1 Mémoire de Maîtrise en médecine N°1 Y a-t-il un bénéfice du jeûne chez la per
1 Mémoire de Maîtrise en médecine N°1 Y a-t-il un bénéfice du jeûne chez la personne en bonne santé et chez le sujet malade ? Etudiante Adeline de Camaret Tuteur Prof. François Pralong Dpt d’endocrinologie, diabétologie et métabolisme, CHUV Co-tutrice Dresse Pauline Coti Bertrand Dpt d’endocrinologie, diabétologie et métabolisme, CHUV Expert Prof. Luc Tappy Dpt d’endocrinologie, diabétologie et métabolisme, CHUV Lausanne, Décembre 2015 2 Tables des matières 1 Introduction : du jeûne méditatif au jeûne de jouvence ........................................................ 3 2 Méthode ............................................................................................................................... 3 2.1 Les différentes modalités et types du jeûne ................................................................................ 4 2.2 Les populations cibles ................................................................................................................. 4 2.2.1 Le jeûne du sujet en santé (B. Beaufrère, X. Leverve) (8) ............................................................ 4 2.2.2 Le jeûne du sujet en surcharge pondérale ou obèse ................................................................... 5 2.2.3 Le jeûne du sujet malade (J.-C. Preiser, P. Devos)(8) ................................................................... 5 2.2.4 Le jeûne du sujet sportif .............................................................................................................. 6 3 Résultats ............................................................................................................................... 6 3.1 Les origines du jeûne .................................................................................................................. 6 3.1.1 Le jeûne religieux et politique ..................................................................................................... 6 3.1.2 Le jeûne en santé ......................................................................................................................... 7 3.2 Les aspects bénéfiques du jeûne ................................................................................................. 9 3.2.1 La perte de poids volontaire ........................................................................................................ 9 3.2.2 La longévité accrue .................................................................................................................... 10 3.3 Le jeûne inefficace ou à effets néfastes ..................................................................................... 14 3.3.1 Faim et reprise de poids ............................................................................................................ 14 3.3.2 Fatigue et santé psychique ........................................................................................................ 14 3.3.3 Augmentation de l’incidence et de la progression des cancers ................................................. 15 3.3.4 Conséquences transgénérationnelles ........................................................................................ 16 3.3.5 Autres effets néfastes ................................................................................................................ 17 4 Discussion ........................................................................................................................... 17 5 Conclusion et recommandations ......................................................................................... 19 6 Références .......................................................................................................................... 20 3 1 Introduction : du jeûne méditatif au jeûne de jouvence Le jeûne est à la mode. On le retrouve dans les magazines féminins, de psychologie ou encore religieux, mais aussi à la télévision, comme avec l’émission de Sylvie Gildman et de Thierry De Lestrade diffusée sur Arte en septembre 2013 ayant suscité l’intérêt de plus de 110'000 Français (1). Dans les médias anglo-saxons, c’est le programme de Micheal Mosley « Eat, Fast, Live Longer » diffusé par la fameuse chaîne BBC en août 2012 qui rencontre un succès non moins spectaculaire, ayant été visionné par plus de 2.5 millions de personnes (2). Enfin, l’intérêt grandissant du grand public pour le jeûne se témoigne également par une littérature toujours plus fleurissante à ce sujet : des approches de plus en plus nombreuses sur l’expérience du jeûne apparaissent dans les rayons de diététique ou de régime. « Jeûne, yoga et randonnée », « l’art de jeûner », « le régime 5 : 2 » issu de l’émission outre-Manche ou encore « Le jeûne : une nouvelle thérapie », tiré de l’émission télévisée du même nom en sont les exemples les plus récents. Pourtant, chacun de ces articles, émissions, ou livres propose des approches différentes du jeûne que le lecteur peut confondre. Il serait alors perdu dans un trop grand nombre d’informations mêlant différentes pratiques avec différents effets, potentiellement contradictoires… Comment différencier parmi la grande famille des jeûnes celui répondant à une quête spirituelle, de celui promettant jouvence et bonne santé ? Comment ne pas attribuer de fausses allégations à un certain type de jeûne, ayant confondu ses vertus avec celles d’une autre forme de jeûne? Le jeûne thérapeutique pratiqué dans les cliniques russes ou allemandes est-il comparable au jeûne pratiqué comme régime dans le « Fast diet » ou encore à celui se rapprochant d’une semaine de vacances méditatives dans le sud de la France ? Que croire des merveilles racontées au sujet de ce nouveau sauveur de jeunesse, de ce soi-disant bain de jouvence ? Les nouvelles perspectives du jeûne, telles que la prévention de maladies ainsi que