19 JANVIER 2022, 17H30 VERSION ACTUALISEE DU 20 JANVIER 2022, 17H00 1 Membres d

19 JANVIER 2022, 17H30 VERSION ACTUALISEE DU 20 JANVIER 2022, 17H00 1 Membres du Conseil scientifique associés à cet avis : Jean-François Delfraissy, Président Laetitia Atlani-Duault, Anthropologue Daniel Benamouzig, Sociologue Lila Bouadma, Réanimatrice Simon Cauchemez, Modélisateur Catherine Chirouze, Infectiologue Angèle Consoli, Pédopsychiatre Pierre Louis Druais, Médecine de Ville Arnaud Fontanet, Epidémiologiste Marie-Aleth Grard, Milieu associatif Olivier Guérin, Gériatre Aymeril Hoang, Spécialiste des nouvelles technologies Thierry Lefrançois, Vétérinaire/One Health Bruno Lina, Virologue Denis Malvy, Infectiologue Yazdan Yazdanpanah, Infectiologue Cet avis a été transmis aux autorités nationales le 19 janvier 2022 à 17H30. Comme les autres avis du Conseil scientifique, cet avis a vocation à être rendu public. Note d’actualisation n°4 du Conseil scientifique COVID-19 19 janvier 2022 LA VAGUE OMICRON : UNE VAGUE TRES DIFFERENTE DES PRECEDENTES 19 JANVIER 2022, 17H30 VERSION ACTUALISEE DU 20 JANVIER 2022, 17H00 2 La 5ème vague liée au variant Omicron est différente des précédentes pour 3 raisons :  Une transmissibilité très élevée du variant Omicron qui explique que 9 à 14 millions de Français pourraient avoir déjà été infectés par ce variant depuis son émergence début décembre 2021 ;  Une gravité des formes cliniques moins importante ;  Une couverture vaccinale élevée, avec une efficacité vaccinale limitée contre les infections symptomatiques en absence de dose de rappel, mais conservée contre les formes sévères et graves. Cette 5ème vague liée au variant Omicron n’est pas terminée et son retentissement sur le système de soins, va rester élevé mais en partie gérable, et ce jusqu’à mi-mars. Les enjeux pour la prise en charge des patients non COVID liés aux déprogrammations et les difficultés de gestion en personnel pour les établissements de santé sont une nouvelle priorité pour les semaines qui viennent. Le Conseil scientifique a déjà émis plusieurs notes ou avis sur la vague liée au variant Omicron. Dans cette note, il souhaite insister sur le fait que cette vague n’est pas terminée, aborder certains points particuliers de la gestion de la crise à court terme, refaire le point sur les traitements actuels ou à venir et commencer à envisager quelle pourrait être la situation sanitaire mi-mars 2022. 1. LA SITUATION EPIDEMIOLOGIQUE ET CLINIQUE a. Situation en Europe Le Royaume-Uni a été avec la Norvège et le Danemark un des premiers pays du continent européen touché par le variant Omicron. L'épidémie a débuté à Londres début décembre 2021 au sein de la population âgée de 20 à 34 ans, avant de gagner les autres tranches d'âge. Les autres régions anglaises ont suivi avec un décalage de 5 à 10 jours. A l'échelle du Royaume- Uni, le pic du nombre de cas a été atteint à Londres le 1er janvier 2022 avec un décalage régional. Le nombre de patients hospitalisés est en plateau depuis, à la moitié du niveau observé en janvier 2021 pour les hospitalisations conventionnelles, et au quart pour les soins intensifs (il faut rappeler que la vague liée au variant Alpha il y a un an au Royaume-Uni a été particulièrement sévère, dépassant les niveaux d'hospitalisations observés avec la première vague d'avril 2020). Au 10 janvier 2022, plus de 95% des séquences disponibles au Royaume- Uni étaient du variant Omicron. Parmi les facteurs qui pourraient expliquer le nombre limité d'hospitalisations liées à la vague Omicron au Royaume-Uni figurent une proportion très élevée de personnes âgées de plus de 65 ans ayant reçu une dose de rappel (90% contre 75% VISION COURT TERME : FIN-JANVIER 2022 INTRODUCTION 19 JANVIER 2022, 17H30 VERSION ACTUALISEE DU 20 JANVIER 2022, 17H00 3 en France), et la sévérité des vagues épidémiques passées ayant contribué à une immunité naturelle populationnelle élevée. b. Situation en France (i) Un niveau de contamination massif jamais atteint jusqu’ici En Ile-de-France, il a été observé un léger ralentissement du nombre de cas journaliers en fin de S2, alors 350 000 cas étaient recensés par jour au niveau national. Cependant, une remontée importante du nombre de cas a été notifiée le 18 janvier avec environ 460 000 cas déclarés en 24h. Il semble que cette remontée s’explique par un regain de l’épidémie chez les moins de 15 ans et chez les 30-44 ans, suggérant un effet important de la rentrée des classes : le virus circule de façon intense chez les plus jeunes et se propage ensuite aux parents. Il y a un risque que ce rebond touche progressivement les autres groupes d’âge, et notamment les plus fragiles. Le nombre d'admissions quotidiennes à l’hôpital a dépassé les 2 000/jour depuis le 7 janvier 2022, et se situe actuellement à un niveau intermédiaire entre le pic de la troisième vague d'avril 2021 et celui plus élevé de la deuxième vague de novembre 2020. Le nombre de patients hospitalisés a dépassé le 18 janvier les 25 000 (80% des 30 000 atteints au plus fort des vagues précédentes), et celui des patients en soins intensifs reste légèrement en deça des 4 000 (66% des 6000 atteints lors des vagues précédentes). La situation va être plus difficile dans les régions du Sud de la France (Nouvelle-Aquitaine, Occitanie, et Provence-Alpes-Côte d'Azur) où les niveaux d'occupation des lits sont déjà similaires à ceux rencontrés au pic des vagues précédentes. 