GESTALT et DEPRESSION L’accompagnement de clients dépressifs _________________

GESTALT et DEPRESSION L’accompagnement de clients dépressifs _________________ Par Jacotte VERILLON Article de fin de 3ème cycle EPG (Option : Psychothérapie) Présentation le 4 décembre 2004 ECOLE PARISIENNE DE GESTALT Jacotte VERILLON 32 rue du Dr Alcide Maurin Tél. 04 75 40 63 79 26400 CREST Email : jacotteverillon@aol.com SOMMAIRE INTRODUCTION : Des souris et des hommes p. 3 1) La souris dans le bocal 2) Pam ou le fond de la vallée I - DEFINITIONS de et autour de la dépression p. 4 II - LES « ATOUTS » DE LA GESTALT-THERAPIE p. 6 pour l’accompagnement des clients dépressifs 1) 1) L’accueil, la présence et le contact 2) 2) L’awareness et le ça 3) 3) L’implication (contrôlée) et l’engagement du thérapeute 4) 4) Le cadre 5) 5) Cycle de l’expérience, frontière-contact et résistances III - LES LIMITES (possibles) DE LA GESTALT p. 16 IV – POUR UNE PSYCHOTHERAPIE INTEGRATIVE p. 19 1) 1) Gestalt et autres approches 2) 2) Pam : les étapes d’une thérapie CONCLUSION p. 24 BIBLIOGRAPHIE p. 26 APPENDICE p.28 GESTALT ET DEPRESSION L’accompagnement de clients dépressifs Par Jacotte Vérillon INTRODUCTION : Des Souris et des Hommes… 1. 1. La souris dans le bocal Le modèle de laboratoire que les Neurosciences donnent généralement pour représenter – et « reproduire » -- la dépression, est celui d’une souris dans un bocal de verre aux parois lisses. Au début, la souris cherche à grimper le long des parois de sa « prison » pour tenter de retrouver la liberté ; elle utilise pour cela toutes ses forces et son énergie, s’épuise peu à peu, puis se résigne et devient abattue, immobile, figée. De l’agitation, elle passe à la panique, puis au découragement, à l’abattement, à la résignation. Elle n’essaie plus, ne tente plus rien, est prostrée. Le raffinement de l’expérience consiste à mettre de l’eau au fond du bocal, et à la regarder nager jusqu’à épuisement … et jusqu’à la noyade ! (Test de Porsolt). Il y a donc, chez la souris, un état d’isolement, d’enfermement, de frustration intense, de stress et de manque, une quête où elle s’épuise, suivi d’un état de d’immobilité, de résignation et de prostration. ( Un ami chercheur m’a dit qu’une souris « au naturel » tenait environ une minute avant de se laisser sombrer, une souris sous antidépresseur peut nager environ trois minutes avant de s’épuiser. Elle est moins encline au stress, au « découragement », plus endurante. En tout cas, c’est ce que l’expérience cherche à mesurer – à prouver ?-- à travers cette mise en œuvre). Rassurez-vous, lecteurs gestaltistes attentifs aux êtres et à la vie … : Le chercheur, dans sa mansuétude, sort la souris du bocal juste avant la noyade, et la remet au sec ! (C’est peut-être là d’ailleurs, après ce traumatisme, qu’elle aurait besoin d’une « psychothérapie », ou au moins d’une bonne séance d’EMDR, pour effacer l’état de choc subi ! Heureusement, les souris ont du ressort… !) … Qu’en est-il des humains ? Que se passe-t-il pour eux ? (Et qui va les aider à « sortir du bocal » ?) 2. Pam ou le fond de la vallée Pam est une petite femme menue, très amaigrie, toute fine, presque transparente, avec de grands yeux bruns qui lui « mangent » le visage où la fatigue et l’épuisement peuvent se lire. A 42 ans, elle a fait une tentative de suicide suivie de deux mois d’hôpital psychiatrique, et soigne son angoisse, ses insomnies et ses idées noires avec des anxiolytiques, des somnifères et des antidépresseurs que le psychiatre de l’établissement lui a prescrit. Se sentant encore « fragile » et « affaiblie », elle fait appel à moi pour être accompagnée en psychothérapie à sa sortie de l’hôpital psy, alors qu’elle revient dans sa vie quotidienne et reprend son travail à mi-temps. Elle se plaint d’une grande fatigue physique et nerveuse, d’une difficulté à fonctionner dans sa vie quotidienne, d’insomnies, et d’une « grosse douleur depuis l’enfance ». Après avoir quitté le domicile de ses parents tôt, à l’âge de 17 ans, et vécu deux ans de sa jeunesse à l’étranger, elle a travaillé dans le journalisme la plus grande partie de sa vie, à Paris. Puis, ne s’en sortant plus toute seule avec son enfant, elle revient dans le village de ses parents pour finir d’élever sa fille à la campagne, près du giron familial, dans une vallée de l’Ardèche dont elle n’arrive pas à repartir. Telle la souris dans son bocal, Pam se sent coincée au fond de sa vallée et dans sa vie, incapable de trouver des solutions, accumulant le stress et les problèmes (père autoritaire et intrusif tentant de lui « gérer sa vie », mère ambivalente et peu soutenante, fille en pleine