INTRODUCTION GÉNÉRALE De tous les défis dont l’homme fait face, le plus vital e

INTRODUCTION GÉNÉRALE De tous les défis dont l’homme fait face, le plus vital et le plus constant est de lutter pour améliorer ses conditions de vie. La science a permis à l’homme de se faire une place dans l’univers en valorisant ses potentialités. Telle est sa vocation primordiale qui, au sein de la nature, donne la première place à l’être humain. L’objectif de la science est de parvenir à des connaissances utiles à la vie de l’homme. En effet, les recherches scientifiques et technologiques, contribuent à la réalisation du bien-être des populations couvrant les grands domaines que sont l’agriculture, la santé en tant que combat contre la maladie, l’éradication de certaines maladies héréditaires, le transport et l’éducation, etc. Tout compte fait, la convergence technologique a permis aux aveugles de retrouver la vue, aux sourds d’entendre, les boiteux de marcher et d’éliminer les cellules souches porteuses de maladie. Mais malheureusement, cette vue ne fait plus l’unanimité. Car, aujourd’hui nous vivons une crise des valeurs, une crise de l’être humain lui-même. De fait, les résultats des progrès scientifiques et techniques qui, dans d’autres conditions, pourraient apporter plus de bénéfices et de dignité à la vie accentuent plutôt la crise du rapport entre l’être humain et le reste de la nature. C’est ainsi que nous arrivons aujourd’hui à des impasses dans lesquelles, l’humanisation, cette volonté d’humanité qui fait de nous des humains est tombée en désuétude. L’époque dans laquelle nous vivons est dominée par le règne des nouvelles technologies et des nouvelles idéologies, notamment le transhumanisme, qui se veut un mouvement philosophique et culturel promouvant l’amélioration humaine, grâce aux progrès des sciences et en particulier des nanotechnologies et des biotechnologies, avec sa conviction que l’être humain est modifiable à volonté. Le professeur Njoh Mouelle met l’accent de manière particulière sur le caractère mercantiliste de ce mouvement. En effet, Ebénézer Njoh Mouelle est un philosophe camerounais, né le 17 septembre 1938 à Wouri-Bossoua. Il a fait ses études primaires et secondaires de 1944 à 1959. Il poursuit sa formation intellectuelle à Paris de1960 à19621. Il obtiendra une licence en philosophie, suivie d’un diplôme d’études supérieures en 1965 et ce parcours sera couronné avec un doctorat à la Sorbonne en 1967. Par ailleurs sa thèse pour l’obtention du doctorat d’État a porté sur l’humanité de l’avenir selon le bergsonisme, par ricochet est le courant philosophique auquel il appartient. Il a assuré de nombreuses responsabilités dans l’administration académique avant d’être nommé conseiller du président de la République en 1 E. NJOH MOUELLE, De la médiocrité à l’excellence. Essai sur la signification humaine du développement, Yaoundé, 4ème Edition, Clé, 2011, p. 175. 1 1986, élu député en 1997 et nommer comme membre du gouvernement en 2006 comme ministre de la communication. Depuis 2015, il représente le Cameroun pour la deuxième fois au conseil exécutif de L’UNESCO et Président du conseil scientifique du centre de formation doctorale pour les arts, les langues et la culture à la faculté des arts, lettres et sciences humaines de l’Université de Yaoundé I. Auteur de plusieurs ouvrages entre autres, De ma médiocrité à l’excellence en 1969. Cet essai sera suivi en 1980 d’un autre intitulé Développer la richesse humaine. Au sujet du transhumanisme, après un premier livre intitulé Transhumanisme, marchands de science et avenir de l’homme, où il mettait l’accent sur le caractère mercantiliste de ce mouvement à travers les grandes firmes en occurrence les GAFA ; il insiste sur l’illusion de l’autorégulation. Il publie un second livre dont le titre est intitulé Quelle éthique pour le transhumanisme ? Il déploie cette fois-ci une analyse éthique et met en relief la question de la régulation destinée à protéger et sauver l’espèce humaine de l’exploitation des résultats des recherches convergentes des NBIC et se préoccupe autant du sort incertain qui pourrait être réservé aux continents ou pays économiquement faibles face cette idéologie. Nous sommes dans une guerre entre ceux qui veulent garder la nature telle qu’on l’a trouvé avec ses imperfections et ceux qui veulent à tout prix modifier la nature humaine en cherchant l’immortalité de l’homme. C’est pourquoi Laurent Alexandre affirme : « Nous allons avoir la capacité technique de bricoler la vie, et rien ne nous empêchera d’user ce pouvoir. »2 Nous trouverons aussi une nette justification de ce projet chez Max More lorsqu’il dit : « nous n’acceptons pas les aspects indésirables de la condition humaine, nous défions les limites naturelles traditionnelles imposées à nos possibilités… Nous reconnaissons l’absurdité d’accepter les