Andrologie 2007, 17, N~ 246-252 Aulus-Cornelius Celse (lers. apr s J.-C.) : L'a
Andrologie 2007, 17, N~ 246-252 Aulus-Cornelius Celse (lers. apr s J.-C.) : L'andrologie dans I'oeuvre mddicale d'un grand encyclopddiste Georges ANDROUTSOS, Aristidis DIAMANTIS, Lazaros VLADIMIROS Service d' Histoire de la Medecine, Faculte de Medecine de I' Universite d' Athenes, Grece RESUME Les connaissances en mati6re d'andrologie de la pdriode gr(~co-romaine nous sont conserv~es gr&ce & I'ouvrage De re medica de Celse. Mots cl#s : Celse, De medicina, andrologie I. INTRODUCTION Celse (Figure 1) a connu une gloire durable puisque, jusqu'au 19e siecle, il a ete constamment cite ~ cete d'Hippocrate (460-377) et de Galien (121-201). Gr&ce & lui nous possedons la substance des progres realises en medecine en general et en andrologie en particulier depuis Hippocrate jusqu'au si~cle d'Auguste. II. VIE ET EEUVRE DE CELSE La date de naissance ainsi que celle de la mort de Celse sont imprecises. La periode meme de sa vie nous est inconnue avec certitude : il aurait vecu au temps d'Auguste [7] ou sous Tibere [13]. On peut seulement dire avec certitude qu'il vivait autour du let siecle apres J.-C. II serait ne a Rome ou a Verone [4]. Celse a ecrit sur tousles grands sujets de son epoque: Son oeuvre De medicina (De re medica) est le 6e livre de son encyclopedie De Artibus - dont seule la partie medicale nous est parvenue [10]. L'oeuvre De medicina [3] comprend une preface importante et huit livres, divises en trois groupes : medecine dietetique (I & IV), medecine pharmaceutique (Vet VI) et chirurgie (VII et ViH). La fortune de I'ouvrage de vulgarisation de Celse fut singuliere : peu apprecie de ses contemporains et successeurs immediats, il fut presque completement ignore pendant le Moyen Age ; mais en 1478, Florence, son traite De medicina fut imprime : ce fut un grand succes [6]. Cette premiere edition etait imparfaite : il a fallu attendre trois siecles pour qu'une edition amelioree, avec index, soit publiee a Leipzig, par C. Ch. Krause (1766). Le nombre d'editions approche deux cents. Les traductions fran?aises sont multiples. La premiere est due & Ninnin (1755). La meilleure est celle de A. Vedrenes (1876) qui tient compte de I'edition de Padoue (1769) faite par Leonard Targa. Presque tous les passages que nous avons reproduits sont extraits de la traduction de Vendrenes [3]. III. LE PORTRAIT IDEAL DU CHIRURGIEN TRACE PAR CELSE Le 7e livre du traite De re medica traite uniquement de la chirurgie : il nous permet de nous faire une idee nette de ce qu'elle pouvait etre au debut de I'ere chretienne et aussi d'apprecier les progres considerables que cette technique avait realises depuis les ecrits hippocratiques. Dans son livre, Celse commence par une definition de la chirurgie et note, qu'en chirurgie, il est beaucoup plus facile de prouver I'efficacite d'un traitement, & cause de son resultat evident dans nombre de cas. II trace ensuite un portrait reste celebre du chirurgien. Correspondance : Pr Georges ANDROUTSOS - 1 rue Ipeirou, 10433, Ath#nes, Grace - Email lyon 48@otenet.gr -- 246 -- < ~ Le chirurgien doit ~tre relativement jeune ; sa main ferme, agit posement, ne tremble pas ; sa main gauche est aussi habile que sa droite ; son regard est aigu et penetrant ; il est intr~pide et cependant humain ; il cherche a guerir le malade ; les cris ne le troublent pas, il ne doit pas se h~ter ni couper moins qu'il ne faut, mais agir comme s'il n'entendait pas les gemissements de son patient. II doit enfin se faire toujours assister par des aides > > [CELSE op. cit., VII, prooemium]. IV. L' ANATOMIE DANS L' CEUVRE MEDICALE DE CELSE Entre Hippocrate et Celse les connaissances anato- miques s'6taient notablement precisees grace surtout & I' I~cole d' Alexandrie oQ Herophile (340-300) et Erasistrate (304-245) avaient pu pratiquer des dissections sur I'homme et poser ainsi les premi6res bases d'une anatomie et m6me d'une physiologie concretes [16]. L'anatomie est reduite a peu de choses dans le livre de Celse, qui indique schematiquement la place des visc~res et la configuration du squelette avant d'etudier les maladies Iocalisees. Celse estime toutefois que les medecins auraient int6r~t a dissequer des cadavres [18]. Celse avait bien compris I'importance de I'etude de I'anatomie humaine pour I'exercice de la medecine. {< Comment guerir un organe malade, si I'on ignore ce qu'il est ?... De plus, comme les douleurs et divers genres de maladies se declarent dans les parties int6rieures du corps, il est evident que sans la connaissance de ces parties, on est incapable