Éditions UNESCO Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et
Éditions UNESCO Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture Extrait tiré du Rapport de l'UNESCO sur la science POUR ÊTRE INTELLIGENTE, LA RÉVOLUTION NUMÉRIQUE DEVRA ÊTRE INCLUSIVE Éditions UNESCO Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture RÉVOLUTION NUMÉRIQUE Publié en 2021 par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture 7, place de Fontenoy, 75352 Paris 07 SP, France © UNESCO 2021 Citation suggérée : Bello, Alessandro; Blowers, Tonya; Schneegans, Susan et Tiffany Straza (2021) Pour être intelligente, la révolution numérique devra être inclusive. Dans: Rapport de l'UNESCO sur la science : la course contre la montre pour un développement plus intelligent. UNESCO: Paris. Cette étude a été produite avec le soutien de la Fondation Ipsen. Sa version française a été financée par la Fondation l’Oréal, dans le cadre du programme L’Oréal-UNESCO Pour les femmes en sciences. Œuvre publiée en libre accès sous la licence Attribution-ShareAlike 3.0 IGO (CC-BY-SA 3.0 IGO) (http://creativecommons.org/ licenses/by-sa/3.0/igo/). Les utilisateurs du contenu de la présente publication acceptent les termes d’utilisation de l’Archive ouverte de libre accès UNESCO (www.unesco.org/open-access/terms-use-ccbysa-fr). Titre original : To be Smart, the Digital Revolution will need to be inclusive Publié en 2021 par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture Les désignations employées dans cette publication et la présentation des données qui y figurent n’impliquent de la part de l’UNESCO aucune prise de position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones, ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites. Les idées et les opinions exprimées dans cette publication sont celles des auteurs ; elles ne reflètent pas nécessairement les points de vue de l’UNESCO et n’engagent en aucune façon l’Organisation. Dessin de couverture : Alexia Leibbrandt (BIGSISTA), © UNESCO Mise en pages : Baseline Arts Ltd, Oxford, Royaume-Uni ; adaptation de la maquette : UNESCO Imprimé en France SC-2021/WS/1 [CLD 1182.20] Pour être intelligente, la révolution numérique devra être inclusive | 3 INTRODUCTION Les femmes risquent de rater le coche des emplois de demain Le monde traverse une phase de profonde mutation qui bouleverse notre façon de vivre, de travailler et de penser. Ce phénomène a des conséquences d’ampleur sur le rôle des femmes dans la société en général, et dans les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques (STIM1) en particulier. Avec les changements climatiques, les catastrophes naturelles gagnent en fréquence et en intensité, ce qui provoque de lourdes pertes économiques et nous oblige à repenser notre approche du développement, en particulier concernant la sécurité alimentaire, hydrologique et énergétique, la santé, la construction et la gestion de l’environnement. Des éléments indiquent que le déclin actuel des populations d’espèces sauvages, notamment lié à la conversion des zones boisées en terres agricoles, à l’urbanisation, à la chasse et au commerce des espèces sauvages, facilite la transmission de zoonoses, c’est-à-dire de maladies qui peuvent se propager des animaux aux humains. Les pandémies, telles que celle de Covid-19, représentent un enjeu mondial majeur en matière de santé (Johnson et al., 2020) [l’encadré 3.1 décrit les répercussions de la Covid-19 sur les femmes scientifiques]. Parallèlement, la quatrième révolution industrielle (ou « industrie 4.0 ») perturbe les systèmes de gouvernance, les secteurs d’activité et le marché du travail à mesure que les systèmes cyberphysiques se multiplient et se perfectionnent. L’intelligence artificielle (IA), la robotique, les nanotechnologies, l’impression en trois dimensions (3D), la génomique, la biotechnologie et les sciences cognitives sont de plus en plus imbriquées : elles s’inspirent et s’amplifient mutuellement. À mesure que l’automatisation des emplois peu qualifiés progressera, les personnes possédant un niveau d’éducation et de compétences supérieur seront de plus en plus recherchées sur le marché du travail. Une étude de l’évolution de l’emploi menée en Angleterre entre 2011 et 2017 par l’Institut national de statistique du Royaume-Uni (ONS) a révélé que les secteurs qui dépendaient de professions hautement qualifiées étaient moins susceptibles d’être automatisés (voir figure 3.1). Les femmes occupaient 70 % des emplois à fort risque d’automatisation, mais seulement 43 % des emplois les moins menacés par ces bouleversements. À titre d’exemple, entre 2011 et 2017, le déploiement à grande échelle de caisses automatiques dans les magasins anglais a entraîné la destruction d’un emploi d’hôte de caisse sur quatre – une profession majoritairement féminine (UNESCO, 2019). Les femmes ne doivent pas rater le coche des emplois de demain. Les Nations Unies prévoient que, pour chaque emploi créé par l’industrie 4.0, les femmes perdront cinq emplois, contre trois pour les hommes (UNESCO, et Co., 2019). Selon une étude collaborative à laquelle ont participé 29 programmes des Nations Unies, plus de 7,1 millions de travailleurs seront licenciés d’ici 2020 et la moitié des emplois actuels aura disparu d’ici 2050. En d’autres termes, plus de 60 % des enfants qui entrent actuellement à l’école primaire finiraient par occuper des emplois qui n’existent pas encore (UIT, 2017). La population active traverse une phase de transformation fondamentale. Cette évolution devra s’accompagner de politiques institutionnelles pour faire en sorte que les adolescents d’aujourd’hui comprennent les choix professionnels qui s’offrent à eux dans le nouveau monde du travail et aient accès à des formations qualifiantes adaptées. Pour saisir les possibilités créées par la quatrième révolution industrielle, il faudrait que les femmes aient les mêmes chances d’accéder à des catalyseurs tels que l’éducation et l’information. En 2016, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a souligné l’importance « de suivre une approche fondée sur les droits de l’homme dans la fourniture et l’élargissement de l’accès à Internet »2 et adopté une résolution affirmant que l’accès à Internet constituait un droit fondamental. En 2017, dans les pays en développement, les femmes étaient moins susceptibles que les hommes (37 % contre 43 %) d’avoir accès à la fois à un téléphone mobile et à Internet, selon la base de données Global Findex. Dans certains pays, tels que le Bangladesh, l’Éthiopie, l’Inde et le Pakistan, les hommes ont deux fois plus de chances d’avoir accès à ces technologies. Dans d’autres pays, y compris parmi ceux les plus peuplés, l’écart entre les femmes et les hommes n’est pas significatif, notamment en Afrique du Sud, au Brésil, en Chine, en Colombie, en Indonésie et en Turquie3. Les adolescents sont attirés par des emplois à fort risque d’automatisation L’analyse des résultats de l’édition 2018 du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) mené par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a révélé que de nombreux jeunes de 15 ans prévoyaient de s’orienter vers un emploi à fort risque d’automatisation. Ces chiffres étaient particulièrement élevés chez les jeunes issus des milieux les plus défavorisés. Même chez les meilleurs élèves, l’étude PISA a mis en évidence un écart abyssal entre les genres quant aux aspirations professionnelles : dans 34 des 63 pays concernés par l’étude, les garçons étaient davantage portés que les filles vers une carrière dans les sciences et l’ingénierie. Moins de 2 % des filles envisageaient de devenir ingénieures ou informaticiennes et environ 16 % souhaitaient devenir médecin. Fait intéressant : en 2018, moins de garçons et de filles manifestaient un intérêt à travailler dans l’informatique par rapport à 2000 (Mann et al., 2020). Pour être intelligente, la révolution numérique devra être inclusive Alessandro Bello, Tonya Blowers, Susan Schneegans et Tiffany Straza De premières études montrent que la pandémie affecte de manière disproportionnée les chercheuses, alors que certaines d’entre elles se trouvaient à l’avant-garde face à cette crise. Leurs emplois sont plus précaires et leur temps de recherche diminue Un rapport publié en mai 2020 par l’Académie australienne des sciences (AAS, 2020) a souligné que l’insécurité de l’emploi touchait davantage les femmes que les hommes, puisqu’elles étaient plus nombreuses à être employées en contrats de courte durée. Myers et al. (2020) ont interrogé 4 535 professeurs et chargés de recherche, principalement aux États- Unis et en Europe. Toutes choses égales par ailleurs, pendant la pandémie de Covid-19, les femmes scientifiques ont fait part d’une baisse de leur temps de recherche supérieure de 5 % à celle de leurs collègues masculins. Pour les scientifiques avec au moins un enfant âgé de 5 ans au maximum, le temps de recherche a même diminué de 17 %. Les auteurs ont rappelé que ce sont en général les femmes qui s’occupent principalement des jeunes enfants. Les premières analyses laissent également penser que le taux de publication des femmes a chuté par rapport à celui des hommes pendant la pandémie et que les femmes ont soumis moins de prépublications et lancé moins de projets de recherche que leurs collègues masculins (Viglione, 2020). Dans les médias de nombreux pays, ce sont avant tout des voix masculines qui se sont fait entendre pour apporter un éclairage scientifique sur la pandémie. Au Royaume-Uni, les plateaux de télévision ou les studios radiophoniques ont accueilli 1 femme pour 2,7 hommes dans les programmes phares d’information sollicitant l’avis d’experts sur la gestion nationale de l’épidémie de Covid-19, d’après les données recueillies dans le cadre de l’Expert Women Project uploads/Science et Technologie/ pour-etre-intelligente-la-revolution-numerique-devra-etre-inclusive.pdf
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- Publié le Oct 28, 2021
- Catégorie Science & technolo...
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