limites naturelles à notre longévité avec résignation.3 Dans le même contexte, à cette quête de l’immortalité, une fois de plus nous trouvons : « S’il est naturel de mourir, alors débarrassons-nous de la nature. Nous devons nous élever au-dessus de la nature. Nous devons refuser de mourir. »4 Toutes ces affirmations montrent à suffisance que la nature humaine est menacée et que le projet mis sur pied par les transhumanistes est de contrôler, de maîtriser et de saisir le monde à leur fin propre. Face à ce vaste chantier contre l’humanité innocente, la vie humaine ne nous fait plus de l’économie du questionnement. Nous sommes dans l’ère de la finitude de l’homme, de la manipulation du génome humain, de la fabrication du « bébé sur mesure »5, de la marchandisation du vivant humain ou des embryons humains, des ovules et des 2 L. ALEXANDRE, La Mort de la Mort, Paris, JC Lattès, 201, p.1-2. 3 D. FOLSCHEID, Le transhumanisme, c’est quoi ? Paris, Cerf, 2018, p. 7. 4 C’est l’une des phrases clés du site de FM-2030, http : //fm2030.us, consulté le 08 avril 2021. 5 F. FUKUYAMA, La fin de l’homme…, p. 357. 2 spermatozoïdes qui sont devenus des produits marchands. L’humain cessant d’être le but du progrès scientifique, il en devient l’instrument, un terrain indéfiniment exploitable. La technomédecine, l’hybridation de l’homme avec la machine, et tout le reste, condamneraient l’homme et ses valeurs à disparaître. Il s’agit de la grande ré-initiation de l’humain qui prône l’artificiel. C’est dans cette dynamique que nous avons formulé notre thème de la manière suivante: L’humain face au transhumanisme. Il s’agit de réfléchir aux conséquences de la révolution des nouvelles technologies NBIC sur le plan humain. Le problème philosophique que pose notre thème de recherche est celui de l’artificialisation de l’humain. Au fond, tout revient à une même question : s’agit-il de rendre l’humain plus humain ou pour mieux dire, meilleur parce plus humain, ou veut-on au contraire le déshumaniser, voire engendrer artificiellement une nouvelle espèce, celle des posthumains ? Au nom de quoi chercher à forger à des hommes un avenir dont ils seront eux-mêmes absents ? L’homme cessera-t-il d’être humain ou deviendra-t-il inhumain ? Qu’est ce qui se gagne réellement dans le transhumanisme ? Que vous servira-t-il de fabriquer la vie elle-même si vous avez perdu le sens de la vie ? Comment faire l’humanité, la famille humaine en appelant par la vie à progresser l’humanité ? Mieux, comment tenir devant un courant de plus en plus puissant, soutenu par les géants de la technologie et les nouveaux maîtres du monde aux financements quasi illimités ? Le transhumanisme fait débat. Mais quel est au juste, l’objet du débat ? Quelles sont les armes que l’homme a pour résister à ce processus déjà enclenché ? Est-ce que c’est la loi qui fait de nous des êtres humains ? L’homme est-il le dieu de l’homme ? Que sera l’homme hors de sa source première ou de son moteur ? Et si personne ne mourait plus jamais ? Comment l’homme qui existe passe de l’homme fonctionne ? Ces différentes questions mettent à nu une certaine inquiétude de l’homme vis-à-vis des nouvelles technologies. Notre travail obéira à une méthode analytico-critique. Pour mener à bien notre réflexion, nous allons structurer ce travail en trois chapitres. Le premier examinera la question du transhumanisme en remontant à ses origines et sa présentation comme mouvement philosophique. Le deuxième chapitre traitera de ses dérives à travers son caractère et deshumanisant. Et notre troisième chapitre sera une sorte d’évaluation et perspectives en vue de la réhabilitation de la dignité humaine. Ceci, nous permettra de montrer l’importance d’un regard plus éthique de l’homme, la nécessité de régulation et les leçons profitables par rapport à l’entreprise transhumaniste pour l’Afrique. 3 CHAPITRE I : ORIGINE ET PRÉSENTATION DU MOUVEMENT TRANSHUMANISTE Le transhumanisme, nous invite à remonter à son origine. En effet, le transhumanisme est le résultat d’un long processus. La situation actuelle de l’humain face à ce mouvement signifie qu’il est victime des méandres de la technoscience. Nous voulons dans ce premier chapitre statuer d’abord sur les origines lointaines (naturelles et surnaturelles) du transhumanisme, ensuite sur ses fondements rationnels, enfin présenter la face réelle du transhumanisme aujourd’hui. I. ORIGINES LOINTAINES DUMOUVEMENT TRANSHUMANISTE Parlant des origines lointaines du transhumanisme renvoient de son origine naturelle et surnaturelle. Il s’agit du mythe de Prométhée, du gnosticisme et du combat contre la finitude de l’homme. 1. Le mythe de Prométhée Le terme « mythe » est étymologiquement une transcription du grec ancien « mûthos », qui parle uploads/Science et Technologie/introduction 6 .pdf

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