de les guerir, et qu'il est donc necessaire de proceder a I'ouverture des cadavres pour scruter les visc~res et les entrailles. En effet, Iorsqu'il survient une douleur interne, comment en estimer le lieu, si ron ne connait pas la place respective de chaque viscere, de chaque intestin ? Et quand des visceres ont ete mis ~ decouvert par une blessure, comment distinguer ce qui est sain ou malade et, par consequent, remedier au mal si I'on n'a pas une connaissance exacte de la couleur de chaque organe ? > > [CELSE, prooemium]. < < Les organes genitaux masculins (Figure 2) sont formes par la verge appelee indifferemment {< glans > > [VII, 25], < < caulis > > [IV, 1], < < coles > > [VI, 18] avec son prepuce, < < summa cutis>> [I, 3] qui contient les testicules appeles {< testiculi > > [VII, 18]. <<Les testicules (Figure 3) sont suspendus a I'aine par un cordon appele cremaster (Kp~:pC(O'Tr'Ip0K~), dans lequel descendent deux veines et deux arteres. Ces parties sont entourees d'une tunique mince. Au-dessus, se trouve une autre tunique plus resistante qui, par sa partie inf~rieure, adhere fortement & la premiere. De plus, beaucoup de petites membranes entourent les veines et les nerfs ; et m~me entre les deux tuniques, il en est des petites et des minces qui sont situees & la partie superieure > > [VII, 1]. Celse appelle I'ur~tre (oup~lBpa) < < iter urinae > > [IV, l] ou ~<fistule urinae>> [11,6], et il dit que <<chez I'homme, I'uretre est plus long, plus etroit et descend du col de la vessie & la verge ; chez la femme il est plus court, plus large et sort au-dessus de I'orifice de la vulve>> [IV, 1]. Ailleurs, Celse revient sur I'argument en disant que <<la femme a un uretre plus court et plus droit que celui de I'homme, et qu'il sort dans un petit mamelon, situe entre les levres profondes dans la partie superieure de la vulve>> [VII, 26]. V. AFFECTIONS DE L' APPAREIL GENITAL 1. Herpes du prdpuce : <<Des boutons se developpent autour du gland et m~me si on les cauterise & raide de rem~des ou au fer, ils se reproduisent facilemenb> [VI, 18]. 2. Maladies des testicules (Figure 4) : Celse nous en parle sans donner beaucoup de renseignements. II parle d'inflammation sans violence exterieure. <<Parfois le testicule se tum6fie a la suite d'une inflammation et provoque de la fievre ; il peut suppurer, il faut alors ouvrir le scrotum et laisser sortir le pus; dans les cas graves on doit supprimer les testicules~> [V1,18]. Et il ajoute qu'on peut avoir une tumefaction des testicules la suite d'un coup. <<On a alors des bleus sur le scrotum et il faut faire une saignee~ [I, 3]. II parle enfin de testicules indures et d'induration ancienne. De ces passages on peut deduire que les Romains avaient vu des inflammations simples des testicules accompagnees ou non d'enflure et de fi~vre ; etant donne qu'on avait des parotidites, ces inflammations et tumefactions testiculaires pourraient en ~tre une complication ; qu'ils avaient vu des abces, et des tumeurs, peut ~tre le cancer des testicules. Les demangeaisons pouvaient ~tre des r6actions allergiques ou dues a la vieillesse [15]. 3. Blennorragie (Figure 5) : II declare par rapport a cette maladie : <<Ceux chez qui les petits abces ont commence ~ se former darts I'ur~tre, guerissent des que le pus a fini de s'ecouler>> [11, 8]. Et il precise : ~{La region sexuelle est sujette a une maladie : c'est un flux de semence qui, sans excitation venerienne et sans illusions nocturnes, sort en telle abondance qu'elle fait perir le patient de consomption apres un certain temps>> [IV, 28]. 4. Chancre mou : II decrit une sorte de chancre <<qui s'accompagne parfois de noirceur, indolent mais serpigineux>> [VI, 18]. 1 247 1 Figure 1 : Portrait de Celse (National Library of Bethesda). Figure 2 : Organes g~nitaux masculins (Fouilles de Lavi- nium). Figure 3 : Testicule avec son vaisseau spermatique (Mus~e de Preneste). Figure 4 : Enorme tum~faction du scrotum sous lympha- d~nite inguinale ; il s'agit probablement d'une hydroc~le (Mus~e du Louvre, Paris). Figure 5 : Du prepuce enflamme s'~coule une goutte de mat~rielle purulente : blennorragie ? (Mus~e de Pr~neste). 248 - - 5. Syphilis (Figure 6) : En se basant sur quelques passages de Celse, on en soup(~onne son existence I'epoque romaine. {< En plus du chancre mou, nous avons des lesions des organes genitaux > > [VI, 18]. uploads/Sante/ androutsos2007-article-aulus-corneliuscelse1ersapresj.pdf
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- Publié le Jul 14, 2022
- Catégorie Health / Santé
- Langue French
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