l’amélioration symptomatique de certaines pathologies, déclamées par les médias actuels, impliquent l’intervention du milieu médical. En effet, la clarification des messages relatifs au jeûne semble importante pour que les médecins soient informés sur les réels effets de cette pratique « à la mode », et soient en mesure de répondre aux questions de leurs patients, auxquelles ils vont potentiellement se voir confrontés. Notre réflexion sera introduite par une analyse de l’évolution historique du jeûne et ses différentes modalités. Elle se poursuivra avec l’exploration de la littérature scientifique afin d’identifier les vertus du jeûne ainsi que ses effets néfastes, en tentant de différencier les populations concernées par de tels effets. Dans une dernière partie, seront émises des recommandations claires qui se baseront sur les conséquences observables du jeûne, prouvées scientifiquement. 2 Méthode Il s’agit, dans ce chapitre, de présenter les méthodes de recherche utilisées pour la rédaction de ce travail, mais aussi de clarifier les différents types de jeûne et populations cibles qui sont l’objet de ces études, afin de permettre une meilleure appréciation des résultats. Les origines du jeûne ont été abordées par la lecture du livre grand public de Jean-Claude Noyé, journaliste qui fait référence sur cette thématique. La revue de la littérature scientifique a été effectuée durant la période d’octobre 2013 à avril 2014 sur les bases de données « pubmed », « medline » et «web of science » en utilisant les termes « fasting, fast, Caloric restriction, Intermittent fasting, Alternate day fasting » comme premiers mots- clés de recherche, en élargissant les domaines de recherche selon les nouveaux aspects mis en évidence dans les articles précédents. La qualité des articles a ensuite été évaluée selon leur « indice factor (IF) » ainsi que leur niveau de preuve scientifique. Le choix des articles s’est d’abord concentré 4 sur les articles à IF élevé ainsi que sur les niveaux de preuve A des méta-analyses pour s’élargir ensuite à des articles de qualité inférieure. 2.1 Les différentes modalités et types du jeûne La littérature scientifique concernant de manière stricte le jeûne est limitée chez l’homme. Nous avons associé à notre recherche, la littérature de restriction calorique qui permet une comparaison nutritionnelle (poids et composition corporelle) mais pas métabolique. Dans ce travail, 2 types de jeûne ont ainsi été distingués: la restriction calorique continue et le jeûne intermittent. La restriction calorique, « caloric restriction » ou CR varie en durée (2 jours à 18 mois) et en intensité (10 à 100% des besoins journaliers). L’apport calorique peut être amené par un repas unique quotidien laissant place à 23h d’abstention de toute nourriture ou être fractionné en plusieurs petites collations au cours des 12h de la journée (3). Notons que l’apport alimentaire, même minime, répond aux caractéristiques d’une alimentation équilibrée. Parfois, les auteurs font référence au « dietary restriction » (DR) qui correspond à une restriction de certains aliments et n’est pas toujours associé à une réduction de l’apport énergétique (4). Seuls les articles concernant une restriction de l’apport énergétique ont été inclus dans l’analyse. Les principales études humaines de CR sont l’étude CALERIE, l’étude de la Biosphère ou celle du Minnesota. Des modèles de famine, de prisonnier de guerre ou de grève de la faim sont aussi analysés dans ce travail malgré le manque de données précises sur l’apport énergétique quotidien : ils sont considérés comme témoin des conséquences de restriction calorique à long terme. Lors du jeûne intermittent, « Alternate Day Fasting » ou ADF, un jour de jeûne, où l’accès à la nourriture est restreint ou supprimé, s’alterne avec un jour de nourriture ad libitum. L’alternance dure le plus souvent entre 12h et 24h (5). Ce type de jeûne n’est pas forcément associé à une diminution globale de l’apport énergétique (4). D’autres formes de jeûne intermittent, incluent 2 à 4 jours de jeûne alternés avec 2 à 4 jours ad libitum. Bien que l’on retrouve parfois le terme IF (intermittent fasting) dans la littérature, nous garderons l’appellation ADF pour désigner l’ensemble de ces jeûnes intermittents (6). Les deux modalités d’ADF chez l’humain en santé ayant le plus souvent fait l’objet d’analyses scientifiques sont le ramadan islamique et le jeûne des Grecques Orthodoxes chrétiens (7). 2.2 Les populations cibles Les études sur le jeûne portent principalement sur quatre populations différentes. Outre les modèles animaux, il s’agit de sujets en santé, de sujets en surcharge pondérale ou obèses, de sujets malades et de sujets sportifs. Comme nous allons le voir, la physiologie de la réponse au jeûne de ces populations varie par plusieurs aspects. 2.2.1 Le jeûne du sujet en santé (B. Beaufrère, X. Leverve) (8) Il est important de différencier le jeûne court du jeûne prolongé. Le jeûne « court », concerne les périodes succédant l’état post-absorptif et peut durer de 12h à 3-5 jours. Le jeûne « prolongé » commence quant à lui vers le 5-7ème jour et peut durer plusieurs semaines. Dans le jeûne court, le but principal de l’organisme est de fournir du glucose au cerveau par gluconéogenèse, à partir des acides aminés principalement, mais aussi du glycérol par lipolyse. Cependant, durant cette période, les pertes urinaires azotées (témoin du catabolisme protéique) restent équivalentes à celles observées lors d’une alimentation normale ce qui signifie qu’en l’absence d’apport azoté la balance devient très « négative » menant à une perte rapide de protéines. Le muscle est alors le principal producteur d’acides aminés par protéolyse. uploads/Sante/ bib-28d4cc86d898-p001.pdf
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- Publié le Jui 11, 2021
- Catégorie Health / Santé
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