraction des molé- cules renfermées dans des plantes, par exemple, soit par synthèse de molécules qui imitent des molécules existant dans la nature ou qui en créent de nouvelles, alors appelées artificielles. LE MARCHÉ DES ODEURS L’industrie des huiles essentielles travaille des matières premières naturelles, des plantes, mais elle fabrique aussi des produits – essences ou arômes – omnipré- sents dans la composition des produits que nous utili- sons pour notre hygiène ou notre alimentation. Avec, en 2001 (source ministère de l’Économie), 40 entreprises de 20 salariés et plus, le secteur de ces huiles totalise un effectif de 5 000 personnes, largement dominé par le poids de 3 entreprises (dont Givaudan France, leader mondial en fabrication d’arômes et de parfums). La Provence concentre près de 60% des effec- tifs de la profession. LA CONFÉRENCE QUAND LES ODEURS NOUS MÈNENT PAR LE BOUT DU NEZ Plus qu’une conférence, Mickaël Moisseeff proposait ce jour-là aux lycéens une série d’expériences, à l’aide de « touches », petites tiges de papier imbibées d’arômes divers. Une participation active qui permettait d’illustrer concrètement son propos sur le rôle de la cul- ture dans la perception des arômes. Mais aussi sur la mémoire des odeurs, leur rôle et leur importance au quotidien. BONNES ET MAUVAISES ODEURS L’odeur est une sensation qui se déclenche lorsque les molécules volatiles rencontrent vos récepteurs. En général, tout le monde pense qu’il y a de « bonnes » et de « mauvaises » odeurs. « Ça sent bon ou pue». Mais qu’est-ce qu’une bonne odeur ? Et pourquoi, à l’inverse, une odeur est-elle mauvaise ? Si vous réflé- chissez bien, vous ne savez pas ce qu’une mauvaise odeur a de mauvais… Vous fait-elle mal au nez ? Non ! En fait, elle évoque souvent pour vous un souvenir lié à un aliment ou un objet qu’on vous a dit être répu- gnant… De même, lors d’une expérience déplaisante, les odeurs qui lui sont liées seront considérées dans votre inconscient comme de « mauvaises » odeurs. Enfin, certaines odeurs que nous trouvons désa- gréables nous alertent d’un danger, comme l’odeur du gaz, de la fumée ou, pire, de l’hydrogène sulfuré qui a une horrible odeur d’œuf pourri et qui peut nous tuer en une inhalation ! Quant à l’influence que cela peut avoir sur votre com- portement, il est évident que lorsque vous entrez dans un endroit dont vous aimez l’odeur, vous y avez plus de plaisir que si l’odeur y était mauvaise. Ainsi, per- MICKAËL MOISSEEFF Intarissable sur les odeurs, ce sculpteur d’arômes cherche à découvrir les mécanismes par lesquels les odeurs réveillent la mémoire et excitent l’imagination, en combinant des huiles essentielles pures et naturelles ou des produits de synthèse. Docteur en biotechnologie végétale, il a étudié tous les modes de production des arômes, des plus simples aux plus sophistiqués. Militant de la culture scientifique, il œuvre, au travers d’Asquali, uploads/Science et Technologie/ mpunivmaaaro 1 .pdf

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