90% des souches séquencées sur le territoire français sont maintenant du variant Omicron. Les modélisations de l’équipe de Simon Cauchemez à l’Institut Pasteur suggèrent qu’au niveau national, le pic des hospitalisations devrait être atteint dans la deuxième moitié de janvier avec environ 4000 patients COVID-19 en soins critiques et entre 15 000 et 18 000 patients en hospitalisation conventionnelle au pic de la vague (voir https://modelisation- covid19.pasteur.fr/realtime-analysis/omicron-variant-epidemic/). Ces modélisations ne prennent cependant pas en compte le rebond lié à la rentrée scolaire mentionné plus haut, et pourrait donc sous-estimer l’impact de cette vague sur l’hôpital si le rebond lié à la rentrée scolaire se traduit par un regain des infections chez les plus fragiles. Par ailleurs, ce modèle ne prend pas en compte les disparités régionales, qui sont importantes. L’analyse des données de criblage et des données sur les cas suggère que depuis l’émergence d’Omicron, 4.5 millions de cas déclarés ont été infectés par le variant Omicron. Cela correspond à 9-14 millions d’infections par le variant Omicron depuis l’émergence du variant en France sous l’hypothèse que 33-50% des infections sont détectées comme étant des cas positifs. Ce niveau d’infections est exceptionnel sur une si courte période dans l’histoire de l’épidémie. Pour rappel, on estime que le nombre de contaminations durant la 1ère vague (mars-avril 2020) était d’environ 3 millions. Mi-février, une immunité post-infectieuse large 19 JANVIER 2022, 17H30 VERSION ACTUALISEE DU 20 JANVIER 2022, 17H00 4 (supérieure à 15 millions) va donc se rajouter à l’immunité induite par la 3ème dose/rappel (supérieure à 35 millions) sans qu’on puisse cependant affirmer qu’un niveau suffisant d’immunité collective sera atteint et que celle-ci sera durable pour protéger efficacement contre un nouveau variant. (ii) Un système de soins en tension très forte jusqu’à mi-mars 2022  Le Conseil scientifique note que l’on va entrer dans une période contrastée. D’un côté, le soulagement lié au sentiment d’avoir évité le pire, et de l’autre côté une circulation virale qui demeure très intense et un système de soins qui va rester en très forte tension pendant plusieurs semaines, en particulier dans le sud de la France (et peut-être en outre-mer). Le retentissement sera un peu moins marqué sur l’occupation des lits de soins critiques, mais restera marqué sur les lits d’hospitalisation classique. Globalement, sauf surprise ou modifications majeures des comportements des citoyens (voir plus loin), le système hospitalier devrait tenir durant les semaines qui viennent malgré les problèmes liés aux absences du personnel (voir différentes projections de l’équipe de modélisations de l’Institut Pasteur de Paris). Ceci est lié à une gravité nettement moindre du variant Omicron et à l’effet de protection des vaccins.  Les déprogrammations des patients non COVID. Limiter la déprogrammation des patients non COVID est un enjeu majeur pour les 2 mois qui viennent. La déprogrammation des malades chirurgicaux sera peut-être plus limitée que prévu en raison d’une moindre tension sur les soins critiques et donc indirectement sur les services d’anesthésie-réanimation. Par contre, la déprogrammation des malades médicaux (cancers, maladies chroniques…) risque d’être plus marquée que lors des vagues précédentes, car les lits d’hospitalisation classique seront plus mobilisés par la vague Omicron malgré une baisse significative de la durée de séjour de ces patients. La gestion hospitalière des prochaines semaines devra tenir compte de ces nouveaux enjeux et des possibles tensions entre équipes médicales, avec un partenariat de nouveau très étroit entre équipes soignantes et administration, dans une vision de territoire en mobilisant les équipes et les unités de soins des structures privées. L’absentéisme des soignants, lié à un statut de cas ou de contact, devrait diminuer assez rapidement début février 2022. Une recommandation s’impose donc : éviter la prise en charge dégradée des patients non COVID, en particulier dans le domaine de l’oncologie, des transplantations d’organes, de la cardiologie et des maladies chroniques. (iii) COVID long post Omicron ?  Depuis le début de uploads/Sante/ avis-conseil-scientifique-19-janvier-2022-modifie-20-janvier-2022 1 .pdf

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  • Publié le Apv 26, 2021
  • Catégorie Health / Santé
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