crise d’adolescence et en rébellion contre elle pour l’avoir amenée « dans ce trou perdu », amant ambivalent et peu engagé – ou plutôt très engagé ailleurs—qui décide de rompre la relation avec elle brutalement). Pam sombre, puis « passe à l’acte » : C’est la T.S… Je ne vais pas ici faire une étude complète du cas de Pam, mais je reparlerai d’elle un peu plus loin dans cet article, lors de moments de sa thérapie avec moi. Je pourrai aussi parler d’un ou deux autres clients, de la même manière, pour illustrer mon propos. Je me propose d’abord de donner quelques définitions de la dépression, quelques observations sur les tenants et aboutissants de l’état dépressif et de son approche thérapeutique, puis je parlerai des « atouts » de la Gestalt-Thérapie face à une telle pathologie, mais aussi de ses limites possibles. Je nommerai enfin les étapes de cette « traversée du désert » à deux, dans un accompagnement thérapeutique « intégratif », et je dirai ce en quoi certaines approches alternatives complémentaires pourront aider au traitement de cette affliction pénible. I – DEFINITIONS (de et autour de la dépression) La dépression est une des maladies de ce siècle. Elle est la cause première des demandes de psychothérapie. C’est un état douloureux de souffrance psychique et d’amoindrissement physique caractérisé, nous dit le DSM IV, par plusieurs critères et symptômes (cinq au moins parmi les suivants) : - - Une humeur dépressive durable (plusieurs semaines au moins, souvent des mois), parfois remplacée par de l’irritabilité. - - Une perte d’intérêt ou de plaisir pour les activités de la vie de tous les jours. - - Une perte de poids et d’appétit (ou parfois son contraire : gain excessif de poids). - - Des phénomènes fréquents d’insomnie (ou son contraire : l’hypersomnie), donc une perte du rythme du sommeil. - - Un ralentissement psychomoteur (ou une agitation fébrile). - - Une sensation de fatigue et de perte d’énergie. - - Un sentiment de dévalorisation (perte d’estime de soi) ou d’une culpabilité excessive ou inappropriée. - - Une diminution de l’aptitude à penser (ralentissement idéatoire), à se concentrer, entraînant souvent de l’indécision (voire une inhibition presque totale devant l’action). La personne ne peut plus agir ni « fonctionner normalement » dans la vie quotidienne. Dans les cas extrêmes, une hospitalisation est nécessaire avec prise de plusieurs médicaments antidépresseurs/anxiolytiques, notamment s’il y a une trop grande altération du fonctionnement social, ou des pensées de mort récurrentes menant à des tentatives de suicide. C’est une perte du goût de vivre, un effondrement de l’énergie vitale, accompagné d’un abattement et d’une grande souffrance psychique, et souvent de symptômes physiques, la résistance physique et nerveuse de la personne étant mise à mal (ainsi que son système immunitaire). Les évènements déclenchants peuvent être le stress, le surmenage, la perte d’un être cher ou d’un emploi, une rupture affective, des difficultés relationnelles, une accumulation de soucis matériels ou de tous ordres, de confrontations difficiles avec l’environnement, mais l’évènement déclenchant n’est pas toujours en rapport avec la profondeur de la souffrance. Noël Salathé définit l’état dépressif comme « une réaction de découragement » lors de la confrontation avec l’une des « contraintes existentielles » --alors que l’état anxieux est, selon lui, « une réaction de peur devant la menace, réelle ou imaginaire, d’un danger identifié ou non ». Parfois les deux sont présents et confondus. Dans tous les cas il y a « rupture de contact avec le champ , perçu comme trop menaçant/douloureux/pénible, un repli sur soi, sur son univers interne, une rétroflexion ou une inhibition de l’énergie vitale, une limitation du potentiel d’interaction ». (Salathé, 104) Pierre Van Damme, dans son article « Dépression et Régression », reprend tout d’abord la position existentielle pour définir la dépression comme « une crise de sens », et pour nous indiquer que « le dépressif appelle au secours du fond de son isolement en ayant le sentiment que personne ne peut le comprendre vraiment ». (Revue Gestalt n°23, 114) D’où la fréquence des thèmes existentiels dans les préoccupations du déprimé, et des contraintes comme la solitude, la perte de sens (avant de devenir quête de sens), la difficulté de responsabilisation, la culpabilité, la honte, la finitude (confrontation uploads/Sante/ gestalt-et-depression.pdf

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  • Publié le Jui 17, 2021
  • Catégorie Health / Santé
  • Langue French
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